• AU FIL DU GARDON

    Une marche de 4 jours le long du Gardon depuis la petite ville d’Anduze au débouché des Cévennes jusqu’au confluent avec le Rhône près de la ville de Beaucaire.
     

    Le Gardon

     

     

     

     

    Le sentier de grande randonnée n°6 ou, plus simplement, le GR 6, est l’un des grands itinéraires de randonnée qui sillonnent la France. Long de 1339 km, il commence à Arcachon et se termine au hameau de Fouillouse dans la haute vallée de l’Ubaye près de la frontière italienne.
     

    Carte GR 6
     

    En cette fin du mois de mai 2024, j’en ai parcouru une toute petite partie, les cent kilomètres qui séparent Anduze, porte des Cévennes, de la ville de Beaucaire au bord du Rhône. Le chemin suit généralement le cours du Gardon et passe par le joli village perché de Vézénobres, longe les gorges du Gardon au nord de Nîmes puis traverse la rivière sur le Pont du Gard, le célèbre et magnifique aqueduc construit par les Romains au cours de la première moitié du 1° siècle.

    À partir de là, il se dirige plein sud, toujours en suivant la rivière, et arrive finalement à Beaucaire et son château du 11° siècle à l’original donjon triangulaire.
     

    Carte du parcours
     

    J’ai rejoint Anduze la veille grâce à mes amis Nicole et Bernard qui m’ont emmené en voiture depuis Nîmes, ce qui m’a laissé le temps de me promener en leur compagnie dans la petite ville construite au pied de l’arête rocheuse que le gardon d’Anduze franchit par la cluse du portail du Pas.
     

    Anduze - Le Gardon franchit la porte des Cévennes
     

    Nous parcourons les ruelles de la vieille ville, la place du marché, sa halle couverte et sa fontaine pagode aux tuiles vernissées pour terminer au pied de la tour de l’horloge et son cadran solaire, seul vestige des anciennes fortifications.
     

    Anduze - Dans la rue droite
     

    Anduze - Place du marché - Halle couverte
     

    Anduze - Place du marché - Fontaine pagode
     

    Anduze - Tour de l'horloge
     

    Anduze - Tour de l'horloge - Cadran solaire
     

    Le gite d’étape où je dors est au cœur de la ville. On est accueilli par une jolie façade claire et fleurie.
     

    Anduze - Le gîte d'étape
     

    L’intérieur est un peu moins riant, une grosse pagaïe règne dans tout le rez-de-chaussée bien sombre. Sébastien, le propriétaire me montre le petit dortoir à l’étage qui, heureusement, a meilleure allure. Le dîner n’est pas fourni mais je trouverai tout ce qu'il faut dans le village.

     

    N’ayant rien d’autre à faire, je continue ma balade par le parc des Cordeliers, son allée de bambous, ses cèdres et son remarquable chêne aux dimensions impressionnantes. Je vais à la gare d’où démarre le célèbre train à vapeur des Cévennes qui emmène les touristes jusqu’à Saint-Jean-du-Gard. Un train débouche du tunnel quand j’arrive. La loco est une grosse diesel bien moins spectaculaire que les anciennes locos à vapeur.
     

    Anduze - Train d'Anduze
     

    Le temps de laisser descendre les voyageurs et d’embarquer une nouvelle fournée, et le train repart en sens inverse. Je suis allé me poster au-dessus de l’entrée du tunnel pour regarder le départ.
     

    Anduze - Train d'Anduze
     

    C’est l’itinéraire qu’emprunte le GR 6 où je passerai demain matin en quittant Anduze.

    Au hasard des rues, je photographie cette fresque qui commémore les crues soudaines et violentes dont le Gardon est coutumier, les "gardonnades".
     

    Anduze - Fresque commémorant les gardonnades
     

    Je n’ai aucun mal ensuite à trouver un lieu où dîner car cette petite ville est très touristique et les restaurants s’alignent sur le plan de Brie.

     

    J 1 - Lundi 27 mai

    Il n'est pas encore 8 h quand je démarre. La météo annonce de la pluie pratiquement toute la journée, ce qui n’est pas très encourageant. Seul point positif, elle devrait s’arrêter vers 18h me permettant de m’installer pour la nuit plus facilement.

    Pour sortit d’Anduze, je suis l’itinéraire du GR à travers le parc des Cordeliers, passe au-dessus du tunnel où j’étais allé hier photographier le train.
     

    Départ d'Anduze - Au-dessus de la gare
     

    Par une petite route déserte, je rejoins le passage à niveau où route et voie se croisent. C’est là que démarre la voie verte tracée sur l’ancienne voie ferrée. Sur les conseils de Sébastien, je l’emprunte au lieu de suivre le GR qui zigzague de village en village sur les hauteurs.
     

    Sur la voie verte vers Carbet
     

    Elle passe dans le tunnel du Grand Bosc, réaménagé pour ce nouvel usage.
     

    Sur la voie verte à l'entrée du tunnel du Grand Bosc
     

    Le tunnel du Grand Bosc
     

    Un kilomètre après la sortie, je quitte la voie verte pour emprunter l’ancien parcours du GR 6 qui longe la rivière jusqu’au pont de Lézan, ce qui me fait gagner quelques kilomètres. C’est un chemin agréable qui longe les cultures et s’enfonce parfois dans les bois au bord de l’eau. Les coquelicots proposent toujours d’aussi belles photos tandis que, de temps en temps, des trouées permettent de jeter un œil sur le cours tranquille du Gardon.
     

    Coquelicots sur la piste au bord du Gardon
     

    Le Gardon à hauteur du domaine de Gaujac
     

    Je passe près de l’étang d’Attuech où un pêcheur me permet une jolie photo.
     

    Pêcheur à l'étang d'Attuech
     

    Le pont de Lézan arrive assez vite. J’y suis souvent passé en voiture en allant à La Grand Combe voir ma belle-famille sans avoir jamais imaginé qu’un jour je passerais à pied en dessous.
     

    Le pont de Lézan
     

    La rivière est toujours aussi calme mais une petite pluie fine laisse ses traces à la surface de l’eau. Pour le moment, il n’est pas encore nécessaire d’enfiler le poncho.
     

    Le Gardon au pont de Lézan
     

    Je quitte les berges pour revenir sur la voie verte qui continue jusqu’à Carbet, le village suivant. Au passage, je repère ce tag si charmant. C’est beau l’amour.
     

    Tag sympathique près de Lézan
     

    J’avance tranquillement, sans forcer, en espérant que la pluie ne s’intensifiera pas. De la voie verte, je passe sur le GR 6 qui traverse le village de Carbet désert, et se rapproche de la rivière. À la sortie du village, des repères apposés sur un petit bâtiment indiquent les niveaux atteints par les crues de 1958 et 2002 pour conserver la mémoire des inondations ravageuses provoquées par ces pluies épisodiques courtes mais diluviennes qui caractérisent la région. Ces épisodes appelés "gardonnades" peuvent voir la rivière monter de plusieurs mètres en quelques heures. On a du mal à l'imaginer quand on voit la tranquillité du débit en temps normal. 
     

    Carbet - Mesure des crues
     

    Carbet - Mesure des crues
     

    Pour le moment, la rivière est bien calme malgré la petite pluie qui continue de tomber doucement.
     

    Le Gardon à hauteur des Tavernes
     

    Chaussée des Tavernes sur le Gardon
     

    C'est à la fin de ma pause repas dans les collines de Cassagnoles que ça s'est gâté. La petite pluie fine s'est transformée en violente averse et j'ai dû m'abriter précipitamment sous mon poncho.
     

    Traversée du Gardon sous la pluie
     

    Je traverse le Gardon sur un pont submersible en aval de la jonction entre le Gardon d’Anduze et celui de Mialet. L’eau est toute piquetée par la pluie.
     

    Confluent du Gardon d'Anduze et du Gardon de Mialet
     

    Tronçon désagréable de trois kilomètres pour arriver à Vézénobres en marchant au bord d’une route qui monte.

    Alors que j'ai fait le détour pour ça, je n'ai pas pu admirer ce pittoresque village perché sur son promontoire car, de loin, il est noyé dans la brume et de près, le manque de luminosité ne le met pas vraiment en valeur.

    Sa situation privilégié en a fait une étape sur une voie romaine puis sur le chemin de Régordane qui reliait la Méditerranée au Massif Central.

    Après avoir passé une spectaculaire porte, je monte jusqu’au cœur du village.
     

    Vézénobres - Porte du village
     

    Des puits sont signalés en plusieurs endroits. Le village était autrefois alimenté par une source dont le débit devenait insuffisant en été. Pour pallier ce manque, il fut décidé en 1907 de construire une citerne pour récupérer le trop-plein d’eau des mois d’hiver.
     

    Vézénobres - Puits
     

    Vézénobres - Puits
     

    Je parcours la rue dite des maisons romanes bordée de belles demeures anciennes dont les façades ruissellent de pluie.

    Je passe la porte de Sabran construite au 13° siècle, surmontée d’une tour de l’horloge qui fut ajoutée au 17° siècle.
     

    Vézénobres - Tour de l'horloge
     

    Je m’abrite un moment dans l’église Saint André dont l’obscurité m’empêche d’admirer les fresques qui ornent le chœur.

     

    J’ai deux soucis. D’abord remplir mes gourdes. Ensuite décider de l’endroit où bivouaquer car j’avais prévu de m’arrêter une paire de kilomètres après le village mais il n’est que 14h30 car les raccourcis pris ce matin m’ont fait gagner 4 à 5 kilomètres. Et il pleut toujours assez fort.

     

    Pour remplir les gourdes, je vais devoir sonner à une porte car il n’y a pas de fontaine et je ne rencontre personne dans les rues, tout le monde étant soigneusement calfeutré chez soi. Finalement, je trouve une porte ouverte, celle d’un cabinet d’orthophonie où la spécialiste me donne bien gentiment de l’eau.

    Pour le reste, je décide de continuer de marcher jusqu’en fin d’après-midi, car je fais confiance à la météo qui annonce l'arrêt de la pluie vers 18 h.

    Par de petites routes et des sentiers boueux, j’arrive au village de Ners vers 17h où je m’abrite sous un abribus pour attendre l’éclaircie. Comme prévu, la pluie se calme vers 18h et je peux reprendre ma marche vers les collines dominant le village en ayant enlevé le poncho. Voyez, on peut faire confiance à la météo !

    Arrivé au sommet, je commence à fureter dans les bois environnants pour trouver un endroit adéquat lorsque j’entrevois entre les branches ce qui semble être un toit de tôle.

    C’est un abri en planche fermé sur trois cotés et recouvert d'un toit de tôle, installé dans une prairie. Une remorque portant une citerne d’eau y est garée mais il y a largement la place pour moi. Le sol est propre et sec. Parfait.

    Pendant que je m’installe, le ciel se dégage progressivement et j’ai même droit à un prometteur rayon de soleil.
     

    Premier bivouac aux Hirondelles au-dessus de Ners
     

    Je m’endors sous un éclatant clair de lune en écoutant le chant d'un rossignol et d'un coucou et le ululement d'une chouette.

     

     

    J 2 - Mardi 28 mai

    Le rossignol s’est remis à chanter très tôt et il est 6h quand je me lève. Il fait grand beau et la température est un peu fraîche, conséquence de la pluie de la veille.

    À quelques centaines de mètres de mon bivouac, je découvre des plantes bizarres au bord du chemin. Je ne les connais pas mais je pense que c’est une espèce d’orchidée.
     

    Orchidée  Serapia près du bivouac
     

    J’envoie la photo à mon ami Jean-Pierre, grand spécialiste, qui me confirme qu’il s’agit bien d’une orchidée, de l’espèce Serapia.

    Le chemin est agréable. Il serpente dans les bois de chênes verts, longe des vignes et me mène au petit village de Lascours construit sur une butte puis, deux kilomètres plus loin, à Cruviers-Lascours, autre petit village tranquille mais plus animé avec un bar-épicerie où je fais une longue pause-café, remplis mes gourdes et recharge les batteries du téléphone et de l’appareil photo. On peut penser que je n'ai que le remplissage de mes gourdes en tête, mais avoir en permanence une bonne réserve d'eau est primordial et il ne faut pas laisser passer l'occasion de compléter les réserves surtout lorsqu'il fait chaud.

    Le balisage du chemin qui avance au milieu des vignes est impeccable.
     

    Balisage entre Cruviers Lascours et Brignon
     

    Il faut grimper pour atteindre Brignon construit lui aussi sur une colline.
     

    Entre Cruviers Lascours et Brignon
     

    À l’entrée du village, deux chats qui font la sieste sur la bâche d’une Méhari me regardent passer. "D'où sort-il celui-là ?" semblent-ils penser.
     

    A l'entrée de Brignon
     

    Je passe au pied de la tour de l’horloge et devant un petit square ombragé décoré d’une jolie fontaine.
     

    Brignon - Tour de l'horloge
     

    Brignon - Fontaine sur une petite place ombragée
     

    De Brignon à Moussac, il faut marcher au bord de la route, ce qui n’est pas très agréable malgré le peu de circulation. J’arrive au village construit sur un promontoire au bord du Gardon qui s’étale largement.
     

    Moussac - Le Gardon
     

    Le village était autrefois fortifié et il ne reste que quelques bouts des anciens remparts comme cette demi tour ronde.
     

    Moussac - Restes des remparts
     

    Sur la place, se tient le temple protestant, sobre comme il convient.

    Moussac - Temple protestant
     

    L’intérieur est d’une austérité confinant à l’ascétisme.
     

    Moussac - L'austère intérieur du temple protestant
     

    Le village est assez grand mais il n’y a aucun commerce. Pour me ravitailler, je dois marcher jusqu’à Saint-Chaptes, cinq kilomètres plus loin, par un chemin qui s’étire dans la plaine fluviale au milieu des vignes et autres cultures.

    Saint-Chaptes est un vrai bourg avec une poste, une boucherie, une boulangerie et un supermarché. Peut-être même une Gendarmerie... J’y fais mes courses puis m’installe sur les marches du bureau de poste pour déjeuner.
     

    St Chaptes - Pause sur les marches de la poste
     

    Le chemin vers Aubarne n’en finit pas de serpenter au milieu des vignes. C’est d’autant plus long qu’il fait très chaud. Je passe devant quelques cerisiers chargés de fruits rouges et je ne résiste pas à la tentation. Je cueille une poignée de belles et délicieuses cerises qui apaisent ma soif. Dieu me pardonnera ce menu larcin car, dit-on, il est miséricordieux.

    Je passe devant le Mas du Luc avec sa jolie enseigne et son allée de cyprès qui rappelle la Toscane.
     

    Entre St Chaptes et Aubarne - Le Mas du Luc
     

    Entre St Chaptes et Aubarne - Cyprès au Mas du Luc
     

    Sur ce tronçon découvert, le moindre arbre se remarque, soit parce qu’il est joli, soit parce qu’il porte les marques du balisage.

    Beaux muriers sur le chemin d'Aubarne
     

    Balisage et vignes sur le chemin d'Aubarne
     

    Près de la ferme de Ménouret, je croise le ruisseau de Bourdic dont l’eau claire glougloute agréablement sous les arbres. Une vraie oasis de fraîcheur. Je me mouille et bois copieusement et recomplète mes gourdes avant de reprendre ma marche.

    Le village d’Aubarne est désert. Je m’y arrête un moment à l’ombre sur les marches de l’église et continue vers le hameau suivant au nom cinglant, Vic.

    Ce tronçon est plus agréable car en grande partie à l’ombre des arbres.
     

    Sur le chemin entre Aubarne et Vic
     

    On y jouit aussi d’un très beau panorama sur la plaine d’Uzès dominée dans le lointain par le Guidon du Bouquet à la silhouette caractéristique.
     

    Sur le chemin entre Aubarne et Vic - Panorama sur la plaine d'Uzès et le Guidon du Bouquet
     

    Vic est un hameau situé au pied du plateau calcaire de Saint Nicolas dans lequel le Gardon a entaillé de belles gorges. Au débouché de ces gorges, a été construit au début du 12° siècle le prieuré de Saint Nicolas de Campagnac.

    Un siècle plus tard, les moines entreprirent la construction d’un pont qui permit d’établir l’indispensable liaison entre Nîmes et Uzès. Il est maintenant emprunté par la D 979.
     

    Le pont St Nicolas
     

    Le pont St Nicolas et St Nicolas de Campagnac
     

    Aujourd’hui, le prieuré est devenu une magnifique maison d’hôtes et un chai de dégustation des vins de la région. J’y bois un Coca bien frais très agréable après la chaleur de l’après-midi.

     

    Au bout d'un kilomètre inintéressant le long de la route, je retrouve un bien plus sympathique sentier qui longe les collines à la limite entre les vignes et la garrigue.

    C’est dans ce secteur que j’ai décidé de m’arrêter pour la nuit. Je tâtonne un moment avant de trouver l’emplacement adéquat tellement la garrigue est touffue mais, finalement, je trouve un endroit qui me convient.
     

    Deuxième bivouac au pied de la Coufine

     

    J 3 - Mercredi 29 mai

    Comme la veille, je suis réveillé très tôt à la fois par le chant des oiseaux et la lumière du jour et je démarre vers 7h. Dans toute la zone, je vois ces grandes plantes à fleurs jaunes. Après quelques recherches sur Internet, elles pourraient être des férules gommeuses de la famille des ombellifères.
     

    Fleurs inconnues sur le chemin
     

    Fleurs inconnues sur le chemin
     

    Le chemin grimpe sur le plateau et rejoint la bordure des gorges du Gardon. J’espérais avoir de beaux aperçus sur la rivière mais je suis déçu car j’avance dans un sous-bois assez touffu qui bouche la vue. Ce n’est qu’au bout de plusieurs kilomètres que la végétation s’éclaircit et que je peux voir la rivière tout en bas et profiter du panorama vers l’imposant Mont Ventoux qui domine le paysage.
     

    Chemin sur les Condamines - Gorge du Gardon
     

    Chemin sur les Condamines - Gorge du Gardon
     

    Chemin sur les Condamines - Panorama vers le Mont Ventoux
     

    À la sortie du défilé on peut apercevoir le pont de Collias.
     

    Chemin sur les Condamines - Le Gardon et le pont de Collias
     

    Un sentier caillouteux m’amène rapidement au village qui a vu le jour autour de l’an 1000, a connu les destructions de la guerre de Cent Ans, et resta catholique pendant les guerres de religion. 

    Il y a un bar où je me désaltère et refais le plein d'eau et un boucher où je me ravitaille pour la suite du parcours. Nécessité faisant loi, j’achète des aubergines au parmesan pour midi et une escalope viennoise avec pommes de terre sautées pour le soir. Le luxe ! 

    Un grand pont enjambe la rivière encore enserrée entre des falaises calcaires.
     

    Le Gardon à Collias
     

    En bas, les loueurs de canoës sont nombreux à proposer leurs services à ceux qui veulent descendre la rivière en pagayant. 

    Les panneaux indiquent pour la première fois la distance pour arriver au Pont du Gard. Encore 6,6 km.
     

    Collias - Panneaux
     

    C’est par des chemins et des petites routes parallèles au Gardon que je me rapproche lentement. 

    Petite pause près de Bégude St André. Il ne reste plus que 2,2 km.
     

    Pause près de La Bégude St André
     

    Le chemin monte sur le mouvement de terrain qui précède le pont et, très vite, on rencontre les premiers vestiges de l’aqueduc qui amenait l’eau depuis le captage de la fontaine d’Eure à Uzès jusqu’à la ville de Nemausus, nom romain de Nîmes. En effet, le pont n’est que la partie la plus spectaculaire de cet ouvrage de 52 kilomètres construit au début du 1° siècle, véritable chef d’œuvre de génie civil et témoignage de la parfaite maitrise des constructeurs romains. Entre le point de départ près d’Uzès et l’arrivée à Nîmes, le dénivelé n’est que de 12 m, soit une moyenne de 24 cm par kilomètre. Pour tenir compte du relief, l’aqueduc serpente à travers collines et vallons, empruntant ponts et tunnels quand le terrain l'exige.
    Son débit moyen a été estimé à 40 000 m3 par jour, soit 460 L d’eau à la seconde. Les historiens pensent qu’il fut construit en 5 ans et que, après le départ des Romains, son entretien fut négligé et qu’il cessa de fonctionner probablement au début du 6° siècle, en partie obstrué par les dépôts calcaires.
     

    Restes de l'aqueduc en amont du pont
     

    Restes de l'aqueduc en amont du pont
     

    J’arrive à l’extrémité du pont où un groupe de touristes écoute les explications d’une guide.

    Arrivée au Pont du Gard
     

    À cette extrémité du pont, il manque douze arches qui furent détruites au cours du 12° siècle pour récupérer les pierres comme matériau de construction. 

    J’ai beau l’avoir déjà vu plusieurs fois, la première vision du pont est un émerveillement. 

    Avec ses trois étages d’arches, sa longueur de 275 m et sa hauteur de 48 m au-dessus de l’eau, il est très impressionnant. En 1747, un pont routier fut accolé aux arches de l’étage inférieur, ce qui lui enleva de son élégance mais contribua à le renforcer.

    Le plus remarquable est que le pont a été presque entièrement construit à sec, sans l'aide de mortier, les pierres dont certaines pèsent 6 tonnes, étant maintenues par des tenons de chêne. Seul le canal sommital est constitué de moellons liés au mortier, l’étanchéité étant assurée par un béton à base de chaux et d’un enduit contenant de l’oxyde ferrique.
     

    Le Pont du Gard vu de la rive gauche
     

    Sur la rivière, les canoës partis de Collias font escale.
     

    Le Gardon au Pont du Gard
     

    Je traverse. Est-il plus joli vu de ce côté ?
     

    Le Pont du Gard vu de la rive droite
     

    Je descends au bord du Gardon où les canoéistes s’arrêtent pour admirer le pont. Il y a des gens dans l’eau et je décide moi aussi de faire trempette. Je me déshabille et m’avance dans l’eau délicieusement fraîche. Quel plaisir après la chaleur de ce matin !
     

    Baignade dans le Gardon au Pont du Gard
     

    Baignade dans le Gardon au Pont du Gard

    Seul problème, les graviers font très mal aux pieds. Je nage un moment puis reviens au bord pour déjeuner face au pont. Les aubergines au parmesan sont délicieuses ! 

    Je resterais bien là plus longtemps mais je dois continuer à avancer. Le démarrage est difficile car il faut escalader les escaliers bien raides qui conduisent au sommet de l’aqueduc sur le versant rive droite.

    Un dernier coup d’œil sur le pont avant de m’éloigner définitivement.
     

    Le Pont du Gard vu de la rive droite
     

    L’itinéraire emprunte le tracé de l’aqueduc qui traverse la colline par un tunnel.
     

    Tunnel de l'aqueduc en aval du Pont du Gard
     

    Plus loin, je passe près des restes de ponts qui enjambaient des vallons.
     

    Aqueduc en aval du Pont - Restes d'un pont sur un vallon
     

    Aqueduc en aval du Pont - Restes du pont de la Roussière
     

    Puis le chemin monte longuement au fond d’un thalweg boisé avant de déboucher sur un plateau couvert de garrigue et de redescendre vers le village de Saint-Bonnet-du-Gard traversé par le grand axe routier Nîmes - Remoulins.
     

    Arrivée à St Bonnet-du-Gard
     

    Nouvelle pause pour me désaltérer au bar du lieu et recompléter une nouvelle fois mes gourdes.

    Puis je me lance dans les ruelles en pente qui m’amènent à une vieille porte percée dans l’ancien rempart. Le village est adossé à une ligne de collines sur laquelle a été construite l'église Saint Bonnet.
     

    St Bonnet-du-Gard - Porte du village
     

    C’est une église fortifiée qui date du 11° siècle, très massive avec ses deux tours crénelées.
     

    St Bonnet-du-Gard - Eglise fortifiée du 11° siècle
     

    St Bonnet-du-Gard - Eglise fortifiée du 11° siècle
     

    Le chemin continue sur le mouvement de terrain puis, deux kilomètres plus loin, redescend au village de Sernhac que je traverse sans m’arrêter, passant devant le clocher de l’église Saint Sauveur puis devant la porte Sarrazine, vestige des anciens remparts.
     

    Sernhac - Clocher de l'église
     

    Sernhac - Porte Sarrazine
     

    Plus loin, le GR 6 passe sous la voie ferrée puis sous l’autoroute A 9.
     

    Passage sous l'A 9
     

    Le chemin longe des vignes et des vergers d’arbres fruitiers où je cueille quelques abricots qui tiendront lieu de dessert. C’est dans ce secteur que j’ai l’intention de m’arrêter mais il faut que je m’éloigne suffisamment pour ne pas être dérangé par le grondement permanent de la circulation sur l’autoroute. Je trouve mon bonheur deux kilomètres plus loin dans une plantation de chênes verts. Sol plat, végétation rase, arbres bien espacés, voilà qui est parfait.

    Ce soir, j’installe le poncho pour fermer le coté de mon abri car la météo annonce un peu de pluie.
     

    Troisième bivouac entre Sernhac et Meynes
     

    En fait, il ne tombe que quelques gouttes vers 19 h et c’est tout. Je peux tranquillement savourer escalope viennoise et abricots.

     

     

    J 4 - Jeudi 30 mai

    La nuit a été bonne et il n’a pas plu. Il fait bon ce matin, plus chaud que les matins précédents quand je me lève à 6h. Je plie mon bivouac et démarre à 7h15 comme la veille.
     

    Le chemin vers Meynes
     

    Le grand chemin m’amène au village de Meynes où je fais une pause au premier bar que je trouve sur ma route.

    Dès la sortie du village, l’itinéraire emprunte des chemins de campagne sur les collines au milieu des vignes et de quelques rares champs de blé avant de redescendre dans la vallée du Gardon où je retrouve la voie verte. Elle se glisse sous la ligne à grande vitesse où j'espérais voir passer un TGV pour la photo mais la ligne est restée vide.

     

    Passage sous la LGV
     

    Je remarque que le balisage concerne maintenant 2 GR, toujours le 6 bien sûr, mais également le 42 qui est un itinéraire de jonction pour les pèlerins venant des Alpes et de Suisse désirant passer par le chemin d’Arles. D’ailleurs, les carrés bleus avec les coquilles stylisées des chemins de Compostelle sont apparues aux cotés des traits rouge et blanc.
     

    Balisage GR 6 et 42 sur le chemin après Meynes
     

    En arrivant à Comps, je quitte le balisage qui fait un assez grand détour. Je coupe par un quartier résidentiel et retrouve le GR sur les hauteurs et le suit à travers des collines boisées. J’aurais pu rester sur la voie verte qui contourne ces collines mais je voulais passer voir l’abbaye de Saint Roman qui se trouve au sommet d’un piton rocheux dominant toute la région.
     

    Les Arcades - L'abbaye Saint Roman
     

    L’abbaye de Saint-Roman est une ancienne abbaye troglodyte datant probablement des 5° ou 6° siècles. On sait peu de choses sur l’origine du lieu mais certains y voient un lien avec les églises souterraines de Cappadoce.

    Les moines en furent chassés à la fin du 13° siècle et un château fort fut édifié sur le site au 16° siècle.

     

    Quand j’arrive à l’entrée, je trouve la grille fermée. Les visites n’ont lieu que l’après-midi. Être monté jusque-là pour rien, quelle déception. J’examine la barrière et je trouve un endroit où je pourrai escalader.

    Je me décide. Je cache mon sac à dos derrière des buissons et reviens passer par-dessus le grillage. Je peux arpenter les lieux à ma guise. Je fais d’abord le tour du rocher creusé de cavités naturelles qui ont été souvent aménagées.
     

    Abbaye Saint Roman - Les falaises
     

    Abbaye Saint Roman - Les falaises
     

    Une nouvelle escalade me permet d’accéder au sommet des falaises. Là, je découvre le labyrinthe de couloirs et de salles creusé dans la roche tendre. C’est d’abord la grande chapelle où je remarque un siège excavé. Celui du père supérieur ?
     

    Abbaye Saint Roman - La chapelle
     

    Abbaye de Saint-Roman - Siège du père supérieur
     

    Plus loin, ce sont des cellules où vivaient les moines.
     

    Abbaye Saint Roman - Cellule de moine
     

    D’autres cavités devaient faire office de réserves ou de citernes.

    Sur la terrasse, on remarque les nombreuses tombes creusées dans la roche. Une véritable nécropole.
     

    Abbaye Saint Roman - Les terrasses sommitales
     

    Abbaye Saint Roman - Terrasses sommitales - Nécropole
     

    Abbaye Saint Roman - Terrasses sommitales - Nécropole
     

    On y jouit aussi d’un magnifique panorama sur la vallée avec, en contrebas, le confluent du Gardon et du Rhône.
     

    Abbaye Saint Roman - Terrasses sommitales - Panorama sur le confluent Rhône Gardon
     

    Abbaye Saint Roman - Sur les terrasses sommitales
     

    La vue s’étend jusqu’aux Alpilles et au Mont Ventoux dont le sommet, ce matin, est caché par les nuages.
     

    Abbaye Saint Roman - Terrasses sommitales - Panorama vers l'est
     

    Je ressors une  heure plus tard par le même chemin et reprend ma marche. Le GR redescend vers la plaine et rejoint la voie verte que j’emprunte jusqu’à l’entrée de l’agglomération. Me voici arrivé à Beaucaire.
     

    Sur la voie verte à quelques kilomètres de Beaucaire
     

    Il reste encore quelques vestiges de sa précédente vie avec ce panneau de signalisation ferroviaire oublié.
     

    Signal oublié sur la voie verte vers Beaucaire
     

    Le chemin rejoint le centre par une large avenue puis emprunte les ruelles de la vieille ville jusqu’à l’église Notre Dame des Pommiers où je remarque une belle frise romane et l’inhabituelle et laïque inscription "République Française, Liberté, égalité, fraternité" au fronton de l’église.
     

    Beaucaire - Eglise N D des Pommiers - Frise romane du 12° siècle
     

    Beaucaire - Eglise N D des Pommiers
     

    De là, je rejoins les bords du canal de Rhône à Sète qui est devenu un véritable port de plaisance.
     

    Beaucaire - Le port de plaisance sur le canal du Rhône à Sète
     

    Cafés et restaurants bordent les quais et je m’arrête pour boire une boisson fraîche. Avant de rejoindre la gare toute proche, je m’avance sur le grand pont qui enjambe le Rhône pour avoir la vue sur le château de Beaucaire et sur celui de Tarascon qui lui fait face de l’autre côté du fleuve.
     

    Beaucaire - Le château fort
     

    Beaucaire - Le Rhône et le château de Tarascon
     

    Il n’y a pas de gare. Il faut grimper jusqu’aux voies qui passent sur un haut talus. Pas de guichet, même pas de panneau ou d’écran électronique pour indiquer les horaires et annoncer les trains. Rien. Je consulte Internet où la SNCF m’annonce le prochain TER 35 minutes plus tard, ce qui me laisse le temps de grignoter mes dernières provisions en guise de repas de midi.
     

    Beaucaire - Arrivée du TER
     

    Voilà, c’est fini. Confortablement installé dans le train, je me remémore les meilleurs moments de cette marche et les quelques difficultés rencontrées.

    J’ai bien aimé ce parcours assez varié et peu accidenté qui m’a fait découvrir des coins que je ne connaissais pas malgré leur proximité. Il est dommage que la pluie m’ait privé des belles choses à voir à Vézénobres d’autant que j’avais accepté le détour de l’itinéraire dans le but de découvrir ce beau site. Les petits villages tranquilles que j’ai traversés, les gorges du Gardon et le prieuré de Saint Nicolas, Collias, l’étrange abbaye troglodyte de Saint Roman ont été une agréable découverte.

    Quant au pont du Gard, c’est un monument à ne pas rater et que je suis ravi d’avoir revu une fois de plus dans un contexte complètement différent.

    Ce n’est jamais marrant de marcher sous la pluie mais la première journée sous les averses m’a permis de me rassurer sur ma capacité à continuer à marcher malgré le mauvais temps.

     

    Je vais pouvoir maintenant commencer à penser sérieusement à quelques autres projets que j’ai en tête.











     

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