Quatre jours en terre catalane pour admirer quelques jolis endroits dont la maison-musée de Salvador Dalí à Cadaquès.

 

 

 

 

Une semaine après mon précédent voyage, je suis revenu en Espagne avec Hélène, cette fois-ci pour un petit séjour touristique centré sur Cadaquès et Gérone.

Nous connaissions déjà Barcelone depuis longtemps et avions visité le monastère de Montserrat lors de notre voyage en mai 2014. Nous étions allés à Cadaquès en voyage organisé en novembre 2013 mais ce dernier déplacement nous avait laissé un goût d’inachevé car nous avions très peu vu le village rendu célèbre par Salvador Dalí et n’avions pu visiter son originale maison.

Par contre, nous avions passé beaucoup de temps dans le fabuleux musée Dalí de Figueras, bien que cet endroit incontournable n’ait pas été prévu au programme !

 

Le temps n’est pas très engageant quand nous prenons la route ce 25 octobre, mais au moins il ne pleut pas.

Nous nous arrêtons à Collioure, ce joli petit port très célèbre pour son église Notre Dame des Anges qui s’avance dans la mer et son clocher au dôme rose. Nous visitons le château royal, énorme forteresse vieille de plus de 700 ans qui a été résidence des rois de Majorque avant d’être fortifiée par Vauban au 17° siècle puis de servir de prison aux républicains espagnols qui fuyaient la guerre civile dans leur pays.

 

Le temps gris efface toutes les couleurs, alors que Collioure est connue pour son ciel bleu et sa lumière particulière qui avait charmé Matisse. Au fort Saint Elme perché sur une colline qui domine la baie, le panorama est voilé, comme embué. Le fort est aménagé pour la visite et présente une intéressante exposition sur les armes utilisées au Moyen-âge.

La grisaille nous accompagne tout le long de la Côte Vermeille et ses rochers déchiquetés. Port-Vendres, Banyuls, Cerbère perdent de leur charme. Seul le panorama exceptionnel du cap Rederis sur la côte du Roussillon d’un coté et sur la Costa Brava de l’autre garde une certaine allure.
 

Malgré les améliorations apportées, la route monte et descend en incessants virages à flanc de montagne dans un décor sauvage où les vignes produisant le fameux vin de Banyuls s'accrochent entre crêtes et ravins qui aboutissent à de minuscules plages coincées au milieu de promontoires rocheux.

 

A Cadaquès, nous prenons le temps de faire le tour du village et de profiter d'un agréable dîner au bord de l’eau avant de rentrer à l’hôtel que nous avons trouvé dans la rue principale. Il n’y a pas grand monde à cette époque.

Sous le soleil du lendemain matin, le village apparaît sous un bien meilleur jour. Les maisons blanches serrées autour de l’église Santa María ressortent sur le fond de montagnes pelées. Ces montagnes assez abruptes amplifient l’impression d’être dans un endroit reculé et totalement isolé. Malgré l’envahissement touristique, c’est vraiment un très joli village et l’on comprend que de nombreux artistes dont Salvador Dalí et Picasso en soient tombés amoureux.

L’incontestable vedette du lieu est omniprésente et sa statue trône en bonne place sur le front de mer.

Partout toutes sortes de souvenirs, dessins, photos, T-shirts arborent le portrait du maître ou des reproductions de ses œuvres les plus célèbres. Quant à sa maison, elle a tellement de succès que, même à cette époque de l’année, il faut réserver à l’avance pour pouvoir la visiter. Nous obtenons un créneau le lendemain après-midi seulement, nous obligeant à modifier notre programme mais comme nous n’avons rien réservé, cela ne nous pose aucun problème.

Merveilleusement située au bord de l’eau dans la petite crique isolée de Portlligat, elle est devenue un véritable musée où l’extravagance du peintre et de son épouse Gala se sont librement exprimés.

Simple maisonnette de pêcheur au départ, elle est devenu un labyrinthe au fur et à mesure des agrandissements et aménagements qui ont duré plus de 40 ans. À peine entrés, nous sommes accueillis par un ours naturalisé avant de visiter salle à manger, atelier, chambres, l’étonnant salon ovale, patios, terrasse. C’est ensuite l’extraordinaire jardin parsemé de sculptures surréalistes et la magnifique oliveraie qui domine la mer d’un bleu profond. Tout est original, inattendu, même le coin barbecue ou la piscine. Une visite à ne pas rater.

 

 

 

 

  

Cadaquès est adossé à la péninsule du Cap Creus, prolongement des Pyrénées qui s’avance dans la mer. Érigé en parc naturel, ce massif abrupt offre des paysages sauvages et des panoramas remarquables sur la côte.

 
Il n’y a aucun village, juste quelques fermes isolées souvent en ruines et très peu de routes, tortueuses à souhait. Près d’un sommet coiffé par les ruines du château de Sant Salvador de Verdera se dressent les restes imposants du monastère Sant Peres de Rodes. Il est là depuis le 10° siècle et a connu une histoire mouvementée. Guerres, pillages, incendies, épidémies, rien ne lui a été épargné. Les éléments les plus remarquables sont la nef aux hautes voûtes romanes soutenues par des piliers massifs et le clocher carré de style lombard. De cet emplacement judicieusement choisi, on domine la mer qui a retrouvé son bleu, le massif des Albères et même les Corbières dans le lointain.
 

 

 

 
Un grand panneau signale que le lieu est le point de départ de l’un des chemins vers Saint-Jacques-de-Compostelle, via le monastère de Montserrat, Lleida puis Jaca et Puente-la-Reina.

 

Dans la montagne, de nombreux dolmens sont signalés, signe d’une présence humaine plusieurs millénaires avant JC. Comment faisaient-ils pour déplacer et soulever ces blocs qui doivent peser plusieurs centaines de kilos, peut-être plus d'une tonne ? Nous allons en voir quelques uns en empruntant l’un des nombreux sentiers balisés qui sillonnent le massif, offrant des vues imprenables sur les crêtes et vallons ainsi que sur la grande plaine de la région de Figueras. Ces petites randonnées donnent envie de revenir pour y effectuer de plus longs parcours. Une idée à creuser…

 

 

Gérone est une petite ville ignorée car on emprunte en général l’autoroute AP 7 qui l'évite en direction de la prestigieuse Barcelone et des sites plus touristiques de la Costa Brava.

C’est pourtant une jolie ville très animée. Elle a pour nous une petite connotation sentimentale car c’est là que la petite fille de notre amie Yvonne a fait ses études de kiné.

Bâtie au confluent du Ter et de l’Onyar, sa vieille ville offre un réseau de charmantes ruelles, la Rambla de la Libertat particulièrement animée, une cathédrale gothique imposante et tout à coté l’église de Sant Feliu au clocher tronqué, ainsi que les originaux bains arabes. Les maisons anciennes colorées se reflètent dans les eaux tranquilles de l’Onyar.

 

La cathédrale se dresse majestueusement au sommet d’un immense escalier. La façade baroque est percée d’un très beau portail ouvragé en bronze. À l’intérieur on est surpris par la nef, spectaculaire par sa largeur inhabituelle. On admire aussi un magnifique retable en argent doré rehaussé d’émaux qui retrace des scènes de la vie du Christ et un baldaquin en argent qui surplombe le maitre-autel très sobre par comparaison.

On visite aussi le cloître avec sa double rangée de colonnes ornées de frises représentant des scènes de la Genèse. Les sculptures des visages et des draperies sont d’une grande finesse.

 

Dans les salles capitulaires est exposé le trésor de la cathédrale, riche d’œuvres d’art de grande valeur. Aux cotés des statues, des pièces d’orfèvrerie et autres tableaux ou accessoires liturgiques, deux pièces sont remarquables :

La première est un exemplaire du fameux "commentaire de l’Apocalypse" daté de 975 du moine Beatus de Liebana dont nous avions déjà vu les œuvres lors de notre passage à Potes en juillet 2016 et visité le monastère où il vivait. Les surprenantes enluminures étonnent par leurs couleurs et les illustrations foisonnent d’animaux fantastiques.

La deuxième est la grande tapisserie de la Création, réalisée vers 1100. Pièce unique brodée à la main, très colorée, elle représente un Christ en majesté au centre entouré de deux cercles concentriques où apparaissent des illustrations montrant les étapes de la création du monde, les quatre vents et les mois de l’année. Une pièce magnifique.

 

Les bains arabes datant du 12° siècle ont été construit sur le modèle des bains musulmans du Moyen-âge. Le plus intéressant est l’apodytérium, grande salle de repos autour d’un bassin entouré de huit jolies colonnes soutenant une lanterne. Les trois salles traditionnelles, frigidarium, caldarium et tepidarium, sont en moins bon état.

 

Une promenade sur le chemin de ronde qui parcourt les remparts entourant la ville et dans les parcs qui les longent  termine cette agréable visite.

 

Le retour vers Montpellier s’effectue sous un beau soleil bien plus agréable que la grisaille de l’aller. Nous faisons un arrêt à Gruissan et son joli village serré autour de la tour Barberousse au bord des étangs et les fameux chalets construits sur pilotis sur la plage, rendus célèbres par le film "37,2 le matin". Ce n’est plus ce que c’était autrefois. Aujourd’hui, la plupart des chalets ont été refaits en dur et n'ont plus de pilotis, les rues sont goudronnées et la zone est protégée des sautes d’humeur de la mer par une digue.

 

 

Cette petite balade de quatre jours a été bien sympathique et agréable et nous a fait découvrir quelques merveilles peu connues malgré leur proximité. C’est souvent ainsi d’ailleurs, nous allons en voyage à l’autre bout du monde et négligeons les belles choses qui nous entourent.