• LE FIL D'ARIANE

    Pendant 2 semaines d'avril 2017, nous avons parcouru la Crète où le roi Minos, fils de Zeus et d'Europe, a régné 6000 ans avant JC et où quelques célèbres épisodes de la mythologie grecque se sont déroulés. Le Minotaure, né des amours coupables de Pasiphaé avec un taureau blanc, le labyrinthe construit par Dédale où il fut enfermé, le fil d'Ariane qui permit à Thésée de s'en échapper, c'est ici que ça s'est passé.

     Le drapeau grec

     

    Nous connaissons déjà la Corse, la Sardaigne et Chypre. Nous avons eu envie de visiter cette autre grande île méditerranéenne qu’est la Crète et qui recèle des trésors : des paysages sauvages, la mer bleue bordant ses plages et ses côtes découpées, des villages d’un autre temps, des randonnées magnifiques, une tranquillité et une hospitalité proverbiales, une météo très méditerranéenne et, pour couronner le tout, les légendes de la mythologie grecque qui ajoutent un parfum d’irréalité à l’ensemble. 


    Faute de pouvoir nous libérer en mai, nous avons choisi les vacances scolaires d’avril 2017 pour nous y rendre évitant ainsi les foules et les grosses chaleurs. C’était parfait. Il y avait très peu de touristes pour encombrer les sites et les hébergements et nous n’avons pas souffert des grosses chaleurs non plus. Il faisait même plutôt frais certains matins et les montagnes du centre de l’île étaient encore bien enneigées. Lefka Ori, les Montagnes Blanches, portaient bien leur nom. Notre séjour a été bien ensoleillé et la température encore assez fraîche de la mer ne nous a pas empêchés de nous baigner.

     

    La Crète est une île montagneuse dont les sommets culminent à plus de 2400 m, qui s’étire sur 260 km d’Est en Ouest et ne dépasse pas 60 km dans sa plus grande largeur. Son relief tourmenté est creusé de gorges impressionnantes et les rares plaines côtières sont plantées d’oliviers et d’orangers. Il y aurait près de 35 millions d’oliviers sur l’île. À cette époque de l’année, les fleurs multicolores poussent partout et la garrigue embaume de l’odeur du thym, du romarin et autres plantes méditerranéennes. Conséquence directe de ce relief, à part le grand axe du littoral Nord, les routes sont très tortueuses et il ne faut pas craindre la voiture pour circuler dans l’île. 

    La Crète est aussi une île où, plus encore que dans le reste de la Grèce, la religion orthodoxe est omniprésente. C'est une religion d'état. Les popes et tout le personnel religieux sont payés par l'état et l'instruction religieuse est enseignée à l'école et fait partie des examens de fin d'étude. Chaque ville, chaque village a bien évidemment son église et des milliers de chapelles sont construites un peu partout sans compter les petits oratoires, souvent de vrais œuvres d'art, dressés tout le long des routes et où brûle en permanence une petite lampe à huile, preuve qu'ils sont régulièrement entretenus. Nous avons pu constater que pour les fêtes de Pâques, les églises étaient pleines et que toute la population participaient aux processions. Ce n'est donc pas une simple façade, les gens sont croyants et pratiquants.
    Nous nous sommes intéressés à cette variante du christianisme peu répandue chez nous. La séparation entre les catholiques "romains" et les orthodoxes remonte au schisme de 1054. Les différences portent plus sur les rites que sur la foi et surtout ils ne reconnaissent pas l'autorité du pape mais celle des patriarches d'Athènes et de Constantinople qui sont à la tête des deux églises orthodoxes grecques.

    Nous avons beaucoup apprécié l’hospitalité et la gentillesse des gens que nous avons rencontrés, tant dans les villes que dans les petits villages perdus dans les montagnes. On ne vous regarde pas d’un œil méfiant, on vous sourit.

    Quelques endroits nous ont particulièrement charmés : les villes de Hania et Rethymnon, la côte sauvage entre Paleochora et Agio Galini, les gorges d’Aradena, les belles plages de l’extrémité orientale.
    Par contre, nous avons été déçus par les sites de Knossos et de Phaistos pourtant encensés par les guides touristiques et dont les ruines ne portent pas vraiment témoignage de la grandeur de la civilisation minoenne.

    Il ne faut absolument pas rater le très beau musée archéologique d’Héraklion qui présente de manière remarquable cette civilisation.

    Un grand regret, celui de ne pas avoir pu parcourir les gorges de Samaria, le must de la randonnée en Crète, dont l’accès est interdit avant le début du mois de mai. Heureusement, nous avons pu compenser avec celles d’Aradena.

      

    Vous trouverez ci-dessous le récit de ces 13 jours d’un voyage très agréable et enchanteur au pays du roi Minos, de Dédale et d’Ariane et où Zeus lui-même est né.

    Carte de la Crète

     Cliquer sur la carte pour l'agrandir


    J 0 -  Lundi 3 avril

    Il faut se lever tôt pour ne pas rater le TER de 6h28 qui nous emmène à Marseille. L’Airbus A320 de Aegean décolle à l’heure de l’aéroport de Marignane et nous dépose à Athènes après avoir survolé la Corse, Naples et le Péloponnèse.

    Marseille - Notre A320 d'Aegean

    Le trajet Marseille Athènes

    En descendant d’un nouvel Airbus sur l’aéroport d’Héraklion, nous découvrons un ciel nuageux, une température agréable, les montagnes enneigées du Mont Ida qui dominent le paysage et aussi que nous sommes en avance d’une heure sur l’heure française.

    Le temps de récupérer notre petite Kia Picanto noire de location et nous filons vers la ville. L’hôtel Réa où j’ai réservé se trouve dans une petite rue piétonne très calme dans le vieux quartier à l’ouest du port, près du bord de mer.


    Pour goûter à la ville, nous allons marcher sur la longue jetée de 2 km en compagnie de nombreux locaux qui font leur jogging à cet endroit. Au passage nous longeons le fort Koulès construit par les Vénitiens entre 1523 et 1540 pour défendre le port contre les troupes de Soliman le Magnifique. Il arbore sur sa façade un bas-relief portant le célèbre lion des armoiries de la Sérénissime.


    Crête - Héraklion - Le fort de Koules


    Un petit restaurant très sympathique à deux rues de l’hôtel nous fait apprécier la cuisine traditionnelle crétoise : salades, poulpes, légumes farcies, feuilles de vignes et autres baklavas. Après le dessert, le serveur apporte une petite bouteille de raki, deux verres et quelques gourmandises pour accompagner. C’est délicieux. Le raki ressemble à la grappa italienne et aide à digérer et à bien dormir. Nous découvrirons bien vite que c’est une coutume locale à laquelle nous nous habituerons très facilement !

     

     

    J 1 - Mardi 4 avril

    Le petit déjeuner est un peu spécial. Pour accompagner notre café, nous avons droit à une tarte aux aubergines et un feuilleté au poulet mais nous l’avalons sans difficulté.

    Nous avons décidé de commencer notre visite par le magnifique musée archéologique. On peut y voir tout ce qui a été récupéré sur les différents sites minoens de l’île. Cette visite nous a permis de découvrir cette civilisation si peu connue, datant de 4000 ans avant JC et contemporaine de l’Egypte des pharaons. La Crète a ensuite été colonisée par les Romains qui y ont laissé beaucoup de traces puis par les Vénitiens au XVI° siècle avant de passer sous la domination de l’Empire Ottoman, période noire de son histoire. Ce n’est qu’en 1898 que la Crète obtint l’indépendance avant d’être rattachée à la Grèce en 1913.

    Parmi les objets présentés, on trouve de véritables chefs-d’œuvre d’une très grande finesse. Nous avons aimé les fresques provenant des palais de Knossos, le vase à libation en serpentine en forme de tête de taureau, la petite statuette de la déesse aux serpents (1600 avant JC) et le fameux disque de Phaestos. Ce disque d’argile de 16 cm de diamètre environ est couvert sur ces deux faces de pictogrammes représentant des animaux, des formes humaines ou des végétaux ainsi que des signes plus abstraits. Cette mystérieuse écriture n’a toujours pas été déchiffrée.

    On trouve aussi beaucoup de jolies statues de l’époque romaine dont celle représentant le Dieu Pan ou une autre montrant Pluton et Perséphone, déesse des Enfers accompagnée de Cerbère le chien à 3 têtes.

    Héraklion - Musée archéo - La fresque des jeux tauromachiques

    Héraklion - Musée archéo - Le vase à libations en serpentine

    Crête - Heraklion - Musée archéologique - La déesse aux serpents
     

    Crête - Heraklion - Musée archéologique - Le disque de Phaestos
     

    Crête - Heraklion - Musée archéologique - Statues de Pluton, Perséphone déesse des Enfers et Cerbère


    Lorsque nous ressortons vers midi, le soleil a fini par percer les nuages et nous partons à la découverte de la ville. Nous traversons la place Elfetheriou, la place Kornarou et sa fontaine vénitienne qui voisine avec le koubès, ancienne fontaine turque en forme de kiosque avant de nous engager dans les rues où se concentrent les commerçants du marché de la ville.

    Héraklion - Vieille ville - La fontaine vénitienne de Bembo

    Héraklion - Vieille ville - La fontaine des Turcs

    Les poissonneries, les marchands de fruits et légumes ou d’épices se mélangent aux nombreuses boutiques de souvenirs formant un ensemble à la fois animé et calme très agréable. Plus loin, dans les rues commerçantes du centre, les boutiques de vêtements, chaussures et autres se succèdent. Ce qui nous frappe le plus, c’est l’ambiance tranquille qui règne partout. Pas de klaxons, pas de voitures de police ni d’ambulance, pas d’agitation ni de cris.

    Nous pique-niquons sur la place où s’élève la cathédrale Agios Minas à la façade assez chargée.

    Crête - Héraklion - Pique-nique devant la cathédrale Agios Minas


    Elle ne date que de la fin du XIX° siècle, la première église dédiée à Saint Minas, patron de la ville, ayant été endommagée par 2 séismes en 1846 et 1856. L’intérieur est très coloré à la mode orthodoxe. D’immenses lustres pendent du plafond, de magnifiques peintures recouvrent les murs et les voutes et de remarquables icones sont accrochées un peu partout.

    Crête - Héraklion - La cathédrale Agios Minas
     

    Crête - Héraklion - La cathédrale Agios Minas - L'intérieur


    De là nous rejoignons les imposantes fortifications de la ville. Nous grimpons sur le bastion Martinengo où se trouve la tombe de l’écrivain grec Nikos Kazantzakis. Elle est là car l’Eglise, toute puissante en Grèce, a interdit qu’il soit enterré au cimetière. On se souviendra qu’il est l’auteur, entre autres œuvres, de "Zorba le Grec" et surtout de la "Dernière tentation du Christ" qui fit scandale dès sa sortie et dont l’adaptation au cinéma par Martin Scorcese avait provoqué de nombreuses manifestations violentes.

    Héraklion - Tombe de Nikos Kazantzakis sur le bastion Martinengo

    Crête - Héraklion - Les remparts vus du bastion Martinengo


    Nous suivons les remparts jusqu’à la mer, de bastion en bastion. C’est très fleuri et le panorama sur la ville et la baie est agréable. Nous rejoignons notre voiture garée en bord de mer et filons voir le site de Knossos noyé dans les oliveraies à quelques kilomètres de la ville. Les ruines datent de 6000 ans avant JC. C’est le palais du roi Minos né de l’union de Zeus avec Europe, le fameux labyrinthe construit par Dédale où était enfermé le Minotaure, tué par Thésée, fils d’Egée, qui put ressortir du labyrinthe grâce au fil d’Ariane.

    Ici, l’histoire est intimement mêlée à la légende et à la mythologie. Où commence l’un et où finit l’autre ? Cela donne au site une certaine émotion. Heureusement car il est décevant. Il ne reste pas grand-chose et les travaux de restauration effectués à l’époque par l’archéologue anglais Sir Arthur Evans étaient assez approximatifs et ont mal vieillis.

    Héraklion - Knossos - Les ruines

    Après l’avoir parcouru, nous montons en voiture au Mont Jouchtas qui domine la plaine et offre un immense panorama sur la partie centrale du nord de l’île.

    Au mont Jouchtas dominant la plaine d'Héraklion
     

    En redescendant, nous faisons un arrêt au cimetière du petit village d’Ano Archanes. Nous aimons bien voir les cimetières car cela permet de se faire une idée de la relation entre les habitants et leurs morts. Par exemple, il n’y a pas de grands tombeaux ostentatoires comme on peut en voir chez nous. Sur presque toutes les tombes, brûle une petite lampe à huile à coté de la photo des défunts.

    De retour à Héraklion, nous retournons dîner au restaurant de la veille qui nous a bien plu pour son excellente cuisine et son service rapide. Et nous sirotons à nouveau nos petits verres de raki.

     

     

    J 2 - Mercredi 5 avril

    Après le petit-déjeuner aussi folklorique que la veille, nous retournons voir le port vénitien et le fort Koulès sous le soleil. Les bateaux de pêche rutilent et la pierre retrouve sa belle couleur dorée.
     

    Crête - Héraklion - Le port vénitien et le fort de Koules

     
    Héraklion - Le port vénitien et les ruines des arsenaux


    L’étape d’aujourd’hui doit nous conduire au village de Spili sur le versant Sud de l’île après avoir contourné la chaîne de montagne du Psiloritis.

    Premier arrêt à une dizaine de kilomètres d’Héraklion au monastère Moni Savathianos. Il est perdu dans les montagnes pelées qui dominent la mer, au fond d’un vallon où coule une source fraîche. Il y a une très jolie église de pierres roses et une petite chapelle construite sous un rocher. Sous les pins et les eucalyptus, il y a des fleurs partout dont une grande glycine dans la cour et des orangers couverts de fruits dans les jardins. Nous voyons plusieurs religieuses assez âgées qui discutent au soleil. C’est un endroit calme et enchanteur. Quel dommage que nous ne puissions dialoguer avec elles.
     

    Crête - Moni Savathianon

    Moni Savathianos - Fresque à l'entrée de l'église

     
    Moni Savathianon - Glycine

    Moni Savathianos - La fontaine

    Nous passons ensuite au village de Fodélé qui est, parait-il, le village natal du peintre Domínikos Theotokópoulos, plus connu sous le nom d’El Greco. La visite est un peu décevante et le petit musée où sont exposées des reproductions des œuvres de l’artiste n’est pas très convaincant, aussi nous ne nous y attardons pas. Seule une jolie chapelle typiquement orthodoxe a attiré nos regards et l'objectif de mon appareil photo.

    Fodele - Chapelle orthodoxe de Panayia

    Pour continuer vers l’Ouest, nous quittons la grande route du littoral et empruntons une jolie route qui serpente sur les flancs de la montagne. C’est la Crète profonde. Nous traversons de petits villages tout blancs aux noms enchanteurs, Aloides, Kambos, Agios Silas, Melissourgaki, Pasalites, Elefthena. Dans ce dernier village nous nous arrêtons pour boire un café après avoir pique-niqué. Malgré la modestie de notre commande, l’accueil est très chaleureux. Valdia la patronne est très fière de nous montrer l’arbre généalogique de sa famille qui remonte jusqu’en 1770.

    Crête - Elefthena - Valdia et son arbre généalogique depuis 1770


    Arrêt obligatoire au monastère Moni Arkadiou. Sur ce plateau dénudé à 500 m d’altitude, le bâtiment a des airs de forteresse. À l’intérieur, la petite église du XVI° siècle montre une jolie façade Renaissance surmontée d’un clocher mur portant 3 cloches. L’intérieur est ici aussi à la mode orthodoxe avec ses grands lustres, ses peintures et ses nombreuses icones. En y regardant de plus près on découvre que la façade est constellée d’impacts de balles. C’est que cet endroit est un haut lieu de l’histoire de la Crète : le monastère servit de PC à la résistance contre les occupants turcs jusqu’au 7 novembre 1866 où ils attaquèrent le monastère. Complètement submergés, les assiégés se firent exploser avec la poudrière pour éviter la reddition. Ce sacrifice est aujourd’hui encore célébré dans toute la Grèce.

    Crête - Monastère d'Arkadiou

    Monastère d'Arkadiou - Le cellier


    Ayant franchi la ligne de crête nous continuons sur le versant Sud. Nous traversons la fertile vallée d’Amari plantée d’agrumes, de céréales et d’oliviers. La route est toujours aussi tortueuse et nous mène à Amari, joli village où l’église se pare d’un original clocher de style vénitien.

    Amari - Le clocher vénitien de l'église - Façade W

    Plus loin, c’est Meronas, sa belle fontaine à l’eau fraîche et sa jolie église entièrement couverte de peintures murales.

    Meronas - La fontaine

    Meronas - L'intérieur de l'église

    Meronas - Peinture sur la voute de l'église


    La région est dominée par le Mont Psilotis enneigé. Il est vrai qu'il culmine à 2456 m d'altitude.

    Crête - Vallée d'Amari -  Le Mont Psiloritis 2454 enneigé

     

    Plus loin encore, nous nous arrêtons aux gorges de Saint Antoine. Au fond de ce ravin étroit un petit sanctuaire dédié à Saint Antoine se niche dans une grotte. Les murs et les abords sont couverts d’ex-voto de toutes sortes. La grotte est un lieu de culte depuis la nuit des temps. Aujourd’hui on y savoure la quiétude des lieux. Juste le bruit de la rivière et le chant des oiseaux sous les immenses platanes.

    Dans les gorges de Spilia Antoniou

    Dans les gorges de Spilia Antoniou - La chapelle à Saint Antoine

    Spili est une grosse bourgade à flanc de montagne traversé par la route principale descendant vers la côte Sud sans intérêt particulier. Un endroit agréable toutefois à en juger par le nombre de tavernes, de petits hôtels et de pensions. J’ai choisi la pension Héraclès proposée à la fois par le Routard et le Guide Vert. Elle est à la hauteur de sa réputation : jolie maison bien agencée et au calme, accueil très sympathique, chambres impeccables et petit-déjeuner délicieux. Le repas du soir est pris à l’auberge voisine, Costa Maria, une affaire de famille. La cuisine est excellente et les serveuses mignonnes et serviables. Le repas se termine par le désormais traditionnel raki offert par la maison.

     

     

    J 3 - Jeudi 6 avril

    Le petit-déjeuner mérite d’être signalé pour ses délicieuses confitures maison et son miel de thym particulièrement parfumé.

    Avant de partir, nous allons faire quelques courses dans le village et admirer la fameuse fontaine aux lions sur la place à l’ombre de gigantesques platanes.

    Crête - Spili - La fontaine aux lions


    Par de petites routes qui s’insinuent dans les gorges de Kourtaliotiko, nous descendons vers la côte. Sur un promontoire dominant la mer se dresse le monastère Moni Preveli. C’est un monastère tranquille. La grande terrasse dominant la mer s’abrite sous un immense pin parasol, l’église est décorée de nombreuses icônes, une petite fontaine coule dans un coin et il y a des fleurs partout dont de très belles épines du Christ. On accède au monastère par un élégant pont vénitien qui permet de franchir la rivière.

    Monastère de Prévéli - Le pont vénitien

    Cet endroit a aussi joué un rôle dans l’Histoire. À la fin de l’opération aéroportée allemande sur la Crète en mai 1941, un grand nombre de soldats britanniques et alliés rescapés ont été abrités au monastère en attendant leur évacuation par sous-marin. Un monument commémoratif très émouvant a été érigé près du monastère où une plaque rappelle les faits.

    Monastère de Prévéli - Le monument commémoratif de la bataille de Crête 1941

    Monastère de Prévéli - Plaque commémorant l'aide du monastère aux soldats britanniques
     

    Après cette phase culturelle et spirituelle, il est temps de revenir à la nature. Par un sentier abrupt nous descendons à la petite plage de Limni, 500 m en contrebas. Très jolie plage bordée de quelques palmiers et où se jette une rivière. Nous y restons un moment et nous nous baignons malgré la fraîcheur de l’eau.

    Crête - Plage de Limni
     

    Crête - Sur la plage de Limni

    Côte Sud - Plakias
     

    Nous reprenons la route qui se tortille entre la montagne creusée de gorges profondes et étroites et les falaises de la côte rocheuse. Aucune ligne droite. Quelques petits villages s’accrochent à la pente à intervalle régulier.

    Selllia
     

    Crête - Kato Rodakino

    Kato Rodakino - Pont sur une ravine
     

    Les seuls petits bouts de plaine se trouvent au débouché de certaines gorges et ont été formées par les cônes de déjection des torrents. Elles sont couvertes de cultures et on y trouve des villages plus importants comme Plakias et sa longue plage de sable où nous déjeunons dans un petit restaurant du bord de mer. Là aussi raki et douceurs de rigueur à la fin du repas. On y prend goût.

    Dans une autre plaine un plus loin, c’est Fondokastelo et son château fort de l’époque vénitienne dressé étrangement près de la mer.

    Frangokastello - Forteresse vénitienne du 14° siècle

    Crête - Frangokastello - Forteresse vénitienne du 14°


    Nous arrivons finalement à Hora Sfakion, un autre joli petit village blotti autour de son minuscule port de pêche et coincé au pied des montagnes.

    Crête - Hora Sfakion et la côte vers Loutro

    Petite plage près de Hora Sfakion
     

    Nous allons nous installer à la pension Stravis. Notre chambre dispose d’un balcon ensoleillé donnant sur la mer. Puis, comme il est encore tôt nous reprenons la voiture pour une reconnaissance vers Aradena. La route toute neuve n’en finit plus de s’enrouler de lacets en lacets pour arriver sur le plateau d’Anapolis à 600 m d’altitude.


    Hora Sfakion vu de la route vers Anápolis et Aradena

    Le village en ruine d’Aradena se trouve de l’autre coté d'une entaille de 140 m de profondeur que franchit un pont métallique Bailey d’une cinquantaine de mètres de long.

    Aradena - Le panneau du village malmené par les chasseurs

    Aradena - Berger et son troupeau de chèvres


    Un peu en amont, nous voyons l’ancien chemin qui descend en zigzag au fond de la gorge et permettait à l’époque de franchir la coupure. C’est par là que nous descendrons demain.

    Aradena - Les gorges et l'ancien chemin utilisé pour la descente

    Sur le trajet retour nous montons à la chapelle Agia Katarini construite sur l’arête rocheuse qui domine la mer. 700 m plus bas, éclairé par le soleil couchant, le petit village de Loutro protégé de la houle derrière un promontoire rocheux nous fait de l’œil. Nous y passerons demain après la descente des gorges.

    De retour à Hora Sfakion, nous allons nous installer à la terrasse d’un restaurant au bord du quai. Une fois le soleil disparu, il fait frais mais nous sommes couverts. Les vagues frappent le quai pendant que nous savourons salade grecque, poulpe au vinaigre, tomate et poivron farcis et baklavas au dessert, le tout suivi de l’incontournable raki.

    Une très belle journée sous un magnifique ciel bleu.

     

     

    J 4 - Vendredi 7 avril

    La journée est consacrée à la descente des gorges d’Aradena avec retour par la côte. Il fait grand beau pour cette occasion.

    Nous rejoignons Aradena en taxi par la route de la veille et ses innombrables lacets. Il est un peu plus de 10 h quand nous attaquons la descente par l’ancien chemin.

    Crête - Gorges d'Aradena - Descente par l'ancien chemin


    Au fond de la gorge il fait froid car nous sommes dans l’ombre et sommes en plein courant d’air. Nous passons sous le pont qui paraît minuscule tout là haut.


     Aradena - Les gorges - Début du parcours au fond

    Crête - Les gorges d'Aradena - Sous le pont


    Nous marchons dans les cailloux et franchissons des amoncellements de blocs de rochers tombés des parois à pic de la gorge. Vers midi le soleil arrive dans l’axe de l’entaille et il commence à faire vraiment chaud.

     Aradena - Les gorges - Petite pause
     

    Crête - Les gorges d'Aradena - Dans les rochers
     

    Tout le long du trajet, nous rencontrons des chèvres qui broutent dans des endroits incroyablement abrupts et des rapaces tournent dans le ciel, attendant sans doute que l’une d’entre elles fasse une chute.

    Il est plus de 13 h quand nous débouchons sur la plage de galets coincée entre deux énormes promontoires de marbre blanc d’où son nom de Marmara. La mer est d’un bleu extraordinaire.

    Aradena - Les gorges - Arrivée sur la plage de Marmara
     

    Crête - Les gorges d'Aradena - La plage de Marmara
     

    Nous nous installons à l’ombre d’un tamaris pour manger. Au menu thon à l’huile, feuilles de vigne farcies et boulettes de viande à la tomate, des conserves achetées ce matin au petit supermarché local. Pour terminer, des oranges locales très douces et juteuses provenant du même endroit. Un repas de roi.

    La journée n’est pas finie. Après une courte baignade nous repartons par le sentier qui longe la côte. Il est très bien balisé car c’est le sentier E4 qui traverse l’île d’Ouest en Est mais il est très accidenté, monte et descend au gré des falaises et est très caillouteux. Dans cette zone, la montagne tombe directement dans la mer et il n’y a aucune route.

     Aradena - Marquage du E4 sur le chemin vers Loutro

    Crête - Le chemin de Marmara à Loutro

    Aradena - Les gorges - Sur le chemin vers Loutro


     Nous rencontrons plusieurs chèvres qui, comme nous, suivent le sentier en se jouant facilement des difficultés.

    Aradena - Les gorges - Rencontre sur le chemin vers Loutro


    À mi-chemin de Loutro, nous arrivons à un groupe de maisons. Elles sont aménagées en appartements à louer pour ceux qui recherchent la tranquillité. Devant l'une d'elle qui fait aussi restaurant, une superbe terrasse ombragée nous tend les bras. Nous en profitons pour boire un café au bord de l’eau.

    Aradena - Sur le chemin vers Loutro - Pause café à Lykos


    Sur le mur de la maison, nous remarquons un original cadran solaire et, comme vous savez maintenant que je suis passionné par ces mesureurs du temps qui passe, je l'ai pris en photo.

    Aradena - Sur le chemin vers Loutro - Cadran solaire à Lykos

    Après avoir franchi le promontoire qui l’abrite des vents dominants nous descendons vers le joli village de Loutro. Aucune route pour accéder ici. Juste le sentier que nous allons emprunter ou le bateau qui fait la navette entre les villages de la côte Sud.

    Crête - Arrivée à Loutro


    Alignées le long de la petite plage de gravier, toutes les maisons sont peintes en blanc. Il y a beaucoup de chambres à louer et de terrasses de restaurants mais ce petit coin de paradis dégage un charme indéniable.

    Nous aurions pu attendre le bateau pour rentrer à Hora Sfakion mais nous décidons de continuer à pied. Le sentier est tout aussi difficile, parfois en hauteur dans les falaises, parfois empruntant les plages de gravier, mais le spectacle est magnifique.

    Aradena - Le chemin de Loutro à Hora Sfakion
     

    Crête - Le chemin de Loutro à Hora Sfakion
     

    Crête - Le chemin de Loutro à Hora Sfakion
     

    Finalement après un passage carrément creusé dans la falaise, nous arrivons à la route qui rejoint Hora Sfakion. Plus que 2 km. Heureusement, à mi-chemin, un pick-up s’arrête pour nous prendre et il est un peu plus de 18 h quand il nous dépose sur la place du village. C’était une superbe randonnée longue non pas en raison de la distance mais du chemin très accidenté qui ne permet pas de marcher vite. Nous avons mis 3 heures pour descendre les gorges et 3 h 30 pour rentrer en longeant la côte.

     

     

    J 5 - Samedi 8 avril

    Par contraste avec la veille, nous marcherons peu et roulerons beaucoup. Nous quittons la côte Sud aux montagnes abruptes et pelées pour revenir sur la côte Nord et rejoindre la ville de Hania sous un ciel nuageux balayé par un vent froid. Nous traversons l’île par une belle route qui franchit la chaîne centrale à plus de 1000 m d’altitude. De l’autre coté, nous retrouvons la verdure des champs d’oliviers et d’orangers.

    Dans la bourgade de Vrises, au bord de la route, un fabricant d’oratoires expose ses modèles. C’est vrai qu’il y en a une multitude le long des routes. Il faut bien que quelqu’un les fabrique et les vende !

    Crête - Vrises - Vendeur d'oratoires


    Nous passons à Stylos où le guide signale une jolie église. Agia Panagia date du XI° siècle et elle se dresse au milieu de la plaine couverte d’oliviers et d’arbres fruitiers, complètement à l’écart du village. C'est l'église orthodoxe, typique, en forme de croix, bien préservée. Un bel édifice de pierres très classique.

    Crête - Stilos - Eglise Agia Panagia


    Sur la route menant à l’église, nous passons près d’un ensemble de ruches. L’apiculteur est en train de les contrôler et nous nous arrêtons pour le regarder travailler. Il enfume la ruche avant de l’ouvrir et sort les rayons chargés de miel un à un. Il a revêtu son habit et sa cagoule de protection mais curieusement il travaille à mains nus.

    Crête - Stilos - Apiculteur


    En arrivant près de la côte, nous allons visiter le site antique d’Aptera. Sur cette colline dominant la baie de Souda, fut construite au V° siècle avant JC l’une des plus puissante cité de la civilisation minoenne. Quatre kilomètres de remparts la défendaient, et elle comportait un théâtre et des thermes.

    Aptera - Les anciens remparts

    Crête - Aptera - L'amphitéatre romain

    Aptera - Les thermes

    Plus tard les Romains s’y établirent et l’embellirent encore. On peut voir les citernes qu’ils avaient construites.

     Aptera - Les citernes souterraines


    Ce site stratégique fut bien évidemment repris par les Vénitiens puis par les Turcs et chacun y construisit ses propres fortifications.

    Aptera - La forteresse ottomane
     

    Crête - Aptera - Panorama sur la baie de Souda
     

    Le site est assez sauvage. On le visite en empruntant des sentiers tracés au milieu de hautes herbes, des marguerites blanches et jaunes et des coquelicots.

    Nous pique-niquons à Souda au bord de l’eau et à l’ombre des palmiers mais le paysage est moins sympathique que la veille car c’est le port de commerce qui s’étale devant nous.

    Voilà Hania (Xania en grec, connue aussi sous le nom de La Canée) où se termine l’étape d’aujourd’hui. C’est une grande ville très vivante et très agréable qui fut capitale de l’île jusqu’en 1971. Le port vénitien construit au XVI° siècle est le cœur de la ville et les quartiers anciens de Kasteli, Evraiki et Topanas le bordent. C’est dans ce dernier, tout à l’Ouest de la ville que se situe notre pension dans une petite rue piétonne très agréable, la rue Théotokopoulo.

    Crête - Chania - La rue de notre hôtel


    Elle est installée dans une vieille maison joliment restaurée. Les chambres sont bien mignonnes avec leur parquet et leurs tapis crétois. L’endroit est charmant et l’accueil sympathique.

    Le temps de poser nos affaires et nous partons découvrir la ville.

    Tout à coté, les remparts et le bastion Schiavo offrent une superbe vue sur la ville. Nous parcourons les rues animées, traversons le marché central, passons voir la cathédrale qui domine la place Athenagora et descendons vers le port.

    Chania - Le marché

    Chania - La cathédrale

     Chania - Le port vénitien et l'ancien arsenal

    Ses quais pavés sont bordés de maisons aux belles façades et aussi d’une multitude de bars, restaurants et magasins de souvenirs. Beaucoup de monde se promène et profite de cette belle après-midi ensoleillée. Dans la mosquée des Janissaires qui se dresse au bord de l’eau, l’office de tourisme accueille les concurrents du marathon qui se déroulera le lendemain. J’ai failli m’inscrire juste pour avoir le T-shirt spécifique distribué à tous les coureurs !

    Crête - Chania - La mosquée des Janissaires


    Nous faisons le tour du port jusqu’à l’ancien arsenal vénitien, le dock de Moro qui abrite aujourd’hui un café à la mode, et jusqu’au Pharos qui fut transformé en minaret à l’époque de la domination ottomane. Il lui en reste quelque chose d’ailleurs.

    Crête - Chania - Le phare minaret


    Spectacle étonnant, par-dessus les toits de la ville, les sommets enneigés de Lefka Ori scintillent sous le soleil. Contraste saisissant avec le bleu profond de la mer et le soleil estival qui nous inonde.
     

    Crête - Chania - Lefka Ori enneigé au-dessus des toits de la ville

    À la nuit, nous allons dîner à l’un des restaurants proposés par le Guide du Routard. Nous nous installons au Tamam dans une ruelle de l’ancien quartier juif. Le choix est judicieux, le repas est excellent et le filet de chèvre rôti tout simplement délicieux. Quant à la crêpe fourrée au fromage de chèvre et arrosée de miel servie au dessert, c’est carrément un péché. Bien sûr, ici aussi nous avons droit à notre petite bouteille d'un raki particulièrement parfumé.

    Il ne reste qu’à rejoindre notre jolie chambre en parcourant encore une fois ces quais si agréables.

     

     

    J 6 - Dimanche 9 avril

    Nous continuons notre route vers l’extrémité Ouest de l’île. Avant d’atteindre Kolimbari, nous faisons un détour dans les collines de l’arrière pays pour passer au minuscule village d’Ano Vouves où se dresse l’un des oliviers les plus vieux du monde, peut-être même le plus vieux. Plus de 3000 ans. Son tronc creux et torsadé est étonnant. Nous achetons sur place des bouteilles d’huile d’olive en guise de souvenir et de cadeaux à faire à notre retour.

    Crête - Ano Vouves - Devant l'olivier de plus de 3000 ans


    Le monastère Moni Gonias est construit au bord de la mer au début de la péninsule de Rodopos. Derrière ses murs imposants, on découvre une jolie cour plantée d’orangers avec une tonnelle ombragée par une vigne grimpante et au milieu de laquelle se dresse l’église consacrée à la Vierge. Encore un endroit qui respire le calme et la sérénité. Un petit musée présente une collection de remarquables icônes.

     Kolimbari - Moni Gonias - Drapeau de l'église byzantine

    Kolimbari - Moni Gonias - Orangers tentateurs

    Crête - Moni Gonias - L'église de la Vierge


    Un peu plus loin, la presqu’île de Gramvousa dresse sa pointe vers le Nord comme la queue venimeuse d’un scorpion. Nous empruntons les 11 km d'une piste poussiéreuse qui nous conduit à proximité de la pointe à travers un paysage dénudé, escarpé, sauvage. Du parking, un sentier nous mène à Balos, un îlot rocheux séparé de la côte par une lagune et des bancs de sable. Le soleil est chaud mais un vent du Nord froid souffle violemment. Avant de descendre jusqu’à la plage, nous pique-niquons à l’abri dans les rochers qui dominent le site. Une belle salle à manger que nous avons trouvée là face à cet immense panorama.
     

    Crête - Plage de Balos
     

    Au lieu de faire étape à Falasarna petit village pas très loin de là, nous décidons de rouler jusqu’à Elafonissi à la pointe Sud Ouest de l’île à une cinquantaine de kilomètres de routes tortueuses à souhait mais traversant des paysages sauvages et magnifiques. Quelques villages isolés dans cette zone où la montagne tombe directement dans la mer et un monastère au nom quasi imprononçable, Moni Hrisoskalitissas qui se dresse sur un promontoire. Nous l’admirons de l’extérieur mais n’allons pas le visiter.

    Monastère Moni Hrisoskalitissas

    Elafonissi, c’est un endroit perdu au bout d’une route en cul-de-sac mais c’est un site magnifique. C’est une îlot rocheux reliée à la côte par une zone de sable rose et entourée par une mer bleu turquoise. Au milieu de la rocaille et de la végétation rabougrie par le vent, il n’y a qu’une seule taverne baptisée Panorama où nous nous installons. La promenade sur le sable avec le coucher du soleil est très agréable tout comme le dîner pris sur la terrasse du Panorama.

    Crête - Elafonissi - L'auberge Panorama

    Elafonissi - La plage de sable rose 

     

     

    J 7 - Lundi 10 avril

    Le matin, nous redescendons sur la plage et marchons jusqu’à l’île rocheuse où se dresse une énième chapelle. Puis nous profitons du soleil sur une petite plage abritée en contrebas et nous enhardissons à entrer dans l’eau toujours assez fraîche.

    Crête - Elafonissi


    Il est près de midi quand nous reprenons la route pour rejoindre Paleochora. À vol d’oiseau ce n’est pas très loin, mais le relief montagneux impose un détour d’une cinquantaine de kilomètres de routes où la ligne droite n’existe pas. Tout le long des routes, on trouve des oratoires tels que ceux que nous avions vus à Vrises, même dans les endroits les plus déserts.

    Crête - Paleochora - Oratoire au bord de la route


    Paleochora est une petite ville bâtie sur l’isthme qui relie une île rocheuse à la terre ferme. Ville agréable et tranquille où nous déjeunons au soleil à la terrasse d’un petit restaurant où je me régale d’une salade de poulpes. Le service est rapide, l’accueil toujours aussi sympathique et le raki très parfumé.

    Crête - Paleochora - La ville vue de la forteresse
     

    Crête - Paleochora - Petit repas délicieux au soleil
     

    Encore une nouvelle boucle d’une trentaine de kilomètres à travers les montagnes sauvages pour atteindre Sougia, minuscule village de pêcheurs bâtie au débouché des gorges d’Agias Irinis.

    Sourgia


    À voir le nombre de pensions, de chambres à louer et de restaurants, il est clair que le village ne vit plus que par les randonneurs qui viennent parcourir les gorges de la région et, en particulier les célèbres gorges de Samaria. Hélas pour nous, elles sont fermées et inaccessibles jusqu’à début mai. Nous logeons dans la grande maison entourée d’un magnifique jardin de Capitaine George, dont l’activité principale est de récupérer les randonneurs à la sortie des gorges avec son bateau. Il nous suggère de faire les gorges d’Agia Irinis moins spectaculaires mais bien plus faciles d’accès car elles débouchent en amont du village. Pas besoin de récupération en bateau.

    Nous allons faire nos courses en vue de cette randonnée et allons dîner dans l’un des nombreux restaurants. Il y a une cheminée où brûle un beau feu de bois qui semble attirer les clients car la salle à manger est pleine.

     

     

    J 8 - Mardi 11 avril

    Nous nous levons à 6h et prenons le petit déjeuner sur le pouce dans la chambre avant de descendre en bord de mer attendre le bus régulier qui relie tous les jours le village à Hania. Le jour se lève à peine.

    Sourgia - En attendant le bus pour aller faire les gorges Agia Irini

    Crête - Sourgia - Lever du jour


    Le bus est ultra moderne mais le chauffeur est souriant comme une porte de prison. C'est suffisamment rare pour attirer notre attention. Il nous dépose en compagnie d’une douzaine de marcheurs au point de départ de la randonnée. Pendant que le groupe d’Allemands s’installe à la terrasse d’un bar pour déjeuner, nous commençons à marcher en compagnie de deux 2 Écossaises.

    Le chemin est facile mais les gorges sont bien moins spectaculaires que celles d’Aradena. Les parois sont moins hautes et moins verticales et il y a plus de végétation dont beaucoup de platanes et de lauriers roses.

    Sourgia - Dans les gorges Agia Irini

    Crête - Dans les gorges Agia Irini

    Sourgia - Dans les gorges Agia Irini


    Elles sont plus courtes aussi et nous arrivons assez vite au débouché. Au lieu de revenir directement au village, nous empruntons une piste qui monte sur le versant opposé et file à flanc de montagne jusqu’au dessus de la mer. Nous pique-niquons au sommet d’un col face à un immense panorama sur la mer et la côte déchiquetée.

    Crête - La côte à l'Est de Sourgia


    Il n’est que 14 h 30 quand nous rentrons chez nous. Dans la descente, Hélène a glissé et est tombée dans les orties. C’est bon pour la circulation du sang mais ça pique.

    Il n’y a rien à faire dans ce minuscule village. Hélène ne veut pas rester une nuit de plus comme je l’avais prévu. Nous prenons une douche, plions nos affaires et reprenons la route.

    À nouveau il faut rouler sur la longue route sinueuse qui nous fait repasser sur le versant Nord de l’île. Nous passons à Hania sans nous arrêter et continuons jusqu’à Rethymnon, une cinquantaine de kilomètres plus à l’Est par la grande route côtière.

    Au pied de la citadelle construite par les Vénitiens à la fin du XVI° siècle, la pension recommandée par le Routard peut nous accueillir et mérite les louanges du guide : hôtesse charmante, chambre agréable avec balcon fleuri et tout le confort. Nous partons aussitôt à la découverte de la vieille ville. Ses rues étroites sont bordées de maisons fleuries et de quelques autres présentant des façades en bois en saillie datant de l’époque turque. Quelques monuments intéressants aussi comme la fontaine Rimondi construite par les Vénitiens en 1626 où l’eau jaillit de trois têtes de lion, la loggia vénitienne, bel édifice Renaissance ou la mosquée Nerantzes toujours surmontée de son minaret.

    Crête - Rethymno - La fontaine Rimondi


    Le petit port vénitien, quant à lui, est joli avec ses barques de pêcheurs mais les quais sont très encombrés par les terrasses de restaurants. L’été ce doit être infernal.

     Rethymnon - Le port vénitien


    Ce n’est pas là que nous dînerons mais dans un petit restaurant caché dans une ruelle de la vieille ville qui nous donnera entière satisfaction, fiole de raki comprise.

     

     

    J 9 - Mercredi 12 avril

    Le soleil est revenu et nous commençons par la citadelle, la fortezza comme disait les Vénitiens, dont les remparts offrent de multiples points de vue panoramiques sur la ville et sur toute la côte. On franchit la porte percée dans les murailles qui cernent la colline.

    Crête - Rethymno - L'entrée de la forteresse vénitienne

    Rethymnon - Les remparts de la forteresse vénitienne


    À l’intérieur, il n’y a pas grand-chose, une petite chapelle et la mosquée du sultan Ibrahim Han. Elle a été construite sur l’emplacement de la cathédrale Saint Nicolas et se distingue par sa magnifique coupole et des murs particulièrement épais.

    Crête - Rethymno - La mosquée Ibrahim Han

     Rethymnon - La forteresse vénitienne - Vieux canons

    Après une dernière promenade dans la ville et sur le port, nous reprenons la route pour revenir sur la côte Sud et entamer la visite de la partie Est de l’île. Vous allez dire que nous n’avons pas arrêté de traverser l’île dans un sens et dans l’autre. C’est vrai que j’aurai sans doute pu simplifier mon parcours. Vous pouvez le visualiser sur la carte présentée en début de publication.

    En tout état de cause, nous repassons par Spili où nous avions dormi le deuxième jour. Pour l’arrêt pique-nique je quitte la route principale et monte jusqu’au petit village de Kissos. Quel endroit sympathique. Nous déjeunons au soleil de notre habituelle boite de feuilles de vignes farcies et de quelques oranges délicieuses puis allons boire un café au bistrot de la petite place. Nous y faisons la connaissance d’un joli chat curieux et d’une sympathique mémé. Dans le café, il y a une photo de tous les anciens du village réunis sous le platane majestueux. Tout respire la tranquillité, la décontraction. Quand on a vu un tel endroit on comprend que de nombreux Crétois soient centenaires. 

    Crête - Village de Kissos - Le chat du bistrot


    Nos conversations nous permettent de découvrir une jolie fontaine ancienne cachée sous la place et surtout une vieille église du XIII° siècle aux peintures murales malheureusement en bien mauvais état.

    Nous quittons la route principale pour aller voir Agios Pavlos et Agia Galini, deux jolis ports de pêche pas encore défigurés par le tourisme de masse. À Agios Pavlos, ce sont les rochers bigarrés et ressemblant à de la pâte feuilleté qui retiennent l’attention.

    Crête - Agios Pavlos - Rochers feuilletés
     

    Crête - Agia Agini - Le port
     

    Dommage que les routes pour y accéder soient aussi accidentées. À décourager les meilleures volontés.

    L’objectif de ce soir est la bourgade d’Ano Zaros située sur les flancs du Mont Ida à quelques 600 m d’altitude. En été, elle est appréciée pour sa fraîcheur et sa quiétude. En avril, la quiétude est toujours là malgré le bus de touristes allemands qui a débarqué dans "notre" hôtel, mais la fraîcheur s’est transformée en froid. Heureusement, la chambre est chauffée. L’hôtel construit sur le site d’un moulin à eau est très agréable. Le dîner à l’auberge voisine est excellent et, grâce à la présence du groupe d'Allemands se déroule avec la musique de deux musiciens utilisant des instruments traditionnels.

     

     

    J 10 - Jeudi 13 avril

    Nous redescendons dans la plaine pour aller sur le site de Phaestos où a été trouvé le fameux disque vu au musée d’Héraklion. Comme à Knossos, le site est un peu décevant car il ne reste pas grand-chose. Certes les ruines ont plus de 4000 ans mais il faut être un passionné d’archéologie pour apprécier. Mais sa position au sommet d’une colline offre une vue panoramique sur la plaine fertile de la Messara couverte d’oliveraies et d’orangeraies.

     Phaestos - Les ruines du palais de Radamanthe

    Phaestos - Les ruines du palais de Radamanthe - Pithoïs

    Phaestos - Les ruines du palais de Radamanthe - La cour Nord
     

    Phaestos - La plaine de Messara vue du site

    Phaestos - La plaine de Messara vue du site
     

    Nous la traversons pour atteindre Matala, une jolie plage coincée entre des falaises percées de grottes où logeaient les hippies à la grande époque des années 70. Sur la route nous voyons ce magnifique oratoire remarquablement entretenu.

    Oratoire sur la route de Matala

    À part ces grottes, pas grand-chose à voir, le village n’est qu’une longue suite de magasins de souvenirs et de tavernes où le phénomène hippie est exploité à outrance.

    Crête - Matala - Les grottes des hippies
     

    Crête - Matala - Souvenir de l'époque hippie
     

    Pour la pause pique-nique et la baignade, nous préférons à quelques kilomètres de là l’immense plage sauvage de Kommos où nous passons un bon moment à profiter du soleil et du panorama.

    Matala - Baignade sur la plage de Kommos

    Crête - Matala - Plage de Kommos


    La petite plage de Lendas est séparée de la plaine de la Messara par la chaîne des monts Asteroussia. Autant dire que la route tournicote sans arrêt pendant plus de 25 km pour l’atteindre. Heureusement elle offre de belles vues sur la plaine, les montagnes et la mer.

    Crête - Panorama sur la plaine de la Messara depuis la route menant à Lendas
     

    Crête - La route menant à Lendas
     

    Lendas est un tout petit village où les voitures n’ont pas accès. On y pénètre par de petites ruelles pavées entre des maisons blanches et fleuries qui nous mènent à l’étroite plage surplombée de bars et restaurants. Dommage qu’il ne fasse pas soleil. Nous prenons le temps de boire un café à la terrasse de l’un des établissements.

    Crête - Pause café à Lendas
     

    Nous repartons car il faut d’abord refaire à l’envers cet interminable tortillon de route pour revenir dans la plaine. La grande route nous conduit ensuite plus tranquillement jusqu’au village de Mirtos au bord de la mer. Nous sommes toujours sur la côte Sud mais nous avons maintenant atteint la partie orientale de l’île.

    La pension où je voulais m’installer est fermée. Une vieille dame très alerte rencontrée dans la rue me propose une chambre chez elle et me fait visiter. Nous faisons affaire et après nous être installés allons faire un tour à pied dans ce village très propre et très fleuri. Il y a une longue plage de sable gris bordée d’un quai où s’alignent bars et restaurants mais nous en choisissons un à l’intérieur du village pour le dîner. Nous nous installons à une table dans la rue mais dès que la nuit est tombée, le froid et l’humidité nous oblige à nous réfugier à l’intérieur pour déguster dessert et raki.

     

     

    J 11 - Vendredi 14 avril

    Nous reprenons la route sous un magnifique ciel bleu en direction d’Ierapetra. L’étroite plaine côtière et les collines voisines sont couvertes de serres en plastique sous lesquelles mûrissent tomates, fraises et autres fruits et légumes, et même des bananes. Ça gâche quelque peu le paysage et nous ne nous arrêtons pas.

    À Makrigialos, nous empruntons la petite route qui mène à Zakros, bourgade perdue dans les montagnes pelées en longeant une côte désolée et vide. Seul point intéressant, le monastère Moni Kapsa construit dans les falaises qui domine la route. Avant sa construction, il n'y avait qu'une grotte où vivait un ermite solitaire. Aujourd'hui, il y a, parait-il, plus de chats que de moines !


    Monastère Moni Kapsa sur la route entre Makrigialos et Zakros

    Une vingtaine de kilomètres après Ziros, une vertigineuse descente nous conduit à la plage d’Ambalou au pied des montagnes, du sable blond au bord de la mer d’un bleu parfait. Juste quelques maisons en retrait. Personne. Nous nous installons sur la plage pour une séance bronzage et baignade.

    Crête - Plage d'Ambelou
     

    Crête - Sur la plage d'Ambelou


    À Zakros, capitale de l’huile d’olive, nous achetons quelques bouteilles après avoir dégusté plusieurs huiles différentes. Ce petit bourg paysan est entouré de nombreuses oliveraies qui fournissent la matière première de sa célébrité.

     Zakros - Plantations d'oliviers

    L'église d'Azokemnos aux couleurs vives se détache sur le fond grisâtre des montagnes environnantes.

    Zakros - Eglise d'Azokemnnos

     Puis nous descendons à Kato Zakros par la petite route qui dégringole la montagne de rocaille où seuls poussent chardons et plantes grasses. Une zone très sauvage où les chèvres sont les reines.

    Route de Zakros à Paleokastro - Abri de chèvres dans une grotte

    C’est là que nous déjeunons au bord de la plage de galets à l’ombre des tamaris.

    Crête - La plage de Kato Zakros


    Pendant notre repas, un car de touristes russes arrive. Ils s’éparpillent sous les arbres pour pique-niquer eux aussi.

    Zakros - Notre salle à manger sur la plage de Kato Zakros

    Sur cette jolie plage encore sauvage où seules quelques pensions discrètes et quelques tavernes ont été construites, débouchent les gorges de Nekron aussi appelées "vallée des morts" à cause des tombes antiques découvertes dans les parois rocheuses. C’est une belle randonnée qui démarre près du village de Zakros et qui est le tronçon final du chemin de grande randonnée E4 qui traverse la Crète d’Ouest en Est sur 500 km. Un chemin que j’ai bien envie de revenir parcourir…

    Après cette pause bien agréable, nous rejoignons Paleokastro, une vingtaine de kilomètres plus au Nord. C’est là que nous faisons halte pour la nuit, à l’hôtel Hellas situé en plein centre du bourg.

    Palékastro
     

    Il est encore tôt et nous filons voir la fameuse plage de Vai avec son sable blond et ses palmiers. Nous ne sommes pas déçus, c’est bien la plus belle plage de l’île.

    Crête - Plage de Vai


    Nous allons aussi voir les plages d’Itamos et de Chonia. Ce sont de jolis petits coins sauvages mais Vai est sans conteste la plus belle.

    Balançoire sur la plage d'Itamos


    Éclairés par le soleil couchant, il ne nous reste plus qu’à rentrer à l’hôtel où nous attend un excellent dîner très local : escargots à l’ail et aubergines farcis sans oublier les délicieux baklavas au dessert et l’inévitable fiole de raki.

    Pendant notre repas pris sur la terrasse du restaurant de l’hôtel, nous entendons les chants provenant de l’église toute proche. Ils sont carrément diffusés par haut parleur dans toute la ville. L’église est pleine et il y a beaucoup de monde rassemblé devant l’entrée. Les gens sont tous endimanchés. Renseignement pris, nous sommes le Vendredi Saint et Pâques est très sérieusement fêtée dans l’église orthodoxe, omniprésente en Crète. Après la messe, une procession se forme, dirigée par le pope accompagné de tous les dignitaires locaux. Il y a même des officiers et des soldats en uniforme de la base radar militaire voisine. Ils font le tour du village suivis par une grande partie de la population et reviennent une bonne heure plus tard à l’église où ils déposent le catafalque qu’ils transportaient.

     Paleokastro - Messe de Pâques

    Crête - Palékastro - Procession du Vendredi Saint dans les rues
     

     

    J 12 - Samedi 15 avril

    Sous un ciel magnifiquement bleu, nous quittons cette bourgade sympathique et très agréable pour continuer notre route vers l’Ouest. Ici, nous sommes à l’extrémité orientale de l’île que nous avons atteinte en suivant la côte Sud et il nous reste maintenant à rejoindre Héraklion en suivant la côte Nord.

    Le premier arrêt est au monastère Moni Toplou à une petite dizaine de kilomètres de Paleokastro.

    Monastère Moni Toplou


    Il est très mignon malgré son allure de forteresse et voisine avec un ancien moulin à vent assez différent de ceux que l’on peut voir chez nous. Les ailes ont neuf voiles et la bâtisse est de forme oblongue au lieu du cylindre tronqué que nous connaissons.

    Crête - Monastère Moni Toplou


    À l’intérieur une agréable cour où poussent de nombreuses plantes grasses montant à l’assaut des murs donne sur l’entrée de l’église. Les murs en sont couverts de magnifiques icônes, certaines très anciennes.

    Nous suivons la route côtière toujours extrêmement sinueuse qui se déroule à flanc de montagne vers Agios Nikolaos.

    Nouvel arrêt à Sitia qui étale ses maisons blanches et sa plage dans une baie bien protégée.

    Sitia


    Promenade sur les quais, petit tour à l’église où nous "papotons" tant bien que mal avec une vieille dame accompagnée d’un chien moins accueillant que les gens.

    Sitia - Discussion avec une vieille dame

    Sitia - L'église Agia Katerina

    Puis nous montons jusqu’à la citadelle vénitienne.

     Sitia - La forteresse


    Pas grand-chose à voir si ce n’est le panorama sur la ville et la baie. En revenant à la voiture nous passons devant le monument aux morts inhabituel avec une statue d’un soldat blessé allongé au sol.

    Crête - Sitia - Le port
     

    Crête - Sitia - Le monument aux morts


    Une vingtaine de kilomètres plus loin, détour obligatoire par Mochlos, petit village de pêcheurs au bas d’une route vertigineuse. C’est un endroit très mignon à quelques encablures d’un îlot désert où se dresse l’incontournable petite chapelle blanche. Les quais du minuscule port sont bordés de terrasses de restaurants car cet endroit enchanteur est très prisé des Français. Sans doute un effet direct du Guide du Routard !

     Panorama sur la route de Mochlos

    Panorama sur le site de Mochlos

    Mochlos
     

    Nous nous installons pour pique-niquer à la terrasse d’un restaurant fermé. Nous dominons la mer et le point de vue sur le village et l’îlot est imprenable. Nous voyons enfin un poulpe séchant au soleil. Les cartes postales en sont pleines mais nous n’en avions encore jamais vu. Ne reste qu’à boire un café avant de continuer notre route.

    Crête - Notre salle à manger à Mochlos
     

    Crête - Mochlos - Poulpe
     

    À quelques kilomètres de la côte, nous allons voir les gorges de Ha. C’est une profonde faille très étroite creusée dans la montagne aride qui se voit de loin mais pour arriver au pied de la gorge, le chemin n’est pas facile à trouver. C’est un ruisseau qui a creusé cet étroit défilé à moins qu’il n’ait profité d’une faille existante. Les falaises mesurent jusqu’à 700 m de haut et la largeur de la gorge ne doit pas dépasser 10 m. D’énormes marmites de géants pleines d’eau bloquent l’accès. Impossible de pénétrer dans cette gorge à moins de disposer d’un matériel d’escalade ou de canyoning adapté.

    Crête - Débouché de la gorge de Ha


    L’arrêt suivant est plus tranquille. Un peu avant Agios Nikolaos, une magnifique plage de sable pratiquement déserte en contrebas de la route nous tend les bras. Nous ne résistons pas et nous y passons une partie de l’après-midi à bronzer et nous baigner. L’eau est un peu fraîche mais tellement claire, la mer si calme et d’un si joli bleu, et le soleil agréablement chaud.

    Crête - L'une des plages près d'Agios Nikolaos


    Agios Nikolaos, c’est la ville balnéaire la plus touristique de la Crète. Elle est souvent comparée à Saint Tropez, c’est dire. Mais en cette saison, elle est calme et tranquille. Ce que je n’avais pas anticipé, c’est l’étroitesse et la pente des rues de la vieille ville parfois entrecoupées d’escaliers. C’est dans l’une de ces rues que se situe l’hôtel où j’ai choisi de m’arrêter et je dois terminer mon approche à pied. Mais l’hôtel est complet et, fort obligeamment, le propriétaire m’emmène dans sa voiture, une petite Panda parfaitement adaptée à la topographie des lieux, pour me guider chez un confrère qui peut nous héberger. Il coupe au plus court sans se préoccuper des sens interdits qui ne le concernent pas, me dit-il en souriant. Il faut dire qu’il est très âgé. Mais cela n’excuse pas tout.

    Nous allons nous promener sur les quais qui bordent la baie et le lac aux eaux profondes qui abrite une flottille de petits bateaux de pêche. Ils sont envahis par les terrasses de restaurants tous plus alléchants les uns que les autres. Mais c’est chez les Écossaises recommandées par le Routard que nous allons dîner sur leur terrasse plantée d’arbres fruitiers. Une très bonne adresse mais qui ne propose pas de dessert. Nous nous rattrapons un peu plus tard avec une glace dégustée en léchant les vitrines de luxe.

    Crête - Agios Nikolaos - Le lac à la tombée de la nuit

     Agios Nikolaos - Le lac à la tombée de la nuit
     

    Crête - Agios Nikolaos - Statue d'Europa sur le port

     

     

    J 13 - Dimanche 16 avril

    Nous sommes arrivés à la fin de notre séjour. Ce soir nous rentrons à Héraklion et reprenons l’avion demain matin très tôt. Mais nous avons encore quelques sites à visiter et allons profiter de ce dernier jour.

    Nous quittons Agios Nikolaos pour Elounda où nous voulons voir l’île de Spinalonga, ancienne forteresse vénitienne qui résista longtemps aux assauts des Ottomans puis devint de 1907 à 1957 une léproserie isolée du reste du monde.

    Elounda - L'île de Spinalonga

    Elounda - Les anciens marais salants

    Mais nous sommes le dimanche de Pâques et tout est fermé. Tous les Crétois sont occupés à faire cuire à la broche l’agneau pascal. Nous nous contenterons donc de voir l’île depuis Plaka puis, comme il n’y a rien d’autre à voir à Elounda, nous repartons vers Neapoli.

    Crête - Elounda - Panorama depuis la route vers Naopoli

    Sur la route vers Neapoli

    Ruches sur la route vers Neapoli


    C’est une très jolie route tortueuse comme d’habitude qui traverse les montagnes sauvages et de petits villages isolés. Partout l’agréable odeur du mouton en train de rôtir !

    Nous nous arrêtons à Neapoli car les chants religieux diffusés par haut-parleur inondent la ville. Nous allons à l’église où se déroule la messe de Pâques.

    Neapoli - L'église


    Elle est pleine et il y a même des gens sous le porche. Nous entrons. L’intérieur est tout illuminé par d’immenses lustres et il y a plusieurs popes qui chantent. Un autre pope à la longue barbe qui semble présider la cérémonie officie à l’autel. C’est très solennel et un peu triste. Nous restons un moment à regarder et écouter les chants.

    Crête - Naopoli - Messe de Pâques à l'église


    Par une route encore plus sinueuse que la précédente, nous montons sur le plateau de Lassithi. À 800 m d’altitude, cette dépression très fertile de 12 km sur 6 entourée de montagnes était irriguée autrefois grâce à des milliers de petites éoliennes malheureusement remplacées aujourd’hui par de vulgaires et bruyantes motopompes. Nous sommes un peu déçus de ne pas voir ces moulins aux ailes blanches tant vantés sur les cartes postales. Quelques éoliennes ont été préservées ou restaurées au profit des touristes, nouvelle source de revenu du lieu.

    Crête - Plateau du Lasithi - Panorama sur le plateau depuis l'entrée de Dikteon Andron


    Crête - Plateau du Lasithi - Eoliennes à Agios Georgios
     

    Tous les villages se trouvant à la périphérie, nous faisons sagement le tour. Petite halte à la grotte du Mont Dikti où Zeus aurait été caché par sa mère Rhéa après sa naissance pour qu’il ne soit pas dévoré par son père Cronos. Mais nous n’y pénétrons pas.

    La plaine est dominée par les sommets enneigés de la chaîne du mont Oroseria Dikti à 2148 m d’altitude.

    Crête - Plateau du Lasithi - Tzermiado - Le Mont Oroseria Dikti 2148


    Lors de notre arrêt café à Avrakondes, nous avons failli nous laisser tenter par le mouton qui tournait tranquillement sur sa broche, régulièrement arrosé de sauce au citron. Mais il aurait fallu attendre trop longtemps, ce que nous ne pouvons faire car nous devons restituer la voiture à l’aéroport d’Héraklion avant 17 h.

    Crête - Plateau du Lasithi - Préparation de l'agneau pascal à Avrakondes

     Plateau du Lassithi - Tzermiado - L'église et le cimetière
     

    Nous quittons le Lassithi par la route qui rejoint directement Héraklion. Sur la crête, les restes d’un alignement de moulins à vent s’étirent sur la pente abrupte de chaque coté du col.

    Plateau du Lasithi - Moulins à vent au col d'accès au plateau
     

    Nous redescendons dans la plaine et retrouvons la grande route côtière. Dernier petit arrêt nostalgique sur une plage près de Gournes pour profiter une dernière fois de cette belle mer.

    Crête - Dernière promenade nostalgique sur la plage près de Gournes


    À l’aéroport, la voiture est restituée sans souci et nous en profitons pour nous enregistrer sur le vol de demain. Ce sera autant de gagné car le décollage est à 6h28. Un taxi nous conduit à l’hôtel et comme il est sympathique et semble sérieux, nous le réservons pour le trajet du lendemain.

     

     

    J 14 - Lundi 17 avril

    Dure journée. Réveil à 4h30. L’hôtel nous a préparé un petit-déjeuner et à 5h20 nous embarquons dans le taxi ponctuel comme une horloge suisse. Les contrôles de sécurité nous font ouvrir nos valises et nous délestent de mon après-rasage et d’un minuscule couteau oublié mais la suite du trajet se passe bien et les horaires sont respectés.

    Héraklion - Embarquement à bord de notre A320 d'Aegean pour Athènes


    Nous avons mis cette photo prise dans l'avion qui nous ramène à Athènes pour la comparer avec une semblable photo prise en avril 1974 dans un avion à destination de Tunis. 
    43 ans plus tard !

    Crête - A bord de l'A320 d'Aegean
     

    Du coup, à Marseille, nous pouvons prendre un train plus tôt que celui que j’avais prévu. Mais ce TER est bondé et à chaque arrêt, de plus en plus de gens veulent monter. Embarqués les premiers, nous avons la chance d’avoir des places assises mais ce n’est pas le cas de tous les autres. En gare d’Arles, c’en est trop. Les portes ne pouvant se refermer, le train est bloqué. Il faut que la SNCF mette en urgence un train supplémentaire pour embarquer tout le monde. Nous repartons avec 40 minutes de retard. Il y a encore tellement de monde que nous nous préparons à descendre dès Lunel pour éviter d’être coincé à bord mais tout se passe bien.

    Finalement nous arrivons chez nous sous le beau soleil montpelliérain. Tout est en ordre, le courrier récupéré et les plantes arrosées par notre chère amie Yvonne. Il ne reste qu’à tout ranger, les affaires, les photos et les souvenirs.

     

     

    Comme chaque fois, le retour de voyage engendre un peu de nostalgie mais la reprise de nos nombreuses activités montpelliéraines permet de la résorber rapidement.

    Nous avons beaucoup aimé la Crète. Ses jolies villes, ses montagnes arides et sauvages, sa mer d’un bleu parfait, ses petits villages paisibles, ses immenses oliveraies, ses orangeraies où l’on peu cueillir et déguster d’excellentes oranges forment un ensemble très agréable. Mais ce que nous avons apprécié par-dessus tout, c’est le calme et la tranquillité qui y règnent, la gentillesse et l’hospitalité non feinte des habitants, surtout à cette époque de l’année préservée de l’invasion touristique estivale.

    Et puis j’y ai découvert le sentier de grande randonnée E4 qui traverse l’île d’Ouest en Est, s’étirant sur 500 km de Kissamos à Kato Zakros. 

    Qui sait, ce pourrait être l’objectif d’un nouveau voyage en Crète.

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Liliane
    Mercredi 10 Mai 2017 à 20:29

    très beau pays et merveilleux voyage....Récit de qualité qui donne envie d y aller...Le couple est magnifique et dégage la bonne entente , donc le bonheur....cette complicité est rare dans un couple....Bravo et Merci de nous faire rêver.....continuez...

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