• DE L’ALGARVE AU MINHO

    Nous avons visité le Portugal au cours de l'été 2016. Et comme il fallait traverser l'Espagne pour l'atteindre, nous en avons profité pour passer par l'Andalousie en visitant ses plus beaux sites et rentrer par la côte atlantique où nous avons admiré villes, paysages de montagnes et côte sauvage. L'occasion aussi de rendre visite à mes amies et ami du Chemin.

     

    Le drapeau portugais

     

     

    Contrairement à la destination germanique de l’année précédente, le Portugal que nous avons visité en ce début d’été est un pays apprécié des Français et qui véhicule des images positives telles que la douceur du climat, la gentillesse des habitants ou le coût de la vie moins élevé. Même son histoire nous interpelle : Vasco de Gama, Magellan et leurs grandes découvertes et plus récemment, la fameuse révolution des œillets du 25 avril 1974 qui a permis au Portugal de se débarrasser de Salazar sans effusion de sang. Lisbonne, Porto, Fátima, l’Algarve sont connus de tous sans oublier les vins de Porto, le fado et l’omniprésente morue appelée là-bas bacalão.

     

    Le Portugal n’est pas très grand : à peine 560 km de long et 220 de large. Il peut se visiter facilement et assez rapidement bien qu’il faille traverser toute l’Espagne pour l’atteindre.

    J’ai mis à profit cette traversée pour visiter quelques belles régions en complément de ce que nous avions vu au cours de notre voyage de mai 2014. Pour cela, nous avons rejoint le sud du Portugal en longeant la Méditerranée via Valencia, Alicante, Murcia puis l’Andalousie et nous sommes revenus en longeant la côte atlantique à travers Galice, Asturies, Cantabrie et Pays Basque. Ce circuit avait aussi pour but de rendre visite à mes amies espagnoles connues sur le chemin de Compostelle trois ans plus tôt. Cristina et Virginia nous ont accueillis à bras ouvert à Torre del Mar et les retrouvailles avec Isabel et Rafael à Ponferrada ont été un grand moment.

     

    Nous n’avons pas été déçus du Portugal. Nous avons beaucoup aimé Lisbonne et Porto, les incontournables, mais aussi les petites villes pittoresques de l’intérieur du pays comme Evora, Tomar ou, dans une moindre mesure, Coimbra, les innombrables villages qui jalonnent les routes de l’Alentejo, ainsi que les côtes découpées de l’Algarve, Aveiro et ses immenses plages de sable battues par les vagues de l'océan. Nous avons admiré la montagne de Sintra, les caps São Vincente et Roca, les sanctuaires de Braga et de Fátima, les petites citadelles perchées près de la frontière espagnole et les grandes étendues plantées d’oliviers, de chênes liège ou d’arbres fruitiers sous un ciel toujours bleu.

    Mais ce que nous avons apprécié par-dessus tout c’est l’ambiance décontractée, la tranquillité, l’hospitalité qui caractérise ce pays aux allures méditerranéennes bien qu’entièrement tourné vers l’Atlantique.

     

    Les trajets en Espagne ont aussi été enchanteurs. La pittoresque Valencia, la belle Alicante, la charmeuse Séville, l’originale Cadix et la peu connue Oviedo sont des villes magnifiques. Nous avons aimé les plages des rías de Galice et les montagnes des pics de l’Europe. Quant à Santiago de Compostelle, si elle a été pour moi un rappel émouvant de mon précédent passage, elle nous a un peu déçus. Trop de touristes, trop de pèlerins un peu trop propres, trop de magasins de souvenirs. Même la grand’messe du dimanche avec le botafumeiro faisait un peu trop spectacle.

     

    Vous trouverez ci-après le récit illustré de ce voyage de 36 jours et 7000 km autour de la péninsule ibérique au cours duquel nous avons bénéficié d’un temps tout à fait exceptionnel.

    Il a fait chaud et même très chaud en Andalousie et à l’intérieur du Portugal tandis que l’océan rafraîchissait agréablement la température dès qu’on se rapprochait des côtes. Il n’a plu que deux fois, et encore ne s’agissait-il que de quelques averses qui sont tombées pendant la nuit dans la région d’Oviedo.

     

     

     

     

     

    Jour 1. Vendredi 10 juin. MONTPELLIER - VALENCIA                                                                                        679 km

    Grâce à une circulation très fluide, le trajet exclusivement sur autoroute ne nous a pas paru long. L’arrêt pique nique à Torredembara sous un grand acacia nous a permis d’appréhender tout de suite l’importance de l’ombre car il fait déjà plus de 30° et cela deviendra un réflexe chaque fois que nous nous arrêterons.

    Au passage nous allons voir de près le bel aqueduc romain construit au 1° siècle pour amener l’eau à Tarragone. Bien préservé, il est néanmoins nettement moins imposant que le pont du Gard.

     Espagne - Tarragone - Le pont du Diable


    Il est 18h lorsque nous arrivons à Valencia. L’hôtel Antigua Morellana où j’ai réservé se trouve dans la partie historique piétonne à deux pas de la cathédrale et du marché central. Recommandé par le Guide Vert, il est agréable, d’un prix raisonnable et l’accueil y est très sympathique.

    À peine installés, nous partons à la découverte de la ville, en commençant par la cathédrale construite en 1262 à l’emplacement d’une mosquée. Elle se voit de loin en raison de sa tour gothique octogonale, El Miguelete qui doit son nom à la grosse cloche baptisée le jour de la Saint Michel. Elle est devenue le symbole de la ville.

    Valencia - Plaza de la Virgen et le Seu

    Espagne - Valencia - Plaza de la Reina et El Miguelete


    Du sommet, au soleil couchant, nous profitons d’une belle vue sur les tuiles bleues vernissées des dômes de la cathédrale et d’un magnifique panorama sur la ville.

     Valencia - Les toits de la Seu vus du Miguelete

    Tandis que le soleil descend de plus en plus, nous entrons dans la chapelle de Nuestra Señora de los Desemparados qui abrite la statue de la patronne vénérée des Valenciens, traversons la place de la Virgen et marchons jusqu’à las Torres de Serranos, une ancienne porte de la ville.

    Valencia - La porte Serranos

    Espagne - Valencia - Nous 2 devant la porte Serranos


    Il fait quasiment nuit quand nous rejoignons notre hôtel tout proche après avoir dîné, honte à nous, au Mac Do voisin.

     

     

    Jour 2. Samedi 11 juin. VALENCIA - ALICANTE                                                                                                  173 km

    Nous prenons notre petit-déjeuner dans la rue devant le Mercato central que nous allons ensuite visiter. Ce magnifique bâtiment à structure métallique et décoré d’azulejos est l’un des plus grands marchés couverts d’Europe. Les étals de fruits et légumes, de viande, de charcuterie, de poissons et de fleurs sont extraordinaires de couleurs et de fraîcheur.

    Espagne - Valencia - Le marché central

    Espagne - Valencia - Le marché central

    Espagne - Valencia - Le marché central

    Nous parcourons ensuite de belles avenues, des places plantées de palmiers, d’acacias, de lauriers roses comme Santa Catalina ou Rodonda, poussons jusqu’à l’Ayuntamiento, la estación del Norte, le bâtiment des Postes, Los Correos, et la plaza de toros.

    Espagne - Valencia - Plaza Santa Catalina et clocher de l'église Santa Catalina

    Espagne - Valencia - L'église Santo Joanes

    Espagne - Valencia - Los Correos

    Espagne - Valencia - La plaza de toros

    Au passage nous admirons le splendide palais baroque du marquis de Dos Aguas. La façade entièrement peinte imitation marbre est rehaussée par des fenêtres ouvragées et surtout par le délirant encadrement de la porte principale en albâtre, sculpté en haut relief et surmonté d’une Vierge.

    Espagne - Valencia - Le palais du marquis des Dos Aguas


    Quelle belle ville très agréable et pourtant peu connue en France.

     

    En voiture nous allons ensuite voir la partie moderne de la ville, le nouveau quartier à l’architecture futuriste. C’est un peu démesuré et je trouve que ça manque de vie. Je préfère le centre ancien bien plus animé.

    Espagne - Valencia - Ciudad de las Artes y de las Ciencias

    Espagne - Valencia - Ciudad de las Artes y de las Ciencias

    Espagne - Valencia - Bougainvilliées à la Ciudad de las Artes y de las Ciencias

    De là, nous filons vers la mer et nous arrêtons pour manger au bord de la plage à El Saler, à quelques kilomètres au sud de la ville. Il fait chaud malgré le vent assez fort et l’eau est excellente. Nous nous baignons avec grand plaisir dans les vagues.

     Espagne - Valencia - Première baignade près de la ville


    Nous prenons ensuite la direction d’Alicante en empruntant la N340 qui traverse un paysage grandiose de montagnes arides plantées d’amandiers.

    Le camping Mon Jardin à San Juan d’Alacant nous accueille pour la nuit. À l’exception du sol dur comme du béton où il est impossible de planter le moindre piquet, il est parfait.

     

     

    Jour 3. Dimanche 12 juin. ALICANTE - MURCIA                                                                                                  114 km

    Nous avons dormi en laissant la tente ouverte et en utilisant seulement le drap de couchage mais au petit matin il a quand même fallu se glisser dans les duvets.

    Nous rejoignons tout de suite Alicante et son magnifique front de mer planté de palmiers et au sol couvert d’un superbe carrelage multicolore. C’est une ville très agréable, à la fois animée et tranquille, réputée depuis les Grecs pour sa lumière et son ciel.

    Espagne - Alicante - Sur l'esplanade d'Espagne


    Nous montons à la forteresse Santa Barbara par un ascenseur creusé dans le rocher. De cette place forte qui date de l’époque musulmane au 10° siècle, on domine toute la ville, les plages qui s’étirent le long de la côte, le port de commerce et toute la huerta couverte de vergers et de cultures diverses.

    Espagne - Alicante - Le quartier del Carmen vu du Castillo de Santa Barbara

    Espagne - Alicante - Castillo de Santa Barbara

    Espagne - Alicante - Pause au Castillo de Santa Barbara

    Espagne - Alicante - Castillo de Santa Bárbara


    En bas, nous passons à l’église Sainte Marie.

    Espagne - Alicante - Eglise Santa Maria

    Espagne - Alicante - Eglise Santa Maria


    C’est le départ d’un chemin vers Saint Jacques de Compostelle. Voilà des panneaux propres à me donner des idées.

    Espagne - Alicante - Marquage du Chemin près de l'église Santa Maria
     

    Nous rejoignons ensuite Elche, sa célèbre palmeraie et sa Dame.

    Avec plus de 200 000 palmiers, la plus grande palmeraie d’Europe est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. La meilleure façon de l’apprécier est de visiter le Huerto del Cura, le verger du curé, un endroit très bien arrangé où on trouve un nombre considérable d’espèces de palmiers et de cactées. Il fait particulièrement chaud et on apprécie l’ombre des arbres et la fraîcheur des ruisseaux et bassins. Une tradition veut que les visiteurs illustres donnent leur nom à un palmier. Le plus célèbre est le palmier dit impérial en souvenir du passage d’Elisabeth d’Autriche, "Sissi", un spécimen unique.

    Espagne - Elche - Huerto del Cura - Statue de Sissi

    Espagne - Elche - Hort del Cura - Le palmier impérial


    On peut y voir aussi une réplique de la Dame de Elche, cette fameuse sculpture d’une tête de femme en calcaire datant du 5° siècle avant JC. Trouvée par un français en 1897, elle fut emportée au Louvre qui n’accepta de s’en défaire qu’en 1941 en échange d’un lot de tableaux de Vélasquez, Goya et El Greco.

    La sculpture est maintenant à Madrid ce qui provoque la colère des habitants d’Elche qui voudraient qu’elle revienne "chez elle".

    Espagne - Elche - Hort del Cura - La Dama de Elche


    Le reste de la ville ne présente pas de grand intérêt et je n'ai photographié que le lit du Vinalopó, la rivière locale, quasiment à sec décoré de peintures très colorées.

    Espagne - Elche - Le cours du Vinalopó


    Puis nous filons vers Murcia à travers une campagne couverte de plantations d’orangers, citronniers et grenadiers. Arrivé à destination, nous partons aussitôt visiter cette ville tranquille avec ses rues pavées, ses jardins fleuris et ses petites places agréables.

    Espagne - Murcia - Place de l'épiscopat


    La cathédrale du 14° siècle domine le centre de sa façade baroque et de son clocher décalé.

    Espagne - Murcia - La cathédrale


    Dans la rue Trapería, il faut voir le Real Casino, une sorte de club anglais magnifiquement décoré dans des styles variés.

    Espagne - Murcia - Le Real Casino


    Après la place Santo Domingo et son énorme ficus nous dînons sur la jolie place de las flores. Il est presque 21h et la température est encore de 32°.

    Nous rejoignons l’hôtel par le Malecón, un beau jardin au bord du río Segura, lieu de promenade favori des habitants.

     

     

    Jour 4. Lundi 13 juin. MURCIA - GRANADA                                                                                                         329 km

    Le baromètre est bloqué sur le beau fixe. Sous un ciel parfaitement bleu et une agréable température de 25°, nous allons faire une incursion dans la sierra d’Espreña, un parc régional qui s’étend sur une zone de montagnes sauvages couvertes de différentes espèces de pins. La route très sinueuse traverse de jolis paysages et offre des panoramas sur les plaines environnantes et leurs vergers ainsi que sur le village d'Aledo, serré sur son éperon rocheux.

     Espagne - Dans la sierra Espuña


    Espagne - Sierra Espuña - Village d'Aledo

    Après cette escapade nous retrouvons la rectitude de l’autoroute en direction de Grenade.
    En entrant en Andalousie, nous quittons l'autoroute pour une petite pause.

    Espagne - Andalousie - Petite pause sur la route de Grenade

    Notre première visite est pour la petite ville de Guadix, dominée par une jolie église, à la façade richement décorée et dédiée à l'Incarnation. Elle fut construite sur les fondations du mosquée et les travaux durèrent plus de trois siècles entrainant un mélange de styles gothique, Renaissance et baroque.


    Espagne - Andalousie - Guadix - L'église de Santiago

    Espagne - Andalousie - Guadix - L'église de Santiago


    Au centre de l'agglomération se dresse l'ayuntamiento aux magnifiques arcades. Sur sa façade, les drapeaux de l'UE, d'Espagne et d'Andalousie flottent au vent.

    Espagne - Andalousie - Guadix - L'ayuntamiento

    Espagne - Les drapeaux andalou et espagnol

    Mais la curiosité principale est le barrio de las cuevas, un quartier de maisons semi-enterrées dans une zone de roches tendres. Le contraste entre l’ocre du sol et le blanc des façades et des étranges cheminées aux allures de termitières est étonnant. Nous entrons dans l’une de ces maisons idéalement située au pied d’un observatoire qui domine le quartier. Le propriétaire arrondit ses fins de mois en faisant visiter son antre bien propre et bien rangé. Il est trop bien rangé d’ailleurs pour qu’il y habite réellement.


    Espagne - Andalousie - Guadix - Les cuevas

    Espagne - Andalousie - Guadix - Dans une des cuevas


    Il ne reste plus qu’à rejoindre Granada et l’auberge de jeunesse où j’ai prévu de dormir. Nous prenons le bus pour aller au centre et commencer à visiter la plus belle ville d’Espagne dont le joyau est le fameux palais de l’Alhambra qui s’étend sur une colline dominant la cité. Nous montons en premier au mirador de San Nicolas admirer ses murs ocre rougis par le soleil couchant. L’endroit est très fréquenté par les touristes et attire toute une faune de routards qui essaient de vendre leurs habituels grigris.

    Malheureusement nous ne pourrons pas visiter l’Alhambra. En effet le nombre de visiteurs quotidien est limité et quand j’ai voulu réserver sur Internet bien avant notre départ, il ne restait déjà plus de place pour tout le mois de juin. Nous l’avions visité en 1995 ce qui atténue un peu notre déception.

    Espagne - Andalousie - Granada - L'Alhambra vu du mirador San Nicolas


    Nous redescendons au centre pour dîner sur une petite place près de la cathédrale.

    Espagne - Andalousie - Granada - La cathédrale


    puis rentrons tranquillement à l’auberge de jeunesse qui n’est finalement pas aussi loin que nous pensions. Les rues sont pleines de gens attablés aux terrasses des bars et restaurants ou qui déambulent en discutant en profitant de la tiédeur de l’air du soir.

     

     

    Jour 5. Mardi 14 juin. GRANADA - TORRE DEL MAR                                                                                         204 km

    Nous avons essayé d’obtenir des places pour l’Alhambra au dernier moment. On ne sait jamais. En vain.

    Nous quittons donc la ville pour parcourir les vallées des Alpujarras. Située sur le versant méridional de la Sierra Nevada, cette région parsemée de jolis villages blancs a conservé une personnalité marquée.

    Notre premier arrêt à Lanjarón ne nous déçoit pas. Les rues très fleuries sont protégées du soleil par des toiles tendues au dessus et des fontaines coulent un peu partout. La magnifique placette Santa Anna est un bijou, un havre de fraîcheur.

    Espagne - Andalousie - Lanjarón - Plazeta Santa Ana


    On y trouve beaucoup de jambons car le climat de la région est propice à sa curación. Mais on ne voit pas d’élevage de cochons dans le coin car, nous dit-on, les jambons viennent tous de Catalogne !

    Espagne - Andalousie - Alpujarras - Sur la route de Pórtugas

    16-01-054- Espagne - Andalousie - Alpujarras - Halte sur la route de Pórtugas

    Nous continuons notre balade par une route qui serpente le long des versants escarpés de la vallée. L’arrêt pique nique se fait bien évidemment à l’ombre d’un bel arbre à Pórtugos car il fait plus de 30° malgré l’altitude. À la sortie du village, nous nous arrêtons aux sources ferrugineuses Agria cachées derrière l’ermitage de Nuestra Señora de las Angustias.

    Espagne - Andalousie - Alpujarras - Fontaine ferrugineuse à Pórtugas

    puis continuons vers Trevélez par une magnifique route en balcon. On ne tarde pas à rencontrer des châtaigniers qui donnent un petit air de Cévennes à l’endroit. Trevélez est un agréable village où nous buvons le café sur une terrasse bien ombragée et ventée.

    Espagne - Andalousie - Alpujarras - Trévelez

    Espagne - Andalousie - Alpujarras - Pampaneira

    Une caractéristique de cette région est la présence de cheminées à la forme particulière. Il y en a partout, sur les maisons bien sûr mais aussi sur les arrêts de bus et même sur les tombes dans les cimetières.

    Espagne - Andalousie - Alpujarras - Pampaneira

    Espagne - Andalousie - Alpujarras - Hélène et Max sur la route de Juvile


    Nous redescendons vers l’autoroute AP7 qui va nous mener sur la côte. Nous doublons un convoi exceptionnel de 4 semi-remorques transportant chacun une pale d’éolienne. C’est énorme. On n’a pas cette impression quand elles sont en place sur leur pylône.

    Dans la plaine côtière, les collines sont couvertes de plantations de manguiers et d’avocatiers.

     

    Nous allons à Torre del Mar où habitent Cristina et Virginia, mes 2 amies rencontrées sur le chemin de Compostelle en avril 2013. Virginia nous retrouve à l’entrée de la ville et nous conduit chez elle. Elle nous laisse son joli appartement dans un bel immeuble à 300m de la plage où on ne se prive pas d’aller car la température flirte avec les 40°. La plage est de gravier et l’eau est assez fraîche avec beaucoup de vagues poussés par le vent de la mer.

     Espagne - Andalousie - Torre del Mar - Sur la plage


    Curieusement, vers 20h, le vent se met à souffler de la terre et devient chaud, les vagues se calment. Il est temps de partir pour rejoindre nos amies pour un excellent dîner andalou dans un restaurant voisin. Pour terminer, nous avons droit à une vodka au caramel offerte par le patron.

     

     

    Jour 6. Mercredi 15 juin. TORRE DEL MAR                                                                                                         136 km

    Il n’y a pas la clim dans l’appartement de Virginia mais avec les fenêtres ouvertes, le courant d’air a maintenu une température agréable jusqu’au matin.

    Nous allons visiter le village de Frigiliana perché sur le versant de la sierra d’Almijara dominant la mer. Les rues pavées entrecoupées d’escaliers sont très fleuries et serpentent entre les maisons éclatantes de blancheur parfois décorées d’azulejos. On apprécie le vent rafraîchissant.

    Espagne - Andalousie - Frigiliana


    De là, on va visiter la grotte de Nerja très impressionnante avec ses vastes salles et ses spectaculaires stalactites et stalagmites. Dans l’immense salle du cataclysme une énorme colonne de 32 m relie la voûte au sol.

    Espagne - Andalousie - Grotte de Neija


    Tout à coté, Nerja est une jolie ville touristique accrochée au bord d’une falaise dominant la mer. Les rues sont envahies de restaurants et de magasins de souvenirs. Tout près du centre historique, un immense belvédère planté de palmiers a été aménagé sur l’emplacement de l’ancien château arabe. Il domine spectaculairement la mer et a été surnommé le balcon de l’Europe par le roi Alfonso XII lors de sa visite le 12 janvier 1885.

    Espagne - Andalousie - Neija - Vieil aqueduc

    Espagne - Andalousie - Neija - Statue du roi Alfonso XII sur le balcon de l'Europe

    Espagne - Andalousie - Neija - La côte


    Malgré l’affluence, nous arrivons à trouver une place pour manger à la terrasse de l’un des restaurants sur une jolie place ombragée. L’ombre, toujours l’ombre !

    Il ne reste qu’à rentrer à Torre del Mar pour retrouver Cristina et Virginia que nous amenons à Málaga. Nous visitons la ville en leur compagnie dont le musée de l’ancien temps et l’Alcazaba, le château arabe qui domine la ville sur son éperon.

    Espagne - Andalousie - Málaga - La forteresse Alcazaba


    Nous déambulons aussi dans les rues animées de cette ville agréable qui nous réserve quelques surprises comme le clocher unique de la cathédrale et la façade orange du palais épiscopal.

    Espagne - Andalousie - Málaga - La cathédrale


    Espagne - Andalousie - Málaga - Le palais épiscopal

    Nous avons droit à un petit flamenco improvisé dans la bodega Pimpi, un joli endroit pour boire le vin local conservé dans des tonneaux signés par des personnalités de passage.

     Espagne - Andalousie - Málaga - Hélène avec Cristina et Virginia


    De retour à Torre del Mar, nous savourons la tiédeur de l’air au cours d’une promenade nocturne sur le bord de mer après un excellent dîner au restaurant.

     

     

    Jour 7. Jeudi 16 juin. TORRE DEL MAR - RONDA - SEVILLA                                                                            211 km

    Il fait agréablement frais ce matin, à peine 19°. Cris et Bibi nous attendent pour un petit-déjeuner chocolate con churros qui clôture notre séjour en leur compagnie et leur hospitalité sans faille.

    Nous embrassons nos deux délicieuses amies et prenons la direction de Ronda.

    Nous empruntons de petites routes qui traversent une magnifique région montagneuse, la Serraría de Ronda, où se succèdent immenses champs d’oliviers, bois de pins, montagnes abruptes, terre rouge et petits villages blancs.

    Espagne - Andalousie - El Burgo sur la route de Ronda


    La ville de Ronda est construite sur un site exceptionnel, un plateau rocheux entaillé par une gorge d’une centaine de mètres de profondeur creusée par le río Guadalevín et enjambée par le Ponte Nuevo.

    Ronda est aussi célèbre pour ses arènes parmi les plus belles d’Espagne. C’est par là que nous commençons notre visite.

    Espagne - Andalousie - Ronda - Plaza de toros

    Espagne - Andalousie - Ronda - Plaza de toros

    Espagne - Andalousie - Ronda - Plaza de toros
     

    Nous empruntons ensuite le chemin d’Hemingway qui longe la vertigineuse falaise puis nous descendons par un sentier jusqu’au fond de la gorge sous le Ponte Nuevo. D’en bas, la vue sur le pont et la gorge est superbe.
     

    Espagne - Andalousie - Ronda - Devant la gorge du Guadalivín et le Puente Nuevo


    On se balade ensuite dans les rues de la Ciudad, l’ancienne médina musulmane et sous les arbres du jardin Le Forestier (du nom du paysagiste français qui l’a dessiné en 1912) où se mêlent harmonieusement, fontaines, jets d’eau rafraîchissants, azulejos et pergolas bien françaises.

     

    Nous rejoignons ensuite Séville par une belle route qui, après les montagnes de la région de Ronda, nous fait traverser la grande plaine du Guadalquivir. Nous logeons à l’auberge de jeunesse de Séville un peu envahie par un groupe d’élèves polonais.

     

     

    Jour 8. Vendredi 17 juin. SEVILLA

    Nous avons droit à un petit-déjeuner typiquement andalou : pain, huile d’olive et tomates écrasées. C’est très bon et rafraîchissant.

    Nous prenons le bus pour rejoindre le centre ville et commençons par la place d’Espagne, un demi-cercle de 200m de diamètre bordé par une galerie à arcades en briques roses encadrée par deux tours. Cet ensemble a été construit pour l’exposition universelle de 1929. De superbes azulejos garnissent des niches et un canal et des fontaines égaient cet espace découvert.

    Espagne - Andalousie - Sevilla - Place d'Espagne

    Espagne - Andalousie - Sevilla - Place d'Espagne


    Quelques vendeurs proposent des éventails, symbole de l’Andalousie, hélas probablement fabriqués en Chine.

    Puis nous allons directement à l’Alcazar, l’une des deux merveilles de Séville avec la cathédrale, presque aussi beau que l’Alhambra de Grenade. On y accède par la porte du Lion.

    Espagne - Andalousie - Sevilla -L'Alcazar - Puerta del León


    C’est ensuite une succession de patios, de salles superbement décorées soit à la mode mudéjar, soit à la sauce gothique. Il y a deux palais imbriqués l’un dans l’autre en fait.

    Espagne - Andalousie - Sevilla - L'Alcazar - Façade du palais de Pierre le Cruel

    Le mudéjar est celui de Pierre 1° le Cruel avec son vaste patio des Demoiselles. Parmi les nombreuses salles que l’on visite la plus belle est le salon des ambassadeurs remarquable par sa coupole en cèdre et ses magnifiques azulejos.

    Sevilla - L'Alcazar - Palais de Pierre le Cruel - Patio des demoiselles

    Espagne - Andalousie - Sevilla - L'Alcazar - Palais de Pierre le Cruel - Plafond du salon de l'infante
     

    Sevilla - L'Alcazar - Palais de Pierre le Cruel - Salon des ambassadeurs

     

     Sevilla - L'Alcazar - Palais de Pierre le Cruel - Salle des fêtes


    Le gothique est celui de Charles Quint. Il s’ouvre par le patio del Crucero puis c’est une succession de salles magnifiques décorées de tapisseries et d’azulejos.

    La visite se poursuit par les jardins étagés en terrasse où l’eau est omniprésente. La galerie du Grotesque offre une excellente vue de l’ensemble de ces jardins magnifiques où l’ombre des grands arbres atténue à peine la chaleur ambiante.

    Espagne - Andalousie - Sevilla - L'Alcazar - Palais de Pierre le Cruel - Jardin

    Sevilla - L'Alcazar - Palais de Pierre le Cruel - Jardins et galerie du grotesque

     

    Sevilla - L'Alcazar - Palais de Pierre le Cruel - Bassin de Mercure
     

    On ressort par le patio de las Banderas, une petite place toute simple avec des orangers et une petite fontaine. Il ne reste plus qu’à aller à la cathédrale toute proche. Mais avant, nous déjeunons à la terrasse ombragée d’un petit restaurant à l’apparence anodine mais qui nous a agréablement rassasiés.


    Espagne - Andalousie - Sevilla -La cathédrale - Porte San Cristobal
     

    La cathédrale est extraordinaire. Belle, lumineuse, immense, avec ses voûtes flamboyantes qui s’élèvent à 56 m de hauteur. On admire le tombeau de Christophe Colomb porté par 4 statues de chevaliers représentants les royaumes de l’Espagne de l’époque, León, Castilla, Navarra et Aragón. On est fasciné par l’immense retable doré et ses milliers de statues, puis par les trésors contenus dans la sacristie du calice et la grande sacristie.

    Sevilla - La cathédrale - Tombeau de Cristobal Colón
     

    Espagne - Andalousie - Sevilla - La cathédrale - La nef

    Espagne - Andalousie - Sevilla - La Giraglia - Inscription en espagnol et arabe


    Au nord de la cathédrale, l’ancienne cour des ablutions de la mosquée est devenue le patio de los naranjos (cour des orangers) dominé par la Giralda.

    Sevilla - Du sommet de la Giraglia - Vue sur le patio de los naranjos


    La Giralda se reconnait de loin grâce à sa silhouette élégante. Elle est le symbole de la ville. Construit en briques au 12° siècle, ce minaret a été rehaussé 4 siècles plus tard de la chambre des cloches et de la flèche supérieure surmontée d’une statue symbolisant la foi et faisant office de girouette, d’où son nom. Une copie de la girouette a été dressée devant la cathédrale, ce qui permet de l'admirer de près.

    Espagne - Andalousie - Sevilla - La cathédrale - Porte San Cristobal - La girouette

    On emprunte une rampe en pente douce qui permettait au muezzin d’y monter à cheval pour les 5 appels à la prière quotidiens. De là haut, la vue sur les toits de la cathédrale, le patio des orangers et l’ensemble de la ville est splendide.

    Sevilla - La cathédrale et la Giraglia vues de la place du Triunfo
     

    Sevilla - Du sommet de la Giraglia - Vue sur l'Alcazar, la place d'Espagne et le Guadalquivir

    Espagne - Andalousie - Sevilla - Du sommet de la Giraglia - Vue sur la ville et la plaza de toros
     

    Nous parcourons ensuite le quartier de Santa Cruz, ses ruelles et ses petites places et longeons la plaza de toros d'un blanc étincelant rehaussé par l'orange vif des embrasures.

    Espagne - Andalousie - Sevilla - Place de la Virgen de los Reyes et palais épiscopal

    Espagne - Andalousie - Sevilla -Plaza de toros

    Nous rejoignons ensuite les bords du Guadalquivir (adaptation du nom arabe oued el kebir, le grand fleuve) qui offre une vue étendue sur les principaux monuments de la ville.

    Espagne - Andalousie - Sevilla - Bords du Guadalquivir - La Torre del Oro et les tours de la place d'Espagne

    Nous allons voir la Torre del Oro qui domine le fleuve puis remontons le paseo Colón jusqu’au pont Triana.

     Sevilla - Torre del Oro


    Au passage nous nous arrêtons dans une église peu connue, celle de l’Hôpital de la Charité. Elle contient des tableaux de Murillo et une magnifique sculpture de la mise au tombeau d'un réalisme étonnant.

    Espagne - Andalousie - Sevilla - Eglise de la Charité - Le retable

    Sevilla - Eglise de la Charité - Détail du retable - La mise au tombeau


    Nous revenons vers le centre pour prendre un bus et rentrer à l’auberge de jeunesse non sans admirer au passage le Palacio San Telmo.

    Sevilla - Palacio San Telmo


    À l’auberge, les Polonais qui regardent un match de l’Euro de foot où joue leur équipe nationale mettent l’ambiance. Il ne reste qu’à se coucher après une belle mais dure journée dans cette ville magnifique.

     

     

    Jour 9. Samedi 18 juin. SEVILLA - PUERTO SANTA MARíA                                                                              297 km

    Il n’y a pas de circulation ce samedi matin pour quitter la ville en direction des villages blancs qui s’échelonnent dans la sierra Margarita. Peu après la sortie de la ville nous découvrons le château d'Aguzaderos au milieu de son écrin de tournesols.

    Espagne - Andalousie - Route vers Cadix - Château d'Aguzaderos

    Le tout premier donne le ton. Les maisons blanches de Zahara dominées par un château fort se reflètent dans les eaux topaze d’un lac de barrage. Parvenu là-haut, on découvre un petit marché bien agréable et on en profite pour faire nos courses.

     Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Zahora

    Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Zahora et son lac


    Puis nous repartons par la petite route qui monte en lacets dans la sierra dont les pentes sont couvertes de chênes liège et d'oliviers.

    Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Zahora - La campagne plantée d'oliviers

    Gazalema s’étend dans un cirque dominé par un pic rocheux.

    Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Grazalema

    Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Grazalema


    Pique nique sous les chênes liège puis café au village suivant, Villaluenga del Rosario qui s’étire sous une barre rocheuse.

    Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Pique nique sur la route d'Ubique
     

     Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Villaluenga del Rosario

    Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Villaluenga del Rosario
     

    Au-delà, la route redescend dans la plaine et arrive à Arcos de la Frontera dressée sur une colline abrupte, dominée par la cathédrale et un château fort.

    Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Arcos de la Frontera


    Les petites rues grimpent sérieusement d’autant que la température est de 34° malgré le vent. En haut la place d’Espagne qui s’étend devant la cathédrale offre une belle vue sur les méandres du Guadalete en contrebas.

    Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Arcos de la Frontera

    Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Arcos de la Frontera - Méandre du Guadalete


    Dans un coin, à l’ombre des murailles, un gars présente des rapaces dont plusieurs chouettes et grand ducs. 

    Espagne - Andalousie - Pueblos blancos - Arcos de la Frontera
     

     Arcos de la Frontera - Max avec un grand duc et un milan
     

    Il ne reste qu’à rejoindre Puerto Santa María et le magnifique camping des Dunes qui s’étire le long de la mer à l’ombre des pins. Aussitôt installé, malgré la piscine toute proche, nous filons à la plage nous rafraîchir de la chaleur accablante. On a une vue imprenable sur les installations portuaires mais la plage est magnifique, plantée de palmiers et l’eau est délicieusement claire et fraîche.

    Nous savourons cette fin d’après-midi tranquille sur la plage puis sous les pins du camping.

    Espagne - Andalousie - Puerto Santa Maria - Camping Las Dunas

     

     

    Jour 10. Dimanche 19 juin. PUERTO SANTA MARíA - CADIX 

    Aujourd’hui la journée est consacrée à la visite de Cadix. La vieille ville est nichée sur un ilot aujourd’hui relié au continent par un cordon de sable sur lequel la ville moderne s’étire en une longue succession d’immeubles et d’avenues sans intérêt.

    Depuis notre villégiature, nous prenons le ferry qui nous conduit aux portes de la vieille ville en moins de trente minutes, rafraîchis par le vent du large.

    Espagne - Andalousie - Puerto Santa Maria - Le ferry vers Cadix

    Nous accostons directement sur la place San Juan de Dios, l’une des plus ancienne de la ville, plantée de palmiers, parsemée de fontaines et dominée par les belles façades néoclassiques de l’Ayuntamiento. Les drapeaux d’Espagne, de l’Andalousie et de la ville flottent sur sa façade.

    Cadix - Plaza San Juan de Dios
     

    Espagne - Andalousie - Cadix - L'ayuntamiento
     

    Espagne - Andalousie - Cadix - L'ayuntamiento - Les drapeaux andalou, espagnol et de Cadix

    Nous passons devant l’église toute blanche de Santo Domingo où se déroule la messe. Cette église est le sanctuaire de la Vierge du Rosaire, patronne de Cadix.

    Espagne - Andalousie - Cadix - Eglise Santo Domingo

    Plus loin, la façade immaculée de la cathédrale domine une grande place qui lui donne toute son ampleur.

    Espagne - Andalousie - Cadix - La cathédrale


    La rue de la Companía, la place de Topete, celle de la Mina avec son énorme ficus sont bien animées. Il faut dire qu’il est dimanche et qu’un énorme bateau de croisière amarré dans le port a déversé sa cargaison d’Américains dans la ville.

    Espagne - Andalousie - Cadix - Rue Pelota

     

    Espagne - Andalousie - Cadix - Grand ficus sur la place Mina

    Espagne - Andalousie - Cadix - Alameda del  Marqués de Comillas
     

    Nous en profitons pour visiter le musée de la ville, pour voir les sarcophages phéniciens et les tableaux de Murillo, Zurbarán et Miró, mais aussi pour profiter de la climatisation.

    L’après-midi se passe à arpenter les remparts qui dominent un océan d’un bleu parfait, rafraîchis par le vent du large. Ces fortifications sont plantées de jolis parcs ombragés et agrémentés de fontaines.

    Espagne - Andalousie - Cadix -Alameda del  Marqués de Comillas

    Espagne - Andalousie - Cadix -Parque Genovés


    Nous voyons le castillo Santa Catalina qui participait à la défense de la ville et la plage de la Caleta où les Gaditans viennent s’installer avec parasols et chaises longues avant de revenir vers le port par les petites rues du centre.

    Espagne - Andalousie - Cadix -Castillo Santa Catalina
     

    Espagne - Andalousie - Cadix -Playa de la Caleta
     

    Le ferry nous ramène tout aussi rapidement à domicile et nous allons à nouveau nous baigner dans l’eau fraîche de l’océan pour nous détendre de cette longue journée de marche. Puis nous dînons en regardant les chauves souris voleter sous les pins dans l’agréable tiédeur de la soirée.

     

     

    Jour 11. Lundi 20 juin. PUERTO SANTA MARíA - ARMAÇÃO DE PERA                                                          374 km

    C’est notre dernier jour en Espagne. Ce soir nous dormirons au Portugal.

    Nous quittons ce bel endroit par de petites routes pour voir les vignobles qui donnent le fameux vin de Jerez et les élevages de taureaux. C’est réussi pour le premier objectif mais pas pour le deuxième. Pas la moindre corne en vue.

    Espagne - Andalousie - Près de Jerez dans les vignes


    Nous rejoignons l’autoroute pour filer rapidement vers la frontière portugaise que nous franchissons vers midi en même temps que le pont sur le río Guadiana.

    Arrêt obligatoire pour s’inscrire au système de péage automatique des autoroutes portugaises : on glisse sa carte de crédit dans la machine tandis qu’une caméra enregistre le numéro d’immatriculation de la voiture. Chaque fois que je passerai sous un portique de péage sans avoir besoin de m’arrêter ni même de ralentir, je serai débité de la somme correspondante. Pratique et rapide. Nous devrions nous en inspirer en France surtout que les portiques, ceux de la taxe carbone des poids lourds, sont déjà en place.

    Premier arrêt quelques kilomètres après la frontière, à Tavira, jolie ville signalée sur le Guide Vert pourvue d’un pont romain sur l’Arportel.

    Portugal - Algarve - Tavira - Pont romain sur l'Alporte


    Au sommet de la colline, s’élève une belle église toute blanche pourvue d’une gigantesque horloge. Pas de différence avec l’Espagne à part la langue qui se comprend assez bien par écrit. À l’oral c’est une autre affaire ! Et il fait aussi toujours très chaud.

     

    Nouvel arrêt à l’église São Laurencão, une très jolie église dont l’intérieur est entièrement tapissé d’azulejos décrivant la vie et le martyre de Saint Laurent qui a fini littéralement sur le grill. Grillé vif le malheureux.

    Portugal - Algarve - Eglise San Laurencão
     

    Portugal - Algarve - Eglise San Laurencão

    Il fait si chaud que nous décidons de nous arrêter sur une plage. Mais ce n’est pas évident de trouver un accès parmi les lotissements de villas qui s’étirent tout le long de la route. Nous finissons par trouver le chemin qui mène à celle de Maria Luisia. Il faut marcher un moment avant de l’atteindre au pied de falaises ocre mais cela valait la peine. La plage est jolie, pas très peuplée et l’eau est fraîche à souhait. Quel plaisir de s’y tremper par cette chaleur.

    Portugal - Algarve - Plage près d'Albufeira
     

    Nous y sommes tellement bien que nous y restons jusque vers 19h.

    Bon, il faut maintenant trouver un camping pour la nuit.

    Nous en trouvons un très bien près de Armacão, à mi-chemin entre Faro et Lagos, les deux grandes villes de l’Algarve. Il est quasiment vide, les emplacements sont grands et à l’ombre des pins, et il y a un supermarché, une piscine et la wifi.

    Cette fois-ci j’ai demandé l’électricité pour pouvoir brancher la glacière.

    C’est l’innovation de cette année : nous avons acheté une glacière électrique qui fonctionne indifféremment sur le 220 V ou les 12 V de la voiture. Ce n’est pas aussi efficace qu’un vrai frigo mais suffit pour conserver au frais lait, beurre, fruits et légumes que nous achetons sur les marchés et dans les magasins locaux.

    Dans ce camping, nous faisons la connaissance d’un couple de Portugais de Colmar. Tous les ans, ils descendent passer trois mois dans ce camping où ils ont leur caravane à demeure. Une vraie résidence secondaire avec tout le confort y compris le petit jardin fleuri. Ils nous racontent leur vie et, en particulier, comment ils ont quitté le Portugal en cachette cinquante ans auparavant pour venir vivre et travailler en France. Une véritable épopée. Il est plus d’une heure du matin quand nous les quittons.

     

     

    Jour 12. Mardi 21 juin. ARMAÇÃO DE PERA - ZAMBUJEIRA                                                                            192 km

    Au réveil je découvre par hasard que le Portugal a une heure de retard sur le reste de l’Europe.

    Avant de partir à la découverte de l’Algarve, nous descendons à la plage d’Armacão, elle aussi nichée au pied de falaises oranges, tandis que la ville s’étale sur le plateau qui la domine.

    Sur un promontoire, se dresse la jolie chapelle Nossa Senhora da Rocha, la bien nommée qui domine la côte de part et d’autre.

    Portugal - Algarve - Armacão - Chapelle Nuestra Senhora da Roche
     

     Portugal - Algarve - Armacão - Plage de Nuestra Senhora da Roche
     

    Nous continuons notre route vers l’ouest. La côte est belle mais très urbanisée ce qui gâche parfois le plaisir. Nous roulons jusqu’au Cabo São Vincente, la pointe extrême du Portugal, qui domine l’océan du haut de ses à-pics de 75m de haut. Le site est magnifique avec des vues impressionnantes sur les falaises qui s’étirent à l’infini vers l’est et vers le nord. L’océan est d’un bleu profond extraordinaire.

    Portugal - Algarve - Cabo San Vincente
     

    Portugal - Algarve - Au Cabo San Vincente

    En revenant de la pointe, nous découvrons une plage en contrebas. C’est la plage de Beliche, accessible seulement par un long escalier taillé dans les rochers. Nous y descendons. Elle est quasiment vide, malgré le beau sable blond, le bleu de l’océan et les vagues qui viennent y déferler. Magnifique. Un endroit paradisiaque.

    Portugal - Algarve - Plage de Beliche près du Cabo San Vincente
     

    Mais il faut bien continuer notre route. Les plages se succèdent. Après un arrêt pique nique à l’ombre des pins, nous descendons à celle de Cordoama, un spot de surfeurs puis allons à Odeceixe avec son joli moulin à vent sur la colline et sa noria pour puiser l’eau du puits. La route longe la rivière Coixa et la plage permet de se baigner soit dans l’océan, soit dans l’eau de la rivière.

    Portugal - Algarve - Odeceixe - Moulin à vent

    Portugal - Algarve - Odeceixe - Puit à noria
     

    Portugal - Algarve - Plage d'Odeceixe - Embouchure du Ceixe


    Deux gardes civils femmes patrouillent à cheval. Elles ont fière allure.

    Portugal - Algarve - Plage d'Odeceixe - Guardia civil à cheval

    Finalement, nous nous arrêtons pour la nuit au camping de Zambujeira sous les eucalyptus. Je profite de l’aire de lavage pour laver la voiture qui en avait bien besoin. Nos voisins allemands ont trois chiens qui jappent mais qui se taisent dès que la nuit tombe.

     

     

    Jour 13. Mercredi 22 juin. ZAMBUJEIRA - EVORA                                                                                              272 km

    Au réveil, nous somme surpris de nous retrouver dans un brouillard assez épais causé par un phénomène d’inversion de température et il ne fait que 16°.

    Au village de Zambujeira sur les falaises, on aperçoit à peine la plage et les rouleaux de l’océan en contrebas. Le site a l’air joli mais on n’y voit rien.

    Portugal - Algarve - Zambujeira - Dans la brume marine au matin
     

    Aujourd’hui notre itinéraire s’éloigne de la côte pour nous conduire à l’intérieur des terres. Nous sommes dans la province de l’Alentejo, terre à blé depuis l’époque romaine. C’est un grand espace peu peuplé où pratiquement tous les villages sont dominés par un château fort. Il n’y a pas de monuments exceptionnels à visiter. Ici ce sont les paysages grandioses qui font le charme du voyage.

    Nous roulons sous un ciel redevenu lumineux à travers une immense plaine jaune couverte de champs de blé et de tournesols, de vignes et où les oliveraies et les plantations de chênes liège forment des îlots de verdure. Après le froid de ce matin, la chaleur qui atteint déjà 37° est d’autant plus difficile à supporter. Par ci par là, on voit des nids de cigognes sur les perchoirs les plus improbables.

    Portugal - Alentejo - Paysage typique près de Beja
     

    Portugal - Alentejo - Nid de cigognes sur la route de Beja
     

    Vers midi, nous nous arrêtons à Beja, une petite ville tranquille qui a connu les Romains puis les Maures et qui n’a pas conservé grand-chose de son histoire à part le souvenir de la plus célèbre religieuse portugaise. En 1661, María Alcoforado est envoyée au couvent par ses parents. Pendant son séjour, elle s’éprend d’un jeune officier de marine français, le comte de Chamilly qui fait campagne contre les Espagnols. En 1669, paraissent en France les Lettres de la religieuse portugaise, messages d’amour où se mêlent passion, supplication, désespoir. Ces lettres connaissent un grand succès. Leur authenticité est rapidement mise en doute mais la légende persiste jusqu’au 20° siècle.

    Et elles sont la cause de notre arrêt dans cette ville où nous déjeunons dans un petit restaurant local d’un plat de morue bien typique.

    Nous allons ensuite visiter le fameux couvent, son église surchargée, le cloître décoré d’azulejos et la fenêtre grillagée par laquelle sœur Mariana pouvait s’entretenir avec son amoureux de comte.

    Portugal - Alentejo - Beja - Couvent du Conceicão

    Portugal - Alentejo - Beja - Couvent du Conceicão - L'église
     

    Nous continuons jusqu’à la cité médiévale de Monsaraz qui s’étire sur un promontoire rocheux dominé par la silhouette de son château. Sentinelle surveillant la frontière espagnole toute proche, elle offre un panorama magnifique sur la campagne environnante et l’immense lac de barrage d’Alqueva.

    Portugal - Alentejo - Monsaraz - Paysage vers l'Ouest
     

    Portugal - Alentejo - Monsaraz - Paysage vers l'Est
     

    À l’intérieur des murailles, les rues pavées et les maisons d’un blanc éblouissant semblent n’avoir jamais bougées. Pas de voitures, de fils électriques ni d’enseignes publicitaires. Juste le calme, la lumière et le vent.

     Portugal - Alentejo - Monsaraz - Porte de la ville

    Portugal - Alentejo - Monsaraz - Rue Direita

    Portugal - Alentejo - Monsaraz - Le village et l'église


    Après cette visite un peu hors du temps, il nous reste à rejoindre la ville d’Evora à une quarantaine de kilomètres où se trouve le seul camping de la région. L’Alentejo c’est beau et sauvage mais ce n’est pas la région la plus fréquentée par les touristes.

    Le camping est à 2 kms au sud de la ville. Comme partout ailleurs, il y a peu de monde et on s’installe où l’on veut sous les eucalyptus. Le Guide du Routard n’en dit pas trop de bien mais, de toute façon, nous n’avons pas le choix.

    Nous y sympathisons avec un couple de Français qui a installé sa tente pas loin de nous et que nous retrouverons plusieurs fois pendant notre voyage.

     

     

    Jour 14. Jeudi 23 juin. EVORA - EVORA                                                                                                                62 km

    La nuit a été bonne malgré la mauvaise notation du Routard. Le chenil et la route incriminés n’ont pas provoqué de nuisance particulière.

    Aujourd’hui sera une journée tranquille. Visite d’Evora et des nombreux mégalithes des environs. Peu de kilomètres et pas de tente à monter car nous restons dans ce camping.

     

    Evora est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Entourée de remparts, elle présente des richesses variées, de l’époque romaine aux églises gothiques et offre une ambiance paisible bien agréable.

    Nous arrivons sur la place Giraldo. Pour nous, ce nom a une sonorité particulière car c’est celui d’un beau frère. Mais celui-ci qui est-il ? C’était un brigand du 12° siècle qui, avec sa troupe de guerriers, a aidé le roi Alfonso Henriques à chasser les Maures de l’Alentejo et, plus particulièrement, à libérer Evora en 1170.

     Portugal - Alentejo - Evora - Place Giraldo


    La cathédrale de granit est assez austère mais à l’intérieur un autel abrite une assez jolie statue de la Vierge enceinte en pierre polychrome. Juste en face une statue en bois doré représente l’archange Gabriel. On ne peut s’empêcher de penser qu’il est arrivé un peu tard.

    Portugal - Alentejo - Evora - La Sé et le cloitre

    Un escalier permet de monter sur le toit plat de la cathédrale. De là, on jouit d’un splendide panorama sur le cloître en contrebas, sur la ville et la campagne environnante.

    Portugal - Alentejo - Evora - Les toits de la Sé
     

    Portugal - Alentejo - Evora - Le cloitre vu des toits de la Sé
     

    Le cloître, lui aussi en granit, est assez massif d’allure et ce ne sont pas les statues des quatre évangélistes à chaque angle ni le tombeau de l’évêque fondateur dans une chapelle annexe qui arrangent les choses.

    Sur le largo da Diana, les restes d’un temple romain du 2° siècle probablement dédié à Diane sont devenus le symbole de la ville.

    Portugal - Alentejo - Evora - Temple de Diane

    Nous passons par le jardin public Praca 1° d Maio où s'élève une statue de Vasco de Gama, le grand navigateur qui découvrit la route des Indes en passant par le cap de Bonne Espérance en 1498. Vasco de Gama né à Sines, petit port sur la côte de l'Alentejo, fit ses études à l'université d'Evora.

    Portugal - Alentejo - Evora - Statue de Vasco de Gama

    En suivant le circuit de visite préconisé par le Guide Vert, nous passons devant la maison de Garcia de Rosende, poète, architecte et chroniqueur du 16° siècle, né à Evora et à qui on doit le théâtre de la ville.

    Portugal - Alentejo - Evora - Maison Garcia de Rosende


    Nous allons ensuite voir l’université qui occupe les locaux d’une ancienne université jésuite. On ne soupçonne pas qu’il y a environ 8000 étudiants à Evora.

    Les bâtiments s’ordonnent autour du cloître entouré d’une galerie à arcades.

    Portugal - Alentejo - Evora - L'université

    On déambule dans les couloirs, on entre dans les salles de cours quand elles ne sont pas occupées. Elles sont toutes agrémentées d’azulejos illustrant des sujets liés aux disciplines enseignés. Quant à la bibliothèque, elle est ornée d’un magnifique plafond peint vieux de plusieurs siècles, sous lequel les étudiants travaillent sur leur ordinateur portable, indifférents à la merveille qui les surplombe.

    Portugal - Alentejo - Evora - L'université - Bibliothèque


    Nous déjeunons à la terrasse d’un petit restaurant sur une placette à l’ombre bienfaisante des jacarandas. Il fait toujours aussi chaud, l’ombre et le vent sont les bienvenus.

    L’église de Nossa Senhora da Graça présente une façade originale. Au dessus du portique à colonnes, quatre géants de pierre laissent pendre leurs jambes dans le vide.

    Portugal - Alentejo - Evora - Nuestra Senhora da Graças

    Mais c’est l’église São Francisco voisine que nous allons visiter. Le portail est surmonté d’un pélican, l’emblème du roi Jean II, et les murs de la salle du chapitre sont recouverts d’azulejos montrant des scènes de la Passion.

    Portugal - Alentejo - Evora - Eglise San Francisco

    Mais le plus original est l’impressionnante capela dos ossos, la chapelle des os. Pour inciter ses confrères à la méditation, le frère franciscain qui la construisit fit tapisser les murs et les piliers des ossements et des cranes de 5000 personnes ! À l’entrée de la chapelle, une inscription met les visiteurs dans l’ambiance : « Nous, os qui somme ici, attendons les vôtres. » En tout cas, il y fait frais.

    Portugal - Alentejo - Evora - Eglise San Francisco - Capela dos Ossos

     

    Tout à coté est aménagé un original musée présentant une incroyable collection de crèches de Noël de toutes les tailles, matières et origines. C’est magnifique.

    Nous terminons le circuit en traversant les jardins publics aménagés sur les remparts pour rejoindre la voiture et partons effectuer le circuit des mégalithes.

    On roule sur des petites routes qui serpentent dans la campagne plantée de chênes liège. La chapelle São Brissos dont le narthex est formé d’un dolmen est un peu décevante, mais le menhir solitaire de Agua de Lupe et les 95 monolithes en granit dressés au Cromeleque dos Almendres sont beaucoup plus intéressants malgré la chaleur étouffante.

    Portugal - Alentejo - Evora - Menhir d'Agua de Lupe

    Portugal - Alentejo - Evora - Les menhirs de Cromeleque dos Almendes
     

    Portugal - Alentejo - Evora - Les menhirs de Cromeleque dos Almendes

     

    Après cet agréable circuit, nous revenons à Evora faire les courses dans un splendide supermarché et allons profiter de la piscine du camping.

     

     

    Jour 15. Vendredi 24 juin. EVORA - LISBOA                                                                                                        251 km

    Il me faut avant tout trouver un hébergement à Lisbonne. Toutes les auberges de jeunesse sont pleines mais j’obtiens finalement une chambre dans une pension de Belém.

    Avant de rouler vers Lisbonne, nous faisons un détour pour aller visiter Estremoz et Araiolos, deux petites villes toutes blanches accrochées sur une colline dominée par un château.

    A Estremoz, seuls subsistent les remparts et un magnifique donjon en marbre blanc, la torre de Menegem, où nous grimpons pour admirer la vue.

    Portugal - Alentejo - Estremoz - Au pied des remparts

    Portugal - Alentejo - Estremoz -Sur la Torre de Managem
     

     Portugal - Alentejo - Estremoz - Panorama du sommet de la Torre de Managem
     

    En redescendant nous allons au cimetière car il est situé tout à coté d’impressionnantes carrières de 40 à 50 m de profondeur d'où est extrait un marbre immaculé. À Estremoz, toute la ville est en marbre !

    Portugal - Alentejo - Estremoz - Le cimetière

    Portugal - Alentejo - Estremoz - Les carrières de marbre


    Nous entrons dans l’église São Francisco réputée pour son retable figurant l’arbre de Jessé.
    C’est un motif fréquent dans l'art chrétien entre le 12e et le 15e siècle qui représente l'arbre généalogique présumé de Jésus de Nazareth à partir de Jessé, père du roi David. 

    Portugal - Alentejo - Estremoz - Eglise Sao Francisco

    Portugal - Alentejo - Estremoz - Eglise Sao Francisco - Arbre de Jessée


    Nous filons à Araiolos connu pour ses tapis où nous sommes déçus tant par le village que par le château en ruines.

    Portugal - Alentejo - Arraiolos

    Mais c’est l’heure appropriée pour déjeuner, ce que nous faisons sur la place du village. Je choisis un plat sans savoir ce que c’est puis je découvre qu’il s’agit de porc frit accompagné d’une purée de pain et d’artichaut. C’est délicieux.

    Nous prenons ensuite l’autoroute en direction de Lisbonne mais faisons encore un détour par Setúbal et la sierra Arrábida.

    À Setúbal qui est une grande ville industrielle et portuaire, nous nous contentons de visiter le musée du travail installé dans une ancienne conserverie de poissons où on voit entre autre la fabrication des boites de sardines.

     

    La sierra Arrábida est un massif couvert de pins et de cyprès qui borde la côte atlantique sur 35 km jusqu’au cap Espichel. Le versant sud que nous parcourons tombe dans l’océan en un abrupt de 500 m où se nichent quelques belles plages de sable blond. La route offre des vues magnifiques sur l’océan et la péninsule de Troía, longue langue de sable bordée de dunes qui barre l’estuaire du Sado.

    Portugal - Alentejo - Sierra da Arrábida - Le Cabo Espichel

    Portugal - Alentejo - Sierra da Arrábida - La péninsule de Tróia
     

    Portugal - Alentejo - Dans la Sierra da Arrábida
     

    Nous rejoignons l’autoroute pour remonter vers Lisbonne mais avant de traverser l’estuaire du Tage, il faut s’arrêter à Almada pour voir de près l’immense statue du Christ Roi (une copie en réduction de celle de Rio) érigée sur une colline face à Lisbonne en 1959 pour remercier Dieu d’avoir épargné le Portugal pendant la seconde guerre mondiale. Le panorama y est magnifique.

    Portugal - Lisboa - La statue du Christ Roi
     

    Portugal - Lisboa - Au pied de la statue du Christ Roi

    Portugal - Lisboa - Panorama depuis la statue du Christ Roi - Le quartier d'Alfama
     

    Nous traversons le grand pont suspendu du 25 avril pour rejoindre Lisbonne puis Belém et la Penção Setubalana où nous attend une chambre confortable, fraîche et calme.

    Le centre de Lisbonne est un peu loin mais plusieurs lignes de tramway et de bus passent juste devant notre pension et peuvent nous y emmener en une petite demi-heure. Il y a les bus, les tramways modernes comme chez nous mais aussi les mignons petits tramways d’époque bringuebalants dont l’intérieur est en bois.

    Portugal - Lisboa - Belem - Tramway devant le Mosteiro do Jerónimos

    Portugal - Lisboa - Alfama - Dans un tram en descendant de Santa Lucía

    Nous sommes à Lisbonne et nous allons y rester 3 jours complets pour visiter la ville aux sept collines ouverte sur le Tage, avec ses quartiers typées, ses ruelles étroites, ses restaurants populaires aux senteurs de sardine grillée, mais aussi ses églises et cathédrale, ses imposantes places et ses monuments majestueux.

    Nous dînons au frais à la terrasse d’un petit restaurant voisin tout en préparant le programme du lendemain avant une bonne nuit de repos.

     

     

    Jour 16. Samedi 25 juin. LISBOA

    Nous nous mettons "au travail" immédiatement. À quelques centaines de mètres de notre pension se dresse le monastère dos Jerónimos avec son cloître extraordinaire en pierre dorée entièrement ciselée. Une merveille classée au patrimoine de l’Unesco.

    Portugal - Lisboa - Belem - Mosteiro do Jerónimos - Le cloître
     

     Portugal - Lisboa - Belem - Mosteiro do Jerónimos - Le cloître

    Portugal - Lisboa - Belém - Mosteiro do Jerónimos
     

    Dans l’église Santa María attenante, la voûte en étoile soutenue par des gerbes d’ogives qui se ramifient à l’infini donne une impression de légèreté. Pourtant elle a résisté au terrible tremblement de terre de 1755.

    Près de l’entrée, le magnifique tombeau de marbre de Vasco de Gama attire tous les appareils photo.

    Portugal - Lisboa - Belem - Mosteiro do Jerónimos - Eglise Santa María
     

    Portugal - Lisboa - Belem - Mosteiro do Jerónimos - Eglise Santa María - Tombeau de Vasco de Gama
     

    Le tremblement de terre du 1° novembre 1755 a marqué l’histoire de Lisbonne et de tout le Portugal. Avec le raz-de-marée qui a suivi, il a pratiquement anéanti la ville et fait au moins 15000 victimes, rasant entièrement le quartier de Baixa.

     

    La silhouette élancée du Padrão dos Descobrimentos (le monument des découvertes) se dresse au bord du Tage en face du monastère. Il date de l’époque Salazar et représente une proue de navire sur laquelle des personnages se dressent dont Enrique le Navigateur et le roi Manuel 1°. Son surnom, « Poussez pas derrière ! » est nettement moins solennel et un tantinet irrespectueux.

    Portugal - Lisboa - Belem - Padrão dos descubrimientos
     

    Plus loin, c’est l’élégante Torre de Belém qui attire les regards. Elle a été bâtie entre 1515 et 1519 au milieu du Tage pour défendre son embouchure mais le tremblement de terre, encore lui, a déplacé le fleuve. La tour se retrouve maintenant près du bord, ce qui simplifie bien l’accès des cohortes de touristes car c’est un haut lieu symbolique de l’histoire du Portugal.

     Portugal - Lisboa - Belem - La tour

    Après le déjeuner, nous avons pris le bus pour aller au centre de Lisbonne. Il nous dépose sur la place du Commerce dans le quartier de Baixa. Magnifique place ouverte sur le fleuve avec ses façades jaunes safran et ses galeries à arcades, et la statue du roi Joseph 1° à cheval qui trône en plein centre.

    Portugal - Lisboa - Baixa - Praça do Commercio


    Il y a une grosse animation car dans un angle, un match de l’Euro 2016 est retransmis sur un écran géant tandis que dans un autre, un orchestre de rock crache ses décibels.

    Nous remontons la rue Augusta, piétonne, jusqu’à la place Pedro IV puis la place des Restauradores bordée par la gare do Rossio à la superbe façade néo manuéline arborant de grandes portes en fer à cheval.

    Portugal - Lisboa - Baixa - Praça dos Restauradores - La gare do Rossio


    Là nous empruntons l’elevator da Gloria, tramway funiculaire qui nous emmène au mirador de São Pedro de Alcantara qui offre une vue imprenable sur le quartier de Baixa en contrebas et sur le castelo São Jorge sur la colline en face.

    Portugal - Lisboa - Baixa - Elevador da Gloria
     

     Portugal - Lisboa - Alfama - Castelo de São Jorge
     

    Nous nous laissons ensuite entraîner par la rue en pente jusqu’à un autre mirador, celui de Santa Catalina, peuplé d’une faune un peu spéciale et néanmoins sympathique et agrémenté d’une statue d’Adamantor, monstre marin qui terrorisait les marins au 15° siècle.

     Portugal - Lisboa - Chiado - Alto Santa Catarina et la statue d'Adamantor

    Portugal - Lisboa - Chiado - Alto Santa Catarina


    La vue s’étend sur le Tage, le pont du 25 avril et la statue du Christ Roi.

    Nous redescendons par la place Luís de Camões, la rue Garett et ses boutiques de luxe puis l’elevator Santa Justa, un ascenseur installé dans une structure métallique construite en 1901 par un ingénieur influencé par Eiffel. La plateforme sommitale offre une vue magnifique sur la ville et la place Don Pedro IV en contrebas. L’ascenseur aux parois revêtues de bois est resté dans son état d'origine.

    Portugal - Lisboa - Chiado - Sur l'elevator Santa Justa

    Portugal - Lisboa - Chiado - Elevator Santa Justa - Vue sur la praça Pedro IV

    Nous continuons notre visite en remontant sur l’autre versant vers la cathédrale et le quartier d’Alfama. La cathédrale très massive a une allure de forteresse et elle est fermée.

    Portugal - Lisboa - Alfama - La Sé

    Nous embarquons dans un tram qui passe pour monter jusqu’au largo das Portas do Sol, ancienne porte de la cité maure, qui offre un excellent panorama sur les maisons blanches du quartier d’Alfama dans lequel nous nous enfonçons, empruntant des ruelles minuscules et tortueuses et des escaliers pour arriver au largo São Miguel envahi de gens attablés sur des tables de fortune qui avalent sardines grillées, sangrias et chopes de bière dans une ambiance musicale très festive. Ça nous plait bien. Nous trouvons deux petites places sur un banc et faisons comme tout le monde.

    Portugal - Lisboa - Alfama - Dîner sur le Largo de San Miguel


    Les grosses sardines grillées sur un énorme barbecue dans un coin de la place sont délicieuses. Les pastels de nata du dessert sont quant à eux conformes à leur réputation.

     

    Toujours à pied, nous redescendons vers la place du commerce gagnée par la nuit. C’est toujours la fête. À l’animation de l’après-midi s’ajoute une manifestation gay très bon enfant où les gens posent avec un groupe de lesbiennes déguisées en bonnes sœurs ou avec un groupe de transsexuels brésiliens (ou faut-il dire brésiliennes ?).

    Portugal - Lisboa - Baixa - Praça do Commercio

    Portugal - Lisboa - Baixa - Praça do Commercio - Trans brésiliennes


    Il ne reste plus qu’à rentrer chez nous, ce qu’un de ces vieux tramways se charge de faire en nous secouant tout le long du trajet. 

     

     

    Jour 17. Dimanche 26 juin. LISBOA

    Même routine que la veille. Nous prenons le premier bus qui passe devant chez nous mais celui-ci nous dépose sur la place du marquis de Pombal, tout au bout de l’avenue de la Liberté.

    Portugal - Lisboa - Quartiers du Nord - Place Marqués de Pombal

    Le marquis de Pombal, c’est lui qui a mené à bien la reconstruction de Lisbonne après le tremblement de terre en imposant un urbanisme résolument moderne avec plan en damier et larges avenues qui a inspiré Haussmann un siècle plus tard.

     

    Il ne fait pas encore trop chaud, aussi nous marchons jusqu’au parc Edouard VII qui offre une belle perspective vers le Tage. Il y a une belle sculpture de Botero représentant la maternité.

    Portugal - Lisboa - Quartiers du Nord - Parc Eduardo VII
     

    Portugal - Lisboa - Quartiers du Nord - Parc Eduardo VII - Statue de Botero
     

    Nous redescendons ensuite tranquillement à pied jusqu’à la place Figueiras où nous prenons un ascenseur qui nous mène près de l’entrée du castelo de São Jorge. Il ne reste que les murs de ce bastion stratégique construit par les Wisigoths au 5° siècle, remanié par les Maures au 9° et modifié encore au fil des siècles suivants.

    Portugal - Lisboa - Alfama - Castelo de São Jorge - L'entrée du chateau

    Portugal - Lisboa - Alfama - Castelo de São Jorge

    Portugal - Lisboa - Alfama - Castelo de São Jorge

    Mais la place d’armes et les glacis transformés en parc ombragé offrent un abri pour le soleil implacable et un immense panorama sur la ville et la mer de paille, nom donné à l’embouchure du Tage à cause de ses reflets dorés au coucher du soleil.

     Portugal - Lisboa - Alfama - Castelo de São Jorge - Sur le glacis

    Portugal - Lisboa - Alfama - Castelo de São Jorge - La place d'armes

    Portugal - Lisboa - Alfama - Castelo de São Jorge - Le glacis

    Portugal - Lisboa - Alfama - Castelo de São Jorge - Vue sur le monastère de San Estevão


    Pour redescendre jusqu’à l’église Santa Lucia, il n’y a pas besoin d’ascenseur. Le parvis est envahi de touristes et de vendeurs de pacotilles. Nous discutons un moment avec un sympathique Sénégalais vendeur de grigris qui finit par nous offrir un petit bracelet à chacun. En défense d’éléphant dit-il…

    Avec ces petits tramways si exotiques, nous revenons vers le centre.

    Portugal - Lisboa - Alfama - Trams à Santa Lucía

    Un petit tour au musée national d’art antique qui contient des merveilles confisquées aux couvents portugais lors de la suppression des ordres religieux en 1833. Parmi les plus remarquables, la tentation de Saint Antoine de Jérôme Bosch et le polyptique de l’Adoration de Saint Vincent peint entre 1460 et 1470.

    Il y a aussi une climatisation très agréable qui nous repose de la grosse chaleur de l’extérieur.

    Pour finir la journée, nous allons nous reposer dans les jardins d’Estrela, un véritable havre de fraîcheur où beaucoup de gens et d’enfants passent ce dimanche après-midi sur les pelouses, à l’ombre des grands arbres, au milieu des oies, des cygnes et des canards en liberté. Un endroit vraiment paisible et reposant.

    C’est ainsi que nous terminons cette deuxième journée de visite.

     

     

    Jour 18. Lundi 27 juin. LISBOA

    Nous sommes maintenant bien rodés. Petit-déjeuner au Jéronimos, bus pour la place Bompal et métro jusqu’au zoo. De là, il faut marcher un bon kilomètre pour arriver au palace Fereira, qui se trouve en bordure du grand parc Monsantos. Il a débuté sa vie comme pavillon de chasse du marquis de Fronteira vers 1670, perdu en pleine nature à trois heures de route de la Lisbonne d’alors. Devenu demeure principale après le tremblement de terre qui détruisit le palais du centre ville, il est toujours habité par le 12° descendant de la famille qui le fait visiter pour récupérer les fonds nécessaires à son entretien. Aujourd’hui, il est cerné par les immeubles et bordé par une autoroute et une voie ferrée.

    La visite guidée permet de voir, entre autres, les magnifiques panneaux d’azulejos de la salle des batailles qui évoquent en détail les grands épisodes de la guerre de Restauration où s’illustra le premier marquis.

    À l’extérieur, les terrasses et les jardins composent un ensemble végétal harmonieux où le moindre pan de mur est couvert d’azulejos qui dessinent des tableaux rustiques ou des scènes grandioses. Les 12 statues de la galerie des rois surplombent un bassin où un cygne noir particulièrement agressif défend bec et ongles son territoire.

    Portugal - Lisboa - Palais Fronteira

     Portugal - Lisboa - Palais Fronteira

    Nous revenons au zoo reprendre le métro. Notre objectif, le musée Gulbenkian où est exposée la magnifique collection personnelle de ce richissime homme d’affaires arménien passionné d’art. Objets égyptiens et romains, monnaie assyrienne, tapis d’Orient, céramiques chinoises, manuscrits moyenâgeux, toiles de grands peintres, sculptures de Rodin, pièces de Lalique se succèdent dans de vastes salles aérées et climatisées.

    Voici l’un des tableaux que j’ai bien aimé, "Le miroir de Vénus" par Burne-Jones.

    Portugal - Lisboa - Musée Gulbenkian - Le miroir de Vénus par Burne-Jones


    En ressortant, comme beaucoup d’autres personnes, nous nous offrons une petite sieste réparatrice sur les pelouses du très agréable jardin entourant le musée.

     

    Nous revenons avec le métro ultramoderne vers la place du Commerce où nous restons un bon moment sur le Caís das colunas, au bord du Tage, à regarder les ferries aller et venir en profitant du vent frais qui souffle de l’océan pendant que le soleil fatigué se prépare à aller se coucher.

    Portugal - Lisboa - Baixa - Caís das colunas

    Portugal - Lisboa - Baixa -Caís das colunas


    De retour à Belém, nous faisons la connaissance d’un jeune Français en déplacement professionnel qui dîne à notre table. Il est venu faire la promotion d’un produit médical, les "cabines de diagnostic".

    La journée a encore été longue et fatigante et nous allons bien profiter de la nuit avec le confort d’un vrai lit.

     

    Notre séjour dans la capitale se termine. Nous n’avons pas tout vu, loin s’en faut, mais nous avons pu visiter les sites les plus importants et les plus emblématiques. Lisbonne est vraiment une belle ville qui nous a charmés par son ambiance à la fois vivante, chaleureuse et nonchalante.

     

     

    Jour 19. Mardi 28 juin. LISBOA - SINTRA - ERICEIRA                                                                                         113 km

    Nous prenons la route du bord de mer vers Estoril et Cascais et faisons un premier arrêt à la boca do inferno, un gouffre où la mer pénètre. Par gros temps, ce doit être spectaculaire mais là c’est un peu quelconque. Nouvel arrêt à la plage de Gincho et ses rouleaux impressionnants, paradis des surfeurs. Nous roulons jusqu’au Cabo da Roca, le point le plus occidental du continent européen. Ici, c’est un autre spectacle. Les falaises déchiquetées balayées par un vent violent et froid (il fait à peine 20°) dominent de leurs 140m l’océan qui a sorti les moutons. C’est très spectaculaire.

    Portugal - Sintra - Cabo Roca le point le plus occidental de l'Europe

    Portugal - Sintra - Cabo Roca le point le plus occidental de l'Europe

    « Ici, où la terre se termine et où la mer commence » peut-on lire sur une plaque de marbre.

    Portugal - Sintra - Cabo Roca

    Il nous reste maintenant à aller voir Sintra à l’autre bout de la sierra du même nom. J’emprunte une petite route étroite et tortueuse à souhait, sous les eucalyptus. Cela me rappelle quelque chose.

    Mais oui, je connais. C’est la route empruntée par une spéciale du rallye du Portugal. Cette route taillée pour le rallye était littéralement envahie par des dizaines de milliers de passionnés venus profiter du spectacle extraordinaire et gratuit. Jusqu’en 1986 où un concurrent a fait une embardée pour éviter des spectateurs inconscients qui se trouvaient sur la route et est entré dans la foule tuant trois personnes et en blessant une trentaine d’autres. À l’endroit de l’accident, une plaque a été apposée, commémorant ce triste accident qui a entraîné la disparition de cette spéciale et une modification radicale de la réglementation technique des voitures de rallye devenues trop puissantes.

    Petit arrêt au sommet de Peninha d’où la vue sur la côte est magnifique.

     Sintra - Peninha


    Plus loin, c’est le couvent des Capuchos dont la visite nous a beaucoup plu. Il a été construit au 16° siècle sur un escarpement perdu dans le massif. Pour l’atteindre, on se faufile entre d’énormes blocs de granit où se dissimulent des cellules minuscules et très sommaires dont les parois sont tapissées de liège pour protéger du froid. C’est fascinant. Quelle vie austère pour les moines franciscains qui vivaient là. Tout d’un coup, on débouche sur un patio ensoleillé et égayé par des fleurs et une fontaine qui contraste brutalement avec le froid, l’obscurité et l’étroitesse du reste de cet ermitage.

    Portugal - Sintra - Couvent des Capuchos

    Portugal - Sintra - Couvent des Capuchos
     

    À quelques kilomètres de distance, Sintra est un lieu privilégié. Des jardins luxuriants, un château de conte de fée, des quintas élégantes, une forêt épaisse et fraîche. Ancienne résidence des souverains et de l’aristocratie, puis des artistes et écrivains, ce lieu chargé d’histoire et particulièrement enchanteur attire maintenant les hordes de touristes. On ne peut pas venir au Portugal sans visiter Sintra.

    Trois sites sont à ne pas manquer : le Palacio Nacional de Pena, le castelo dos Mouros et la Quinta da Regaleira.

     

    Le Palacio Nacional de Pena construit au sommet d’une colline est un ensemble assez hétéroclite. Le bâtiment central construit au 14° siècle pour le roi Jean 1° s’est vu adjoindre des ailes par le roi Manuel 1° au 16° siècle. Avec ses façades jaune et rouge et son architecture extravagante, il fait un peu penser à l’un des châteaux de Louis II de Bavière, le Neuschwanstein. Il a, paraît-il, inspiré les dessins animés de Walt Disney. On aime ou on n’aime pas. Moi j’ai aimé, Hélène moins.

    Portugal - Sintra - Palacio nacional de Peña
     

    Portugal - Sintra - Palacio nacional de Pena - L'entrée

    Portugal - Sintra - Palacio nacional de Pena - L'entrée
     

    Portugal - Sintra - Palacio nacional de Pena - La terrasse

    La décoration est parfois surprenante comme ce triton grimaçant qui domine la grande porte d’entrée du château.

    Portugal - Sintra - Palacio nacional de Pena - Le triton au-dessus de l'entrée


    Mais depuis les terrasses balayées par un vent rafraîchissant, la vue embrasse un immense panorama qui s’étend à 360°.

     Portugal - Sintra - Palacio nacional de Pena - La terrasse


    L’intérieur est splendide et, en un sens, un peu plus classique. Les très beaux azulejos des 15° et 16° siècles, les plafonds peints, les meubles, la vaisselle, les objets d’arts, les vitraux constituent un ensemble remarquable.

    Portugal - Sintra - Palacio nacional de Pena - La salle à manger du roi

    Portugal - Sintra - Palacio nacional de Pena - Le grand hall

    Portugal - Sintra - Palacio nacional de Pena - Les cuisines
     

    Le castelo dos Mouros est édifié sur une butte rocheuse voisine. Il ne reste qu’une enceinte crénelée épousant les escarpements du sommet et quatre tours carrées dont la plus haute offre un panorama époustouflant sur Sintra, le Palacio et toute la côte atlantique à ceux qui ont eu le courage de grimper à son sommet.

    Portugal - Sintra - Castelo dos Mouros
     

    Portugal - Sintra - Castelo dos Mouros

    Portugal - Sintra - La ville

    Portugal - Sintra - Castelo dos Mouros
     

    La Quinta da Regaleira, c’est un palais constitué de diverses constructions mélangeant audacieusement tous les styles. Mais c’est le jardin au flanc de la colline qui est le plus étonnant. Véritable labyrinthe de terrasses, allées et sentiers, statues, pavillons, grottes artificielles, il propose une sorte de "parcours initiatique" ésotérique lié aux Templiers, à la mythologie grecque et romaine, à l’alchimie et au christianisme. La chapelle de la Sainte Trinité remplie de signes maçonniques, la grotte de Léda, la tour de Regaleira, symbole de la connaissance, et surtout le puits initiatique, sorte de tour inversé, c’est-à-dire creusée dans le sol. La descente jusqu’au fond, à 27m de profondeur évoque le lien entre le ciel et l’enfer.

    Portugal - Sintra - Quinta Regaleira - Le puit initiatique
     

    Il est presque l’heure de la fermeture quand nous ressortons de ce lieu étrange.

    Nous repartons vers la petite ville d’Ericeira, sur la côte à une trentaine de kilomètres de là. Le camping est agréable sous les pins et avec vue sur la mer mais l’entretien laisse un peu à désirer. On voit qu’il s’agit d’un camping municipal. Il est quasiment vide ce qui nous arrange bien.

    Portugal - Estremadura - Ericeira - Camping

     

     

    Jour 20. Mercredi 29 juin. ERICEIRA - TOMAR                                                                                                    193 km

    Ce matin, le ciel est gris avec un vent violent qui maintient une température d’à peine 20°. L’itinéraire d’aujourd’hui nous fait nous éloigner de la côte et pénétrer à l’intérieur du pays. Le programme prévoit les villes d’Óbidos, le monastère d’Alcobaça, de Batalha et le sanctuaire de Fátima pour terminer.

     

    Óbidos c’est une petite ville enfermée derrière une enceinte de remparts crénelés qui a gardé son cachet médiéval malgré l’affluence des touristes. Pas d’antennes ni de fils électriques, des maisons blanches aux arêtes peintes en bleu ou en jaune, des ruelles pavées, des rosiers, des géraniums, des bougainvilliers, un château imposant, une petite église aux murs couverts d’azulejos composent un tableau idyllique.

    Portugal - Estremadura - Óbidos

    Portugal - Estremadura - Óbidos - Le château

    Portugal - Estremadura - Óbidos - L'église Santa Maria

    On entre par une double porte en chicane elle aussi décorée d’azulejos qui donne directement sur la rua Direta. Bien qu’étroite, c’est la rue principale de la cité bordée d’une suite ininterrompue de magasins de souvenirs. Les touristes sont déjà nombreux. Un groupe de femmes venues en car se font remarquer avec leurs T-shirts jaunes estampillés Tupperware.

    Portugal - Estremadura - Óbidos
     

    Portugal - Estremadura - Óbidos - Rue Direita - Un petit souvenir

    Portugal - Estremadura - Óbidos - Ecoliers bien sages
     

    Dommage pour les photos que le temps soit couvert mais la promenade dans les rues et surtout le tour des remparts sont très agréables.

    Il parait que la ville était autrefois un port, éloigné de la côte au fil des siècles par l’envasement d’un ancien golfe marin.

     


    À une vingtaine de kilomètres, le monastère cistercien Santa María
    d’Alcobaça déploie sa longue façade sur une immense esplanade fleurie. Lorsque nous y arrivons, le soleil a repris sa place dans un ciel uniformément bleu.

    Portugal - Estremadura - Alcobaça - Monastère Santa Maria


    L’intérieur est à la mesure de cette imposante façade.

    La salle des Rois décorée d’azulejos racontant la fondation du monastère est embellie des grandes statues représentant les rois portugais de Alfonso 1° (1109 - 1185) jusqu’à Joseph 1° (1750 - 1777).


    Portugal - Estremadura - Alcobaça - Monastère Santa Maria - Salle des rois

    On visite le cloître du silence, le réfectoire, la salle des moines, la salle capitulaire.

    Portugal - Estremadura - Alcobaça - Monastère Santa Maria - Le cloître du silence

    La monumentale cuisine aux parois revêtues de céramique bleue surprend par l’énorme cheminée centrale. Elle a été aménagée au-dessus d’un bras de la rivière Alcoa. Pratique pour avoir l’eau courante.


    Portugal - Estremadura - Alcobaça - Monastère Santa Maria - Les cuisines et l'énorme cheminée

    Mais c’est l’église restaurée qui est la partie la plus admirable. Ce n’est pas pour rien qu’elle est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette église réunit pour l’éternité Inès de Castro et le roi Pierre 1° dont l’amour légendaire a inspiré les plus grands écrivains et artistes. Leurs magnifiques tombeaux sont face à face de chaque coté du transept.

    Portugal - Estremadura - Alcobaça - Monastère Santa Maria - La nef

     
    Portugal - Estremadura - Alcobaça - Monastère Santa Maria - Tombeau d'Ines de Castro

    Portugal - Estremadura - Alcobaça - Monastère Santa Maria - Tombeau de Pierre 1°


    Inès de Castro était la dame d’honneur de l’infante Constance, épouse de Pierre 1°. Elle fut exilée dans un couvent par le roi Alphonse IV pour l’éloigner de son fils qui n’avait pas su résister à sa beauté.

    Quant l’infante meurt en 1345, Inès rejoint son amant à Coimbra, ce qui ne plait pas du tout au roi qui la fait alors assassiner le 7 janvier 1355.

    Deux ans plus tard, Pierre succède à son père. En 1361, la légende raconte qu’il aurait fait exhumer le cadavre d’Inès, l’aurait revêtu des attributs de la reine qu’elle aurait dû être et obligea tous les nobles du royaume à baiser sa main décomposée.

    Une histoire triste mais une belle histoire qui s’est transformée en mythe romantique aussi fécond que celui de Don Juan. 


    Le monastère de Batalha aussi appelé Santa Maria de Vitória est lui aussi inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est un chef-d’œuvre de l’art gothique et manuélin dédié à la Vierge qui célèbre une victoire "miraculeuse" des Portugais contre les Espagnols bien plus nombreux à Aljubarotta le 13 août 1385. Il fait office de panthéon royal et symbolise l’indépendance nationale. C’est donc un monument à ne pas rater et nous ne sommes pas déçus de la visite.

    L'église est de style gothique finissant, chose assez rare au Portugal où dominent les styles roman et baroque. La profusion de fines sculptures de la façade et son remarquable tympan contraste avec le dépouillement typiquement dominicain de l'intérieur, sans statues ni ornements qui met en valeur les vitraux.

    Portugal - Estremadura - Monastère de Batalha - La façade principale

    Portugal - Estremadura - Monastère de Batalha - Le portail

    Portugal - Estremadura - Monastère de Batalha - Le tympan

    Au bout de la nef, se trouve la chapelle des fondateurs qui fut ajoutée au 15° siècle et est devenu le panthéon du roi Joan 1° et abrite la tombe du roi et de sa femme, Philippa de Lancastre. La chapelle abrite également les tombes de ses fils dont le plus célèbre est Henri dit le Navigateur qui finança de nombreuses expéditions à la conquête du monde.

    Portugal - Estremadura - Monastère de Batalha - La chapelle du fondateur et les tombes du roi Joan 1° et Philippa de Lancastre

    Le monastère est articulé autour du cloitre entouré de galeries décorées de véritables broderies de pierre où le gothique flamboyant et le style manuélin se complètent.

    Portugal - Estremadura - Monastère de Batalha - Le cloître royal

    Portugal - Estremadura - Monastère de Batalha - Le cloître royal
     

    La salle capitulaire aux voûtes exceptionnelles renferme 2 soldats inconnus (l’un de la 1° guerre mondiale, l’autre des opérations au Mozambique durant les années 60). On peut y voir aussi le Christ des Tranchées, reste d'un calvaire de la ville de Neuve Chapelle et qui a survécu aux bombardements. Il est surmonté d'un lampion dont la flamme brûle en permanence. Les tombes sont gardées en permanence par 2 soldats.

    Portugal - Estremadura - Monastère de Batalha - La salle capitulaire et le tombeau des soldats inconnus

    On peut voir aussi les Capelas Imperfeitas, dont la construction n'a jamais été achevée et qui sont malgré tout le summum de l'architecture portugaise du Moyen-Âge. C'est le roi Dom Duarte qui décida la construction avec le projet d'en faire un panthéon qui soit une extension du monastère. Elles comprennent en fait sept chapelles construites autour d'une forme octogonale dont les finitions sont différentes.

    Portugal - Estremadura - Monastère de Batalha - La chapelle inachevée 

     


    Fátima c’est une toute autre histoire. Dans cet endroit isolé, en 1917, la Vierge serait apparue à plusieurs reprises à trois enfants, Francisco, sa sœur Jacinta et leur cousine Lúcia.

    Le site est maintenant l’un des plus grands sanctuaires catholiques du monde. La basilique fine et toute blanche ferme une immense esplanade qui peut accueillir 300 000 pèlerins. Sur cette esplanade, une chapelle a été érigée à coté du chêne vert près duquel se tenaient les enfants lors des apparitions. A l’intérieur se célèbre une messe à laquelle nous assistons. Le recueillement, la foi qui émane de l’assistance sont palpables, presque bouleversants. De chaque coté du chœur, des gens prient devant les tombes très sobres de Francisco mort en 1919, de Jacinta morte en 1920 et de Lúcia morte en 2005.

    Portugal - Ribatejo - Fátima - L'esplanade et la basilique

    Portugal - Ribatejo - Fátima - La basilique
     

    Portugal - Ribatejo - Fátima - La basilique - Tombeau de Francisco
     

    Portugal - Ribatejo - Fátima - La basilique - Tombeaux de Jacinta et Lúcia

     

    Nous rejoignons ensuite Tomar pour nous installer dans un très agréable camping arrangé avec beaucoup de goût et tenu par un couple de Néerlandais.

     

     

    Jour 21. Jeudi 30 juin. TOMAR - CASTELO DE VIDE                                                                                          194 km

    Tomar est une ville construite au bord du Nabão, au pied d’une colline dominée par un château fort du 12° siècle construit par les Templiers. Ce château abrite le couvent du Christ, un joyau figurant parmi les plus grands monuments manuélins du pays.

    Les murailles qui dominent la ville ont toujours fière allure.

    Portugal - Ribatejo - Tomar - L'enceinte du chateau des Templiers


    Mais le meilleur est à l’intérieur. Les deux premiers cloîtres n’impressionnent pas à l'exception d'un original escalier en colimaçon à double volute qui permet d'accéder à la galerie supérieure du cloitre.

    Portugal - Ribatejo - Tomar - Le couvent du Christ -Escalier en colimaçon dans le cloître

    On entre ensuite dans l’église et on découvre la charola, le cœur et le chœur de l’édifice. Bâtie sur le modèle du Saint Sépulcre à Jérusalem, elle a une forme octogonale et était conçue pour permettre aux chevaliers de l’ordre d’assister à la messe à cheval avant de partir en croisade. Les peintures qui ornent ce lieu datent du 16° siècle tout comme les nombreuses statues en bois polychrome. C’est vraiment très beau.

    Portugal - Ribatejo - Tomar - Le couvent du Christ

    Portugal - Ribatejo - Tomar - Le couvent du Christ - La rotonde des Templiers


    Par contraste, la nef qui fut rajoutée quatre siècles plus tard paraît sobre.

    Des quatre autres cloîtres, seul celui des Philippes à deux étages de style Renaissance est intéressant malgré sa sobriété. Mais il faut se rendre dans le petit cloître de Santa Bárbara tout à coté pour admirer la fenêtre qui donne sur l’arrière de l’église. C’est la plus étonnante réalisation de style manuélin au Portugal. Elle a été sculptée de 1510 à 1513. Trois ans de travail quand même.

    Portugal - Ribatejo - Tomar - Le couvent du Christ - La fenêtre de Diogo de Arruda

    Portugal - Ribatejo - Tomar - Le couvent du Christ - La fenêtre de Diogo de Arruda

    Dans la petite ville en contrebas, on apprécie la fraîcheur du jardin au bord de la rivière agrémenté d’une noria de bois et on parcourt les agréables rues qui se croisent à angle droit.

    Portugal - Ribatejo - Tomar - Noria dans un jardin public au bord du rio Nabão

    Portugal - Ribatejo - Tomar - Plaque de rue


    Pour changer des nombreuses églises visitées jusque là, nous allons cette fois-ci voir la synagogue la plus ancienne du pays située dans la jolie rue Joaquim Jacinto.


    Portugal - Ribatejo - Tomar - La synagogue

    Aux quatre angles de la salle de culte très sobre, des cruches d’argile ont été insérées dans le mur pour améliorer l’acoustique du lieu par leur résonance.

    Portugal - Ribatejo - Tomar - La synagogue
     

    Il est presque midi quand nous quittons Tomar. La halte pique nique se fera au bord du Tage, à une quinzaine de kilomètres plus au sud.

    À cet endroit, le petit château d’Almourol, hérissé de tours et de créneaux se dresse sur un rocher au milieu du Tage. Il a été bâti par les Templiers en 1171 et faisait partie de la ligne de défense contre les Maures pendant la Reconquête. Un bel endroit qui sert d’écrin à notre salle à manger du jour.

    Portugal - Ribatejo - Pause piquenique près du chateau d'Almourol au bord du Tage

    Portugal - Ribatejo - Chateau d'Almourol sur le Tage
      

    Notre itinéraire s’enfonce à présent plus profondément encore à l’intérieur du pays. Nous allons parcourir la Serra de São Mamede et visiter le magnifique village médiéval fortifié de Marvão qui surveillait naguère la frontière espagnole toute proche.

    C’est un véritable nid d’aigle aux remparts de granit qui se confondent avec la crête du piton rocheux.

     Portugal - Ribatejo - Marvão - Les remparts de la ville


    Il y a d’abord le village dans lequel on entre par la double porte de Ródão flanquée d’échauguettes et de mâchicoulis, ses rues étroites qui se faufilent entre les maisons blanches aux fenêtres fermées par des grilles en fer forgé, la place du pilori et la petite église Santa María.

    Portugal - Ribatejo - Marvão - La porta del Ródão

    Une jolie céramique vue sur une maison dans une rue du village : Ma maison est petite. Elle est petite mais ça n'a pas d'importance. C'est suffisant pour moi et les miens et aussi grâce à Dieu pour celui qui frappe à ma porte.


    Portugal - Ribatejo - Marvão - Sur une maison du village

    Puis il y a le château lui-même à l’extrémité de l’escarpement. Une série d’enceintes, plusieurs portes fortifiées, une citerne voûtée dans laquelle on descend par un petit escalier, des tours carrées et un donjon du haut duquel on admire d’impressionnantes vues plongeantes sur les enceintes, les tours crénelées et le village en contrebas, ainsi qu’un magnifique panorama sur toute la région.

    Portugal - Ribatejo - Marvão - La citerne du château

    Portugal - Ribatejo - Marvão - Le chateau
     

     Portugal - Ribatejo - Marvão - Le chateau

    Portugal - Ribatejo - Marvão - Au sommet du donjon
     

    Portugal - Ribatejo - Marvão - Le village vu du donjon
     

    Le camping de ce soir près de Castelo de Vide est à l’écart de la route dans une ancienne ferme aménagée par des Néerlandais. Nous plantons notre tente dans un grand terrain d’herbe sèche parsemé d’oliviers. L'ensemble paraît un peu rustique mais il y tout ce qu’il faut et nous sommes les seuls campeurs.

    Portugal - Ribatejo - Serra de Sao Marmede - Camping de Pomarinho

     

     

    Jour 22. Vendredi 1° juillet. CASTELO DE VIDE - OLIVEIRA DA HOSPITAL                                                  269 km

    Il fait gris au réveil et la température n’est que de 17°, sans doute l’altitude, mais les nuages se dispersent bien vite et le soleil reprend sa place dans le grand ciel bleu.

    Aujourd’hui nous remontons vers le nord pour aller voir l’étonnant village de Monsanto puis traverser la serra de Estrella pour nous rapprocher de Porto.

    Sur la petite route que j’ai empruntée, j’éclate le pneu avant droit. Il faut le remplacer car la roue de secours est une roue galette avec laquelle on ne peut rouler bien longtemps. À l’entrée de Castelo Branco, je rencontre des motards de la Guardia Civil et leur demande où aller. Sans hésiter, ils me guident jusqu’à un garage spécialisé qui, miracle, a le bon pneu en stock. Le changement est fait en moins de temps qu’il ne m’en faut pour vider et recharger le coffre. Nous pouvons repartir tranquille.

    Quand nous nous arrêtons pour pique niquer à São Miguel de Acha, nous voyons Monsanto dans le lointain, accroché aux pentes d’une colline parsemée de blocs de granit.

    Portugal - Beira - Monsanto - Le village sur son piton

    Ce sont ces blocs de granit qui font toute l’originalité du village. Les maisons aux toits rouges sont construites au milieu des blocs, prenant appui sur eux et épousant leurs formes. Les ruelles escarpées se faufilent parmi ce chaos minéral.

    Portugal - Beira - Monsanto - Dans les rues du village

    Portugal - Beira - Monsanto - Dans les rues du village
     

    Portugal - Beira - Monsanto - Dans les rues du village
     

    Je grimpe au sommet de la colline jusqu’aux ruines du château malgré le soleil féroce. Seul l’immense panorama sur le village et toute la région mérite le coup d’œil.

    Portugal - Beira - Monsanto - Le village vu du chateau et le panorama sur le plateau vers l'ouest


    C’est un beau village mais nous sommes un peu déçus car nous le pensions encore plus spectaculaire, mais pas au point de regretter le long détour qu’il nous a fait faire.

    Nous reprenons la route pour rejoindre l’étape de ce soir en passant par Covilhã puis en traversant la serra da Estrella par un col à 1900m d’altitude. Les paysages de montagne nous changent des champs de blé, des plantations d’oliviers et de chênes liège rencontrés jusqu’alors.

    Portugal - Beira - Dans la serra de Estrella sur la route de Seia

    A Oliveira do Hospital, le camping signalé se trouve au fond d’une vallée, au bord d’une rivière sous les platanes et les peupliers. Il est vide et en bien triste état. Est-il seulement ouvert ? En réclamant j’obtiens l’électricité et les douches. À l’extrémité, il y a un malheureux chien attaché à une chaîne qui aboie sans arrêt après des chats en liberté qui viennent le narguer. Pauvre bête.

    Finalement, à la tombée de la nuit, il se calme et tout se passe bien.

     

     

    Jour 23. Samedi 2 juillet. OLIVEIRA DA HOSPITAL - COIMBRA                                                                        126 km

    Nous nous réveillons dans la grisaille et par une température bien fraîche d’à peine 15°. Nous plions rapidement pour décamper de cet endroit minable. Il n’y a personne et heureusement le portail n’est pas verrouillé. Nous pourrions partir sans payer mais je suis honnête et je glisse un billet de 10 € dans la porte de la réception. Ça ne valait pas plus de toute façon.

    Nous roulons dans une belle région montagneuse et boisée. Nous passons près d’Arganil, un village où j’étais venu en 1993 voir le rallye du Portugal et où j’avais été victime du vol de mes papiers. Les nuages se dissipent et il fait à nouveau beau quand nous approchons de Coimbra.

    Nous passons d’abord à Conímbriga visiter des ruines romaines qui ont conservé des mosaïques magnifiques. Située sur un éperon rocheux triangulaire au confluent de deux rivières, la ville est restée florissante jusqu’au 5° siècle. La visite est agréable et nous la clôturons en pique niquant à l’ombre des tilleuls en fleur.

    Portugal - Beira - Coimbra - Conímbriga - Orangers

    Portugal - Beira - Coimbra - Conimbriga - Mosaïques romaines

    Portugal - Beira - Coimbra - Conímbriga - Mosaïques romaines de la maison aux jeux d'eau
     

    Après avoir traversé le grand pont Reinha Isabel sur le Mondego, nous entrons dans Coimbra, grande ville universitaire bâtie sur une colline verdoyante. Ce soir, nous dormons à l’auberge de jeunesse pas très loin du centre ville.

    Portugal - Beira - Coimbra - Le pont Rainha Isabel

    Tout près de l’auberge, se trouve un petit musée consacré à Lúcia, l’une des enfants témoins des apparitions de la Vierge à Fátima. Lúcia, l’ainée des trois s’était retirée dans un couvent de la ville et a vécu là jusqu’en 2005. Elle a eu une vie très active et humble et a été reçue plusieurs fois par les papes Benoit XVI et Jean-Paul II. Malgré sa modestie, ce musée présente des objets, des photos et autres souvenirs intéressants de la vie de la religieuse.

    Nous passons au parc Peneda da Saudade où s'alignent les plaques commémoratives des différentes promotions d’étudiants puis au jardin des plantes avant d’arriver au cœur de la vieille ville.

    La Sé Velha (ancienne cathédrale) construite entre 1140 et 1175 est massive et couronnée de merlons. Malgré son joli portail à voussures, la façade est d’une sobriété extrême.

    Portugal - Beira - Coimbra - La Sé velha vue de la vieille université
     

    Portugal - Beira - Coimbra - La Sé velha
     

    Mais nous ne pourrons pas la visiter en raison du mariage de quelqu’un apparemment important.

    Au sommet de la colline, l’Universidade Velha est installée depuis 1540 dans l’ancien palais du roi Jean III. Ici aussi, la visite de l’intérieur n’est pas possible mais les façades sont belles et l’immense cour intérieure se termine en terrasse panoramique au-dessus de la ville et du fleuve.

     Portugal - Beira - Coimbra - La vieille université - Entrée de la chapelle


    Nous descendons par de petites rues pentues jusqu’à la porte d’Almadina qui permet de sortir de la ville fortifiée et de se retrouver au bord du fleuve que nous traversons sur le pont Santa Clara pour aller voir le couvent du même nom. Les alluvions du fleuve l’avaient transformé en ruine et ce n’est que récemment qu’il a été dégagé des sables qui le recouvraient.

    Nous allons nous reposer dans un parc agréable où des plages ont été aménagées au bord du fleuve. Les gens se baignent et nous regrettons de n’avoir pas pris nos maillots de bain. On y bénéficie d'une belle vue sur la vieille ville qui domine l'autre rive.

    Portugal - Beira - Coimbra - La vieille ville vue du pont Santa Clara

    De retour à l’auberge après une rude remontée de la colline, nous allons dîner dans un petit restaurant voisin. Nous dégustons l’excellent plat du jour sous les écrans de télé qui retransmettent un match de l’Euro 2016. Ce n’est pas l’équipe du Portugal qui joue et l’ambiance est calme.

     

     

    Jour 24. Dimanche 3 juillet. COIMBRA - TOREIRA                                                                                              157 km

    Nous profitons de l’absence de circulation ce dimanche matin pour descendre en voiture au centre ville. La vieille cathédrale est encore fermée mais nous pouvons visiter la nouvelle à la façade claire et gaie, à nef unique et dont le chœur est décoré d’un beau retable.

    Portugal - Beira - Coimbra - La Sé nova

    Portugal - Beira - Coimbra - La Sé nova - Le retable


    Puis nous filons vers le Nord et arrivons à Lusso, agréable station thermale bien animée au pied du massif de Buçaco. Il y a même un rallye de voitures anciennes dont je regarde le départ des concurrents pendant un petit moment.

    Puis nous montons dans la forêt de Buçaco, notre premier objectif du jour. C’est un parc forestier entouré d’une muraille de pierres, véritable sanctuaire végétal ou de nombreuses essences exotiques se mêlent aux essences locales. Au 16° siècle, cet endroit, occupé par des moines, était interdit aux femmes sous peine d’excommunication.  Au centre et au sommet, dans une clairière se dresse un palais-hôtel assez prodigieux.

    Portugal - Beira - Buçacão - Drapeaux
     

    Portugal - Beira - Buçacão - Le palace hotel

    Pavillon de chasse du roi Charles construit en 1900, il est devenu aujourd’hui un hôtel de luxe dans lequel nous pénétrons pour admirer parmi d’autres merveilles l’immense cage d’escalier décorée de magnifiques azulejos représentant des batailles de l’histoire du Portugal.

    Portugal - Beira - Buçacão - Le palace hotel

    Portugal - Beira - Buçacão - Entrée du palace hôtel


    Nous marchons jusqu’à la Fonte Fría, une source qui sort d’une petite grotte et dont les eaux dévalent ensuite un long escalier bordé d’hortensias, de fougères géantes et de rhododendrons. C’est frais et reposant.

    En voiture nous allons ensuite à la Cruz Alta, terminus d’un long chemin de croix. De là haut, le panorama sur toute la région est immense.

    Portugal - Beira - Buçacão - A la Cruz Alta


    Nous y pique niquons à l’ombre des chênes avant de redescendre à Lusso. La source São Juan aux eaux radioactives qui soignent les affections rénales me rappelle la source de mon village natal, Alet-les-Bains. Ici aussi les gens viennent remplir librement des bouteilles de 5 litres. Nous les imitons.

     

    Nous quittons ce joli coin pour revenir au bord de la mer.

    Aveiro est une ville lacustre construite au bord de la ria de Aveiro, une sorte de bassin d’Arcachon où se jettent plusieurs petits fleuves et reliée à l’océan par une passe étroite. C’est un paysage inhabituel de marais salants et de lagunes.

    La ville est striée de canaux parcourus par de jolies barques élancées, les moliceiros, autrefois utilisées pour le ramassage des algues et aujourd’hui pour promener les touristes.

    Portugal - Beira - Aveiro - Moliceiro sur le canal central


    Avant d’aborder la partie maritime, nous entrons dans l’ancien couvent de Jésus bâti au 15° siècle. C’est ici que la princesse Jeanne, fille du roi Alphonse V, se retira et mourut avant d’être béatifié. Nous voyons l’église à la somptueuse décoration en bois dorés et sculptés et le cloître.

    Portugal - Beira - Aveiro - Eglise de la miséricorde

    Portugal - Beira - Aveiro - Antigo convento de Jesus - L'église

    Portugal - Beira - Aveiro - Antigo convento de Jesus - Le réfectoire

    Mais le clou de la visite c’est l’extraordinaire tombeau en marqueterie de marbre polychrome de Sainte Jeanne qui n’a demandé rien moins que 13 ans de travail. Quand on pense qu’elle avait demandé à être enterrée simplement !

    Portugal - Beira - Aveiro - Antigo convento de Jesus - Le tombeau de Sainte Jeanne


    Nous marchons ensuite jusqu’au grand canal où les moliceiros colorés vont et viennent avec leurs petits dessins coquins peints à la poupe.

    Portugal - Beira - Aveiro - Moliceiros sur le canal central

    Portugal - Beira - Toreira - Moliceiro sur la plage - Détail de la décoration


    Nous faisons comme tout le monde et embarquons pour une visite bien agréable de la ville et des marais salants qui bordent la côte, rafraîchis par la brise de l’océan.

    Portugal - Beira - Aveiro - Les marais salants
     

    Nous faisons ensuite le tour du bassin pour aller sur le lido qui sépare la lagune de l’océan où les plages se succèdent. Un agréable camping sous les pins presque vide nous y accueille et nous nous installons en essayant de nous abriter du vent qui souffle fort et a fait descendre la température à 18°. Nous nous endormons bercés par le grondement des vagues qui déferlent sur la plage toute proche.

    Portugal - Beira - Toreira - Moliceiro sur la plage
     

     

     

    Jour 25. Lundi 4 juillet. TOREIRA - PORTO                                                                                                            77 km

    Avant de prendre la route pour Porto, nous allons voir l’immense plage vide où les grosses vagues déferlent sans discontinuer. Le spectacle est magnifique mais cette mer agressive ne donne pas envie de se baigner.

    Portugal - Beira - Toreira - La plage 

     

    Nous arrivons à Porto par l’autoroute qui franchit le Douro sur un grand pont et nous garons au centre ville.

    Nous sommes tout près de la rue des carmélites et allons voir la fameuse librairie Lello et Irmão avec ses rayonnages en bois à l’ancienne et son extraordinaire escalier qui aurait, dit-on, inspiré l’auteur d’Harry Potter. Il y a des livres partout et un monde fou malgré les 3 € qu’il a fallu payer pour entrer.

    Portugal - Porto - Rua das Carmelitas - Librairie Lello & Irmão

    Portugal - Porto - Rua Santa Catarina

    Puis nous descendons tout de suite sur les quais au bord du Douro. On en prend plein les yeux. Quelle beauté. Et le pont Dom Luís 1°, symbole de la ville, est extraordinaire d’élégance et de légèreté malgré ses 2 tabliers où circulent les voitures en bas et le métro en haut. À son sujet, Paul Morand a écrit « Porto a couché ses tours Eiffel à l’horizontale et elles lui servent de pont ».

    Portugal - Beira - Porto - Le pont Luís 1° symbole de la ville

    Portugal - Porto - La vieille ville vue de Gaia


    Celui-ci n’a pas été construit par Gustave mais par une société belge probablement inspirée par lui. Celui d’Eiffel aujourd’hui désaffecté est plus en amont et hors de vue.

    On se promène un moment avant de prendre un ticket pour les bus panoramiques rouges qui parcourent la ville. On y monte et descend comme on veut ce qui permet de visiter toute la ville sans trop marcher. Nous traversons le pont et descendons à Gaia juste en face. Au bord du quai sont amarrés les barcos rabelos à fond plat qui servaient autrefois à descendre les tonneaux de vin depuis la haute vallée du Douro. Aujourd’hui, ils constituent un magnifique premier plan pour la vue sur la vieille ville de Porto de l’autre coté.

    Portugal - Beira - Porto - La vieille ville vue de Gaia


    Tout le long de l’avenue s’alignent les chais de Porto qui proposent visite et dégustation : Sanderman, Cruz, Ferreira et tant d’autres marques que nous ne connaissions pas.

    Nous reprenons le bus rouge qui nous emmène cette fois au couvent Nossa Senhora do Pilar dont la terrasse qui surplombe le pont constitue le meilleur belvédère pour admirer le site de Porto.

    Portugal - Beira - Porto - Le pont Luís 1°

    Portugal - Porto - Le pont Luís 1°
     

    Portugal - Beira - Porto - Le caís de Ribeira vu du pont
     

    Nous revenons à pied sur les quais par de petites rues qui dévalent la pente et entrons chez Calem visiter leur chai. En français, la guide nous explique la fabrication du vin de Porto, nous montre les immenses cuves en chêne et les enfilades de tonneaux à une cadence qui traduit une longue pratique avant de nous proposer 3 crus à déguster. C’est le blanc Lágrima qui a eu nos faveurs.

     Portugal - Beira - Gaia - Les caves du porto Calem

    Portugal - Gaia - Les caves du porto Calem


    C’est sur cette note sympathique que nous arrêtons là pour aujourd’hui. Il faut rejoindre le camping situé près de la plage de Madalena à quelques kilomètres au sud. Il est très bien signalé depuis l’autoroute et nous ne perdons pas de temps à nous installer sous les eucalyptus.

     

     

    Jour 26. Mardi 5 juillet. PORTO

    C’est en bus que nous revenons en ville. Le 906 passe devant le camping et nous amène à Porto en 40 minutes. Du terminus, nous descendons à pied jusqu’à la mairie, un bâtiment inspiré des beffrois du Nord, qui domine la vaste esplanade des Aliados et sa statue équestre du roi Pedro IV.


    Portugal - Beira - Porto - La mairie praza de Aliados

    Portugal - Porto - Statue de Pedro IV praza de Aliados

    Il ne faut pas rater la gare São Benito dont le hall est décoré de grandes fresques en azulejos évoquant les grandes batailles de l’histoire du pays.
     

    Portugal - Beira - Porto - La gare São Bento - Azulejos du torneio dos arcos de Valdevez

    Portugal - Porto - La gare São Bento - Azulejos de la présentation de Egaz Moniz au roi de León
     

    Nous passons à l’église des Cléricos au chœur de marbre rouge puis à la grande terrasse sur laquelle est construite la Sé. Un magnifique pilori très travaillé s’y dresse ainsi qu'une statue équestre de Vimara Peres, signeur qui libéra la ville de Porto alors appelée Portucale des musulmans en 868.

     Portugal - Beira - Porto - Terreiro da Sé, la Sé et le pilori

    Portugal - Porto - Terreiro da Sé - Statue de Vimara Peres

    La terrasse domine le dédale de rues et d’escaliers qui dégringolent jusqu’au fleuve.


    Portugal - Porto - Rue de la vieille ville


    Nous traversons ensuite le pont Louis 1° par le tablier supérieur, le long des voies du métro. Le panorama est à couper le souffle. Nous allons pique niquer de l’autre coté à l’ombre des lauriers roses d’un petit jardin, face à ce paysage de carte postale.

    Portugal - Porto - Sur le pont Luís 1°

    Ensuite, le bus rouge nous emmène faire le circuit extérieur jusqu’au fort São João da Foz do Douro qui défendait l’embouchure du Douro. L'itinéraire de retour nous fait découvrir les belles plages qui jalonnent cette côte.

     

    Le 906 nous ramène à Madalena juste à temps pour admirer le coucher de soleil avant de dîner.

     

     

    Jour 27. Mercredi 6 juillet. PORTO - AMARANTE                                                                                                264 km

    La journée d’aujourd’hui va être consacrée à la haute vallée du Douro, la zone viticole où est produit le vin de Porto. Jusqu’à Entre-Os-Rios, la route suit la rive droite du fleuve large sombre et calmé par une série de barrages.

    Portugal - Vallée du Douro

    Puis elle traverse et grimpe sur le versant d’en face et continue en balcon. Ce n’est qu’à partir de Cinfães, à une cinquantaine de kilomètres de Porto, que commencent les vignobles. Les vignes s’alignent sur des terrasses étroites où il n’y a parfois la place que pour une seule rangée et les quintas s’égrènent, blanches, pimpantes, fleuries, parfois décorées d’azulejos.

    Portugal - Beira - Vallée du Douro - Vignoble près de Lamego


    Nous pique niquons sur un belvédère offrant une vue magnifique sur la vallée en contrebas à l’ombre des arbres. Quelle superbe salle à manger nous avons trouvé là !

    Portugal - Beira - Vallée du Douro - Vignoble près de Lamego

    Avec en prime de belles cerises achetées à un marchand au bord de la route !

    Portugal - Vallée du Douro - Achat de cerises


    Nous faisons halte à Lamego, une petite ville à l’écart de la vallée sur les hauteurs du Barrosa, un affluent du Douro pour y visiter le sanctuaire de Nossa Senhora dos Remédios qui se dresse au sommet d’une colline, au bout d’un escalier de 617 marches. Le chemin de Compostelle venant de Lisbonne y passe.

    Portugal - Beira - Vallée du Douro - Lamego - Avenue Alfredo Sousa et les escaliers conduisant au sanctuaire

    Portugal - Vallée du Douro - Lamego - Sanctuaire de Nostra Senhora dos Remedios

    Portugal - Vallée du Douro - Lamego - Marquage du chemin de Compostelle près du sanctuaire de Nostra Senhora dos Remedios


    À partir de là, la route redescend dans la vallée et suit la rive gauche du Douro. Le fleuve large est dominé par les pentes couvertes de vignes et d’oliviers et parsemées de fermes blanches. Petite halte au village de Pinhão d’où partaient le vin soit en bateau, soit en train depuis une très jolie gare ornée de panneaux d’azulejos illustrant la vie de la vallée.

    Portugal - Beira - Vallée du Douro - Hélène au bord du Douro près de Folgosa

    Portugal - Vallée du Douro - Pinhão

    Portugal - Vallée du Douro - Pinhão - Les azulejos de la gare

    L’après-midi tire à sa fin quand nous quittons la vallée du Douro. La route grimpe en lacets serrés pour arriver à Sabrosa, ville natale de Magellan, de son vrai nom Fernão de Magalhães, qui n’est donc pas né les pieds dans l’eau comme le veut la légende. Une belle statue sur un rond-point célèbre cet événement.

    Portugal - Beira - Vallée du Douro - Panorama au-dessus de Pinhão

    Portugal - Sabrosa - Statue de Magellan

    Il faut maintenant rejoindre la petite ville d’Amarante où j’ai prévu de dormir en traversant la serra do Marão. Au lieu de la route tortueuse que j’attendais, une magnifique autoroute toute neuve franchit cet obstacle en longues courbes qui nous font glisser de viaducs en tunnels.

    Le camping d’Amarante est original car installé sur une pente abrupte dominant la rivière. Les emplacements en terrasse sont dispersés en sous-bois. Durant le repas du soir, nous nourrissons un chat blanc famélique et peureux.

    En début de nuit, des clameurs et des concert de klaxons provenant de la ville nous apprennent que l'équipe du Portugal a gagné un match de l’Euro 2016.

     

     

    Jour 28. Jeudi 7 juillet. AMARANTE - VIANA DO CASTELO                                                                               136 km

    L’itinéraire d’aujourd’hui va nous amener à Guimarães puis Braga et va se terminer à Viana do Castelo au bord de l’océan.

     

    Guimarães n’est qu’à 40 km. Tout le centre historique est classé au patrimoine de l’Unesco et est dominé par un château construit au 10° siècle. La ville est historiquement associé à la fondation et à l'identité de la nation portugaise. Il est d'ailleurs inscrit "Aqui nasceu Portugal" dans l'une des tours du château.

    Portugal - Minho - Guimarães - Le château

    Mais le plus intéressant est le palais des ducs de Bragance, construit au 15° siècle par Alfonso Henriques, fils naturel du roi Jean 1°. Ses toitures et ses 39 étonnantes cheminées de brique le rendent singulier.

    Portugal - Minho - Guimaraes - Le palais des ducs de Bragance

    Portugal - Minho - Guimarães - Statue d'Alfonso Enrique


    La grande cour intérieure est bordée de galeries comme un cloître. Les immenses salles sont remarquablement restaurées, garnies de meubles portugais du 17° et décorées de porcelaines de Chine et de tapisseries prestigieuses. Les grandes cheminées, les magnifiques plafonds en chêne et châtaignier complètent harmonieusement l’ensemble.

    Plusieurs églises dans cette ville dont le centre est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Il y a Nuestra Senhora da Oliveira de style roman

    Portugal - Minho - Guimarães - Eglise Nostra Senhora da Oliveira

    Portugal - Minho - Guimarães - Eglise Nostra Senhora da Oliveira

     Nous avons aussi vu l'église Sao Francisco plutôt gothique et caractérisée par les azulejos qui ornent sa façade.

    Portugal - Minho - Guimarães - Eglise San Francisco

    Portugal - Minho - Guimarães - Bel azulejo sur la façade d'une église

    Nous descendons en ville par l’étroite rue Santa Maria, pavée de blocs de granit et bordée de belles maisons anciennes. On aboutit à la jolie place São Tiago et son étrange édicule gothique qui protège un padrão, sorte de stèle commémorant la victoire contre les Espagnols à Salado en 1340.

    Portugal - Minho - Guimaraes - Praza Oliveira - Le padrão

    Portugal - Minho - Guimarães - Praza Oliveira


    Nous pique niquons à l’ombre des arbres du Largo do Toural.

     

    Braga est surtout connu pour son sanctuaire de Bom Jesus, haut lieu de pèlerinage au Portugal, qui s’élève au sommet d’un escalier monumental baroque. Pour atteindre le sanctuaire, on parcourt d’abord un chemin de croix qui monte en lacets, une chapelle et une fontaine marquant chaque station. Puis c’est l’escalier des Cinq Sens suivi de celui des Trois Vertus qui représentent le parcours spirituel du croyant qui doit apprendre à maîtriser ses sens et acquérir les 3 vertus que sont la foi, la charité et l’espérance pour obtenir le salut.

    Nous faisons le parcours à l’envers car la température de 35° nous dissuade de monter à pied. Nous empruntons donc le funiculaire utilisant la seule gravité de l’eau grâce à des réservoirs vides ou pleins qui font office de contrepoids.

    Portugal - Minho - Braga - Sanctuaire de Bom Jesus do Monte - Le funiculaire à eau


    Il nous mène directement au sanctuaire dont les murs blancs font ressortir les sculptures de granit. Le chœur contient un magnifique calvaire très réaliste.

    Portugal - Minho - Braga - Sanctuaire de Bom Jesus do Monte

    Portugal - Minho - Braga - Sanctuaire de Bom Jesus do Monte - Le tableau du calvaire dans le sanctuaire


    Puis nous redescendons tranquillement les escaliers à double volée en nous abreuvant et aspergeant aux jolies fontaines allégoriques de chaque palier.

    Portugal - Minho - Braga - Sanctuaire de Bom Jesus do Monte - L'escalier de la voie sacré 

     

    Une soixantaine de kilomètres d’autoroute nous séparent de Viana ou, plus exactement, du camping de la plage de Cabedelo, sur l’autre rive du fleuve Lima. C’est un beau camping sous les pins à 200 m de la mer, pour une fois assez rempli. L’heure nous permet de profiter de la belle plage de sable blanc où l’océan pour une fois calme pousse de belles vagues pas méchantes. L’eau est un peu fraîche mais c’est tellement bon après la grosse chaleur de la journée.

    Portugal - Minho - Viana do Castelo - Sur la plage de Cabedelo

    Le soir, il fait carrément "froid", à peine 19°.

     

     

    Jour 29. Vendredi 8 juillet. VIANA DO CASTELO - ALDÁN                                                                                 168 km

    Comme les précédents matins au bord de l’océan, nous nous réveillons dans la brume.

    C’est notre dernier jour au Portugal. Ce soir, nous dormirons en Espagne.

    La ville de Viana do Castelo est serrée entre le fleuve et la colline où se dresse le sanctuaire de Santa Luzia. Pour l’atteindre, il faut traverser le Lima sur le pont métallique de 600 m à deux tabliers superposés construit par Eiffel. La brume ne s’est pas encore dissipée et le paysage est fantomatique. Ce n’est qu’à la fin de notre visite que le soleil aura repris le dessus.

     Portugal - Minho - Viana do Castelo - Le pont Eiffel sur le rio Lima


    Les rues sont animées, des grand-mères vendent du poisson et des coquillages sur les trottoirs. La place de la République est bordée par la mairie et la maison de la miséricorde et est ornée d'une fontaine Chafariz (qui veut dire fontaine en portugais).

    Portugal - Minho - Viana do Castelo - Place de la République avec la fontaine Chafariz

    Face à un grand espace découvert, se dresse l’église de l’agonie, très jolie malgré son nom sinistre.

    Portugal - Minho - Viana do Castelo - Nostra Senhora da Agonia

    Portugal - Minho - Viana do Castelo - Nostra Senhora da Agonia - L'intérieur


    Le sanctuaire Santa Luzia n’est pas très beau mais le panorama sur la ville, le fleuve, le pont et les forêts de pins sur l’autre rive l’est. D’après le magazine National Geographic, c’est carrément l’un des plus beaux panoramas du monde.

    Portugal - Minho - Viana do Castelo - Le sanctuaire de Santa Luzia

    Portugal - Minho - Viana do Castelo - Le sanctuaire de Santa Luzia
     

    Portugal - Minho - Viana do Castelo - Panorama sur le rio Lima depuis le sanctuaire de Santa Luzia
     

    Moi je remarque le balisage du chemin vers Compostelle.

    Nous roulons sur la route côtière pour les derniers kilomètres au Portugal et décidons de faire une halte baignade, bronzage et pique nique sur la plage d’Afife, immense et vide.

    Finalement, nous arrivons au fleuve Minho. De l’autre coté c’est l’Espagne.

    Portugal - Minho - Caminha - L'embouchure du rio Minho et le mont Santa Tegra coté espagnol


    Caminha est la dernière petite ville portugaise où nous nous arrêtons. Il y a des remparts et une grande place agréable dominée par la tour de l'horloge où nous prenons le café à l’ombre en écoutant les groupes de musique folklorique. C’est la fête. Ici, des stands vendent de la bière, là on fait griller un cochon de lait à la broche, partout on rigole et on chante. C’est sympathique.

    Portugal - Minho - Caminha - La torre de Relógio
     

    Nous passons du Portugal à l'Espagne à 120 km/h sans nous en apercevoir. Vive l’Europe.

     

    Nous sommes maintenant entrés dans la province de Galicia et nous allons parcourir les célèbres Rías Bajas qui découpent la côte ouest.

    Nous nous engageons sur la péninsule de Morrazo qui sépare la Ría de Vigo de celle de Pontevedra. Les paysages de collines boisées qui tombent dans la mer ourlée de petites plages sont magnifiques.

    Espagne - Galicia - Ria de Pontevedra - Raxo


    Nous roulons jusqu’à Aldán au bout de la péninsule où on s’arrête dans un très joli camping bien aménagé. La mer est en contrebas et nous y descendons aussitôt installé. Nous débouchons sur une adorable petite plage de sable coincée entre des rochers et bordée d’eucalyptus. L’eau est claire et bonne. C’est un petit coin de paradis.

    Espagne - Galicia - Ria de Pontevedra - La plage d'Aldán

    Espagne - Galicia - Ria de Pontevedra - La plage d'Aldán


    Nous avons de nouveau avancé d’une heure. La nuit tombe plus tard mais le matin il faudra compenser.

     

     

    Jour 30. Samedi 9 juillet. ALDÁN - SANTIAGO                                                                                                    154 km

    Nous continuons le tour de la péninsule. Le premier arrêt est à la réserve naturelle du Cabo Udra dont nous faisons le tour par des sentiers qui zigzaguent au milieu des ajoncs en fleurs et des blocs de granit en offrant de belles échappées sur la mer et la côte découpée.

    Espagne - Galicia - Ria de Pontevedra - Cabo Udra

    Nous longeons la Ría de Pontevedra et roulons jusqu’à Combarro réputé pour ses nombreux horreos. Ce sont des greniers à maïs typiques de la région, en pierre, bois ou briques, posés sur des pilotis qui servaient à faire sécher la récolte tout en empêchant les rongeurs de l’atteindre. Il y en a effectivement un peu partout et beaucoup sont très beaux mais ceux qui sont au bord de l’eau sont gâchés par les boutiques de souvenirs et les restaurants qui les ont envahis.

    Espagne - Galicia - Ria de Pontevedra - Combarro - Horreo fleuri

    Espagne - Galicia - Ria de Pontevedra - Combarro - Horreo en bord de mer

    Espagne - Galicia - Ria de Pontevedra - Combarro - Horreos


    Nous parcourons les ruelles et les quais de ce petit port de pêche où l’animation est à son comble puis reprenons la route.

    Espagne - Galicia - Ria de Pontevedra - Combarro - Rue du village

    La salle à manger d’aujourd’hui donne sur la mer bleu foncé de la ría parsemée de parcs à huîtres. Et comme toutes les précédentes, elle est à l'ombre...

    Espagne - Galicia - Ria de Pontevedra - Piquenique près de Sanxenxo


    Nous allons jusqu’à l’immense plage de Lanzara tout au bout de la péninsule. Derrière un rideau de dunes très protégées, la plage de sable blanc s’étire en une grande baie de plusieurs kilomètres. De gros rouleaux déferlent régulièrement mais comme ce n’est pas profond on peut se baigner sans crainte et jouer dans les vagues bien que l’eau soit assez fraîche. L'endroit est magnifique.

    Espagne - Galicia - Ria de Pontevedra - Playa de la Lanzada


    Nous y restons une partie de l’après-midi mais il faut bien se décider à partir car il y a encore du chemin pour rejoindre l’étape de ce soir à Santiago de Compostella.

    À Santiago, le camping est très agréable avec une belle piscine et de grands emplacements sous les arbres.

     

    La journée d’aujourd’hui a été tranquille avec peu de kilomètres et beaucoup de temps à la plage. Cerise sur le gâteau, ce soir nous mangerons du steak, ce que nous n’avons pu faire pendant les deux semaines au Portugal où nous étions au régime cochon.

     

     

    Jour 31. Dimanche 10 juillet. SANTIAGO - PONFERRADA                                                                                 209 km

    C’est une journée pèlerinage de Compostelle avec la visite de la basilique le matin et les retrouvailles avec mes amies du chemin le soir.

    Nous rejoignons le centre. C’est dimanche et je n’ai aucun problème pour me garer à proximité de la vieille ville. Nous continuons à pied par les ruelles et je reconnais quelques uns des endroits où j’étais passé en 2013. Nous arrivons sur la place de la Immaculada et entrons dans la cathédrale par la porte nord.

    Espagne - Galicia - Santiago de Compostella - Plaza de la Immaculada et monastère de San Martín Pinario

    Il n’y a déjà plus de place assise et pourtant il n’est que 11h. Drôle d’ambiance que je ne reconnais pas. Il y a des pèlerins mais beaucoup sont un peu trop bien habillés et il y a énormément de touristes. Nous sommes obligés de nous tenir debout sur une corniche dans le transept pour y voir quelque chose.

    La messe célébrée par 8 évêques dont un venu de Miami et un autre de Barbade, est aussi belle que d’habitude. Il y a toujours la religieuse à la voix céleste et l’orgue envoûtante auxquelles s'est jointe une chorale. Je me remémore la messe du 30 avril 2013 et l’émotion me gagne.

    Quant arrive le moment du botafumeiro, une forêt de téléphones portables se lève pour filmer l’événement. Le charme se dissipe. L’ambiance est totalement différente.

    Espagne - Galicia - Santiago de Compostella - Cathédrale - Le botafumeiro


    Á la fin de la messe, nous sortons pour aller voir la place de l’Obradoiro. Toujours aussi grandiose bien que la magnifique façade de la cathédrale soit en grande partie cachée par des échafaudages.

    Espagne - Galicia - Santiago de Compostella - Sur la Praza do Obradorio devant la cathédrale
     

    Espagne - Galicia - Santiago de Compostella - Praza do Obradorio et Hospital dos Reis Catolicos
     

    Nous allons déjeuner à la terrasse d’un petit restaurant. Il y a énormément de monde et nous partageons notre table avec un couple de pèlerins Américains. Au menu, pulpo a la gallega et tarta Santiago, les délicieuses spécialités locales.

    Nous revenons à la cathédrale pour en faire le tour dans le calme. Il y a toujours une immense queue pour aller embrasser l’apôtre mais il n’y a personne dans la crypte où l’on peut admirer le magnifique coffre d’argent qui renferme les restes de Saint Jacques.

    Espagne - Galicia - Santiago de Compostella - Cathédrale - Joli statue en bois polychrome

    Espagne - Galicia - Santiago de Compostella - Cathédrale - Les reliques de Saint Jacques dans la crypte


    Cet hommage clôture notre visite à Santiago. Je suis un peu déçu malgré l’émotion qui m’a envahi pendant la messe. Il faudra que je revienne à pied.

     

    Nous quittons Santiago pour rejoindre Ponferrada. Sur une partie du trajet, nous suivons le chemin et voyons beaucoup de pèlerins. Je reconnais plusieurs endroits où je suis passé en 2013.

    Il n’y a pas grand-chose à voir à Ponferrada, juste le château des Templiers mais nous avons rendez-vous avec Isabel sur le parking de l’auberge municipale.

    Espagne - León - Ponferrada - Le château des Templiers

    Elle arrive avec son amie Eva. Longues embrassades. Trois ans déjà. Elle n'a pas changé, toujours aussi joyeuse et prête à s'amuser. Nous allons d’abord prendre une chambre à l’hôtel puis elles nous entraînent dans la ville. Nous voyons le château, la tour de l’horloge, la place de l’ayuntamiento, mais c’est surtout une tournée des bars à tapas en attendant que Rafael vienne nous rejoindre. Nouvelles embrassades.

    Espagne - León - Ponferrada - Isabel et Eva

    Espagne - León - Ponferrada - Tatouage d'Isabel et d'Eva
     

    Espagne - León - Ponferrada - Avec Rafael et Isabel
     

    Nous rentrons assez tard à notre hôtel après un excellent dîner au restaurant. Je suis ravi d’avoir revu Isabel et Rafael avec qui j’ai partagé tant de souvenirs du Chemin.

     

     

    Jour 32. Lundi 11 juillet. PONFERRADA - OVIEDO                                                                                             284 km

    Nous quittons la ville par une jolie route qui franchit la Cordillera Cantábrica au puerto de Leitariegos à 1525m d’altitude. En même temps nous passons de la province de Castille - León à la principauté d’Asturias.

    Espagne - Asturias - Le drapeau de la principauté d'Asturias


    Le versant atlantique est sous les nuages gâchant un peu les beaux paysages de la vallée de la Narcea.

    Espagne - Asturias - Vallée de la Narcea


    Nous la descendons jusqu’à la côte près d’Avilés, à Arnao précisément. Des falaises déchiquetées alternent avec de belles plages de sable où déferlent les rouleaux de l’Atlantique sous un ciel qui se dégage à nouveau.

     Asturias - La côte atlantique à Arnao

    Espagne - Asturias - La plage de Salinas


    Nous allons jusqu’au Cabo Peñas, un cap rocheux qui s’avance dans l’océan. La route chemine dans la lande piquetée de maisons à toit rouge. Le phare surgit soudain. Il n’est pas très haut mais il n’a pas besoin de l’être, la falaise l’est pour lui.

    Espagne - Asturias - Phare de Peñas

    Nous admirons la vue splendide sur le cap déchiqueté, sur la côte rongée par les vagues et sur l’océan intensément bleu.

    Espagne - Asturias - Cabo de Peñas
     

    Espagne - Asturias - La côte atlantique près du Cabo de Peñas
     

    Le ciel s’obscurcissant, nous décidons de rouler jusqu’à Oviedo où l’auberge de jeunesse locale peut nous recevoir. La gérante de l’auberge est complètement dépassée et les formalités durent une éternité. Pourtant il n’y a quasiment personne. Heureusement, les locaux sont impeccables et le repas tout à fait appétissant. La pluie qui nous a accueillis en arrivant ne dure pas très longtemps. Ce sont les premières gouttes d’eau depuis notre départ un mois plus tôt !

     

     

    Jour 33. Mardi 12 juillet. OVIEDO - RIBADESELLA                                                                                             118 km

    Oviedo n’est pas connue en France. Sauf pour nous, car notre beau-frère est venu y travailler pendant six mois dans les années 70 et nous a beaucoup parlé de cette période importante de sa vie professionnelle. C’était une ville minière et on ne s’attendait pas à trouver une ville aussi jolie.

    Près du parking où nous avons laissé la voiture, un édifice audacieux attire notre regard. C’est l’auditorium Principe Felipe bâti sur une ancienne citerne d’eau dont les bases ont été conservées.

    Espagne - Asturias - Oviedo - Le théâtre opéra


    Nous parcourons la ville piquetée d’œuvres d’art dans les rues et les jardins. La plus connue est une statue de Woody Allen, citoyen d’honneur de la ville.

    Espagne - Asturias - Oviedo - Hélène avec Woody Allen


    Nous voyons l’ancienne université, la place de Portier avec le bel immeuble du tribunal, puis la place Alfonso II dominée par la cathédrale gothique , dissymétrique avec sa flèche unique décalée.

    Espagne - Asturias - Oviedo - Place Alfonso II et la cathédrale


    À l’intérieur, l’immense nef amène le regard sur le magnifique retable en bois doré du maître-autel qui relate divers épisodes de la vie du Christ.

    Espagne - Asturias - Oviedo - La cathédrale - Le tympan

    Espagne - Asturias - Oviedo - La cathédrale - La nef

    Espagne - Asturias - Oviedo - La cathédrale - Le retable


    La visite inclut le cloître, la Cámara Santa avec les statues-colonnes du 9° siècle figurant six groupes d’apôtres
     et un musée contenant des merveilles dont le tissu censé être celui utilisé par Véronique pour essuyer le visage du Christ.

    Nous retournons à la voiture pour filer à Langreo voir le musée de la mine.

    Espagne - Asturias - Oviedo - Le musée de la mine à Langreo

    Le Guide Vert écrit « vous êtes invités à descendre au fond de la mine et à suivre puits et galeries ». C’est complètement faux car il s’agit d’une fausse mine construite en surface comme c’est aussi le cas à Lewarde dans le Nord ou à Alès dans le Gard. Nous nous en apercevons dès l’entrée dans l’ascenseur. Heureusement, le reste du musée est magnifique et compense notre déception.

    Espagne - Asturias - Oviedo - Au musée de la mine à Langreo

    Nous revenons en direction de la côte pour monter au mirador del Fito, au sommet de la cordillère du même nom à 629m d’altitude. Le long de la route, nous remarquons cet horreo et aussi cette maison peinte d'une flamboyante couleur.

    Espagne - Asturias - Horreo sur la route du mirador de Fito

    Espagne - Asturias - Sur la route du mirador de Fito
     

    De là-haut, la vue est spectaculaire sur les montagnes des Picos de Europa au sud et sur la côte atlantique.

    Espagne - Asturias - Le mirador de Fito et les montagnes des Picos de Europa

    Espagne - Asturias - Panorama sur la côte atlantique depuis le mirador de Fito

    Nous nous arrêtons pour la nuit dans un très joli camping entre les villages de Villaviciosa et Ribadesella. Il y a tout, une belle pelouse, des sanitaires impeccables, une grande piscine, un tennis et la petite plage du Prado à 300m, coincée entre les falaises rouges. Nous y descendons avant la nuit. L’endroit est beau malgré les nuages noirs chargés de pluie qui se poursuivent dans le ciel. Le Camino del Norte qui file vers Compostelle en suivant la côte passe là et, comme pour le confirmer, quatre pèlerins bivouaquent sur un coin d’herbe. J’ai une pensée pour mon amie Sylvie qui est passé là un mois plus tôt.

    Espagne - Asturias - La côte atlantique près de Ribadesella - Plage de Prado

    Espagne - Asturias - La côte atlantique près de Ribadesella


     

     

    Jour 34. Mercredi 13 juillet. RIBADESELLA - POTES                                                                                         250 km

    Il est tombé quelques averses pendant la nuit mais le soleil est à nouveau présent au réveil.

    Nous tournons le dos à la mer pour nous diriger vers les Picos de Europa, massif calcaire faisant partie de la Cordillère Cantabrique et culminant à 2617m d'altitude.

    La route passe par Cangas de Onís puis emprunte le desfiladero de los Beyos, défilé très encaissé de 10 km de long qui mène au col du Pontón au milieu d’un magnifique paysage de montagnes abruptes. Les Picos de Europa remplissent l'horizon.

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Panorama depuis le col del Pontón


    Plus loin, nous longeons le lac de barrage de Riaño. Une jolie chapelle à l’écart de la route va constituer notre salle à manger du jour, au soleil pour une fois, et à l’abri du vent froid, avec une belle vue sur le lac.

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Embalse de Riaño


    La route grimpe au col de San Glorio à 1619m puis redescend au gros bourg de Potes.

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Au col de San Glorio


    Nous remontons encore, cette fois-ci la vallée de la Deva jusqu’au splendide cirque glaciaire de Fuente Dé où nous embarquons dans le téléphérique qui nous emmène en trois minutes au mirador del Cable à 1800m d’altitude. Là-haut les paysages de montagnes calcaires tout autour de nous sont fantastiques sans parler de la vue plongeante vertigineuse sur le cirque en dessous. Il fait froid, polaire et parka de rigueur.

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Au Mirador del Cable


    Nous faisons une balade sur les sentiers de ce grand plateau mais ne pouvons aller bien loin faute de temps car il ne s’agit pas de rater la dernière benne. Nous ne rencontrons personne à l'exception de cette vache, espagnole bien sûr.

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Vache espagnole

    De retour à Potes, nous nous installons dans un excellent camping sur la route de San Toribio. Tout autour les montagnes nous dominent, et les sommets de la chaîne barrent le fond de la vallée. C’est un changement complet de décor par rapport à la veille.

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Potes - Panorama depuis San Toribio

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Potes - Panorama depuis San Toribio


     

     

    Jour 35. Jeudi 14 juillet. POTES - SANTANDER                                                                                                  147 km

    Sitôt prêts, nous montons au monastère San Toribio dont l’église s’enorgueillit de détenir un morceau de la vraie croix. L’église romane est belle mais le reliquaire bien protégé derrière une lourde grille est pratiquement invisible.

    Nous visitons Potes, charmante petite ville de montagne, porte d’entrée du massif. Le village est dominé par la tour de l’Infantado datant du 15° siècle, à l’allure sévère.

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Potes - Le village

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Potes - La tour de l'Infantado


    Elle contient une exposition sur le moine Beatus de Liebana qui vivait au monastère San Toribio au 8° siècle. Il est célèbre pour ses remarquables enluminures et son «Commentaires sur l’Apocalypse» qui joua un rôle majeur dans la querelle de l'adoptianisme, une hérésie qui s'était développée à l'époque et qui proclamait que le Christ n'était pas le fils de Dieu mais avait seulement été adopté par Lui. C'était un personnage très érudit, très énergique et qui ne mâchait pas ses mots, traitant Elipand, archevêque de Tolède de "testicules de l'Antechrist".

     


    Nous revenons vers la côte en empruntant cette fois le desfiladero de la Hermida, plus étroit que celui emprunté la veille. À l’écart de la route, la petite église mozarabe Nuestra Señora de Lebeña, entourée de peupliers, se dresse là depuis le 10° siècle, dominée de hautes falaises.


    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Potes - Nuestra Señora de Lebeña

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Potes - Nuestra Señora de Lebeña - Le cimetière

    À l’intérieur, on peut admirer une copie de la vénérée Virgen de la buena leche, une statue de la Vierge donnant le sein. Elle a eu des aventures, ayant été dérobée en 1993 et retrouvée par hasard en 2001 chez un collectionneur.
     

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Potes - Nuestra Señora de Lebeña - Le retable avec la Vierge allaitant l'Enfant Jesus
     

    Plus loin, c'est ce discret monument à la gloire de la pêche à la truite qui nous incite à un arrêt photo.

    Espagne - Asturias - Picos de Europa - Dans le défilé de la Hermida
     

    Au bout de la route, nous arrivons un peu par hasard à la petite plage de Pechón coincée entre des parois rocheuses.

    Espagne - Cantabrie - La côte atlantique près de Pechón

    Un petit belvédère constitue notre salle à manger. Nous sommes au soleil, au vent et face au bleu de la mer. Que demander de plus ? Un bon repas ? Nous l’avons.

    Espagne - Cantabrie - Un super coin de piquenique près de Pechón


    Tout à coté une plage magnifique avec une langue de sable rejoignant un îlot rocheux nous attend au pied des falaises. Un bel endroit agréable où nous passons un long moment, tantôt au soleil, tantôt dans les vagues tonifiantes.

    Espagne - Cantabrie - La côte atlantique près de Pechón
     

    Nous repartons vers Santander, la grande ville, le port de la région, par la route qui longe la côte plutôt que par l’autoroute où nous ne verrions rien. Et au passage de la ría de Tina Mayor, nous rencontrons un nouveau monument à la gloire de la pêche.

    Espagne - Cantabrie - Ría de Tina Mayor

    A Santander, nous allons au camping du Cabo Mayor, au nord de la ville, tout près de la pointe. Encore un très beau camping particulièrement bien conçu. Et la plage est tout proche, au pied de falaises ocre où les vagues mettent un peu d’animation. Nous y restons jusqu’à ce que l'ombre des falaises nous gagne.

    Espagne - Cantabrie - Santander - Playa Mataleñas


    C’est la dernière image de notre beau voyage car demain nous emprunterons l’autoroute pour rentrer.

     

     

    Jour 36. Vendredi 15 juillet. SANTANDER - MONTPELLIER                                                                              781 km

    Au matin, par nos voisins français, nous apprenons la terrible nouvelle de l’attentat sur la Promenade des Anglais. Nous n'avons eu aucune information sur la France pendant plus d'un mois et il faut que la première que nous recevions soit celle-ci ! 

    Nous rejoignons directement l’autoroute et filons vers Bilbao, San Sebastian et Irun puis Pau et Toulouse. La circulation est fluide et même la frontière est passée facilement.

    Rien à signaler de particulier sauf la toute dernière halte pique nique sur l’aire des Pyrénées entre Pau et Tarbes, agrémentée d’un original monument à la gloire du Tour de France cycliste.

    France - L'aire de repos des Pyrénées sur l'A64 et le monument au Tour de France


    Après une pause bien appréciée chez Jean-Pierre et Geneviève à Carcassonne, nous avalons les derniers kilomètres d’autoroute sans aucun incident. Il n’est pas encore minuit quand nous rentrons chez nous. Rien n'a bougé. Grâce aux bons soins de notre amie Yvonne, les plantes bien arrosées ont résisté à notre longue absence et tout le courrier a été soigneusement trié. Il y a même de bonnes choses à déguster dans le réfrigérateur.

     

     

    À la fin d’un long périple comme celui que nous venons de faire, on a besoin d’un peu de temps pour retrouver les habitudes de vie d’avant. Pendant plusieurs jours, la pensée vagabonde encore sur les routes espagnoles et portugaises.

    Tout s’est bien déroulé. Nous avons respecté le programme établi mais nous avons mis deux jours de plus que prévu, ce qui n’a aucune importance.

    Nous rentrons avec une excellente impression sur le Portugal, ainsi que sur l’Andalousie et le nord de l’Espagne. Nous revenons la tête pleine d’images de toutes ces belles villes visitées, ces monuments imposants ou adorables, ces magnifiques paysages traversés. Tout cela a été amplifié par la décontraction et la tranquillité que l’on ressent dans ces deux pays du sud. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de retraités français vont vivre là-bas. Cette année s’est ajouté un volet sentimental grâce aux retrouvailles avec mes indéfectibles amies du Chemin à Torre del Mar et Ponferrada et à notre visite à Saint Jacques de Compostelle, un dimanche qui plus est, où la messe à laquelle nous avons assisté a ravivé le souvenir de mon pèlerinage de 2013.

     

    Quelle sera la destination de notre prochain voyage ? Vers où allons-nous diriger nos pas et nos roues ? J'ai bien une idée qui me trotte dans la tête depuis quelque temps mais je préfère ne pas en parler tant que ce projet n'est pas finalisé. 

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  • Commentaires

    1
    RM Agnely
    Vendredi 2 Septembre 2016 à 17:11

    J'ai passé un agréable moment en vous suivant dans votre

    périple Espagne -Portugal. Merci d'avoir partagé ce beau reportage .

    Amitiés .RM

      • Vendredi 2 Septembre 2016 à 18:54

        Merci Rose Marie pour ce gentil commentaire. A bientôt pour d'autres aventures...

    2
    Christiane
    Lundi 12 Septembre 2016 à 17:51

    Merci d'avoir partagé ce beau et long voyage! Que de richesses dans ces très catholiques pays! Bravo pour cette mise en ligne!

    Christiane

      • Jeudi 22 Septembre 2016 à 20:12

        Merci Christiane pour tes commentaires sympathiques.

    3
    Mardi 27 Novembre 2018 à 10:47

    Bonjour Moi qui n'ai vu que l'Andalousie, vraiment j'ai été ravie de faire avec vous ce périple. Et tellement bien raconté que l'on s'y croirait. Merci pour ce partage.

      • Mardi 27 Novembre 2018 à 17:44

        Bonsoir,
        Je vous remercie de votre commentaire. Votre prochain voyage ira peut-être jusqu'au Portugal.
        Bien cordialement.
        Max

    4
    louis meyere
    Jeudi 20 Février 2020 à 12:08

    bonjour tous les deux,Je ne sais pas si vous avez souvenir mais nous nous sommes connus à Fort de france ,J'étais au CHU et nous avions pour amis Patrick et Nicky Gievis.

    Je suis tombé par hasard sur le blog de Max et me suis régalé dans le peu que J'ai vu. J'y reviendrai..............Étant, plus jeunes nous faisions aussi des randonnées sur plusieurs jours mais l'âge étant là nous nous limitons à la journée ou la demi..............Nous avons quand même fait le Portugal mais en voyage organisé ,J'en ai vu beaucoup plus en découvrant le reportage de Max et Cuba avec les Gievis quand nous étions aux antilles.

    En Espagne je me souviens particulièrement d'une rando en étoile dans le désert des Bardénas qui sortait de l'ordinaire.

    Bonne continution et peut-^tre ala "revoyure" Jacqueline et Louis

      • Mardi 3 Mars 2020 à 18:41

        Bonjour Louis et Jacqueline,

        Bien sûr que nous nous souvenons de vous. Ce séjour aux Antilles, c'était une période particulièrement agréable.

        Nous profitons pleinement de notre retraite montpelliéraine en voyageant et en randonnant régulièrement et sommes restés en contact avec Patrick et Nicky.

        En espérant vous revoir un de ces prochains jours.

        Max et Hélène

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