• CHEZ POUCHKINE ET TOLSTOÏ

    C'est en février 2020 que nous sommes allé en Russie. En plein hiver. Ce voyage nous a permis de visiter Moscou puis de découvrir la ville de Kaluga, jumelée avec Montpellier, et celle de Tula. Une plongée dans la Russie d’aujourd’hui, loin des sites touristiques envahis par les étrangers et au contact d’habitants pour qui la France et la langue française représentent quelque chose. 

    Un séjour atypique où la seule déception a été l’absence de neige et un froid loin des standards habituels.

    Le drapeau russe

     

     

     

    C'est l'association Amitiés Russes qui nous a proposé ce voyage inédit à Moscou, Kaluga et Tula, 2 villes situées à 200 km au sud de la capitale, en plein hiver. Le programme élaboré par Jean nous a permis de voir les incontournables sites moscovites, mais surtout de découvrir la vraie Russie d'aujourd'hui et de visiter quelques lieux emblématiques et peu connus comme le musée du cosmos à Kaluga, la maison de Natalia Nikolaïevna Gontcharova, épouse de Pouchkine et le domaine de Yasnaya Polyana, maison natale de Lev Nikolaïevitch Tolstoï.

     

    Carte du voyage


    Outre le plaisir de découvrir un pays que nous ne connaissions pas, ce voyage était pour moi une sorte de reconnaissance en vue du grand voyage prévu en été. Je voulais voir à quoi ressemblait la Russie, ses gens, ses villes, ses routes, son mode de vie, avant de me lancer seul en immersion totale pendant un mois.
     

     

    Petit regret l'absence de neige et un froid tout à fait raisonnable indigne de la réputation de la Russie. Heureusement les quelques centimètres de poudreuse tombés dans la nuit du 22 au 23 nous ont permis d'avoir un petit aperçu de ce qu'aurait pu et dû être notre séjour.

     

    Nous avons beaucoup aimé Moscou dont l'extraordinaire église Basile le Bienheureux magnifiée par les éclairages nocturnes, est le joyau, les musées de la capitale, celui du Cosmos à Kaluga, la soirée très russe au bania, l'accueil chaleureux des professeurs et élèves de l'école n°19 à Kalouga, les visites des maisons de Pouchkine et Tolstoï, la grandiose solitude de la tombe de Tolstoï au milieu des bois et l’ambiance tranquille des villes où nous avons séjourné.

    C'est avec grand plaisir que nous avons rencontré Mikaël Vadimov, un officier russe habitué des missions de l'ONU, qui s'est occupé de nous lors de notre retour à Moscou et m'a laissé en souvenir un magnifique T-shirt tout à fait original.

    Nous avons été marqués par l'extrême propreté des rues de Moscou où on ne voit pas un seul papier ni un seul mégot par terre et la très bonne éducation des jeunes qui, dans le métro, se lèvent spontanément pour laisser les places assises aux femmes et aux personnes âgées.

    La circulation que l'on m'avait décrite comme furieuse est en fait tout à fait civilisée. Les conducteurs respectent les passages piétons bien plus qu'à Montpellier. Le parc automobile est essentiellement composé de voitures européennes et asiatiques haut de gamme et les routes sont en excellent état et bien signalées. Évidemment, à cette époque de l'année, avec tout le sable déversé sur les routes pour contrer le verglas, les voitures sont très sales au point de rendre les plaques d'immatriculation totalement illisibles.

    Plaque d'immatriculation

     

     

    J 1 - Samedi 15 février - Montpellier - Paris - Moscou

    Après avoir quitté Montpellier sous un magnifique ciel bleu où brillait un soleil tout à fait printanier, l’arrivée nocturne à l’aéroport de Sheremetievo par une température somme toute très raisonnable de moins 2° nous a un peu surpris. Nous sommes déçus par l’absence de neige car nous avions espérés voir Moscou recouverte d’un manteau blanc.

    Les contrôles d’arrivée sont étonnamment rapides et nous nous retrouvons très vite dehors pour trouver un taxi et rejoindre notre hôtel. Ça ne se fait pas tout seul, car il y a les vrais taxis et les autres et ça discute ferme. Mais un accord est finalement trouvé et après un assez long trajet qui nous permet d’admirer les illuminations de la ville dans un engin surchauffé, nous nous retrouvons devant l’hôtel "Belie Gorode" (la ville blanche) caché au fond d’une petite rue.

    Malgré les apparences, l’endroit est très bien et nous ne perdons pas de temps à profiter des chambres qui nous sont attribuées. C’est que Moscou est en avance de 2 heures sur la France et il est déjà plus de 2 heures du matin.

     

     

    J 2 - Dimanche 16 février - Moscou

    Après une courte nuit, nous découvrons les subtilités du petit-déjeuner servi dans la salle à manger au sous-sol. C’est aussi l’occasion de faire connaissance avec nos compagnons de voyage, Jean, l'organisateur, Hubert et Anne-Marie, sa sœur Françoise, Maryse, Nicole, Mariannick, Claude, Kader, Hélène et moi.

     

    Dehors, le temps est gris et froid mais ce n’est pas le grand froid auquel on s’attendait, juste un petit zéro.

    Ce dimanche matin, il est prévu d’aller au parc d’Izmaïlovo, vaste espace de loisirs aménagé dans une ancienne propriété du tsar Alexis 1° où se tient un célèbre marché aux puces et un marché de l’artisanat et des souvenirs.

    Nous partons à pied pour aller prendre le métro. Sur le trajet, dans la rue Solianska, un étrange monument se dresse sur le trottoir. La plaque gravée sur le socle nous explique que ce bronze est un mémorial de la prise d'otages du 1° au 3 septembre 2004 dans l'école n°1 de Beslan en Ossétie du Nord. Sur les 1127 otages, 334 furent tués dont 186 enfants. Les Russes aussi sont confrontés au terrorisme.

    Moscou - Rue Solianka - Monument en souvenir de la prise d'otages de septembre 2004 à Belan en Ossétie du Nord


    Dans la rue Karvaka, nous découvrons les premières images de la Russie traditionnelle avec ses églises multicolores et leurs bulbes dorés. Dépaysement.

    Moscou - Rue Karvaka


    Moscou - Rue Karvaka - Eglises St Georges et Ste Barbe


    Nous passons près de la Place Rouge. Un grand moment. Enfin, je vais voir en vrai cet endroit mythique. Mais elle est envahie par un grand marché de Noël, ce qui gâche un peu la vue d'ensemble. Les murs rouges du Kremlin et du musée national d'histoire disparaissent derrière les échoppes des vendeurs. Malgré cela, l'endroit est imposant.

    Moscou - Place Rouge occupée par le marché de Noël et le musée d'histoire
     

    Arrivés à Izmaïlovo, il faut commencer par se procurer de l’argent local. Il y a des distributeurs de billets un peu partout et pratiquement tous les commerçants acceptent cartes bleue et Visa mais dans un marché aux puces, il vaut mieux avoir du liquide et de la petite monnaie.

    Je retire donc 10000 roubles, environ 145 €, ce qui me permettra de voir venir.

     

    Le parc a été réaménagé avec un décor à la Disneyland reproduisant une sorte de ville russe d’autrefois. C’est un peu kitsch mais ça a son charme.

    Moscou - Domaine Izmaïlovo - A l'entrée du domaine

    Moscou - Domaine Izmaïlovo - L'entrée du domaine


    Dans le chaos des années 90, après la chute de l’URSS, c’est ici que l’on pouvait trouver uniformes de l’Armée Rouge, badges et autres bibelots de l’époque soviétique à l’effigie de Lénine ou ornés du marteau et de la faucille. Aujourd’hui, c’est nettement moins intéressant car les prix ont augmentés et les articles que l’on y trouve ont peut-être été fabriqués en Chine... 

    Moscou - Domaine Izmaïlovo - Marché aux puces


    Je remarque un étal de fourrures qui propose des peaux de loups et d’ours assez impressionnantes.

    Moscou - Domaine Izmaïlovo - Marché aux puces - Chapka tête de loup

     
    Moscou - Domaine Izmaïlovo - Marché aux puces - Peau d'ours

     
    Mais à part ce stand un peu spécial, je ne trouve rien de vraiment intéressant.

    Quant au marché aux souvenirs c’est une avalanche de matriochkas, ces petites poupées gigognes typiques de la Russie, de toutes les couleurs et de toutes les tailles, avec leurs variantes modernes à l’effigie de Poutine et des autres leaders du pays.

    Moscou - Izmaïlovo - Magasin de matriochka


    Les chapkas sont un autre must de l’endroit. Le choix est vaste entre fourrure et synthétique sans parler des couleurs. J’ai failli me laisser tenter par une très jolie chapka en fourrure qui, d'après le vendeur, était en loup. De 7500, le prix est rapidement descendu à 3500 roubles alors que je ne marchandais même pas. J’aurais sans doute pu l’avoir à 2500 voire à 2000 mais était-elle vraiment en loup ?

    La seule chose que j’ai ramenée est un ancien billet de 100 roubles dont la charmante vendeuse m’a fait cadeau car elle ne pouvait pas me rendre la monnaie sur mon billet de 5000 roubles !

    Moscou - Domaine Izmaïlovo - Marché aux puces - Charmante vendeuse

     
    Pour déjeuner, nous nous entassons dans un petit restaurant de chachliks, viande grillée au barbecue. L’endroit est un peu sommaire mais la viande est délicieuse et nous apprécions ce bon moment bien au chaud après avoir passé la matinée dans le froid.

    Nous repartons sans traîner car nous avons rendez-vous avec notre guide qui n’est pas blonde et ne s’appelle pas Nathalie. Elle s'appelle Alexandra et connait parfaitement son affaire en plus de parler un excellent français.

    Moscou - Notre guide Alexandra


    Nous allons visiter le métro de Moscou qui mérite vraiment la visite. Conçu dans les années 30, il se devait d'être une vitrine des réussites du socialisme et ses stations sont de véritables œuvres d'art en même temps que des instruments de l'omniprésente propagande. 

    Bien qu'entièrement automatisés, les accès sont aussi surveillés par un préposé attentif. Il n'est pas question de sauter par dessus les portillons.

    Moscou - Metro - Entrée à la station Place Revolioutsii


    Le métro de Moscou est creusé très profond et les escalators plongent vertigineusement au fond des entrailles de la terre. On dit que le réseau a aussi été conçu pour servir d'abri antiatomique à la population à l'époque de la guerre froide.
     

     Moscou - Metro - Descente aux enfers


    Sous la conduite vigilante d'Alexandra, nous passons dans quelques unes des plus fastueuses stations.
     

    Komsomolskaïa, toute en marbre et en stuc a été réalisée par Alexeï Chtchoussev et ressemble à la salle de bal d'un palais impérial avec ses magnifiques lustres.
     

    Moscou - Metro - Station Komsomolskaia


    Novoslobodskaïa
    est décorée de somptueux vitraux dessinés par Alexandre Deneika et, au bout du quai, une magnifique mosaïque représente la paix sur un fond constitué des symboles de l'Union Soviétique, les épis de blé, le marteau et la faucille. Il est d'ailleurs remarquable de constater que tous ces symboles d'une époque révolue ont été conservés, voire mis en valeur.

    Moscou - Metro - Station Novoslobodlskaia


     
    Moscou - Metro - Station Novoslobodlskaia  - Mosaïque en bout de quai

     
    Bielorousskaïa est ornée de céramiques colorées évoquant la richesse agricole de la Biélorussie. Ici aussi l'inscription CCCP accompagnée des inévitables marteau et faucille sont bien présents. 
     

    Moscou - Metro - Station Bielorusskaia  - Entrée du train en gare


    Moscou - Metro - Station Bielorusskaia  - Mosaïque du plafond


    La station Kourskaïa est aussi remarquablement décorée. Chaque pilier reçoit une mosaïque exaltant l'enthousiasme révolutionnaire des ouvriers, paysans et soldats.

     
    Moscou - Metro - Station Kourskaia - Mosaïque de propagande


    Moscou - Metro - Station Kourskaia - Mosaïque à la gloire de Pouchkine


    Moscou - Metro - Station Kourskaia - Peinture l'ouvrier et l'ingénieur


    Moscou - Metro - Station Novokoutznetchskaia - Mosaïque au plafond


    À l'extrémité du quai central, une grande fresque montre une fête bucolique très colorée, tandis que le coté opposé est un monument en hommage à Lénine.
     

    Moscou - Metro - Station Kourskaia - La grande fresque en bout de quai


    Moscou - Metro - Station Kourskaia - Fresque à la gloire de Lénine

    À Plotchtchad Revolioutsii, ce sont de belles statues de bronze représentants d'énergiques ouvriers, paysans ou soldats qui accueillent les voyageurs. Caresser le coq de la belle paysanne favoriserait, paraît-il, la fécondité des femmes.

    Moscou - Metro - Les statues de bronze de la station Place Revolioutsii


    Quant à Partisanskii, c’est une colossale statue représentant d’héroïques partisans prêts à donner leur vie pour défendre la rodina, qui domine le monumental escalier d’accès, devant laquelle nous posons fièrement.

    Moscou - Metro - Station Partisanskii


    Moscou - Metro - Notre groupe à la station Partisanskii


    Contrastant avec cette ambiance de musée, le métro moscovite est moderne et efficace. 228 stations, 365 km de voies réparties en onze lignes radiales et une circulaire, une rame toutes les quarante secondes, wagons modernes avec écrans indiquant toutes les informations y compris la météo en surface, wi-fi gratuit partout. Une nouvelle ligne circulaire desservant les banlieues est en construction. Moscou ne s'endort pas sur ses lauriers.

    Presque sept millions de passagers empruntent le métro chaque jour. Des passagers qui, pressés comme les habitants de toutes les capitales du monde, ne prennent plus la peine d'admirer les merveilles architecturales qui les entourent.
     

    Moscou - Metro - Station Kourskaia


    Après ce long et instructif épisode souterrain, nous remontons en surface à la station Plotchtchad Revolioutsii (place de la Révolution),  tout près du palais Zaradié appelé aussi palais des boyards Romanov. Cette maison de la fin du 15° siècle était la propriété de la célèbre famille Romanov jusqu'à leur accession au trône en 1613. Après avoir déposé nos effets chauds au vestiaire, une gymnastique contraignante qui se renouvellera chaque fois que nous entrerons dans un bâtiment, nous enfilons des chaussons de plastique pour éviter d'user les somptueux parquets du lieu avant de parcourir la salle à manger et ses remarquables décors de feuillage, le fastueux bureau du boyard avec son étonnant poêle en faïence verte et la svetlitsa, la pièce réservée aux femmes.
     

    Moscou - Palais Zaradié des Romanov - La salle à manger

    Moscou - Palais Zaradié des Romanov - Le bureau du boyard

    Moscou - Palais Zaradié des Romanov - La svetlitsa

     
    Lorsque nous ressortons, la nuit est tombée et la ville brille de tous ses feux. Nous descendons au parc Zaradié aménagé sur les rives de la Moskova à l'emplacement du gigantesque hôtel Rossya de plus de 3000 chambres rasé en 2007. Une passerelle très aérienne s'avance au dessus des voies de la grande artère longeant la rivière. De là, la vue est à couper le souffle tant vers la Moskova et le colossal immeuble stalinien de la Iouza que vers le Kremlin et la basilique Basile le Bienheureux. C'est magnifique, superbe, les éclairages sont extraordinaires. Malgré le froid vif, on ne se lasse pas du spectacle et nous ne sommes pas les seuls à en profiter.

    Moscou - Parc Zariadié - La Moskova et l'imeuble de la Iaouza

    Moscou - Parc Zaradié - Panorama sur la Moskova et l'immeuble de la Iaouza
     

    Moscou - Parc Zariadié - La tour du Sauveur et la cathédrale Basile le Bienheureux


    Nous quittons ces lieux enchanteurs bien que balayés par un vent glacial pour se rapprocher de la légendaire Place Rouge. Nous y arrivons par l'arrière de la basilique dont les coupoles multicolores illuminées se détachent sur le ciel d'un bleu profond.

    Moscou - Parc Zariadié - La tour du Sauveur et la cathédrale Basile le Bienheureux

    Moscou - Parc Zaradié - Devant la cathédrale Basile le Bienheureux


    Puis, par la rue 
    Ilionka, nous pénétrons dans le célèbre Goum, dont les détails architecturaux de marbre et de granit sont soulignés par des rampes lumineuses.

    Moscou - L'enseigne du Goum


    Moscou - Rue Ilionka - Le Goum


    Le Goum (
    ГУМ), acronyme de Glavny Ouniversalny Magazin (Magasin Principal Universel) était autrefois un magasin d'état où les étrangers et les Soviétiques particulièrement privilégiés pouvaient acheter tout ce qui était introuvable dans le reste du pays. Aujourd'hui, racheté par un groupe privé, c'est une immense galerie marchande où plus de 200 boutiques de luxe font assaut de prix vertigineux. Déambuler sous la magnifique verrière centrale et dans ses rues décorées de moulures, fers forgés, candélabres et fontaines qui se déploient sur plusieurs niveaux, reste malgré tout un plaisir.

    Moscou - Le Goum

     
    En ressortant de l'autre coté, nous découvrons la rue Saint Nicolas noyée sous les guirlandes lumineuses.


    Moscou - Rue Nikolskaia - Le Goum

    Moscou - Rue Nikolskaia - Passage Tretiakov


    Nous la remontons jusqu'à la place Lubianka de sinistre mémoire car c'est là que se dresse le bâtiment qui abritait les polices politiques qui se sont succédé au fil des ans, de la Tcheka au KGB. Aujourd'hui, il abrite le FSB, service de sécurité intérieure et de contre-espionnage du pays.

    Moscou - Rue Lubianka
     

    Moscou - Place Loubianka - L'immeuble du FSB


    Si nous venons jusque là, c'est pour dîner dans la cafétéria située au dernier étage du grand magasin de jouets Detskiy Myr. C'est en fait une sorte de fast-food très occidental où, malgré un service assez long car il y a beaucoup de monde, le repas est correct.

    Il ne reste plus qu'à rentrer à notre hôtel pour une bonne nuit de sommeil après cette longue journée fatigante mais très intéressante. Nous avons découvert Moscou et ce premier contact est tout à fait positif. C'est une très belle ville qui paraît d'autant plus propre quand on arrive de Montpellier. Pas un papier par terre, pas un mégot, pas un tag sur les murs, pas un seul mendiant dans les rues. Les voitures sont sales à cause du sable répandu pour contrer le verglas mais ce sont des modèles récents et haut de gamme. Les gens sont bien habillés, soigneusement emmitouflés dans leurs manteaux ou parkas, la tête protégée par de belles chapkas. Les magasins sont beaux, riches et bien garnis. La ville donne une excellente impression.


    J 3 - Lundi 17 février - Moscou

    Le même temps froid et gris mais pas si froid que ça puisqu'il a plus pendant la nuit. Il a plu mais il n'a pas neigé !

    Ce n'est que le deuxième jour et nous avons déjà pris nos habitudes.

     

    Nous prenons le métro  jusqu'à la station Smolenskaïa , tout près du colossal immeuble du Ministère des Affaires Étrangères à l'extrémité de la rue Arbat, qui est le premier objectif de notre promenade matinale.

    Moscou - Rue Arbat

     
    La rue Arbat est une rue piétonne bordée de commerces de souvenirs, de cafés et de restaurants. Elle a, semble-t-il, perdu l’ambiance bohème qui la faisait comparer au Montmartre parisien. Les bateleurs, jongleurs et autres musiciens de rue ont été remplacés par des hommes sandwiches qui vantent les marchandises des commerces voisins.

    En tout cas, dans la longue suite de magasins qui s'alignent de chaque coté de la rue, on doit pouvoir trouver son bonheur si on recherche des matriochkas, des chapkas, des casquettes d'officiers de l'Armée Rouge ou des montres russes.

    Moscou - Rue Arbat - Magasin de matriochkas

    Moscou - Rue Arbat - Magasin de souvenirs


    Moscou - Rue Arbat - Chapkas

     
    Nous remarquons que très souvent, les vendeurs et vendeuses ont des traits asiatiques. Il s'agit tout simplement de personnes venues des anciennes républiques orientales de l'URSS, aujourd'hui indépendantes, Kirghizstan, Ouzbékistan et autres Tadjikistan.

    Moscou - Rue Arbat - Les vendeuses kighises du magasin de matriochkas

     
    Dans cette rue, se trouve aussi la maison où le célèbre poète russe Alexandre Pouchkine vécut quelques mois avec son épouse Natalia Gontcharova en 1831 avant leur départ pour Saint Pétersbourg. Ce bref séjour a suffi pour transformer la maison en un musée que nous ne visiterons pas. 

     

    Moscou - Rue Arbat - Maison de Pouchkine

     
    Juste en face, a été érigée une très jolie statue de bronze du couple.

    Moscou - Rue Arbat - Statue de Pouchkine et Natalia

     
    Plus loin, sur une petite place qui doit être bien agréable sous un soleil printanier, se dresse une autre statue. Celle-ci honore le poète écrivain et chanteur Boulât Okoudjava, personnage emblématique contestataire du quartier, parfois surnommé le Brassens soviétique.

    Moscou - Rue Arbat - Statue du chanteur Boula Okoutjava

     
    Presqu’en face, une drôle de bâtisse s’élève un peu en retrait de la rue dans un jardin mal entretenu. Une maison circulaire et blanche aux fenêtres bizarrement hexagonales. C’est la maison que l’architecte Konstantin Melnikov édifia pour lui-même en 1929. Constituée de deux cylindres imbriqués, elle est connue pour être le chef d’œuvre de l’architecture constructiviste. D'après Wikipédia, c'est un mouvement artistique des années 1920 1930 issu du "futurisme russe" qui chercha à appliquer une vision cubiste tridimensionnelle à des constructions non-objectives entièrement abstraites avec des éléments cinétiques. Vous pouvez reprendre votre respiration. J'espère que vous avez compris. Melnikov est aussi l’auteur d’un audacieux plan d’urbanisme visant à restructurer la ville de Moscou qui ne fut jamais adopté. Il tomba en disgrâce en 1937 et on n’entendit plus parler de lui. En voyant sa maison, on comprend pourquoi...

    Moscou - Rue Arbat - Maison de l'architecte Melnikov

    Au bout de la rue Arbat, nous débouchons sur le boulevard Gogolski, du nom du célèbre écrivain Nicolas Vassilievitch Gogol, né en Ukraine en 1809 et mort en 1852 en Russie, qui a laissé quelques chefs-d’œuvre comme "Taras Bulba", "les âmes mortes" ou "le manteau".

    Une grande statue domine la place.

    Moscou - Boulevard Gogol - La statue de l'écrivain


    Ce boulevard planté de grands peupliers descend jusqu’à la Moskova. Presqu'au bas, un autre monument de bronze attire l’attention.

    Il rend hommage au roman "Le Don paisible" de Mikhaïl Cholokhov, une épopée qui décrit la vie des Cosaques dans la région du Don pendant la première guerre mondiale puis pendant la guerre civile russe de 1917 à 1922. Ce roman tiré à plus de 79 millions d’exemplaires, traduit en 84 langues et salué comme un chef-d’œuvre de la littérature russe, a valu à son auteur le prix Nobel de littérature en 1965.

    Cela méritait bien une aussi jolie et originale statue.

    Moscou - Boulevard Gogol - Le monument à la gloire du Don paisible de Cholokhov

     
    Arrivés sur la place Pretchitenskié vorota, nous sommes irrésistiblement attirés par l’imposante silhouette blanche au dôme doré de la cathédrale du Christ Sauveur.

    Moscou - La cathédrale du Chrisr Sauveur


    Les cathédrales ont souvent des histoires agitées, mais celle-ci l’a été tout particulièrement : c’est le tsar Alexandre 1° qui décide sa construction en 1812 pour remercier le Sauveur d’avoir aidé la Russie à vaincre Napoléon. La première pierre est posée en 1817 puis les travaux sont rapidement abandonnés en raison du terrain marécageux. Le nouveau projet de 1832 ne sera terminé qu’en 1883.

    En 1931, Staline décide de la remplacer par un gigantesque palais des Soviets de 400 m de haut surmonté par une immense statue de Lénine. La cathédrale est dynamitée mais, à cause du sol gorgé d’eau et de la guerre, la construction du palais n’aboutit pas.

    En 1960, Khrouchtchev impose la construction de la plus grande piscine du monde qui, pendant trente ans, permettra aux Moscovites de se baigner été comme hiver dans une eau chauffée.

    Ce n’est qu’en 1992 qu’il est décidé de reconstruire la cathédrale à l’identique, ce qui est fait en à peine cinq ans, et la cathédrale sera à nouveau consacrée en 1999, symbole des aléas de l’histoire de la Russie.

    Pas de visite car elle est fermée pour cause de travaux de restauration. Nous devons nous contenter de faire le tour de la plateforme et d’avancer sur la passerelle des patriarches qui enjambe la Moskova. De l’autre coté, l’ancienne chocolaterie Octobre Rouge et le gigantesque monument à Pierre le Grand se détachent sur les habitations de l’île de Bolotny.

    Moscou - Le monument Pierre le Grand au bord de la Moskova


    La Statue de Pierre le Grand, dont le nom officiel est « Monument à la commémoration du 300° anniversaire de la flotte russe », est une œuvre du très controversé artiste géorgien Zourab Tsereteli. Elle a été érigée en 1997 sur un îlot artificiel en béton. Avec 98 m de haut, c'est la plus haute statue de Russie et la septième plus haute statue du monde.
    Conçue à l’origine pour le 500° anniversaire de la découverte des Amériques en 1492, elle représentait Christophe Colomb. Elle aurait dû être installée dans une ville du Nouveau Monde mais aucune ville ne la voulut tant en Amérique latine qu’en Espagne. Le sculpteur remplaça alors la tête de Christophe Colomb par celle de Pierre le Grand et la statue fut érigée à Moscou. Les mauvaises langues affirment que c'est grâce à l'amitié liant l'artiste à l'ancien maire de Moscou, Youri Loujkov, limogé par le président Medvedev en 2010 et soupçonné de corruption.


    Tant pis pour l’exotisme mais nous déjeunons dans une pizzeria italienne avant de filer à notre rendez-vous avec Alexandra pour la visite très attendue du Kremlin.

    D’une certaine manière l’épidémie de corona virus a du bon car elle a chassé les touristes chinois qui, habituellement, envahissent tous les grands sites touristiques d’Europe. En leur absence, l’accès au Kremlin se fait sans l’ombre d’une queue.

    On entre par la grande porte dominée par la tour de la Trinité.

    Moscou - Kremlin - L'entrée dominée par la tour de la Trinité


    À l’intérieur, on se retrouve face à l’immense parallélépipède de marbre blanc du palais des Congrès bâti en 1961 pour accueillir les congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique et reconverti aujourd’hui en salle de spectacle.

    Moscou - Kremlin - Le palais des congrès du PCUS


    L’inévitable emblème du PC a été remplacé à son fronton par les armes de la Russie.

    Moscou - Kremlin - Les armoiries de la Russie au fronton du palais national


    À gauche, le long des murs de l’Arsenal, des dizaines de fûts de canon sont alignés. Ce sont ceux pris à la Grande Armée lors de la campagne napoléonienne en 1812. Ce qui me rappelle un vers de Victor Hugo dans "l’expiation" sur la retraite de Russie : «On jetait les canons pour brûler les affûts».

    Moscou - Kremlin - Canons pris à la Grande Armée de Napoléon


    Plus loin, en traversant l’immense place Saint Jean, on peut voir les deux bâtiments qui sont le cœur du pouvoir russe, le Sénat devenu la résidence officielle du président de la Fédération de Russie, et l’ancien présidium du Soviet Suprême d’URSS. Mais pas question de s’approcher, les gardes veillent.

    Moscou - Kremlin - La présidence


    Il vaut mieux diriger ses pas vers les deux curiosités des lieux, le roi des canons et la reine des cloches.

    Pesant 40 T, ce gigantesque canon fondu en 1586 et supposé être le plus grand du monde n’a jamais servi.

    Moscou - Kremlin - Le roi des canons

     
    Les cloches font partie du paysage sonore russe mais celle-ci, avec ses 6 m de haut et ses 200 T, est la plus grande du monde et n’a jamais servi non plus. Décidément, les Russes aiment bien le gigantisme. Elle a été fondue en 1735 sur ordre de la tsarine Anna Ivanovna. Malheureusement, à cause de l’incendie de la toiture qui l’abritait pendant les travaux, le métal de la cloche se fendit et elle resta là. On en profite aujourd’hui pour faire des photos inédites.

    Moscou - Kremlin - La reine des cloches

     
    Tout près de là, la place des cathédrales nous attend. Elle porte bien son nom car quatre cathédrales la bordent, celle des Douze Apôtres, celle de l’Assomption, celle de l’Annonciation et ses sept bulbes dorés et celle de l’Archange Saint Michel un peu à l’écart.

    Nous commençons par la cathédrale de l’Assomption à la façade assez austère.

    Moscou - Kremlin - La cathédrale de l'Assomption


    À l’intérieur c’est le contraire. Pas un centimètre carré qui ne soit peint. Les fresques recouvrent les murs, les voûtes et les gros piliers circulaires.

    Moscou - Kremlin - Cathédrale de l'Assomption - L'intérieur


    L’iconostase, le mur qui sépare la nef du sanctuaire, est entièrement décoré d’icônes dorées à l’or fin. Les portes "du paradis" qui donnent accès au saint des saints sont recouvertes d’or et d’argent. Partout des images de saints, d'apôtres, de martyrs, toutes plus belles les unes que les autres, certaines datant du 14° siècle.

    Moscou - Kremlin - Cathédrale de l'Assomption - Porte du paradis


    C’est dans cette église que les grands princes de Moscou et tous les tsars furent couronnés. À droite de la nef, le trône dit du Monomaque est un oratoire en bois finement sculpté de 1551 destiné à Ivan le Terrible.

    Moscou - Kremlin - Cathédrale de l'Assomption - Le trône d'Ivan le Terrible

     
    Moscou - Kremlin - Cathédrale de l'Assomption - Le baldaquin de la tsarine


    La cathédrale de l’Archange Saint Michel se dresse toute blanche un peu à l’écart.

    Moscou - Kremlin - Cathédrale de l'Archange St Michel


    Comme la précédente, l’intérieur est saturé de peintures, de fresques et d’icones.

    Moscou - Kremlin - Cathédrale de l'Archange St Michel - L'intérieur


    C’est dans cette église que se trouvent les tombes de plusieurs princes et tsars dont Ivan IV le Terrible (1530-1584).

    Moscou - Kremlin - Cathédrale de l'Archange St Michel - Le tombeau d'Ivan le Terrible


    La cathédrale de l’Annonciation est plus intime. Peut-être car elle était la chapelle privée des princes puis des tsars. De l’extérieur, c’est la plus jolie de toutes grâce à ses bulbes dorés.

    Moscou - Kremlin - Cathédrale de l'Annonciation

    Moscou - Kremlin - Cathédrale de l'Annonciation - Porche à l'intérieur


    Faute de temps, nous n’avons pas pu voir tout ce qu’il y a à voir dans le Kremlin. Je me console en pensant que je devrais revenir cet été.

    Nous rejoignons les jardins d’Alexandre qui longent les murs de la forteresse. Tout au bout, sous la tour d’angle de l’arsenal, se trouve le monument aux morts avec la flamme du soldat inconnu et sa garde d’honneur. Les Russes ont connu deux invasions, celle de Napoléon en 1812 qu’ils appellent la Guerre Patriotique puis l’offensive allemande de 1941 qu’ils nomment la Grande Guerre Patriotique. Ils commémorent avec beaucoup de recueillement la fin de ces deux conflits sanglants, cultivent le souvenir des victimes et traitent les vétérans avec beaucoup de respect. Avec 26 millions de morts pendant la seconde guerre mondiale, on peut comprendre leur sensibilité.

    Moscou - Kremlin - Le monument aux morts

    Moscou - Kremlin - La flamme du monument aux morts

    Moscou - Kremlin - Garde d'honneur au monument aux morts


    Plus loin, sur la place du manège, la statue équestre du maréchal Joukov se détache sur les façades rouges du musée national d’histoire.
     Né dans une famille de paysan, Joukov a commencé sa carrière militaire comme sous-officier dans l’armée impériale pendant la première guerre mondiale pour la terminer sous Staline comme général en chef de l’Armée Rouge. Il a participé à toutes les batailles et a conduit l’offensive russe jusqu’à Berlin où il a reçu la capitulation allemande le 8 mai 1945. Il est l’officier général le plus décoré de l’histoire de l’Union Soviétique.

    Plus tard, victime de la méfiance de Staline puis de Khrouchtchev à son égard, il fut mis au placard, mais aujourd’hui, il est honoré dans toute la Russie.

    Moscou - Place du manège - Statue du maréchal Joukov

     
    Moscou - Place du manège - Statue du maréchal Joukov

    Moscou - Place du manège - La porte de la résurrection donnant accès à la place rouge

     

    Alexandra nos emmène dans le musée de la guerre patriotique selon la terminologie russe, de la campagne de Russie de Napoléon, selon la terminologie française. Ce musée très moderne met en scène la guerre de 1812 et les événements précédant la bataille de Borodino, des reconstitutions historiques virtuelles de la bataille, l'histoire de l’incendie de Moscou ou encore la retraite désastreuse des troupes françaises. A travers les salles, on découvre de nombreux objets authentiques, uniformes, tableaux, livres et sculptures qui évoquent l'affrontement entre le maréchal Koutouzov et Napoléon. Parmi les nombreuses pièces présentées, le traîneau dans lequel Napoléon Bonaparte s’échappa après la défaite.

    Moscou - Place du manège - Musée de la guerre patriotique - Traineau de Napoléon

     
    En sortant de ce très beau et très intéressant musée, notre balade dans le centre nous conduit devant le Bolchoï illuminé.

    Moscou - Théâtre du Bolchoï


    Mais la Place Rouge nous attire comme un aimant.

    Moscou - La  Place rouge


    La jolie cathédrale Notre Dame de Khazan nous accueille de ses couleurs pastel avant de laisser la place aux façades scintillantes du Goum.

    Moscou - Avenue Vorota - Cathédrale N D de Kazan


    Moscou - Place rouge - Le Goum


    Mais en face, ce sont les murs illuminés du Kremlin qui attirent tous les regards. Les formes géométriques du mausolée de Lénine, dominée par les magnifiques tours du Sauveur et Senatskaïa, passent presque inaperçues.

    Moscou - Place rouge - Le mausolée de Lénine - Les murs du Kremlin et la tour du Sauveur


    Longeant les remparts, nous nous approchons de la cathédrale Basile le Bienheureux, toujours aussi magnifique sous les projecteurs. Photo de groupe devant la merveille.

    Moscou - Place rouge - La cathédrale Basile le Bienheureux


    Moscou - Place rouge - Le groupe devant la cathédrale Basile le Bienheureux


    C’est avec cette superbe image en tête que nous rejoignons le restaurant arménien où le dîner a été réservé. Un bel endroit qui est, paraît-il, habituellement hors de prix. Nous y avons bien mangé.

    Moscou - Repas dans un restaurant arménien


    Le retour à l’hôtel pourtant tout proche a été épique pour certains(es) qui ont eu un peu de mal à trouver le chemin…

     

    J 4 - Mardi 18 février - Moscou

    Journée musées aujourd’hui.

    Nous commençons par la galerie Tretiakov, fondée en 1856 par un mécène russe grand amateur d’art qui, de 1850 à 1874, acheta des tableaux à de jeunes peintres moscovites.


    Moscou - Galerie Tretiakov

    Guidés par Alexandra, on y découvre de magnifiques icônes des 13° et 14° siècles et quelques unes des plus grandes œuvres des peintres russes du 17° au début du 20° siècle.

    Moscou - Galerie Tretiakov - Salle des Icones


    J’ai particulièrement aimé le célèbre "Un matin dans une forêt de pins" d’un réalisme étonnant d’Ivan Chichkine,

    Moscou - Galerie Tretiakov - Un matin dans une forêt de pins par Ivan Chichkine


    "Les guerriers russes" et "Après la bataille", impressionnants tableaux de Viktor Vanetsov, qui étaient commentés aux jeunes élèves d’une école voisine,

    Moscou - Galerie Tretiakov - Les guerriers russes par Vanetsov

     
    Moscou - Galerie Tretiakov - Après la bataille par Vanetsov


    "La boyarina Morosova" de Vassili Sourikov, si intense,

    Moscou - Galerie Tretiakov - La boyarde Morosova par Sourikov


    "Portrait de Tolstoï" de Ilia Iefimovitch Repine, presque une photo,

    Moscou - Galerie Tretiakov - Portrait de Tolstoï par Ilia Iefimovitch Repine


    "L'inconnue" si mystérieuse d’Ivan Kramskoï,


    Moscou - Galerie Tretiakov - L'inconnue par Ivan Kramsko

    "Les freux sont de retour" froid et sobre de Alexeï Savrassov,

    Moscou - Galerie Tretiakov - Les freux sont de retour par Alexeï Savrassov


    "Union mal assortie" de Vassilii Poukirev, une critique réaliste de la condition féminine de son temps,

    Moscou - Galerie Tretiakov - Union mal assortie par Vassilii Poukirev


    "L'apparition du Christ au peuple" auquel Alexandre Ivanov consacra vingt ans de sa vie,

    Moscou - Galerie Tretiakov - L'apparition du Christ au peuple par Alexandre Ivanov


    Parmi les visiteurs peu nombreux, les tout jeunes élèves très attentifs d’une école et quelques jolies jeunes femmes.

    Moscou - Galerie Tretiakov - Groupe d'enfants dans la galerie

     
    Moscou - Galerie Tretiakov - Jolies visiteuses

     
    Moscou - Galerie Tretiakov - Jolies visiteuses


    Alexandra nous entraîne ensuite dans une promenade dans le quartier où elle a passé son enfance. Nous entrons dans une église orthodoxe du quartier et parcourons quelques rues tranquilles et d’autres plus animées où circulent de vieux tramways.


    Moscou - Vieux tramway dans les rues


    Devant la station de métro Novokouznetskaïa, nous découvrons l’un des Mac Do implantés dans la ville dès l’ouverture à l’ouest. Un progrès ? Pas sur le plan gastronomique en tout cas.

    Moscou - Mac Do en face de la station de métro Novokouznetskaïa

     
    Nous avions rendez-vous avec le reste de l’équipe qui avait suivi un programme différent au pied de la statue de Pouchkine sur la place du même nom.

    Une belle statue et un petit air napoléonien.

    Moscou - Statue de Pouchkine place Pouckine


    Ensuite, nous allons sacrifier à la tradition touristique en allant boire un chocolat au café Pouchkine, café qui n’a été créé que consécutivement au succès de la chanson de Gilbert Bécaud. Un très bel établissement et une remarquable exploitation du mythe.

    Moscou - Boulevard Tverskoï - Café Pouchkine

    Moscou - Nous tous au Café Pouchkine

     
    En sortant, deux choses attirent mon œil de photographe : un panneau publicitaire pour un salon de lingerie pour femmes rondes et, de l’autre coté de la place, l’horrible immeuble des Izvestia, le grand journal russe fondé en 1917 et toujours en activité.

    Moscou - Boulevard Tverskoï - Salon des XL


    Moscou - Place Pouchkine - Bâtiment des Izvectsia


    Deuxième musée de la journée, celui de l’histoire contemporaine qui, à travers photos, affiches et objets divers, raconte l’histoire de la Russie depuis 1900, la première révolution, le cuirassé Potemkine, la révolution de 1917, la guerre russo-japonaise, la conquête spatiale, etc.

    Moscou - Musée d'histoire moderne - La façade

    Moscou - Musée d'histoire moderne - Arbre illuminé


    On est accueilli par les magnifiques armoiries en relief de la Russie impériale.

    Moscou - Musée d'histoire moderne - Armoiries de la Russie impériale

    J’ai bien aimé les belles affiches de propagande, le magnifique tableau de la rencontre entre Brejnev et Fidel Castro et la petite chienne dans son scaphandre spatial.

    Moscou - Musée d'histoire moderne - Affiche de propagande

     
    Moscou - Musée d'histoire moderne - Affiche de propagande

    Moscou - Musée d'histoire moderne - Affiches de propagande

     
    Moscou - Musée d'histoire moderne - L'une des chiennes de l'espace

     
    Moscou - Musée d'histoire moderne - Tableau de la rencontre entre Fidel Castro et Brejnev


    Une salle est réservée aux cadeaux offerts à Staline pour son 70° anniversaire. On y voit des objets remarquables comme une impressionnante tenue de samouraï, d’originales œuvres d’art venant du Brésil et autres pays "exotiques". Mais, pour nous Français, le plus bel objet est l’assiette de porcelaine offerte par le parti communiste de Nevers ! Le plus beau symbole de l’aveuglement idéologique.

    Moscou - Musée d'histoire moderne - Cadeau du PC de Nevers pour les 70 ans de Staline


    En sortant du musée, nous descendons la rue Treviaska, les Champs Elysées moscovites, bordée de belles vitrines, d’immeubles majestueux et encombrée par une circulation intense.

    Moscou - Rue Tverkaîa - Circulation intense


    Nous passons devant l’hôtel de ville, remarquablement illuminé, puis entrons dans l’épicerie Elisseïev, un établissement réputé aménagé par Grigori Elisseeff vers 1898 avec un décor exubérant de vitraux, de lustres en cristal, de piliers sculptés, de comptoirs en bois poli et de grands miroirs. Un endroit magnifique où l’on trouve tout ce qui se fait de mieux en matière d’alimentation et de boissons, mais où les prix sont à la hauteur du décor, excessifs.

    Moscou - Rue Tverkaîa - L'hôtel de ville de Moscou


    Moscou - Rue Tverkaîa - Epicerie fine Elisseïev


    Il ne nous reste qu’à retourner dîner au même restaurant arménien que la veille. Cette fois, instruits par l’expérience, personne ne s’est perdu pour rentrer à l’hôtel.

     

    J 5 - Mercredi 19 février - Moscou - Kaluga

    Nous quittons ce petit hôtel tranquille qui nous a hébergés pendant 4 nuits pour rejoindre la gare Kievskaïa et y prendre un train pour la ville de Kaluga à environ 160 km au sud-ouest de la capitale.

    C’est une ville de 350 000 habitants où l’industrie tient une grande place. Après les turbines pour sous-marins nucléaires, centrales électriques, moteurs d'avions et d’engins blindés au temps de l’Union Soviétique, ce sont maintenant des voitures qui sont assemblées ici. Volkswagen, Volvo, Mitsubishi et, depuis 2010, PSA qui y construit Citroën C4 et Peugeot 408 pour le marché russe, sont installés dans cette ville.

    L’accès à la gare est aussi contrôlé que celui des aéroports, scanner pour les bagages et portiques magnétiques.

    Dans cette immense gare, l’une des neuf que comporte Moscou, l’affichage est en russe et en anglais, ce qui facilite grandement l’orientation.

    Notre train est déjà à quai.

    Moscou - Gare Kievskaîa - Train pour Kaluga


    À la porte de chaque wagon, une préposée dans son bel uniforme des RJD est là pour accueillir les voyageurs et contrôler tickets et passeports.

    Moscou - Gare Kievskaîa - Train pour Kaluga - Responsable du wagon

    Moscou - Gare Kievskaîa - Train pour Kaluga - Contrôle des billets et passeports

    Les places sont numérotées, le wagon est un peu vieillot mais il y a beaucoup de place. L’écartement plus grand des voies en Russie (9 cm de plus que chez nous) permet des voitures plus larges.

    Dans le train pour Kaluga


    Nous découvrons que le rôle de la préposée est aussi de prendre soin des passagers pendant le voyage en proposant du thé, des friandises et même des petits souvenirs.

    Dans le train pour Kaluga - Thé servi


    On traverse la banlieue de Moscou puis ce sont d’immenses étendues où il reste de la neige, de grands bois de bouleaux, des villages où on s’arrête quelques minutes.

    Nous voici arrivés à Kaluga dans une gare qui se trouve très loin de la ville.

    Kaluga - Arrivée en gare


    Il faut prendre des taxis qui, heureusement, ne sont pas chers du tout.

    Mais que venons-nous faire à Kaluga ?

    Kaluga est jumelée avec Montpellier depuis octobre 2017 et de nombreux échanges culturels et scolaires sont effectués notamment par l’intermédiaire de l’association Amitiés Russes dont nous faisons partie. Le programme de notre séjour comprend quelques activités liées à ces échanges.

    Notre hôtel Prioskaïa sur l’avenue Suvorova a tout à fait bonne allure et, malgré un décor un peu vieillot avec de grands rideaux pleins de plis, les chambres sont impeccables et grandes avec un salon attenant à la chambre.

     Kaluga - Hôtel Priokskaïa


    Il est déjà près de 15h et nous n’avons pas encore déjeuné. Nous marchons jusqu’à une moderne cafétéria où nous mangeons un bon repas rapidement et pour une somme modique.

    Nous avons rendez-vous avec Nadia, une jeune et jolie brune pour une balade à la découverte de la ville. Le centre ville est bien animé avec une circulation intense. Nous retrouvons la paix dans le parc qui surplombe la vallée où coule l’Oka, affluent de la Moskova.

    Kaluga - Eglise sur Kirova

     
    Kaluga - Coucher de soleil sur la vallée de l'Oka


    Kaluga - Gorodskoï parc - Statue de Nicolas II


    Kaluga - Gorodskoï parc - Chêne vieux de 700 ans


    Tout à coté, de l’autre coté du pont de pierre qui enjambe un ravin autrefois limite de la ville, nous sommes attendus dans les locaux d’une association liée à Amitiés Russes. Petits discours de bienvenue et dégustation de la spécialité locale, le cecto, une délicieuse pâte faite avec de la farine et des baies d’obier et autres arbustes, accompagné de quelques pâtisseries et d’infusions de feuilles de bouleaux, de pin et d’orties, le tout commenté par une charmante blonde dont je n’ai pas retenu le prénom.

    Kaluga - Jeune russe


    Pour retourner au centre, nous empruntons un bus de la ville qui, malgré son allure un peu déglinguée, fonctionne au gaz et est équipé d’un écran vidéo indiquant la météo et le cours du dollar et de l’euro.

    Kaluga - Bus au gaz


    Kaluga - La météo affichée dans le bus


    Le dîner se passe dans un agréable restaurant qui fait aussi dancing et karaoké. On en profite bien entendu et nous y passons une excellente soirée.

    La première impression sur la ville n’était pas terrible. C’est évidemment moins riche que la capitale et les magasins sont bien plus ordinaires mais on y trouve des supermarchés tout à fait bien remplis. À cause de la neige fondue, les rues sont boueuses et les voitures qui roulent toutes avec des pneus cloutés sont particulièrement sales. Mais toujours aussi haut de gamme !

    À l’usage, on s’y habitue bien et on ne fait plus attention. C’est certainement le contraste avec la propreté immaculée de Moscou qui est à l’origine de cette impression.

     

    J 6- Jeudi 20 février - Kaluga

    Nous empruntons un trolleybus qui nous emmène dans l’ouest de la ville.

    Kaluga - Trolleybus

     
    Kaluga - Dans le trolleybus

    Il nous dépose à l’entrée d’un parc devant un mur bleu portant une phrase ambigu et très futuriste : «la planète est le berceau de la raison mais on ne peut pas vivre éternellement dans le berceau».

    Kaluga - Musée du cosmos - La planète est le berceau de l'esprit mais il ne faut pas rester éternellement dans le berceau


    L’auteur de ces mots est Konstantin Edouardovitch Tsiolkovski (1857-1935), un visionnaire à la fois concepteur et bricoleur de génie qui, dès cette époque, avait imaginé la conquête spatiale. Il vivait à Kaluga et il est la raison de la présence dans cette ville d’un remarquable musée du cosmos que nous allons visiter.

    Nous sommes accueillis à l’entrée du musée par Olga et Julia, deux jeunes élèves de l’école n°19 un peu intimidées qui ont préparés leur présentation du musée en français et nous parlent aussi de la belle statue de Youri Gagarine qui trône à l'entrée. Une copie a été offerte à la ville de Montpellier et a été érigée à l’entrée du pont Gagarine donnant accès à la gare Sud de France.

    Kaluga - Musée du cosmos - Statue de Gagarine

    Kaluga - Musée du cosmos - Notre guide Katia


    Après avoir religieusement écouté leur présentation, nous commençons la visite. Dans l’escalier qui donne accès aux salles du musée, nous sommes accueillis par le fameux spoutnik (satellite en russe) qui passait dans le ciel de mes 9 ans et dont on écoutait les bip bip à la radio. Modeste premier satellite artificiel de la terre, avec ses 58 cm de diamètre et ses 83 kg, il a donné naissance à toute une série d’engins spatiaux présentés dans ce magnifique musée, vaisseaux habités Vostok, Soyouz et Saliout, sondes lunaires et martiennes et quelques autres non identifiées.

    Kaluga - Musée du cosmos - Spoutnik

     
    Kaluga - Musée du cosmos - Divers engins spatiaux

     
    Kaluga - Musée du cosmos - Divers engins spatiaux


    Kaluga - Musée du cosmos - Vostok


    Hélène et moi posons devant le vaisseau Soyouz 34 qui avait décollé à vide de Baïkonour le 6 juin 1979 pour ramener sur terre le 19 août les astronautes Vladimir Liakhov et Vladimir Ryulin après leur séjour dans la station Saliout 6.

    Kaluga - Musée du cosmos - Hélène et Max près de Soyouz 34 de 1979


    J’ai failli oublier de mentionner un panneau à l’entrée du musée sur lequel s’étire en caractères lumineux une formule mathématique particulièrement complexe. Renseignement pris, il s’agit de l'équation de Tsiolkovski, équation fondamentale de l'astronautique reliant l'accroissement de vitesse au cours d'une phase de propulsion d'un astronef doté d'un moteur à réaction au rapport de sa masse initiale à sa masse finale. Vous avez compris ?

    Kaluga - Musée du cosmos - L'équation fondamentale de Tsiolkovski


    Nous ressortons enthousiasmés par cet extraordinaire musée et, après avoir déjeuné dans un agréable restaurant tout proche, nous redescendons à pied vers la vallée de l’Oka. Ce quartier excentré n’a pas été défiguré par les barres d’immeubles de l’époque soviétique et on peut y voir plusieurs maisons anciennes en bois.

    Kaluga - Rue Stiolkovskaia - Vieilles maisons traditionelles


    Kaluga - Rue Stiolkovskaia - Vieilles maisons traditionelles


    Kaluga - Rue Stiolkovskaia - Vieilles maisons traditionelles


    La dernière, tout en bas, est la maison où vivait Tsiolkovski, aujourd’hui transformée en un joli et émouvant musée.

    Kaluga - Rue Stiolkovskaia - Anne Marie devant la maison de Tsiolkovski


    L’inattendu retour du soleil nous permet d’attendre agréablement l’heure de la visite dans le jardin de la maison.

    Kaluga - Rue Stiolkovskaia - Dans le jardin de la maison de Tsiolkovski


    La visite permet de voir les pièces où Konstantin vivait mais surtout celles, à l’étage où il travaillait. D’abord le bureau où il imaginait les engins destinés à quitter la terre puis l’atelier où il les construisait en miniature.

    Kaluga - Rue Stiolkovskaia - Maison de Tsiolkovski - Le bureau du savant


    Kaluga - Rue Stiolkovskaia - Maison de Tsiolkovski - L'atelier du savant


    À voir les maquettes exposées dans l’atelier, Tsiolkovski s’était visiblement inspiré de Jules Verne et sans doute aussi de Léonard de Vinci. J’ai l’impression que le célèbre professeur Tournesol des aventures de Tintin a été copié sur lui. Mêmes idées géniales et parfois farfelues, même canne, manteau et chapeau noir, et même surdité totale qui le conduisait à fabriquer des cornets de plus en plus grands pour essayer d’entendre ses congénères.

    Cette maison toute simple a une âme, peut-être car elle est restée inchangée malgré les inondations de la rivière. Les astronautes russes y viennent se recueillir avant de partir dans l’espace et plusieurs cosmonautes américains y sont venus aussi.

    Après cette intéressante visite, nous nous séparons en deux groupes. Notre petit groupe revient tranquillement vers le centre en profitant du soleil et des quelques curiosités que nous rencontrons.

    Kaluga - La ville bien aimée

    Kaluga - A la croisée des chemins

    Nous passons près d’une jolie église blanche et bleue aux coupoles noires. C’est l’église Saint Georges.

    Kaluga - Rue Georgievskaia - Eglise St Georges


    Nous entrons. L’église est vide à l’exception d’une vieille dame qui vend des cierges et autres babioles mais des chants mélodieux proviennent de derrière la cloison. Nous visitons tranquillement en admirant icônes, statues et autres ornements et découvrons le grand réservoir d’eau bénite installé près de l’entrée où les fidèles habitués remplissent de petites bouteilles.


    Kaluga - Rue Georgievskaia - Eglise St Georges - Intérieur

     
    Kaluga - Rue Georgievskaia - Eglise St Georges - Réservoir d'eau  baptismale

     
    Toujours à pied, nous rejoignons le restaurant Koukouskaïa où nous avons rendez-vous pour dîner avec huit professeurs de français de l’université de Kaluga. Nous passons une excellente soirée en leur compagnie. J’étais placé entre Aniouchka et Larissa, toutes deux charmantes, élégantes et d’allure très slave.

    Nous avons découvert que ce restaurant n'était pas très éloigné de l'hôtel, aussi nous rentrons à pied ce qui nous permet d'admirer au passage sur la place Staryy Torg, une magnifique statue d'Ivan III, dit le Grand, premier souverain à porter le titre de tsar en 1462. C'est sous son règne que l'unification de l'état russe franchit une étape cruciale quand il déclara l'indépendance de la Russie sur les marches de la cathédrale de la Dormition.
     

    Kaluga - Place Staryy Torg - Statue d'Ivan III

     

    J 7 - Vendredi 21 février - Kaluga

    Nous sommes ravis de découvrir au réveil un grand ciel bleu et un beau soleil.

    La température en a profité pour chuter jusqu’à un - 6° tout à fait supportable en l’absence de vent.

    Un minibus nous emmène à Polotniany Zavod, petit village à quelques kilomètres de Kaluga où se trouve la belle maison de la famille de Natalia Nikolaïevna Gontcharova, l’épouse d’Alexandre Pouchkine.


    Polotniany Zavod - L'église

    C’est une superbe demeure construite par son aïeul, Athanase Abramovitch qui avait fait fortune dans l’exploitation et le tissage du lin. Homme d’affaires avisé, il utilisait les chutes du tissu qu’il fabriquait pour faire du papier de très haute qualité. Ce papier ayant été remarqué par le tsar, il devint fournisseur de la cour et fut anobli.

    Polotnyany Zavod - Le palais de Natalia Nikolaievna Gontcharova


    Nous avons droit à une visite privilégiée de cette belle maison et parcourons les pièces en compagnie d’une guide très compétente. Parmi les objets remarquables présentés, un portrait de Natalia réputée comme la plus belle femme de son temps, le bureau où Pouchkine travaillait et un portrait d’époque du poète ainsi qu'un livre de poésies original.

    Polotnyany Zavod - Le palais de Natalia Nikolaievna Gontcharova - Portrait de Natalia


    Polotnyany Zavod - Le palais de Natalia Nikolaievna Gontcharova - Le bureau de Pouchkine


    Polotnyany Zavod - Le palais de Natalia Nikolaievna Gontcharova - Portrait de Pouchkine

    Polotniany Zavod - Le palais de Natalia Nikolaïevna Gontcharova - Livre de poésies de Pouchkine


    Polotnyany Zavod - Le palais de Natalia Nikolaievna Gontcharova - Photo de groupe dans la salle à manger

    Près de là, les étangs sont gelés. Un gars s’est tranquillement installé sur la glace et pêche par le trou creusé avec une sorte de bêche. Un spectacle tout à fait original pas très courant dans nos régions.

    Polotnianiye Zavod - Pêcheur sur l'étang gelé


    En repartant du village en début d’après-midi, nous faisons halte près du mémorial de l’escadrille Normandie Niémen.

    Polotnianiye Zavod - Monument de l'escadrille Normandie Niemen


    Ce groupe de chasse faisait partie des Forces Françaises Libres
    . Créé en 1942 sur ordre du général de Gaulle, il fut engagé en Union Soviétique sur le front de l'Est et participa brillamment aux combats contre l’armée allemande jusqu’à la fin de la guerre en mai 1945. Il changea de base plusieurs fois et l'une d'entre elles était située tout près de là.

    Il était équipé d’avions de chasse soviétiques, des Yack 3 dont Staline en personne fit don aux pilotes et qu’ils ramenèrent en France. Une décision unique considérée comme un grand honneur et une très haute récompense.

     

    L’étape suivante nous emmène au monastère d’Optina, un monastère orthodoxe pour hommes situé non loin de la ville de Kozelsk qui, selon la légende, aurait été fondé au 14° siècle. Il comporte plusieurs églises et un clocher à étages qui domine l’entrée et, au centre, l’église de la présentation à la Vierge où nous sommes autorisés à entrer.

    Kozelsk - Monastère d'Optina


    Kozelsk - Monastère d'Optina - Cathédrale de la présentation de la Vierge


    Les femmes doivent couvrir leurs jambes et la tête avec des tissus mis à disposition, ce qui n’est pas très élégant et leur donne tout à fait un air de babouchka.

    Kozelsk - Monastère d'Optina - Françoise et Anne Marie devant la cathédrale de la présentation de la Vierge


    De retour à Kaluga, nous allons directement au bania pour une soirée typiquement russe que nous ont organisée Nadia et Sergueï.

    Kaluga - Arrivée au banya


    Le bania est un bain de vapeur chaude qui se différencie du sauna
     scandinave à chaleur sèche. On obtient cette vapeur en aspergeant d’eau chaude un poêle en brique qui peut faire monter la température jusqu’à 120°. La tradition veut qu’on se fouette vigoureusement avec une sorte de balai fait de branches de bouleau ou de chêne imprégnées d’eau, le venik. Cela sert à nettoyer et assouplir la peau, à activer la sudation et la circulation du sang tout en dégageant un agréable parfum. Une fois ce massage terminé, il est d’usage de plonger dans un bassin d’eau froide, un lac, une rivière ou bien, l’hiver, de se rouler dans la neige. On répète habituellement le processus deux ou trois fois avant de prendre un thé et des douceurs dans la salle de repos.

    Nous sacrifions donc à la tradition. Une fois déshabillés et la tête protégée de la chaleur par une sorte de bonnet en feutre d’une élégance rare, nous entrons par groupe de quatre dans la salle chaude, toute tapissée de bois et aménagée avec des gradins. D’après Sergueï qui nous installe et nous explique, la température est de 80° sur le gradin le plus bas et atteint 100° en haut. Prudemment, nous nous contentons des 80° du bas. C’est déjà bien et ça décape. Sergueï nous fouette avec le venik. C’est vrai que c’est très agréable, presque rafraîchissant.

    Personnellement je ne reste que quelques minutes avant d’aller me tremper délicatement et progressivement dans le bassin d’eau froide.

    Dans la grande pièce au-dessus, la table est mise, l’eau bout dans le samovar apporté par Nadia. Une délicieuse confiture d’airelles faite par sa grand-mère nous est proposée accompagnée de pain noir.

    Avec quelques autres, je retourne une nouvelle fois en enfer. À mon retour, une bouteille de vodka a fait son apparition sur la table. Les verres sont remplis et nous avalons le breuvage glacé. L’ambiance monte.

    Et la soirée continue ainsi. De délicieux morceaux de poulet désossé accompagnés de légumes, grillés au barbecue arrivent d’un petit restaurant voisin et une deuxième bouteille de vodka est apparue sur la table. Après plusieurs passages dans le bania et quelques rasades de vodka, nous attaquons tous en chœur des chansons paillardes en français et en russe. C’est fou comme on apprend vite dans ces circonstances !

    Kaluga - Au banya


    «
    С лёгким паром!» «Que la vapeur soit légère !»

    C’est ce que l’on souhaite traditionnellement à ceux qui sortent du bania. Elle l’aura été pour nous. Nous sommes rentrés à l’hôtel dans un taxi conduit par un arménien qui nous a immédiatement parlé de Charles Aznavour quand il a su que nous étions français. 

     

    J 8 - Samedi 22 février - Tula

    La nuit a été bonne. Aucune trace des excès de vodka de la veille. Le minibus nous attend sagement sur le parking.

    Nous prenons la route de Tula, une ville située à 120 km à l’est de Kaluga.

    La belle route qui nous y mène me rassure sur l’état du réseau routier que j’emprunterai l’été prochain.

    Arrivée à Tula


    Nous allons directement au manoir de Yasnaya Polyana à une douzaine de kilomètres au sud-est de la ville. Ce domaine est le lieu où Lev Nikolaïevitch Tolstoï est né le 28 août 1828 et a vécu une grande partie de sa vie.

    Yasnaya Polyana


    Il était issu d’une famille aristocratique, son père était le comte Nicolas Ilitch Tolstoï, ancien combattant de la campagne de Russie, sa mère était la comtesse Maria Nikolaïevna Volkonskaïa, fille du feld-maréchal Nicolas Volkonsky.

    C’est ici qu’il a écrit deux de ses plus grandes œuvres, "Guerre et Paix" et "Anna Karénine".

    La maison que nous allons visiter date des premières années du 19° siècle. Ce n'est que l'aile nord du château originel construit en 1763 par le grand-père de Tolstoï. Pour payer des dettes de jeu, la partie centrale du château a été vendue en 1854, démontée et reconstruite trente kilomètres plus loin. Tolstoï et sa famille se sont alors installés dans l'aile nord, modifiée et agrandie.

    Même ainsi diminuée, l’endroit a belle allure sous le léger tapis de neige qui recouvre le sol et l’étang gelé.

    Yasnaya Polyana - Max au bord de l'étang gelé


    Nous sommes samedi et de nombreux Russes, dont deux belles jeunes femmes élégamment emmitouflées, sont eux aussi venus visiter le lieu.

    Yasnaya Polyana - 2 élégantes russes bien emmitoulées


    Nous entrons dans la propriété par une longue allée plantée de bouleaux du plus bel effet.

    Yasnaya Polyana - Entrée du domaine


    En haut de la colline, la maison apparaît dans la simplicité de ses façades blanches et de ses toits verts.

    Yasnaya Polyana - La maison de Tolstoï


    Après le rituel déshabillage, nous chaussons les patins de plastic bleu et suivons notre guide à travers la maison.

    Chaussons


    Au premier étage, nous voyons la belle salle à manger avec les portraits de famille, le petit salon, le bureau puis la chambre de Tolstoï.

    Yasnaya Polyana - La maison de Tolstoï - La salle à manger


    Yasnaya Polyana - La maison de Tolstoï - La chambre


    Au rez-de-chaussée, nous voyons la pièce où Léon avait fait aménager un nouvel atelier car il trouvait celui de l’étage trop luxueux. Le plus remarquable est que, dans cette maison devenue musée, tout est d’époque, rien n’a bougé depuis la mort de l’écrivain, seul, incompris de toute sa famille et malade, dans la petite gare d'Astapovo, tout près de chez lui.

    Nous passons ensuite dans l’autre aile où autrefois était installée l’école que Tolstoï avait créée pour les enfants des paysans de son domaine.

    Dans le vaste parc qui entoure les habitations, c’est le printemps qui s’installe doucement malgré la neige. Les oiseaux chantent et viennent se nourrir dans les mangeoires installées sur les arbres, tandis que les ruches dont Tolstoï s’occupaient lui-même sont toujours silencieuses.

    Yasnaya Polyana - Mangeoire à oiseaux


    Yasnaya Polyana - Les ruches


    Il faut cheminer dans la neige pendant un bon moment pour atteindre l’endroit où Tolstoï a été inhumé. J’ai pris un peu d’avance pour être seul une fois arrivé sur place.

    La tombe de Tolstoï est un simple monticule, sans croix, ni pierre tombale, ni inscription, en plein bois, au bord d’un ravin. Tolstoï voulait être enterré là, en souvenir d’un jeu de son enfance.

    Yasnaya Polyana - La tombe de Tolstoï

     

    Voici ce qu’en disait Stefan Zweig lors de sa venue sur place en 1928 :

    «Ni la crypte de Napoléon sous la coupole de marbre des Invalides, ni le cercueil de Goethe dans le caveau des princes à Weimar, ni les monuments de l'abbaye de Westminster n'impressionnent autant que cette tombe merveilleusement silencieuse, à l'anonymat touchant, quelque part dans la forêt, environnée par le murmure du vent, et qui ne livre par elle-même nul message ni ne profère nulle parole.».

     

    Après cette intéressante visite et cette émouvante promenade jusqu’à cette tombe solitaire, il faut bien revenir vers la ville. Tula, fondée par les princes de Souzdal au 12° siècle, compte aujourd’hui 485 000 habitants. De cette lointaine époque, on peut admirer le magnifique kremlin aux murs de briques rouges, certes moins imposant que celui de Moscou, mais tout aussi bien mis en valeur.

    Tula - Kremlin - Tour Spasskaia


    Au cours de la Seconde Guerre mondiale, lors de la bataille de Moscou à la fin de 1941, Tula fut l’une des villes où les Soviétiques parvinrent à stopper définitivement l’avancée des armées allemandes, au prix d’une résistance acharnée et de lourdes pertes. C’est en raison de cette action héroïque que Tula reçut le titre de "Ville héros" en 1976, titre qui est fièrement affiché au fronton de l’hôtel de ville.

    En entrant dans la ville, mon œil de militaire remarque sur une contre-allée un BMD-2, le blindé transport de troupes aérotransportable de l’armée russe. Il se trouve à l’entrée de l’état-major de la 106° division aéroportée stationnée dans la ville.

    Tula - BMD-2 devant l'EM de la 106° division parachutiste


    Nous allons directement sur la grande place Lénine où se trouve le musée des samovars. En effet, Tula qui fut un centre métallurgique dès le 16° siècle était connue comme la capitale du samovar. Elle est connue aussi pour ses prianiks, des pains d’épices très populaires en Russie pour accompagner le thé, plus spécialement à la période de Noël.

    Le musée des samovars contient une grande collection de samovars de la fabrique Batachev et de ses héritiers, en cuivre rouge, en argent, en verre, en forme de vases grecs.

    Tula - Musée des samovars


    Tula - Musée des samovars - Quelques belles pièces


    Modérément intéressé par les samovars, je quitte le musée pour aller me promener dans la ville alors que la nuit tombe lentement. Le kremlin s’illumine tout comme la cathédrale de l’Assomption, magnifique sous l’éclairage déclinant du crépuscule.

    Tula - Kremlin - Cathédrale de l'Assomption


    L’immense place Lénine est bordée par plusieurs bâtiments intéressants : le palais du gouvernement de l’oblast de Tula à l’architecture très soviétique devant lequel se dresse une immense statue de Lénine, et en face, l’hôtel de ville et l’église Svyato Upsenskyi toute sombre avec ses murs ocre et ses coupoles noires.

    Tula - Lenin Prospekt - Palais du gouvernement de l'Oblast


    Tula - Lenin Prospekt - Statue de Lénine


    Tula - Eglise Svyato Upsenskyi


    Kader vient me rejoindre et nous arpentons ensemble l’immense place au milieu de laquelle a été installée une grande patinoire où jeunes et moins jeunes tournent au rythme d’une musique des plus entraînante sous des éclairages multicolores et tourbillonnants de boîte de nuit. Un endroit chaud malgré le froid glacial.

    Tula - Lenin Prospekt - Patinoire

     
    De retour à Kaluga, nous allons dîner à nouveau au Victoria. L’ambiance a changé. Nous sommes samedi soir, il y a du monde dont beaucoup de femmes seules bien habillées et maquillées et quelques gars qui ont visiblement abusé de la vodka. Le DJ lui, s’en donne à cœur joie et nous prenons le temps de faire quelques danses avant de rentrer.

     

    J 9 - Dimanche 23 février - Etno Myr

    Grande surprise au réveil en découvrant un paysage tout blanc. Il neige. Enfin !

    Il est tombé juste quelques centimètres mais cela suffit à notre bonheur.

    Nous prenons la route pour Etno Myr à quelques cent kilomètres de Kaluga. Le paysage est complètement transformé mais la route reste très praticable. En tout cas, personne ne semble s’inquiéter de rien et les gens roulent quasiment aussi vite que d’habitude, à commencer par notre minibus. Mais il est vrai que la plupart des véhicules roulent avec des pneus cloutés.

    Sur la route d'Etnomyr


    Etno Myr, c’est un complexe où sont présentées toutes les régions de Russie, avec leurs différences ethniques, géographiques ou culturelles. Conçu comme un parc d’attractions, il présente aussi différentes régions du monde dans le style de ce que l’on peut voir dans certains parcs occidentaux. D’après le site Internet d’Etno Myr, plusieurs centres existent en Russie et dans des pays voisins (Azerbaïdjan, Kazakhstan notamment).

    Celui où nous venons d’arriver ne semble pas être terminé car d’immenses surfaces sont encore vides et la vieille Zaz 968 Zaparovetch qui ressemble beaucoup à une NSU Prinz allemande semble abandonnée au milieu de cette immensité blanche.

    Etnomyr - Zas 968 Zaparovetch


    Nous sommes dimanche et il y a déjà pas mal de monde, surtout des familles avec des enfants que le froid vif ne dérange absolument pas.

    Etnomyr - Enfants spectateurs

    Etnomyr - Enfants spectateurs


    Dès l’entrée du site, nous sommes accueillis par un groupe de danseuses dans leurs costumes traditionnels multicolores. La musique est entraînante et les spectateurs chantent et tapent dans leurs mains.

    Etnomyr - Danseuses en costumes folkloriques


    Au cours de notre balade, nous avons découvert plusieurs types d’habitat dont des yourtes et cette cabane sibérienne en écorce de bouleau, jolie, originale mais certainement pas très chaude.

    Etnomyr - Maison en écorce de bouleau


    Plus loin, ce sont des chiens huskys au pelage blanc et aux magnifiques yeux gris bleus. Des promenades en traîneau tiré par les chiens sont proposées aux visiteurs. Les enfants adorent.

    Au fond de l’immense clairière, nous voyons arriver ce scooter tricycle chaîné qui se joue de la neige et de la boue.

    Etnomyr - Scooter triporteur


    Mais près de là, c’est un engin plus moderne et plus efficace que nous voyons évoluer, le Sherp, fabriqué par une petite entreprise de Saint Petersburg.

     Etnomyr - Véhicule tout-terrain Sherp


    L’engin a une sacrée "gueule". Sans aucun porte-à-faux, ses 4 énormes roues à basse pression variable sont gonflées avec les gaz d’échappement et lui permettent de se jouer de tous les obstacles, marécages compris, puisqu’il est amphibie. Son concepteur Pavel Lebechenkov affirme qu’il est aussi fiable qu’une kalachnikov, une référence.

    Moyennant une grosse poignée de roubles, Kader, Claude et Maryse partent faire un tour de démonstration et reviennent convaincus. Mais à 92 000 € l’exemplaire, ils ont hésité à repartir avec.

    Après cette longue promenade, nous allons déjeuner dans l’agréable cafétéria du centre puis nous parcourons une longue galerie où s’alignent les magasins de souvenirs. Kader étonne le gérant du stand présentant l’Egypte en s’adressant à lui en arabe. Quant au stand sur la France, il est plutôt décevant.

    Un remarquable spectacle de danse et de chants est présenté sur une scène et nous nous installons pour regarder les beaux costumes, les jolies filles, les gars superbes et les danses spectaculaires.

    Etno Myr - Enfant chanteuse

    Etnomyr - Spectacle de danse


    Etnomyr - Spectacle de danse


    Etnomyr - Spectacle de danse


    À l’extérieur, Hélène et moi posons aux cotés d’un Tolstoï imperturbable dans le froid sibérien.

    Etnomyr - Hélène et Max en compagnie de Tolstoï

     
    Il fait presque nuit lorsque nous reprenons la route pour Kaluga. À nouveau, nous allons directement au restaurant Victoria qui est quasiment devenu notre cantine. Personne ce soir, Hélène et Maryse accompagnent la DJ qui a des chansons françaises dans son répertoire.

    Kalouga - Le Victoria - Hélène et Maryse au karaoké

     

    J 10 - Lundi 24 février - Kaluga

    Le dernier jour de notre séjour est tranquille. Seul impératif au programme, un rendez-vous à 11h à l’école n°19 où une petite réception a été organisée en notre honneur. Cette école est celle où les élèves apprennent le français et font des échanges avec Montpellier. Quelques élèves et surtout les professeurs sont venus en séjour dans notre ville et ils ont à cœur de nous recevoir comme il faut.

    En attendant, Hélène et moi accompagnés d’Anne Marie et Françoise, allons jusqu’à la rue Kirova chercher un supermarché pour faire quelques achats. C’est une belle avenue que nous descendons jusqu’à la place de la Victoire, grand rond-point qui en marque la fin. Là se dresse le grand monument aux victoires de l’armée rouge et, juste devant, la statue équestre du maréchal Joukov, le grand vainqueur de l’armée allemande en 1945.

    Kalouga - Place de la victoire - Monument du maréchal Joukov


    Devant, la flamme brûle sur la tombe du soldat inconnu couverte d’œillets rouges et ornée de deux belles gerbes très officielles.

    Kalouga - Place de la victoire - Monument aux morts


    La veille était le 23 février, jour du défenseur de la patrie et des cérémonies ont eu lieu dans tout le pays, c’est pourquoi ce monument est fleuri. C’est un jour férié observé en Russie et dans d'autres anciennes républiques de l'URSS.

    Nous entrons dans un supermarché ATAC tout à fait comme chez nous. Pour acheter la bouteille de vodka à ramener en souvenir, il faut attendre car la vente d’alcool est interdite avant 10h et après 18h pour lutter contre les excès. De même, il n’y a aucune tolérance pour l’alcool au volant.

    Kalouga - Avenue Kirova - Supermarché ATAC


    Plus loin, dans un magasin de souvenirs, nous trouvons les tant recherchées cartes postales mais il a fallu demander car elles n’étaient pas exposées mais cachées au fond d’un tiroir.

    Nous retrouvons le reste de l’équipe près de l’hôtel et partons à pied rejoindre l’école. Nous galérons un peu car elle n’est pas facile à trouver et elle n’est pas signalée.

    Nous y voilà.

    À l’entrée, une grande inscription "Soyez les bienvenus" a été placée au dessus de la porte.

    Kalouga - Entrée de l'école n°19


    Le directeur et plusieurs des professeurs nous accueillent. Dans le couloir, face à l’entrée, le tableau d’honneur, avec les photos des élèves méritants. Une autre ambiance.

    Kalouga - Ecole n°19 - Le directeur

    Kalouga - Ecole n°19 - Tableau d'honneur


    Nous sommes conduits dans une grande salle qui a été emménagée en musée de l’escadrille Normandie Niémen et nous y avons droit à un joli spectacle réalisé par les élèves. En français et en vers s’il vous plaît.

    Kalouga - Ecole n°19 - Spectacle de bienvenue

    Puis, c’est une présentation de ce petit musée sur cette escadrille française qui, de 1943 à 1945, a combattu aux cotés des Soviétiques contre les Allemands.

    Kalouga - Ecole n°19 - Musée Normandie Niémen


    C’est assez émouvant de voir combien le souvenir de cette poignée de Français est pieusement conservé ici alors que la plupart des Français ignorent cet épisode de la 2° guerre mondiale. Il témoigne parfaitement du respect que les Russes entretiennent pour celles et ceux qui défendent la patrie. Encore une fois, 26 millions de morts, cela ne s’oublie pas.

    Parmi les objets exposés, une plaquette avec des photos et les papiers militaires du capitaine Pierre Jeannel, l’un des membres de l’escadrille.

    Kalouga - Ecole n°19 - Musée Normandie Niémen - Papiers du Capitaine Pierre Jeannel


    Né en 1920, Pierre Jeannel est entré dans la carrière militaire en 1938. En 1943, alors qu’il est lieutenant, il quitte la France et rejoint les forces françaises libres en Afrique du Nord. Volontaire, il rejoint l’escadrille Normandie Niémen en 1943 et y restera jusqu’en avril 1945 après 2 victoires en combat aérien et après avoir été abattu au dessus de Smolensk en pleine offensive russe. Il passera six mois à l’hôpital à Moscou où il est traité pour une fracture de la colonne vertébrale.

    En 1948, revenu en France, il est mis à la disposition d’une mission de l’ONU en Palestine comme pilote d’un avion de liaison. Le 28 août, son avion est abattu par la DCA égyptienne et il est tué ainsi que son équipage et ses passagers par des fanatiques arabes qui les prennent pour des juifs. Drôle de fin pour un homme qui a vécu ce qu’il a vécu.

    Dans une autre salle, un autre petit spectacle nous est présenté pour mettre en valeur les actions écologiques réalisées par l’école. Une élève, Sacha, nous montre ses peintures sur des objets de récupération, coques de noix, bouteilles plastique, emballages divers.

    Photo de groupe pour clôturer cette sympathique matinée.

    Kalouga - Ecole n°19 - Photo de groupe


    C’est Sacha qui nous conduit jusqu’au restaurant Le Spoutnik pas très loin de là sur l’avenue Lenina où nous prenons notre repas.

    Kalouga - Rue Lénine - Max devant le restaurant Spoutnik


    Le cimetière n’étant pas très loin, nous allons voir à quoi il ressemble. Il y a encore de la neige dans les allées et il n’est pas très gai. Le ciel gris et les arbres décharnés y sont sans doute pour quelque chose. Le fait que toutes les tombes soient entourées d’une grille en fer forgé noire n’aide pas non plus à apporter un peu de gaieté. Il y a des cimetières qui sont gais et où il est agréable de se promener comme celui de Lviv en Ukraine que nous sommes allés voir en 2018.

     Kalouga - Tombes dans le cimetière Piatnichkoe


    Nous allons jusqu’au carré militaire. Là s’élève le monument aux victimes de la guerre et sur deux murs de marbre blanc l’interminable liste des morts. Il y a deux monuments en fait, d’un coté les soldats, de l’autre les civils de la ville qui ont, eux aussi, participé aux combats ayant permis d’arrêter l’armée allemande avant qu’elle n’atteigne Moscou.


    Kalouga - Monument aux morts dans le cimetière Piatnichkoe

    Kalouga - Monument aux morts dans le cimetière Piatnichkoe
     

    Nous terminons notre séjour à Kaluga par une dernière balade dans les rues animées du centre toutes illuminées à la tombée de la nuit.

     

    J 11 - Mardi 25 février - Retour

    Le dernier jour commence très tôt car il ne faut surtout pas rater le train qui va nous ramener à Moscou et l’on se souvient que la gare se trouve loin de la ville. Trois taxis seront nécessaires pour tous nous amener là-bas.

    Dans la gare, je remarque cette affiche bien détaillée et très explicite incitant les gens à la vigilance contre le terrorisme.

    Kalouga - Affiche anti-terorisme dans la gare


    Le train arrive pile à l’heure. Celui-ci est plus moderne, les wagons sont à étage et comportent un grand compartiment à bagages bien pratique.

     Kalouga - Notre train pour Moscou


    Il y a toujours une préposée à chaque wagon qui contrôle billets et passeports avant de nous laisser embarquer et qui, malgré son air revêche, est très agréable et très serviable avec ses passagers.

    La controleuse dans le train pour Moscou


    Les wagons sont très confortables avec beaucoup de place pour tout le monde et n’ont rien à envier à nos TGV si ce n’est la vitesse.

    Dans le train pour Moscou


    Agrémenté d’un thé servi par notre chef de wagon, le trajet se passe sans aucun souci et nous retrouvons la gare Kievskaïa que nous avons quitté six jours plus tôt, inondée de soleil.

    Hélène et moi quittons le reste du groupe qui va rejoindre l’aéroport en utilisant le métro et un train de banlieue. Un de mes amis, Mikaël Vadimov, officier russe connu au cours d’une mission de l’ONU, nous attend pour nous conduire à l’aéroport avec sa voiture, ce qui nous laissera du temps pour discuter.

    Nous le retrouvons sur le parking de l’hôtel voisin. J’ai droit au béret bleu de l’ONU que j’ai si souvent porté dans ma carrière pour la photo commémorant cette rencontre.

    Moscou - Gare Kievskaia - Avec Mikael Vadimov


    Mikaël nous embarque et nous filons sur l’un des périphériques de Moscou qui passe tout près du nouveau quartier d’affaires dont Moscou est fier, Moskva City qui combine centres d’affaires, zones de loisirs et espaces résidentiels. Ce sont de hautes tours aux formes futuristes et aux façades en verre bleu. L’une d’entre elles est la plus haute tour d’Europe avec 373 m.

    Un parking a été aménagé tout exprès au bord de la rocade et au pied des tours et nous nous arrêtons pour immortaliser l’instant.

    Moscou - Devant le centre de commerce international


    Plus loin, nous passons le panneau de fin d’agglomération de Moscou, ce qui est comme une sorte de symbole de la fin du voyage.

    Moscou - Panneau de fin d'agglomération


    Malgré l’intense circulation, nous sommes largement à l’avance à Sheremetievo. Notre vol n’étant pas encore annoncé, nous allons déjeuner dans une des cafétérias. Vadim m’offre le béret bleu ainsi qu’un superbe T-shirt des forces aérospatiales russes et un mug décoré aux armes de la Marine russe. Nous nous séparons avec la promesse de nous revoir lors de notre prochain voyage en été.

    Enregistrement et passage des contrôles de police ne sont qu’une formalité et nous retrouvons le reste de l’équipe attablé dans une cafétéria. Sur le tarmac, l'A 320 n'attend plus que nous.

    Moscou - Aéroport Sheremetievo - Notre A320 pour Paris


    Le vol vers Paris est totalement sans histoire si ce n’est une intéressante conversation avec une très agréable hôtesse. À Paris, il tombe des cordes mais pas à Montpellier où nous arrivons à l’heure prévue.

     

     

    Hélène et moi revenons enchantés de ce voyage un peu imprévu et remercions l’association Amitiés Russes et Jean de l’avoir organisé car cela faisait longtemps que j’avais envie d’aller là-bas.

    Dans ma carrière militaire, j’ai eu la chance de travailler à plusieurs reprises avec des officiers russes, y compris à l’époque de l’URSS où ils étaient nos ennemis. Ce fut une expérience unique, enrichissante, qui m’a fait découvrir à quel point nous nous comprenons bien malgré nos différences. C’est dire si, pour moi, la Russie est un pays à part.

    Après avoir fréquenté ses militaires, j’ai été ravi de découvrir cette Russie que je ne connaissais pas. Un grand pays dans tous les sens du terme à l’histoire grandiose et torturée, si différent et, en même temps, si proche de nous.

    Moscou est une ville magnifique que ce bref séjour n’a permis que d’effleurer. Nous n’avons vu que l’essentiel et il faudra y revenir pour approfondir. Quant à notre visite à Kaluga et Tula, loin des sites fréquentés par les touristes, elle nous a permis de découvrir la vraie Russie d’aujourd’hui qui assume le poids de son héritage historique et ressemble de plus en plus à nos pays occidentaux tout en gardant cette touche d’exotisme qui fait tout son charme.

    Certes, nous sommes un peu déçus de ne pas avoir vu Moscou sous la neige mais le réchauffement climatique étant passé par là, nous avons dû nous contenter d’une petite chute de quelques centimètres le 23 matin. C’était mieux que rien.

    Ce trop bref voyage avait aussi pour but de voir comment les choses se passent afin de mieux préparer mon prochain déplacement, de plus longue durée et complètement autonome. Je suis revenu rassuré car je n’ai rien vu de foncièrement différent de ce que nous connaissons chez nous, que ce soit dans les villes, sur les routes ou dans la manière de vivre des gens. Il me reste à apprendre la langue mais j’y travaille.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mireille
    Mardi 17 Mars 2020 à 19:45

    Ici LONDRES :

    Un grand merci pour ce voyage si bien commenté qui nous permet d'y participer pleinement. Photographe et historien parfait, je ne peux que faire l'éloge d'un formidable moment de détente et d'oubli complet de notre situation tellement traumatisante en cette triste période.

    En gardant a l'esprit "que ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort" on se prend a rever que nous aurons toujours des merveilles de notre monde a decouvrir.

    De tout coeur, merci.

     

     

     
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    Bernard Nîmes
    Lundi 23 Mars 2020 à 13:18

    Je reviens pour la seconde fois à la découverte de ce magnifique reportage sur votre voyage en Russie.

    La première j'avais simplement regardé les superbes images d'un photographe averti, mais cette fois-ci je commence à mieux les apprécier grâce aux commentaires fort bien documentés qui les accompagnent.

    Vu l'ampleur  de cette large et riche présentation, je vais découvrir ça par épisodes, et j'en garde pour demain afin de m'aider à passer cette période de confinement dûe  au covid19.

    Merci l'ami et au plaisir de se revoir un de ces '4', une fois la tempête passée.

    Bises à vous

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