• DU MALEPÈRE AU FITOU

    Une marche de quatre jours entre Carcassonne et Port la Nouvelle à travers les Corbières.

     

    DU MALEPÈRE AU FITOU




    J’avais commencé à préparer cette marche depuis quelque temps.

    J’aime beaucoup les Corbières, cette petite région du département de l’Aude assez sauvage avec sa végétation méditerranéenne, ses vignes produisant d’excellents vins peu connus et ses jolis villages pittoresques. Le relief y est très accidenté, un véritable chaos de collines, grignotées par des ruisseaux et des rivières au caractéristique régime méditerranéen, à secs toute l'année sauf quand ils se transforment en torrent dévastateur suite à un gros orage.

    Après avoir plusieurs fois repoussé mon départ en raison des grosses chaleurs puis, courant septembre, à cause d’une météo capricieuse, je me suis enfin lancé ce lundi 26 septembre.

    Le parcours que j’ai étudié reste dans la partie nord du massif, moins élevée que la partie sud et où je rencontrerai des villages où me ravitailler. Il démarre de la Cité de Carcassonne puis passe par les villages de Monze, Lagrasse, Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, Portel-des-Corbières et Sigean pour terminer à Port-la Nouvelle sur la côte méditerranéenne où je pourrai reprendre un train pour rentrer à Montpellier. On peut le visualiser sur la carte ci-après :
     

    Carte Marche Corbières
     

    J’ai prévu de dormir dehors aussi je dois emporter sac de couchage, matelas, réchaud, gourdes et nécessaire de toilette. Une tente pesant un peu trop lourd, je me contente d’une légère toile en nylon pour me protéger en cas de pluie. Malgré tout, avec la nourriture et 2 litres d’eau, le sac pèse 15 kg.

     

    Lundi 26 septembre. Il n’est pas encore 11 heures lorsque mon frère qui est venu m’attendre à la gare me dépose devant la porte narbonnaise à la Cité de Carcassonne.
     

    Carcassonne - Porte Narbonnaise
     

    Une photo est indispensable. C’est une touriste chilienne qui se charge d’immortaliser mon départ devant ce magnifique monument après que son compagnon ait abandonné, ne maîtrisant apparemment pas l’utilisation d’un téléphone portable.
     

    J1 - Carcassonne - Départ porte Narbonnaise
     

    Je démarre sous un beau ciel bleu, avec un grand soleil et un vent assez fort qui, heureusement, souffle dans mon dos. Le début de mon parcours emprunte le sentier de grande randonnée GR 36 et je n’aurais qu’à suivre son balisage rouge et blanc.
     

    Balisage du chemin
     

    Il contourne le cimetière et emprunte une petite route goudronnée qui file vers le sud-est au milieu des vignobles. Les vignes ont été vendangées mais il reste quelques grappes que je cueille tout en marchant.

    Je me retourne pour regarder s’éloigner les tours de la Cité coiffées de leurs toits pointus construits par Viollet-le-Duc lors de sa restauration controversée du monument au 19° siècle.
     

    J1 - La cité de Carcassonne s'éloigne
     

    Puis elles disparaissent rapidement derrière un mouvement de terrain boisé.

    Je traverse des bois de pins, longe un lotissement du village de Montlegun, franchit l’autoroute A 61 et arrive au lac de Cavayère. C’est un lac de barrage occupant les vallons de trois ruisseaux qui l’alimentent et aménagé en site de loisirs. Un endroit agréable au milieu des bois de pins et autres essences méditerranéennes avec des plages, des aires de pique-nique et diverses installations.

    Le chemin le contourne par la droite, longeant la rive.
     

    J1 - Autour du  lac de Cavayère
     

    J1 - Au lac de Cavayère
     

    Après avoir dépassé le lac, je m’installe à l’ombre des pins pour mon premier arrêt repas. Un bel écureuil roux s'est approché à quelques mètres et m’observe de derrière un tronc d'arbre pendant que je mange mes provisions. Intéressé mais prudent.

    Le chemin m’amène ensuite au tout petit village de Montirat, construit sur une butte, plonge dans des vallons encaissés où tous les ruisseaux sont à sec, monte et descend sans arrêt puis franchit une crête plus marquée après un long raidillon.

    De l’autre coté, je découvre la vue sur le vallon de la Bretonne et le village de Monze au pied de la montagne d’Alaric.
     

    J1 - Monze en vue
     

    Un dolmen est signalé sur la carte IGN à une centaine de mètres du chemin et je vais le voir. C’est une allée couverte qui doit mesurer environ 5 m de long mais dont la dalle centrale est cassée. Pas très intéressant et je ne m'attarde pas.
     

    J1 - Dolmen de Monze
     

    Un sentier me permet de descendre tout droit l'autre versant et de rejoindre le village de Monze, bien tranquille en ce début d’après-midi. J’emprunte les petites rues désertes et passe près du vieux pont du 11° siècle qui enjambe le ruisseau de la Bretonne à sec. La taille des arches donne une idée du niveau que le ruisseau peut atteindre quand il est en crue.
     

    J1 - Monze - Le vieux pont du XI° siècle
     

    N'ayant vu aucune fontaine et n'ayant rencontré personne dans le village, je dois aller au cimetière pour refaire ma provision d’eau. On trouve toujours de l’eau dans les cimetières. Je m’y repose un moment à l’abri du vent sous les grands cyprès.

    C’est à partir d’ici que j’abandonne le GR 36 qui grimpe sur la montagne d’Alaric pour emprunter un itinéraire plus direct vers Lagrasse. Je marche le long de la D 3 sur une paire de kilomètres avant de bifurquer sur une piste qui monte dans les collines, passe devant la ferme de Commelles et continue sur un replat vers Bourdette et Cardoual.

    C’est dans ce coin que j’avais prévu de m’arrêter pour la nuit mais le lieu ne s’y prête pas et je continue de marcher. La météo annonce de la pluie. Le temps a effectivement changé et les nuages gris ont subrepticement remplacé le ciel bleu. Ce serait bien que je trouve un endroit où m’abriter.

    En approchant de Bourdette, la piste est barrée par un portail tout neuf assorti d’un panneau "Propriété privée" et de deux caméras de surveillance. Mais où est donc passé le chemin qui continue vers l’est ? Je le retrouve finalement et je peux continuer. Cardoual est aussi devenu une résidence privée mais la piste contourne la propriété et je ne vois aucun panneau dissuasif. Je ne vois personne non plus.

    Un bon kilomètre plus loin, je découvre un grand hangar en tôle dans un champ en contrebas de la piste. Voilà l’endroit idéal pour passer la nuit à l’abri. Je vais voir. C’est une bergerie. Elle est ouverte et vide et semble ne pas avoir servi depuis longtemps. Parfait.
     

    J1 - Bergerie du premier bivouac
     

    J’installe mon bivouac à l’intérieur où je suis bien à l’abri du vent qui souffle toujours aussi fort et de la pluie quand elle viendra.
     

    J1 - Premier bivouac dans bergerie
     

    La pluie arrive effectivement pendant la nuit et tambourine sur les tôles du toit mais elle s’est arrêtée quand je me lève à l’aube. Par contre, le vent, lui, ne s’est pas calmé.

    Je reprends ma marche sous un ciel très chargé où courent les nuages noirs poussés par ce vent violent.
     

    J2 - Départ du deuxième jour
     

    La piste descend agréablement vers la vallée. Puis j’emprunte une autre piste qui remonte de l’autre coté sur un nouveau mouvement de terrain. Elle grimpe à travers des bois de pins puis débouche sur des crêtes pelées où le vent s’en donne à cœur joie.

    J2 - Paysage depuis les Cabanals

    Au bout de trois kilomètres, je rattrape une variante du GR 36 que je suis à travers ces collines puis dans la descente vers les gorges de la Sou.

    Le chemin passe près d’une jolie capitelle qui a dû servir dans le temps à quelque berger. Voilà un bel abri pour passer la nuit.
     

    J2 - Abri de pierres sèches
     

    Je constate aussi que les arbouses commencent à mûrir mais elles ne sont pas encore bonnes à consommer.
     

    J2 - Arbousier dans descente vers la Sou
     

    En bas de la descente, le pont sur la Sou à sec permet de rejoindre la D 3 qu’il me suffit de suivre pour atteindre le village de Lagrasse deux kilomètres plus loin.
     

    J2 - Pont du Sou avant Lagrasse
     

    J2 - Arrivée à Lagrasse
     

    Lagrasse est un petit village d’un peu plus de 500 habitants construit au bord de l’Orbieu. En traversant la rivière, on a une belle vue sur le vieux pont du 12° siècle et sa magnifique arche qui enjambe l’eau. Au fond, le clocher de l’abbaye Sainte Marie d’Orbieu dépasse des arbres.
     

    J2 - Lagrasse - Pont vieux sur l'Orbieu
     

    Cette abbaye fut officialisée par Charlemagne en 778 et devint l’une des plus importantes de France avant d’être vendue comme bien national à la révolution.

    Je parcours les petites rues, passe à l’église Saint Michel et me met à la recherche d’un endroit pour manger. Une pizzeria sur la promenade qui a remplacé les remparts me sert une napolitaine tout à fait correcte.

    Je repars une heure plus tard, rassasié, le téléphone rechargé, les gourdes remplies et la moitié de la pizza dans le sac pour un prochain repas. Entre temps, les nuages du matin se sont dissipés et il fait à nouveau beau et chaud.

    Lagrasse est adossée à une colline boisée qui me barre le passage. Pour éviter le long contournement routier par le sud, je dois la franchir. J’ai repéré sur la carte un sentier qui grimpe tout droit jusqu'au sommet. Pour la descente je verrai. Mais le sentier sera-t-il bien là ?

    Oui, il est bien là. La pente est raide et je monte très lentement, ralenti par le poids du sac. En haut, il rejoint une belle piste qui longe la crête et je suis très content de découvrir un autre sentier non mentionné sur la carte qui me permet de descendre l’autre versant et de rattraper directement la piste qui mène à la ferme de Terre Rouge, la bien nommé.
     

    J2 - Sur la piste vers Terre Rouge
     

    Ensuite, c’est une petite route qui mène tout droit au village de Tournissan et sa jolie et très sobre chapelle Saint Roch et, trois kilomètres plus loin, arrive au village de Saint-Laurent de la Cabrerisse.
     

    J2 - Tournissan- Chapelle St Roch
     

    Tout le long de la route, je continue à grappiller quelques raisins et m’arrête même pour une petite sieste à l’ombre d’un bosquet de chênes verts. Pendant que je me repose près de la route, un 4x4 Toyota passe et ralentit à ma hauteur mais ne s’arrête pas.

    Saint-Laurent de la Cabrerisse est un village de 700 habitants construit à la confluence de la Nielle et du ruisseau de Jacou. Les murailles qui entouraient le village primitif ont disparu et l'agglomération déborde maintenant largement en s'étirant le long de la départementale qui traverse la commune.

    En entrant dans le village, je rencontre le Toyota de tout à l’heure. La dame qui est au volant me reconnait et stoppe pour me dire qu’elle avait failli s’arrêter pour voir si j’allais bien. C’est gentil. Nous discutons un moment puis repartons chacun de notre côté.

    Je traverse le pont sur la Nielle, un affluent de l’Orbieu où l'eau s'écoule paisiblement, ce qui change des lits à sec habituels.
     

    J2 - St Laurent de la Cabrerisse - La Nielle
     

    C’est ici que je dois me réapprovisionner pour la suite du parcours. Il me faut acheter à manger pour tenir jusqu'au lendemain soir. Un petit supermarché me fournit tout ce dont j'ai besoin et je remplis à nouveau mes gourdes d’eau. C’est dans ce genre de situation que l’on se rend compte de l’importance de l’eau. Avoir toujours suffisamment d’eau a été ma préoccupation pendant cette marche.

    Je quitte le village pour rejoindre un grand massif de collines que je vais devoir traverser. Une petite route puis une piste à travers les vignes me permet d’arriver au pied puis je m’engage dans un vallon assez encaissé et très boisé. J’ai prévu de m’arrêter à l’entrée de ce vallon. Au début de la piste, un grand panneau explique que le cirque de Vivies dans lequel je pénètre est un site où la nature est préservée. La chasse y est interdite et plusieurs itinéraires de randonnée y sont balisés. Je vois que l’un d’entre eux emprunte le parcours que j’ai prévu de suivre. Parfait, il y aura bien un chemin. Je décide de m’enfoncer plus avant dans le cirque pour trouver un endroit bien à l’abri du vent qui souffle toujours aussi fort. Un kilomètre plus loin, j’ai ce qu’il me faut, à une vingtaine de mètres du sentier, sous des chênes et protégé par des taillis épais. Pratiquement plus de vent. J’installe ma bâche en guise de toit, attachée aux branches des arbres tandis que le poncho fait office de mur.
     

    J2 - Bivouac dans le cirque de Vivies
     

    Je suis bien à l’abri tandis que le vent secoue le sommet des arbres au-dessus de moi.
     

    J2 - Bivouac dans le cirque de Vivies
     

    Pendant la nuit, j'ai entendu la pluie tomber sur ma toile. Au réveil, le temps est resté bien couvert et il tombe un léger crachin lorsque je démarre.

    Ce matin, mon parcours commence par une côte très raide pour sortir du cirque de Vivies. La montée est dure. Plus je monte, plus le vent et le crachin se font sentir, ce qui est agréablement rafraîchissant et je peux continuer à marcher en T-shirt.
     

    J3 - Sortie du cirque de Vivies
     

    Je fais une pause en arrivant sur le rebord du plateau où je domine le cirque et ses falaises.
     

    J3 - Le cirque de Vivies
     

    Devant moi, une belle piste se lance dans la traversée de ce massif de collines où seuls les buissons bas de la garrigue et quelques bosquets de pins ont réussi à pousser.
     

    J3 - Sur la piste vers le Mont Mija
     

    Quatre kilomètres plus loin, la piste redescend dans la vallée suivante, ses routes, ses fermes et ses vignes. Au bas de la colline, je passe près de la ferme du Saut où je peux à nouveau emplir mes gourdes puis je me lance dans la traversée des vignobles pour atteindre les collines suivantes.

    Je rattrape une machine à vendanger en action qui avance lentement dans une vigne. La machine secoue les souches pour faire tomber les grains de raisins récupérés dans des bacs. Il y a beaucoup de pertes car toutes les grappes ne sont pas prises dans la machine, notamment celles placées au bas de la souche. Mais le viticulteur est tout seul sur sa machine. Finis les "colles" de dix ou vingt ouvriers qui ramassaient les grappes à la main pendant plusieurs jours.
     

     J3 - Machine à vendanger à Donos
     

    Ces pensées me ramènent dans ma lointaine jeunesse quand je participais à la vendange de la vigne que mon grand-oncle cultivait dans la vallée de l’Aude. À cette époque, les vendanges étaient une fête. Toute la famille et les amis se retrouvaient pour cueillir les raisins. Un homme portant une hotte métallique passait entre les rangées pour récupérer les grappes qui étaient versées dans des comportes en bois. La récolte était ensuite amenée à la cave coopérative de Limoux où elle contribuait à l'élaboration de la fameuse Blanquette. Je me souviens aussi du pique-nique sur le talus au bord de la route nationale où il ne passait guère de voitures.

    Une autre époque.

     

    De l’autre coté de la petite plaine, je dois passer par la ferme de Grange Neuve mais à l’entrée du chemin qui y mène, se dresse le redouté panneau "Propriété privée". Un tracteur arrive conduit par une jeune femme et j’essaie de négocier mon passage. Elle reste intransigeante et je dois rebrousser chemin et trouver un autre itinéraire.

    À un kilomètre de là, je trouve un cheminement à travers un bosquet qui m’évite le détour par la route départementale. Il me faut franchir un ruisseau à sec particulièrement broussailleux où je m’égratigne copieusement, mais je réussis à passer de l’autre coté et à rejoindre le hameau des Clauses où je retrouve l’itinéraire prévu.

    Une nouvelle grimpette me permet d’atteindre le sommet d’une longue ligne de crête. De l’autre coté, la descente mène à la ferme de Pradines puis mon itinéraire bifurque plein sud par une petite route qui conduit à une ferme isolée où je vais passer.

    Le soleil revient et j’en profite pour faire une pause et manger mon repas de midi qui consiste en une tomate achetée la veille et la moitié de pizza que je transporte depuis Lagrasse. La tomate a pris des coups et la pizza ne ressemble plus à rien mais je n'ai pas le choix si je veux apaiser ma faim.
     

    J3 - Pause casse-croûte  avant Taura
     

    Sous le soleil qui tape fort, je marche sur cette petite route qui se met à grimper sérieusement. Seule distraction, l’apparition de plusieurs boucs aux cornes étonnamment longues qui fuient immédiatement à mon approche. Je m'inquiète car ma provision d’eau diminue. Je compense avec les raisins grappillés ici et là. J’arrive finalement sur un replat pelé au bout duquel se dresse la ferme de Taura où j’espère trouver de l’eau. Sur ce petit plateau, un troupeau de chèvres et de boucs essaie de trouver quelque chose à manger.
     

    J3 - Chèvres près de Taura
     

    J’arrive à la ferme en même temps qu’une voiture qui a suivi le même chemin que moi. Ce n’est pas le fermier mais un gars qui connait bien les lieux pour venir régulièrement chercher du fumier pour son jardin. Personne ne sort de la ferme malgré nos appels. Il m’explique que la ferme appartient à une certaine Valérie qui l’exploite toute seule. Mais Valérie ne fait pas son apparition et je quitte ce compagnon éphémère pour continuer mon chemin, sans avoir pu remplir mes gourdes mais pourvu d'une grosse grappe de raisins qu’il m'a donnée avant de me quitter.

    Le vent souffle toujours aussi fort et le ciel est lentement envahi de gros nuages noirs annonciateurs de pluie.

    Pendant que je finis la traversée de ce massif par une belle piste qui rejoint la vallée de la Berre, je suis très vite rattrapé par l’averse crachée par les nuages noirs. Ce n’est plus le crachin agréable de ce matin, c’est une vraie pluie bien drue et cette fois, je dois enfiler le poncho que je ne pourrai enlever qu’en atteignant la D 611 qui rejoint le village de Portel-des-Corbières.
     

    J3 - Sous la pluie en descendant vers Portel
     

    Pour éviter de marcher le long de la départementale, j’emprunte un chemin qui serpente de l’autre coté de la rivière, le long des collines où s’étend le domaine de Lastours. La route qui descend de la propriété traverse la Berre sur un joli pont à plusieurs arches qui, comme partout dans la région, paraissent inutilement immenses au dessus du cours d'eau quasiment à sec.
     

    J3 - Pont de Lastours près de Portel
     

    Puis elle passe près de la chapelle Notre Dame d’Oubiels, dont il ne reste plus grand chose avant d’atteindre le village.

    J3 - Chapelle N D des Oubiels à Portel


    Ici aussi, je ne rencontre personne dans les rues. 
    À se demander où tout le monde est passé. Je franchis le grand pont qui domine le lit de la rivière Berre. À chaque extrémité, il y a un étonnant panneau "Défense de plonger". S'il a été placé là, c'est que certains devaient le faire. Un saut qui me parait hasardeux étant donné la hauteur du pont à une vingtaine de mètres de l'eau et l'apparente faible profondeur de la rivière.
     

    J3 - Portel - Pont sur la Berre
     

    À la sortie du village, un vieux monsieur en train de travailler son jardin me donne aimablement de l’eau et je peux terminer cette étape avec ma réserve de deux litres.

    Au-delà du village, le chemin avance dans une plaine couverte de vignes. C’est dans cette zone que j’ai prévu de m’arrêter pour la nuit et je dois trouver un petit coin bien abrité du vent. C’est au bout d’un kilomètre que je découvre l’endroit idéal : à l’écart du chemin, une des vignes est protégée du vent par un épais rideau de roseaux.

    J’installe mon bivouac contre les roseaux. C’est parfait. Il n’y a pratiquement pas de vent et les roseaux penchés par la force du vent forment un toit au-dessus de moi.
     

    J3 - Bivouac dans lou Beal après Portel
     

    La nuit n’a pas été mauvaise malgré le bruit du vent et la crevaison de mon matelas gonflable. Mais il n’a pas plu.

    Quand je me lève à 7h15, j’ai droit à un joli lever du soleil sous les nuages noirs.
     

    J4 - Lever du soleil
     

    C’est la dernière étape qui va me conduire à Port-la-Nouvelle à travers la plaine côtière abondamment plantée de vignes et protégées par d’innombrables haies de roseaux.

    J4 - Le chemin vers Sigean

    Dans cette région, le vent est omniprésent et souffle souvent très fort, ce qui est le cas aujourd’hui.

    Quelques kilomètres plus loin, je passe sous l’autoroute A 9 où des files de camions roulent en direction de l'Espagne.
     

    J4 - Passage sous l'A9
     

    Encore quelques kilomètres et voici Sigean, gros bourg de 5500 habitants construit sur une butte dominant les étangs de Bages et de Sigean. Le balisage du chemin me fait faire le tour du vieux village et je peux voir au passage la fontaine vieille, ancienne fontaine publique reliée à un puits qui assurait l’alimentation en eau de la ville autrefois.
     

    J4 - Sigean - Fontaine vieille
     

    Plus loin, dans la rue du château, c’est une maison bien banale mais dans laquelle Molière fut hébergé lors du passage de Louis XIII en 1642.
     

    J4 - Sigean - Maison de Molière
     

    J4 - Sigean - Maison de Molière
     

    Je décide d’une pause café et m’installe à la terrasse d’un bar sur l’avenue principale. Quand je repars, le ciel a commencé à se dégager et le soleil brille à nouveau.

    Plus loin, plusieurs panneaux indiquent la direction des différents itinéraires de randonnée aux environs dont celui que je dois emprunter pour quitter le village.
     

    J4 - Sigean - Panneaux
     

    Je pourrais suivre tranquillement le balisage de ce GR qui rejoint le sentier cathare plus au sud, mais, ayant l’intention de parcourir ce sentier plus tard, je voudrais m'abstenir d’y passer. J’ai donc repéré un itinéraire qui l’évite et qui, en même temps, raccourcit le trajet.

    Au bout de quelques kilomètres, la piste sur laquelle je marche disparaît. J’avance dans les taillis et découvre qu’elle a été obstruée par un grand talus de terre et de pierres. De l’autre coté, passe la large piste empruntée par les énormes dumpers qui charrient la roche extraite de la gigantesque carrière de gypse qui grignote les collines. Je franchis le talus et reprend ma marche sur cette large piste qui suit le même tracé.

    De l’un des points hauts, on voit enfin la mer.
     

    J4 - La mer en vue au Pla de Guiraud
     

    À l’entrée de la carrière, des ouvriers m’indiquent par où sortir et descendre directement vers Port-la-Nouvelle. Très vite, je retrouve le balisage du PR et décide de faire la pause casse-croûte, la dernière de mon parcours. Je n’ai plus grand-chose à manger. Un morceau de pain qui date de lundi, une tomate bien abîmée et un bout de saucisson.
     

    J4 - Dernier casse-croûte avant l'arrivée
     

    Il ne reste qu’à rejoindre la ville. Je passe près des cimenteries alimentées par la roche extraite de la carrière.
     

    J4 - Port la Nouvelle - Usine de ciment
     

    Je longe un canal, traverse la voie ferrée et remonte l’avenue de la gare.

    Ce sont les derniers hectomètres de cette marche qui se termine sous un beau soleil. Il est presque 14h quand j’arrive à la gare. C’est une gare automatisée. Plus personne pour accueillir les voyageurs, le bâtiment est fermé et il ne reste que le strict minimum, un écran annonçant l’horaire des trains et une machine pour acheter les billets.

    Je découvre que, à cause d’une énième grève de la SNCF, plusieurs trains sont annulés dont celui que je comptais prendre à 15h38 et je dois attendre le suivant à 16h33.

    J’ai tout le temps de me prendre en photo devant la gare avant d’aller voir à quoi ressemble la ville.
     

    J4 - Devant la gare de Port la Nouvelle
     

    Même sous le soleil, Port-la-Nouvelle me parait bien morne. Quasiment personne dans les rues qui se coupent à angle droit. Certes, je ne suis pas allé jusqu’au bord de mer mais je n’ai vu que peu de commerces et un seul bar où je me suis arrêté pour boire un verre, mettre à jour notes et photos et passer le temps.

    Le train arrive à l’heure exacte et j’embarque dans un TER qui me ramène en toute sécurité à Montpellier.

    L’aventure est terminée.
     

     J4 - TER retour
     

    Je rentre un peu fatigué certes mais ravi de cette escapade de quatre jours dans les collines sauvages du massif des Corbières. Malgré une météo pas très optimiste au départ, je n’ai pas souffert de la pluie qui est restée discrète.

    J’ai parcouru environ 85 kilomètres dans un terrain pas très facile mais sans grande dénivelé non plus. La seule vraie difficulté a été le poids du sac dû à la nécessité d’emporter du matériel pour pouvoir dormir dehors sans problème. Bien sûr, j’aurais sans doute pu trouver des hébergements dans les villages que j’ai traversés mais j’aime beaucoup dormir dehors. Pour moi, la recherche d’un endroit adéquat et l’installation du bivouac font partie du plaisir de la randonnée autant que la marche.

     

    Un bilan qui ne peut que m’encourager à préparer une nouvelle randonnée similaire.

     

     

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Dessonet
    Lundi 28 Novembre 2022 à 11:27

    Toujours trés intéressants tes voyages, même aux portes de Montpellier.

      • Jeudi 1er Décembre 2022 à 12:43

        Merci. C'est vrai qu'il y a des endroits sympa que l'on ne connait pas forcément même s'ils sont tout près.

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