• AU PAYS DES CADRANS SOLAIRES

    Ce mois d’août 2020 un peu particulier, nous avons voulu échapper aux grosses chaleurs méditerranéennes et avons décidé d’un petit séjour dans les Alpes du sud qui nous a permis de parcourir une magnifique région.

      

    AU PAYS DES CADRANS SOLAIRES

     

    Situation sanitaire oblige, nous avons dû revoir nos plans pour les vacances d’été 2020. Comme beaucoup de Français, nous sommes restés dans l’hexagone et avons choisi de parcourir les Alpes du Sud, pour ses magnifiques paysages et aussi pour y trouver des températures plus clémentes que dans notre Languedoc natal. Notre périple de onze jours nous a conduits dans les Alpes de Haute Provence et dans le Queyras, le retour nous ayant permis de découvrir les hauts lieux que sont les gorges du Verdon et Moustiers Sainte Marie.

     

    La première étape de notre parcours était le petit village d’Auzet, au nord de Digne, tout en haut de la vallée de la Grave, au pied du col du Fanget qui permet de basculer dans le bassin de la Durance.

    Sous l’implacable soleil méditerranéen, nous avons quitté l’autoroute A 51 toujours aussi peu fréquentée à hauteur du centre d’études de Cadarache pour couper à travers le plateau de Valensole. À Vernon-sur-Verdon, la pause pique-nique à l’ombre des peupliers au bord de la rivière et la baignade dans l’eau fraîche ont été très agréables.
     

     Pique nique à Vernon sur Verdon
     

    Après Gréoux-les-Bains, la route grimpe le long du ravin de Laval pour atteindre Valensole, joli village provençal construit sur le flanc d’une colline.
     

    Valensole
     

    Depuis le château du grand jardin tout en bas, nous grimpons par d’étroites ruelles, de fontaines en petites places, jusqu’à l’église Sainte Blaise du 14° siècle dont le clocher à campanile domine le village.
     

     Valensole - Petit château
     

    Valensole - Fontaine

     
    Valensole - Clocher de l'église et son campanile

     
    La route traverse ensuite le plateau de Valensole. À perte de vue, champs de lavande et de blé alternent, ponctués par les silhouettes noires de quelques amandiers isolés. Malheureusement, la lavande a déjà été coupée et nous sommes privés du magnifique spectacle des vagues bleues et violettes offert par les alignements des touffes. Seul, l’enivrant parfum nous accompagne jusqu’au poteau de Telle où, brutalement, les bois de chênes et de buis reprennent le dessus dans la sinueuse descente dans la vallée de l’Asse.

    Après avoir traversé Digne-les-Bains, nous allons découvrir deux sites géologiques peu connus bien que quasiment uniques en Europe. Le premier est la dalle aux ammonites, une immense paroi de calcaire gris découverte lors de l’élargissement de la route. Vestige de fonds marins soulevés par l’érection du massif des Alpes il y a quelques 200 millions d’années, elle présente plus de mille cinq cents ammonites de toutes tailles, certaines atteignant 70 cm de diamètre.
     

    Digne - La dalle aux ammonites
     

    Digne - La dalle aux ammonites
     

    Quelques kilomètres plus loin, se trouve le site de l’ichtyosaure, un reptile qui pullulait dans les mers du mésozoïque, il y a 250 millions d’années. Doté d’un corps de dauphin, d’un museau allongé pourvu de dents pointues, il pouvait mesurer jusqu’à vingt mètres de long et se nourrissait de poissons et d’ammonites. Celui dont le squelette fossilisé a été découvert près du col de Jas mesure 4,5 m. Pour y arriver, il faut remonter un ravin où les bois de chênes permettent de marcher à l’ombre une grande partie du trajet. 

     Digne - Montée au site de l'Ichtyosaure

     
    Autant la dalle aux ammonites était intéressante, autant ce site est décevant. Malgré le caractère unique de ce fossile, l’ichtyosaure est à peine visible pour les néophytes que nous sommes, d’autant qu’il est protégé par une construction et qu’on ne peut l’admirer qu’à travers une verrière. La déception est d’autant plus grande que nous avons dû marcher quatre kilomètres dans l’étouffante chaleur de l’après-midi.

    Nous reprenons la voiture pour terminer les derniers kilomètres avec un détour par le col du Labouret, la route directe par les spectaculaires clues de Barles étant coupée par un éboulement.

    Il est presque 20 H quand nous arrivons à Auzet et nous allons directement nous installer au gîte de la fontaine de l’ours à l’entrée du village.

    Qu’allons-nous faire en cet endroit ?

    Nous allons y retrouver des amis qui partagent une passion commune, celle de l’automobile. Voitures anciennes de compétition amoureusement restaurées, mais aussi miniatures reproduisant à l’échelle 1/43° avec fidélité et précision les voitures de rallye les plus célèbres.

    Le maître des lieux est Piu, de son vrai prénom François, instituteur à la retraite ayant racheté l’école où il enseignait et dont il a fait son antre. C’est un exclusif des Ford Escort mais aussi un passionné des fossiles dont il possède une impressionnante collection, des orchidées sauvages qu’il photographie régulièrement et de bien d’autres choses.

    Nous y retrouvons Jean-Pierre, autre passionné des voitures anciennes, propriétaire d’une Renault 8 Gordini en parfait état, ainsi que Michel et son épouse Flo. Michel et Flo, des voisins montpelliérains, sont venus la veille avec leur camping-car. Michel est aussi un passionné possédant une belle Escort groupe 2 et quelques autres vrais autos sans compter une belle collection de miniatures.
     

    Auzet - Jean-Pierre et Michel parlant voiture

     
    Le dîner est très animé, la côte de bœuf grillée au barbecue excellente et la fraîcheur de l’air après le coucher de soleil nous oblige à enfiler les polaires, ce qui ne nous était pas arrivé depuis longtemps.

    Il est tard lorsque nous redescendons à la fontaine de l’ours. Nous sommes les seuls occupants du gîte et pouvons donc prendre nos aises.

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    Les deux jours suivants sont consacrés à l’automobile sous toutes ses formes. Sous le hangar, le remontage de l’Escort groupe 2 est presque terminé. La boite de vitesses vient d’être changée ainsi que la crémaillère de direction et Jean-Pierre et Piu s’activent à remonter ressorts de suspension et amortisseurs et à régler le train avant.
     

    Auzet - Remontage de l'Escort

     
    Pendant ce temps, au rez-de-chaussée de l’école transformé en magasin de pièces détachées et atelier, se déroule une autre activité bien plus minutieuse, le moulage de voitures miniatures en résine. Processus relativement simple mais réclamant du doigté et de la patience que je ne décrirai pas ici pour ne pas ennuyer celles et ceux qui ne sont pas des passionnés (ées).
     

    Auzet - Moulage  de la miniature
     

    Auzet - Moulage de la miniature


    Auzet - Moulage de la miniature


    Pendant que se déroulaient ces activités typiquement masculines, Hélène et Flo visitaient les alentours, randonnaient dans les montagnes voisines ou allaient jusqu’à Seyne faire les courses pour la communauté. Car les repas pris tous ensemble sont de grands moments où les discussions passionnées n’empêchent pas d’apprécier la bonne chère fournie par le barbecue qui a tourné à plein régime pendant ces journées.
     

    Auzet - Préparation du repas - Hélène Piu et Flo
     

    Auzet - La maison de Piu - Max Flo Michel Hélène Piu et Jean-Pierre
     

    Finalement, la réparation de l’Escort est terminée et il est temps d’effectuer un petit galop d’essai. Une fois bien calés dans le siège baquet par le harnais bien serré, nous partons pour un aller-retour sur la petite route tortueuse qui mène au col du Fanget, Les 180 cv du moteur catapultent la voiture de virage en virage, d’accélérations qui collent au siège en violents freinages ponctués par le claquement des changements de vitesses. Avec ses larges pneus racing, la voiture glisse à peine dans les courbes malgré le gravier qui recouvre la chaussée par endroit. De retour à Boreham, c’est le nom de la maison de Piu (les connaisseurs apprécieront), Jean-Pierre déclare la voiture prête.

    Les journées passent vite avec ces multiples activités. Dans la salle de classe, la fabrication du moule destiné à reproduire à l'échelle 1/43° la BMW 3.0 CSL groupe 4 de Hazard Mangel, 5° au Tour Auto 1977, avance.

    Vendredi soir, nous descendons tous à Digne à l’invitation de Jean-Jacques, autre passionné, qui nous régale d’un excellent dîner pris au frais sur sa terrasse. Mais avant de passer à table, Piu et Jean-Pierre ont démonté le train avant de l’Escort de Jean-Jacques (encore une !) pour essayer de trouver l’origine d’un bruit parasite un peu inquiétant.

    En plus de cette Escort échelle 1, Jean-Jacques possède une magnifique collection de voitures de rallye au 1/43° que nous admirons tous, passionnés que nous sommes.

    Sur la route du retour, dans la nuit, nous surprenons deux biches dans le faisceau des phares.

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    Samedi 8 août.
    Nous quittons le très agréable gîte de la fontaine de l’ours et passons chez Piu terminer la réalisation des BMW. Lorsque nous soulevons le bloc de silicone, le premier exemplaire en résine apparait. Ce n’est pas parfait, quelques bulles d’air n’ont pu s’échapper malgré le passage sous la cloche à vide. Les suivants seront mieux.

     

    Il est déjà 16 H lorsque nous quittons Auzet pour rejoindre notre prochaine étape dans le Queyras.

    Nous franchissons le col du Fanget, redescendons sur Seyne et longeons le lac de Serre-Ponçon pour rejoindre à Savines-le-Lac la nationale Gap Briançon, encombrée de nombreux touristes qui provoquent un bouchon dans la traversée d’Embrun et des ralentissements jusqu’à Mont-Dauphin. Là, nous quittons la grande route et la vallée de la Durance pour rouler plus tranquillement vers Guillestre, Château-Queyras, Aiguilles et, finalement Abriès, presqu’au bout de la vallée du Guil.
     

    Chateau Queyras

     
    Mais nous ne sommes pas encore arrivés. Il reste à remonter sur une dizaine de kilomètres la vallée du torrent du Bouchet. Après quelques lacets, nous arrivons au hameau du Roux qui étale ses maisons blanches au soleil.
     

    Hameau des Roux au-dessus d'Abriès

     
    La route continue, très étroite, à flanc de montagne jusqu’au hameau de Valpréveyre dominé par sa petite église, restaurée après avoir été détruite par une avalanche en 2008. C’est là, à 1850 m d’altitude que se situe notre camping, au confluent des torrents du Bouchet et d’Urini.

    C’est un camping qui nous rappelle celui d’Ailefroide dans les Écrins. Ambiance décontractée, clientèle de randonneurs, des sanitaires bien agencées et propres et rien d’autre. On s’installe où l’on veut dans la vaste clairière ou sous les mélèzes. Il n’y a plus de place à l’abri des arbres et nous montons la tente sur un replat dans l’herbe de la prairie. Une partie de la clairière est réservée aux marmottes qui y ont creusé leurs terriers.

    Lorsque le soleil disparaît derrière la montagne de Clausis, la température chute sérieusement et il faut enfiler la polaire pour dîner.

     

    Sous la tente, enfouis dans nos duvets, nous avons passé une excellente nuit et nous savourons le petit-déjeuner pris au soleil qui vient de sortir au-dessus des bois de l’Issartin. La température remonte immédiatement à des valeurs plus estivales.

    Avant toute chose, nous devons redescendre à Abriès nous réapprovisionner.

    Abriès est un petit village de 300 habitants qui est devenu une station touristique aux portes de la réserve naturelle de la haute vallée du Guil. Les maisons aux façades de bois s’étirent le long de la rue principale, leurs balcons débordant de géraniums. Il y a un vide-grenier installé sur la place que nous parcourons pour trouver la pièce rare, en l’occurrence, un joli chapelet ancien à offrir à notre fille et une vieille miniature Dinky Toys peu commune représentant un coupé Borgward Isabella.

    Il y a aussi un petit supermarché où nous trouvons tout ce dont nous avons besoin, y compris un excellent pain artisanal.

     

    Pour éviter des allers-retours inutiles vers le camping, nous décidons de consacrer la journée à la visite de Saint Véran, dans la vallée voisine, réputé pour être le plus haut village d’Europe. Il étale ses cinq quartiers sur l’adret de la montagne du Grand Serre à 2040 m d’altitude et est devenu un haut lieu touristique. Mais on s’y promène à pied car les voitures doivent se garer obligatoirement sur le parking payant en contrebas du village, ce qui préserve tranquillité et pittoresque.

    Tout autour, les sommets des montagnes culminant à 3000 m forment un cadre extraordinaire qui met en valeur le charme du village, l’un des plus beaux de France.
     

    St Véran - Le village sur l'adret
     

    Nous remontons la rue principale qui s’étire sur plus d’un kilomètre, passant d’un quartier à l’autre. Autrefois, ces quartiers étaient isolés les uns des autres par un espace coupe-feu pour lutter contre les incendies, plaie de ce village où toutes les maisons sont en bois. En 1516, un premier incendie avait détruit tout le village mais en 1686, grâce aux coupe-feux, un seul quartier avait brûlé lors d’un nouvel incendie.

    Notre promenade nous fait découvrir ces magnifiques maisons qui servaient à la fois d’habitation, d’écurie et d’étable et de stockage des récoltes.

    Le rez-de-chaussée est bâti en épais murs de pierres, percés de petites fenêtres pour lutter contre le froid. Il abrite l’écurie et l’habitation. Hommes et bêtes vivaient dans la même pièce pour profiter de la chaleur animale, les animaux au fond et les gens près des fenêtres dormant dans des lits clos.

    Sur le coté, une annexe en pierres et toit de lauzes, appelé caset, abritait la cuisine, la réserve de pain, une petite étable pour les brebis et, parfois une chambre ou deux pour les travailleurs saisonniers.

    Au-dessus, s’élève le fuste, grange construite en troncs de mélèzes pour laisser passer l’air et permettre ainsi le séchage du foin. Sur les façades exposées au sud, de grands balcons garnis de fleurs s’étirent sur toute la largeur de la maison. Les toits autrefois en bardeaux de mélèze sont de plus en plus remplacés par des tôles ou autres matériaux modernes moins pittoresques.
     

    St Véran - L'église réformée dans le quartier de Belle Pierre
     

    Au fil de nos pas, nous rencontrons des fontaines alimentées par de petites sources. Chaque quartier en possède une, construite en bois de mélèze, imputrescible. Souvent agrémentées de fleurs, elles sont constituées d’une partie ronde où coule l’eau et où les gens prenaient l’eau et où s’abreuvaient les animaux. De là, l’eau s’écoule vers un bassin rectangulaire qui servait à laver le linge. 

    St Véran - Quartier du Chatelet - Fontaine

     
    St Véran - Quartier du Chatelet - Fontaine
     

    On trouve aussi dans le village plusieurs croix de mission. Elles étaient dressées à chaque passage d'un missionnaire venant apporter la bonne parole aux paroissiens.
     

    St Véran - Quartier de Belle Pierre - Croix de mission


     St Véran - Croix de mission

    Ces croix, dites aussi croix de la Passion, portent les symboles de la Passion du Christ, expliqués sur des panneaux : 

    Explications des symboles des croix de mission
     

    Sur la place du village, face à la mairie, se dresse l’église Saint Véran entourée du cimetière date du 17° siècle. L’entrée est gardée par deux statues de lion bien usées tandis que l’intérieur très simple ne se distingue que par un retable de style baroque. Sans doute l’influence de l’Italie toute proche.
     

    St Véran - Intérieur de l'église

    Plus loin, se dresse un temple protestant, ce qui peut paraître étonnant dans une région très catholique. Après la révocation de l’édit de Nantes en 1685, beaucoup de protestants sont venus se réfugier dans ces hautes vallées difficiles d’accès et d’où ils pouvaient rapidement passer en Italie en cas de danger.

     

    Cette région des Alpes est l’une des plus ensoleillées de France et il n’est pas étonnant qu’avec plus de 300 jours de soleil par an, le cadran solaire fût longtemps le moyen le plus sûr de marquer l’écoulement du temps.

    Les cadrans solaires sont très répandus sur les églises mais aussi sur les maisons de la région, raison pour laquelle j’ai intitulé ce récit "au pays des cadrans solaires". Celles et ceux qui ont lu mes précédentes publications connaissent mon intérêt pour ces indicateurs du temps qui sont aussi le moyen d’exprimer une croyance religieuse, d’afficher des proverbes et autres sentences morales souvent écrites en latin, faisant référence à la fugacité de la vie et à l’éternité. Ils sont aussi souvent de jolies œuvres d’art qui agrémentent églises et maisons aux façades sobres.

    À lui tout seul, le village de Saint Véran en possède 26 dont voici quelques exemplaires :
     

    St Véran - Cadran solaire sur le clocher de l'église 

    St Véran - Cadran solaire sur la façade de la mairie
     

    St Véran - Cadran solaire sur une maison
     

    St Véran - Cadran solaire sur une maison
     

    St Véran - Cadran solaire sur une maison
     

    Le musée du Soum installé dans l’une des plus anciennes maisons du village où sont présentés tous les éléments de la vie paysanne étant fermé, nous avons dû nous contenter de deux expositions installées dans les anciens fours à pain du village. Celui du quartier de la Ville présente le fonctionnement du four à pain et son intégration dans la vie sociale du village tandis que celui du quartier des Forannes abrite une exposition sur les anciennes mines de cuivre exploitées depuis la préhistoire et jusqu’en 1961. Les conditions d’exploitation difficiles en raison de l’altitude et de la configuration du filon n’ont jamais permis de rentabiliser ce gisement malgré la richesse du minerai.


     

    En quittant ce beau village, nous empruntons la route qui grimpe jusqu’au col Agnel à 2744 m d’altitude sur la crête frontière avec l’Italie. La route est belle et large et serpente dans la large vallée de l’Aigue Agnelle et ses magnifiques paysages. Au col, déception, les nuages montant du coté italien cachent le panorama annoncé sur le Mont Viso et le froid n’incite pas à musarder.
     

    Col d'Agnet 2744m - Sur la borne frontière
     

    Plus bas, nous retrouvons soleil et chaleur et faisons halte au bord du torrent près du rocher d’Hannibal où une plaque a été scellée rappelant que les armées d’Hannibal seraient passées par là en 218 avant JC au début de la deuxième guerre punique ainsi que Jules César en 51 avant JC puis quelques personnages plus modernes comme le chevalier Bayard en 1515 et d’autres. J’ai lu sur Internet l’abondante documentation concernant la traversée des Alpes par le général carthaginois à la tête de plus de 38000 hommes, 8000 chevaux et une quarantaine d’éléphants de guerre. On ne sait pratiquement rien de l’itinéraire qu’il aurait emprunté. En tout cas, le col d’Agnel n’est nulle part mentionné comme passage probable parmi les diverses hypothèses le faisant passer par les vallées de la Haute Durance ou de l’Ubaye.
     

    Route du col d'Agnet - Plaque sur le rocher d'Hannibal

    En redescendant, nous faisons halte à Molines-en-Queyras, petit village de 300 habitants, dont l’église Saint-Romain est célèbre pour son original clocher carré coiffé d’un toit à quatre pentes abritant les cloches.
     

    Val d'Aigue Blanche - Molines - Eglise St Romain
     

    Tout autour, le minuscule cimetière offre une paisible et bucolique dernière demeure à ses habitants, entouré de hautes montagnes aux pentes couvertes de forêts de mélèzes.
     

    Val d'Aigue Blanche - Molines - Eglise St Romain - Le cimetière
     

    Sur le mur de l’église ont été apposé des plaques émaillées provenant de tombes anciennes qui ont dû être enlevées pour faire de la place.
     

    Molines - Eglise St Romain - Plaques tombales
     

    Et bien sûr, ici aussi, un cadran solaire a été installé sur le mur de l’église avec sa devise en latin, "ora ne te rapiat hora", "prie pour ne pas raccourcir ton heure", une vive incitation à la prière.
     

    Molines - Eglise St Romain - Cadran solaire - Prie pour ne pas raccourcir ton heure


    Au camping, le soleil brille encore à notre retour et nous pouvons finir de dîner avant que le soleil ne disparaisse derrière les crêtes des montagnes.

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    Le soleil qui a fait le tour complet vient juste d’atteindre notre campement quand nous partons à pied pour monter au col de Malaure sur la frontière italienne à 2536 m d’altitude. Nous traversons le hameau de Valpréveyre baigné par les premiers rayons de soleil. Au fond, le Bric du Bouchet nous nargue du haut de ses 2997 m d'altitude.
     

    Hameau de Valpréveyre et le Bric  Bouchet 2997m
     

    Puis, le sentier remonte la vallée du torrent du Bouchet qui, un peu plus haut, s’élargit en un large cirque d’alpages piqueté de quelques mélèzes et dominé par la pointe du Bric de Bouchet. Le pic est en partie pris par des nuages venant d’Italie qui basculent de plus en plus sur notre versant. Notre montée est scandée par les sifflements d’alerte des marmottes. Bien plus haut, presque en dessous du col, nous apercevons par hasard sur la crête de la montagne des chamois dont les têtes se découpent sur le ciel.
     

    Chamois sur les crêtes près du col de Malaure
     

    Le col de Malaure est pris dans le brouillard italien et nous nous abritons du vent glacial derrière un muret de pierres construit par de précédents randonneurs.
     

    Au col de Malaure 2536m
     

    La frontière est marquée par une borne en pierre. D’un coté est gravé le lys du royaume de France tandis que l’autre arbore la croix du duché de Savoie.
     

    Borne frontière du col de Malaure 2536m
     

    Nous ne nous éternisons pas au col et redescendons rapidement.

    Très vite, le temps se gâte et les premières gouttes de pluie sont accompagnées des grondements impressionnants du tonnerre. Il faut se dépêcher de s’éloigner de la zone dangereuse des crêtes et se mettre à l’abri dans le grand cirque en contrebas.

    Arrivé là, le ciel se dégage et le soleil refait son apparition et nous en profitons pour faire une pause casse-croûte. Mais l’éclaircie ne dure pas et c’est sous une pluie battante que nous arrivons au camping.

    Première urgence, installer un abri pour pouvoir dîner au sec. Quatre arbustes coupés dans le lit du torrent servent de support à deux de mes bâches fixées par des cordelettes à de grosses pierres. Le tour est joué.
     

    Notre bivouac au camping de Valpréveyre

    Valpréveyre - Sous la pluie
     

    Pendant que je m’active sous la pluie, deux jeunes femmes viennent installer leur petite tente Quéchua près de nous. Elles ont du mal à arrimer la toile et viennent me demander de l’aide ce qui nous permet de sympathiser.

    En fin de soirée, la pluie s’arrête enfin et le ciel commence tout doucement à se dégager mais les nuages ont envahi la vallée en dessous de nous.
     

    La vallée du torrent du Bouchet dans les nuages
     

    Au petit matin, nous retrouvons un magnifique ciel bleu pour cette troisième journée alpine. Sous le soleil revenu, nous partons pour une deuxième randonnée qui va nous mener au col d’Urini, lui aussi sur la frontière italienne, à 2525 m d’altitude. Le sentier remonte le long du torrent d’Urini qui coule près de notre campement. Après une grimpette assez raide dans les bois, on longe une grande clairière envahie par les beaux épilobes violets, puis un nouveau raidillon nous mène sur le replat de la Muande, un vaste alpage qui monte en douceur vers le col, dominé par les crêtes des montagnes. Il y a du monde aujourd’hui, l’itinéraire étant plus facile que celui de la veille, et nous rencontrons plusieurs marcheurs dans ce magnifique et paisible paysage où les seuls bruits sont les cloches d’un troupeau de vaches et les habituels coups de sifflet des marmottes. Marmottes qui se laissent plus facilement approcher que la veille.
     

    Marmotte sur le sentier vers le col d'Urini
     

    Nous croisons nos deux voisines qui, parties bien plus tôt que nous, redescendent déjà et nous finissons d’arriver au col où nous retrouvons une borne frontière identique à celle de la veille avec son lys et sa croix de Savoie. C’est là que nous pique-niquons au soleil face au panorama des montagnes italiennes. Malheureusement, le calme du lieu a été un peu perturbé par le bavardage incessant d’un autre randonneur.
     

    Pique-nique au col d'Urini
     

    En contrebas, sur le versant italien, un grand névé amuse beaucoup certains randonneurs qui font des glissades un peu hasardeuses.
     

     Coté italien du col d'Urini 2525m
     

    La descente se déroule sans problème à part une petite averse qui nous surprend dans les bois, suivie de quelques autres qui arrosent notre dîner et le début de nuit.

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    Nous quittons Valpréveyre après avoir pris le temps de laisser sécher notre matériel au soleil. Nous redescendons à Guillestre pour emprunter la large route qui monte à la station de sport d’hiver de Vars et passe la chaîne de montagne au col du même nom à 2108 m d’altitude. Halte obligatoire pour admirer l’immense paysage de montagnes qui s’étend à 360°.

    Paysage au col de Vars

    De l’autre coté, la route redescend dans la vallée de l’Ubaye, passant près d’une série de "pénitents", créés par l’érosion.

    Pénitents dans la descente du col de Vars
     

    L’arrêt pique-nique se fait à l’ombre des pins au bord de l’Ubaye, belle rivière aux eaux tumultueuses et glacées.
     

    Pique nique au bord de l'Ubaye 

    Au bord de l'Ubaye
     

    Nous nous arrêtons à Barcelonnette, ancien fief du 11° Bataillon de Chasseurs Alpins. Mais ce qui nous attire aujourd’hui, c’est le souvenir de l’épopée mexicaine. En 1805, les frères Arnaud partent du village de Jausiers pour tenter leur chance en Amérique. Ils font fortune à Mexico dans le négoce des tissus et reviennent au pays avec un joli magot, ce qui provoque une véritable ruée des habitants vers l’Amérique centrale, ruée qui durera jusqu’à la révolution mexicaine de 1910. Très attachés à leur vallée, tous revenaient au pays finir leurs jours et, devenus riches, faisaient construire de somptueuses villas, les villas "mexicaines". Datant du début des années 1900, elles présentent des styles architecturaux très variés et agrémentent la périphérie de cette petite ville. De la même manière, le cimetière regorge de tombes toutes plus extravagantes les unes que les autres, réalisés par des artistes italiens en marbre de Carrare.
     

    Barcelonnette - Tombes de "mexicains" au cimetière

    Nous passons d’abord voir le cimetière puis remontons l’avenue de la Libération où s’alignent quelques unes des plus belles maisons. Les plus étonnantes sont la villa bleue décorée d’un immense vitrail bleu représentant les usines textiles mexicaines du propriétaire et la villa Sapinière bâtie au milieu d’un grand parc planté de beaux arbres.

    Barcelonnette - Villa mexicaine - La villa bleue
     

    Barcelonnette - Villa mexicaine - La villa sapinière

    Elle abrite un musée qui présente la vie dans la vallée de l’Ubaye au fil du temps dans des pièces aménagées et meublées comme à l’époque de leur splendeur. Très intéressante est la partie dévolue à l’aventure des barcelonnettes au Mexique, agrémentée de nombreuses photos d’époque ainsi que le cabinet des curiosités où voisinent des objets provenant du monde entier et une collection d’animaux naturalisés.

     

    Nous repartons pour franchir le col d’Allos par une route très étroite et spectaculaire taillée dans des parois presque verticales et surplombant les à-pics impressionnants des gorges du Bachelard. Au col, à 2247 m d’altitude, la vue sur les sommets des Alpes Maritimes est grandiose. Une Land Rover un peu déglinguée est arrêtée à coté de nous. Un beau chien sort la tête à une des fenêtres latérales. J’engage la conversation avec le conducteur et lui dis que je trouve que son chien a une tête de loup. Il me répond «c’est normal, c’est une louve».

    C’est une bête magnifique qu’il a recueillie bébé et qui maintenant le considère comme son chef de meute. La bête dévore deux kilos de viande par jour et doit probablement être assez exclusive et ne pas accepter de concurrence. Difficile d’avoir une épouse dans ces conditions.

     

    Nous descendons vers la station de ski de La-Foux-d’Allos près de laquelle le Verdon prend sa source et continuons à descendre la vallée jusqu’à la petite ville de Colmars-les-Alpes, blottie derrière ses remparts. Quelques kilomètres en aval, le camping du Haut Verdon, installé dans un bois de pins et de bouleaux au bord de la rivière, nous accueille. C’est un joli camping, propre et très bien aménagé avec une piscine et un tennis, où nous allons passer deux nuits.

     


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    Le lendemain nous allons marcher jusqu’au lac d’Allos, le plus grand lac naturel d’altitude d’Europe situé à 2228 m. Il faut remonter en voiture jusqu’à l’entrée du village d’Allos puis prendre une petite route étroite qui grimpe jusqu’à un parking payant où nous laissons la voiture. De là, 45 minutes de marche nous mènent au lac par un excellent chemin qui monte tranquillement à travers bois de mélèzes et prairies. Tout le long, plusieurs panneaux expliquent la faune, la flore et la géologie du lieu.

    Le lac presque rond est dominé par les tours d’Allos, trois sommets calcaires très abrupts. Le ciel nuageux nous prive de la belle couleur azur pour laquelle il est réputé. Aucune rivière ne s’y jette, juste quelques ruisseaux, et aucune rivière ne s’en échappe car c’est par des fissures dans la roche calcaire que l’eau s’infiltre pour revenir à l’air libre quelques centaines de mètres en contrebas.
     

    Le lac d'Allos et les tours
     

    Le refuge qui surplombe le lac est fermé mais la petite chapelle consacrée à la Vierge Marie, moitié grotte, moitié construction est bien ouverte et des cierges brûlent à l’intérieur.
     

    Lac d'Allos - Chapelle N D des Monts
     

    Lac d'Allos - Intérieur de la chapelle N D des Monts
     

    Le tour du lac est une jolie balade facile par un sentier bordé d’épilobes et qui offre des points de vue différents sur cette grande étendue d’eau et sur le sommet du mont Pelat qui domine la région avec ses 3050 m d’altitude.

    Lac d'Allos - Dans les épilobes

    Autour du Lac d'Allos
     

    Sur le chemin du retour, malgré la pluie qui menace, nous faisons halte à Colmars. Entourée de montagnes, la ville barre la vallée du Verdon en un point stratégique.
     

    Colmars les Alpes - La ville vue du fort de Savoie
     

    Ancienne ville frontière, ses remparts furent construits sur l’ordre de François 1° en 1528 et plus tard, Vauban fit ajouter les forts de Savoie et de France à chaque extrémité de la ville.

    Nous entrons par la porte de France et son très sobre cadran solaire pour emprunter les ruelles de la vieille ville.
     

    Colmars les Alpes - Cadran solaire sur la porte de la ville
     

    Devant l’église Saint-Martin, le monument aux morts porte une plaque avec ces célèbres vers de Victor Hugo, début du poème "Hymne" publié en 1835 au sein du recueil "Les chants du crépuscule".
     

    Colmars les Alpes -Vers de Victor Hugo sur le monument aux morts
     

    Sur une placette, une jolie fontaine fleurie attire les regards.
     

    Colmars les Alpes -Fontaine dans la ville
     

    Après avoir laissé passer une violente averse, nous grimpons au Fort de Savoie qui domine la ville de ses imposants bastions et de ses échauguettes.
     

    Colmars les Alpes - Pointe nord du fort de Savoie
     

    La visite permet de parcourir le chemin de ronde, l’immense salle d’armes et plusieurs salles voûtées où est présentée une intéressante exposition sur les araignées. Au sud de la ville, le fort de France ne se visite pas et on ne peut admirer que la superbe caponnière qui le relie à la ville.
     

    Colmars les Alpes - Le fort de France

     

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    Après une deuxième agréable nuit, nous reprenons la route qui descend la vallée du Verdon.

    Premier arrêt à Thorame-le-Haut où nous faisons la connaissance de Françoise, une dame très agréable, souriante et qui s’affirme magnétiseuse. Elle prendra le temps de s’occuper du genou douloureux d’Hélène.
     

    Thorame le Haut - Hélène et Françoise
     

    En faisant le tour de ce petit village, nous trouvons une adorable boulangerie qui ressemble tout à fait à celle du film de Raimu et qui vend un pain délicieux. Sur une maison de la place, l’incontournable cadran solaire affiche sa devise en latin qui signifie à peu près que les heures indiquées par le cadran sont les mêmes pour les riches comme pour les pauvres.
     

    AThorame le Haut - Cadran solaire - Les heures de l'ombre du cadran solaire sont les mêmes pour les riches et les pauvres
     

    Après Saint-André-les-Alpes, la route longe le magnifique lac de Castillon à l’étonnante couleur émeraude qui a été investi par nombre de baigneurs et de plaisanciers.
     

    Lac de Castillon
     

    AU PAYS DES CADRANS SOLAIRES

    Lac de Castillon - St Julien du Verdon
     

    Cet immense lac de 8 km de long a été créé par le barrage du même nom construit dans un resserrement de la vallée du Verdon à la fin de la guerre par 800 prisonniers de guerre allemands et terminé en 1948. C’est un barrage-voûte d’une hauteur de 100 m et dont la crête en demi-cercle s’arrondit sur 200 m. Au fond de la gorge, est installé la centrale électrique.

    Mais la curiosité de ce barrage consiste en un gigantesque cadran solaire, le plus grand du monde, qui a été installé sur la voûte du barrage. Conçu par deux scientifiques du CNRS, il donne l’heure en utilisant l’ombre projetée naturellement par la corniche sur laquelle passe la route. L’ombre se pose sur des repères en lave émaillée disposés sur la paroi. Les heures du matin se lisent sur les repères jaunes et celles de l’après-midi sur les repères verts. Un véritable exploit de calcul mathématique.
     

    Le barrage de Castillon et son cadran solaire le plus grand du monde
     

    Nous continuons à descendre la vallée du Verdon qui nous mène à Castellane, jolie petite ville nichée au pied d’un immense rocher de 185 m de haut. Sur la place Sauvaire, autour de la fontaine, se tient un marché de poteries tandis que dans les rues étroites et les placettes abritées du soleil, les terrasses de restaurant sont bondées.

    Castellane - Le marché aux potiers
     

    Trop de monde pour notre halte déjeuner. Nous préférons quelques kilomètres plus loin un coin à l’ombre au bord de la rivière où nous mangeons en regardant passer les zodiacs des rafteurs qui se suivent à la queue-leu-leu.
     

    Vallée du Verdon - Rafting

     
    Vallée du Verdon - Rafting
     

    Le grand canyon du Verdon est un peu plus loin en aval. Nous choisissons de suivre la rive gauche où la route est plus spectaculaire. Elle grimpe tout d’abord sur le plateau, passe près du joli village de Trigance, un endroit où je suis venu voir passer le rallye de Monte Carlo en janvier 1990.
     

    Trigance
     

    Plus loin, la route rejoint le bord du grand canyon et avance de passages audacieux en points de vue extraordinaires. Les balcons de la Mescla dominent le méandre serré du Verdon à l’endroit du confluent avec l’Artuby, 250 m en dessous.
     

    Gorges du Verdon - La Mescla confluent du Verdon et de l'Artuby


    Gorges du Verdon - La Mescla
     

    Plus loin, on traverse le canyon de l’Artuby et ses parois verticales de 180 m. C’est un haut lieu du saut à l’élastique. On peut sauter tous les week-ends et il vous en coûtera 130 € si vous êtes tentés par l’expérience.
     

    Gorges du Verdon - Le pont sur l'Artuby
     

    Puis, la route traverse les tunnels du Fayet d’où la vue sur l’étroit des cavaliers est saisissante.
     

    Gorges du Verdon - La falaise des cavaliers
     

    Au meilleur endroit, un restaurant s’est installé et nous faisons halte pour boire un verre et surtout admirer la vue depuis la terrasse construite au bord du vide. 

    Je me souviens qu’en mai 1982, avec l’unité que je commandais alors au 6° Bataillon de Chasseurs Alpins, nous avions emprunté le sentier de l’Imbut qui démarre tout à coté du restaurant et permet de descendre la vertigineuse falaise, traversé le Verdon sur la passerelle de l’Estellié puis suivi le sentier Martel jusqu’au point sublime. Un parcours long et fatiguant mais une expérience inoubliable.

    Arrêt obligatoire au col d’Illoire où un belvédère a été aménagé dominant le cirque de Vaumale. La vue est magnifique. Tout en bas, la rivière est piquetée des nombreux canoës et autres embarcations qui remontent du lac de Sainte-Croix pour venir admirer le dernier tronçon du canyon.

    Gorges du Verdon - Sur le belvédère du cirque de Vaumale

     
    Gorges du Verdon - Le cirque de Vaumale
     

    Peu après le col, un autre belvédère est aménagé. Le panorama vers l’ouest embrasse l’immense étendue du lac de Sainte-Croix qui brille sous le soleil et le moutonnement des collines boisées. Le château d’Aiguines et ses toits en tuiles vernissées domine de sa fière silhouette ce paysage enchanteur.
     

    Gorges du Verdon - Aiguines et le lac de Ste Croix vus du col d'Illoire

     
     Gorges du Verdon - Aiguines - Le chateau
     

    La route descend en tourbillonnant au niveau du lac que l’on contourne pour rejoindre Sainte-Croix-de-Verdon où nous avons décidé de faire halte.

    Le lac de Sainte-Croix a été créé par un barrage voûte semblable à celui de Castillon, construit de 1971 à 1974. Ses 95 m de haut et ses 138 m de largeur retiennent un lac de 11 km de long et d’un volume de 767 millions de mètres-cubes qui ont noyé la large vallée s’ouvrant au débouché du canyon. Le village de Sainte-Croix autrefois perché sur un éperon se retrouve maintenant presqu’au bord de l’eau et a exploité intelligemment cette situation. Une belle plage et une base nautique ont été aménagées ainsi qu’un grand camping municipal sous les oliviers. Il y reste encore une seule place quand nous arrivons. Malgré l’affluence, l’ambiance est tranquille et familiale. Seul inconvénient, le sol caillouteux est dur comme du béton et il est impossible de planter le moindre piquet. Qu’à cela ne tienne, j’amarre la tente avec de grosses pierres.
     

     Le lac de Ste Croix et Ste Croix de Verdon

     
     Ste Croix de Verdon
     

    Avant de quitter le camping, nous allons à la plage toute proche profiter un moment de l’eau tiède du lac. Des familles s’installent déjà, au soleil ou à l’ombre des saules et peupliers. Les premiers canoës et paddles s’aventurent sur l’eau qui, faute de vent, n’a pas une ride.

     

     

    Principal objectif de cette dernière journée, le village de Moustiers-Sainte-Marie, surtout célèbre pour sa faïence. Les premières pièces furent fabriquées en 1679 grâce au savoir-faire importé d'Italie et à la présence des trois éléments nécessaires, l’eau, le bois et l’argile d’une qualité particulière qui lui confère sa blancheur et sa sonorité.

    Moustiers, c’est aussi un site exceptionnel. Les maisons du village se serrent autour de son église au pied d’une brèche taillé par un ruisseau dans la falaise calcaire qui domine les toits.
     

    Moustiers Ste Marie
     

    Le clocher de l’église, de style lombard, était un clocher dit "branlant" car, avant d’être renforcé au 18° siècle, il oscillait au rythme du balancement des cloches.
     

    Le village vu du chemin vers la chapelle N D de Bauvoir
     

    Je décide de commencer par monter à la chapelle Notre-Dame de Beauvoir, perchée dans la gorge qui s’insinue entre les falaises dominant le village.
     

    Moustiers Ste Marie - La chapelle N D de Beauvoir
     

    Le chemin de croix empierré qui s’accroche aux rochers grimpe en lacets le long de la paroi calcaire dont la blancheur réverbère la chaleur.
     

    Moustiers Ste Marie - Le chemin vers la chapelle N D de Bauvoir
     

    On débouche sur une terrasse plantée de cyprès qui donnent une ombre très agréable après la fournaise de la montée. Un vent frais remonte entre les parois de la gorge, un vrai délice. La chapelle est ouverte et on peut entrer par le joli porche roman. Le chœur est décoré d’un petit retable en bois doré.
     

    Moustiers Ste Marie - La chapelle N D de Beauvoir
     

    De la terrasse, la vue sur le village, la vallée de la Maïre et le rebord du plateau de Valensole est magnifique et paye de l’effort nécessaire pour arriver jusque là.
     

    Moustiers Ste Marie - Le village vu de la chapelle N D de Bauvoir
     

    Entre les deux pics qui encadrent la gorge, une étoile est suspendue à une chaîne. Selon une légende rapportée par Frédéric Mistral, le chevalier de Blacas, qui fut fait prisonnier en croisade en 1249, fit la promesse de consacrer un monument à la Vierge s'il retrouvait la liberté. Revenu sain et sauf, il aurait tenu sa promesse et fait suspendre une étoile à seize branches, emblème de sa famille. Il existe plusieurs autres versions sur l’origine de cette étoile qui se décrocha plusieurs fois au cours des ans et qui a été remplacée à plusieurs reprises. 

     

    Je redescends retrouver Hélène au village et nous parcourons ensemble les ruelles et petites places où se succèdent les magasins de souvenirs et ceux vendant de la faïence qui, depuis longtemps, n’est plus fabriquée ici. Nous entrons aussi dans l’église dont le chœur n’est pas aligné sur la nef.
     

    Moustiers Ste Marie - L'église
     

    Sur un banc à l'ombre de l’église, deux adorables petites filles dégustent une glace avec une gourmandise non dissimulée.
     

    Moustiers Ste Marie - Petites filles aux glaces

     

    Ce n’est pas pour rien que Moustiers figure parmi les plus beaux villages de France. Rien ne choque, tout est dans le ton. Nous déjeunons d’un sandwich, assis à l’ombre près du ruisseau qui se glisse entre les maisons en regardant passer le flot de touristes.

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    L’étape suivante est la ville de Manosque, dans la large vallée de la Durance, la patrie de Jean Giono dont une bonne partie de l’œuvre se déroule dans ses rues et ses environs couverts d’oliveraies et de vergers.

    Garés dans une belle avenue plantée de majestueux platanes, nous entrons dans la vieille ville par l’imposante porte de la Saunerie avec sa haute façade, ses mâchicoulis et ses fenêtres géminées.
     

    Manosque - Porte Saunerie
     

    Nous remontons la rue Grande, fraîche et ombragée où se trouve la maison où vécut Giono. La rue débouche sur une place bordée par la façade de l’église Saint-Sauveur. Une fontaine fait entendre son rafraîchissant gazouillis.

    Manosque - Fontaine devant l'église St Sauveur

    Plus haut, c’est l’agréable place de l’hôtel de ville ombragée par plusieurs platanes et où coule une autre fontaine.
     

    Manosque - Place de l'hôtel de ville
     

    À l’autre bout de la rue Grande, la porte Soubeyran couronnée par un campanile en fer forgé en forme de bulbe, marque la limite nord de la ville ancienne.
     

     Manosque - Porte de Soubeyran

    Manosque laisse l’agréable impression d’une ville tranquille où il fait bon vivre à l’ombre de ses platanes.

     

     

    Il ne reste plus qu’à rentrer à Montpellier. Nous empruntons le chemin des écoliers qui nous fait traverser cette jolie partie de la Provence qui touche au Comtat Venaissin. Nous passons par Apt puis longeons le versant nord de la montagne du Lubéron. Nous faisons un petit détour par le village de Ménerbes sur son éperon d’où l’on survole la vallée du Coulon plantée de vignes et les étendues boisées du plateau du Vaucluse dominé au nord par la silhouette du Mont Ventoux.
     

    Lubéron - Ménerbes - Panorama vers le nord ouest - Le Ventoux
     

    Le village est joli mais nous le trouvons trop calme, trop vide, un peu artificiel, malgré le soin évident apporté à l’entretien et la restauration de tous les bâtiments. Nos pas nous mènent jusqu’au tranquille cimetière tout au bout du village. Visiblement, il y a très longtemps que plus personne n’est enterré là.
     

    Lubéron - Ménerbes - Le cimetière
     

    Notre visite se termine au pied du beffroi du village couronné d’un joli campanile en fer forgé et orné d’un très sobre cadran solaire et sa sentencieuse devise "Ultima forsan", "peut-être la dernière".

    En tout cas, pour nous, c’est le dernier cadran solaire de ce voyage.
     

    Lubéron - Ménerbes - Cadran solaire sur le clocher de l'église St Luc - Peut-être la dernière
     

    Les derniers kilomètres par Cavaillon, Tarascon et Nîmes sont une formalité.

     

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    Ce court voyage de onze jours au pays des cadrans solaires a été très agréable. D’abord, nous avons trouvé dans les montagnes les températures plus clémentes que nous étions venus chercher. Elles étaient même carrément fraîches lors des soirées et des nuits dans cet agréable camping de Valpréveyre.

    Nous avons parcouru de belles régions, admiré des paysages magnifiques, visité des villages pittoresques et des sites remarquables. Le plateau de Valensole, la vallée du Guil, les montagnes du Haut Queyras, Saint-Véran, les cols de Vars et d’Allos, la vallée de l’Ubaye et Barcelonnette, Colmars, le lac d’Allos, celui de Chatillon, Moustiers-Sainte-Marie ont ravi nos yeux. Quant au grand canyon du Verdon et ses vertigineuses falaises, il fait partie des incontournables qu’il ne faut surtout pas rater.

     

    Enfin, les journées passées à Auzet où j’ai pu échanger avec mes amis passionnés d’automobile et de modélisme ont été très enrichissantes et je remercie Piu, le maître des lieux, de son accueil, de son hospitalité et de ses conseils.

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Brigitte JLouis
    Samedi 12 Septembre 2020 à 10:24

    yes Quel belle région vous nous faites découvrir et combien d'anecdotes, d'histoires de France, d'histoires régionales vous nous avez apprises. Des randonnées à travers des paysages grandioses, des rencontres sympathiques. Merci Max pour ce beau voyage très vivant.

    On espère qu'Hélène est guérie de son genou grâce aux bons soins de Françoise. On vous embrasse.

     

    2
    Mireille
    Samedi 12 Septembre 2020 à 13:12

    Avec ce talent inné de conteur, on ne peut que participer activement a ce voyage decouverte avec un ravissement toujours surprenant sur les details et les anecdotes. Un vrai talent d'écrivain qui fait du bien, surtout en cette époque troublée. Merci beaucoup. C'est un réel plaisir.

     

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      • Samedi 19 Septembre 2020 à 16:53

        Bonjour Mireille et merci pour ce très sympathique commentaire. Ravi de t'avoir emmenée avec moi et permis d'échapper à cet enfermement. A bientôt j'espère.
        Max

    3
    Samedi 19 Septembre 2020 à 16:51

    Merci Brigitte pour ton sympathique commentaire. Oui, le genou d'Hélène va bien mieux. A très bientôt j'espère.
    Amitiés.
    Max

    4
    cloclo
    Vendredi 13 Novembre 2020 à 18:30

    Bravo pour ces très belles images qui nous rappeler des souvenirs de jeunesse , notamment la montée au Mont Pelat et les gorges du Verdon

    Merci pour ce beau voyage. Bisous.

      • Vendredi 13 Novembre 2020 à 19:23

        Bonsoir Cloclo et merci pour ton commentaire. Portez vous bien.
        Bisous à vous 2

    5
    Jürgen Rathner
    Jeudi 19 Août 2021 à 13:50
    Hallo Max, this is Jürgen from Austria. Im Not far from Montpollier. If you have Time it would be an Honour to See u. !!! Tel.004369911166154 or j.rathner@eduhi.at best regards
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