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COSTA "FORTUNA"
Du 5 au 14 septembre 2024, nous avons fait une croisière au départ d’Athènes en mer Égée avec des escales à Istanbul, Mykonos, Rhodes, Héraklion et Santorin. Récit de ces 7 jours en mer et des 2 jours passés à Athènes.
J’avais terminé le récit de notre première croisière effectuée en octobre 2023 en disant que, malgré les très bons moments que nous avions passés à bord du MSC "Orchestra", nous ne renouvellerions pas l’expérience car la croisière n’est pas notre mode de vacances préféré.
Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, dit-on. C’est rassurant car nous avons à nouveau succombé aux charmes des sirènes et avons accepté de repartir pour une nouvelle croisière, en mer Egée cette fois et sur un bateau de la compagnie Costa, le "Fortuna". Avec ses 272 m de long, 38 de large et ses 105 000 T et 86 000 cv, ses 1068 hommes et femmes d’équipage, il emmène 3470 passagers dont nous faisons partie pour ce périple de 7 jours en mer Egée.
La compagnie Costa fut créée en 1854 à Gênes par Giacomo Costa pour transporter huile d’olive et tissus de Sardaigne vers la Ligurie. En 1948, elle lança un service de transport de passagers vers Buenos Aires puis vers d’autres destinations d’Amérique du Sud.
Le premier navire de croisière fut lancé en 1968 avec une capacité de 680 passagers. À partir de 1980, la nouvelle société Costa Crociere SpA se spécialisa dans la croisière et fit construire une dizaine de bateaux, passant ainsi en tête des flottes européennes avec 14 navires, mais elle est maintenant dépassée par MSC.
Au départ d’Athènes, nous devons rejoindre Istanbul après une journée en mer puis redescendre vers le sud avec escales à Mykonos le 9, à Rhodes le 10, à Héraklion en Crête le 11 puis à Santorin le 12 avant de revenir à Athènes le 13 septembre.
En compagnie d’Édith et Sylvie, nos amies narbonnaises de la première croisière, nous prenons le train jusqu’à Marseille, la navette pour rejoindre l’aéroport de Marignane puis un vol Aegean vers Athènes qui décolle avec une heure de retard.
Nous retrouvons le groupe dont font partie plusieurs amis (ies), Chantal et Christian les instigateurs de ce voyage, Marie-Thé et Olivier, Eliane, Marie-France, Michèle et Guy, Danielle et Annie, Elisabeth et Jacques, Chantal et Patrick. Nous sommes 38 au total.
Arrivée nocturne en Grèce et nuit à l’hôtel quelque peu amputée.
Nous voici à pied d’œuvre.J 1 - Vendredi 6 septembre - Athènes et embarquement
L’embarquement n’étant prévu qu’à 13h, nous avons le temps d’aller faire un petit tour d’exploration dans la ville. Nous décidons de marcher jusqu’à la place du Parlement pour voir les soldats qui y montent la garde dans leur tenue très folklorique. Ce sont les evzones, nom qui désignait autrefois des unités d’infanterie de l’armée grecque et qui actuellement concerne les membres d’une unité spécialisée dans les cérémonies et chargée de garder le tombeau du soldat inconnu et le palais présidentiel.
Nous remontons la grande rue Ermou qui file plein est et passe par la place Monastikari d’où l’on peut voir l’Acropole qui domine la ville.
Plus loin, la place Kapnikaria est occupée par une jolie petite église orthodoxe, Sainte Barbara. L’intérieur est sombre et, comme partout, les icônes pullulent. D’autres personnes entrées en même temps que nous, passent d’une icône à l’autre en faisant de nombreux signes de croix et en embrassant chaque image pieuse. La Grèce est un pays où la religion orthodoxe est à la fois une religion d'état et une institution très populaire qui concerne 80 % de la population, la majeure partie des Grecs se rendant à l’église au moins une fois par mois.
Au-delà, la rue devient piétonne et très animée.
Nous voici sur la grande place dominée par la très classique façade du Parlement.
Les soldats sont bien là dans leur étrange tenue qui comprend la fustanelle, sorte de jupe plissée constituée de 400 plis symbolisant les 400 années d’occupation turque, le pharion, béret rouge au gland de soie noire, le ceinturon à cartouchières, les collants blancs et les tsarouchia, chaussures cloutées ornées d’un gros pompon noir.
Ils restent rigoureusement immobiles malgré la chaleur. Ils doivent avoir chaud dans cette tenue. Un soldat vient mouiller leur visage et les faire boire.
Pour les voir se déplacer, il faudrait attendre un bon quart d’heure et nous ne sommes pas sûrs d’avoir le temps. Sur le chemin du retour, nous passons voir la cathédrale de l’Annonciation.
Sur le parvis devant la cathédrale, une statue de l’évêque Damaskinos a été érigée.
Il fut archevêque primat d’Athènes et de toute la Grèce de 1941 à 1949 et même régent du royaume de Grèce de 1944 à 1946. Il acquit une grande notoriété en distribuant des milliers de faux certificats de baptême aux juifs pour les sauver de la traque exercée par les Allemands pendant l’occupation du pays.
En revenant à l’hôtel, je prends une photo de notre petit groupe.
Le bus nous amène au Pirée, le port de la capitale, à l’heure dite malgré une circulation très dense.
Les formalités d’embarquement se passent assez rapidement dans une grande gare maritime malgré le nombre important de passagers attendant leur tour.
Nous voici devant la muraille blanche du bateau. Un moment toujours impressionnant.
Nous montons à bord et allons directement à notre cabine, numéro 1317, sur le pont n°1 baptisé Rio de Janeiro, côté tribord au centre du navire. Une grande cabine bien aménagée avec un grand lit. Cette fois-ci, pas de balcon, juste une grande fenêtre qui nous permet de voir la mer et à la lumière d’éclairer la pièce.
Par les longues coursives, nous allons tout de suite déjeuner à la cafétéria qui se trouve au 9° pont tout à l’arrière. Nous y retrouvons la même disposition que sur l’Orchestra avec plusieurs buffets répartis dans l’immense salle proposant une excellente nourriture plutôt italienne et où le plus difficile est de trouver une table libre.
Une petite sieste nous permet de récupérer de notre nuit écourtée avant de retrouver les autres membres du groupe au bar de l’Atrium.
Le dîner est prévu pour nous à 19 h au restaurant Michelangelo. Tout est bien organisé, la table est déjà prévue et nous nous installons avec nos amies Sylvie et Edith et les autres membres du groupe pour un excellent dîner servi par Orlando, notre serveur attitré de nationalité indonésienne.
A 20 h 30, exercice d'évacuation. Il faut enfiler le gilet de sauvetage et rejoindre le point de regroupement devant la chaloupe qui nous est désignée. Notre présence est obligatoire et contrôlée. Petite ambiance Titanic…
C’est très sérieux. Costa a tiré les leçons du naufrage du "Concordia" en 2012.
23 H. Comme prévu, le Costa "Fortuna" quitte le port du Pirée. Nous sommes nombreux sur le pont arrière à regarder la magie de cet appareillage nocturne.
Ensuite nous rejoignons le grand théâtre pour le spectacle qui a été repoussé à 23h30 en raison de l’exercice. Un très bon spectacle genre music-hall.
J 2 - Samedi 7 septembre - En mer
Au réveil, nous sommes en pleine mer. Le soleil brille et la mer est calme. Le bateau remonte plein nord et ne remue absolument pas, indifférent aux vagues.
Nous profitons de cette journée tranquille pour explorer le navire. Au pont 9, il y a trois piscines, une à l’arrière et deux au centre.
La piscine arrière est au calme, tandis que celle du centre est souvent le cadre d’animations bruyantes, séances de kizomba, stretching et autres exercices de fitness qui se déroulent au rythme d’une musique assez forte.
Bien sûr, le bronzage allongé sur l’un des nombreux transats est l’activité la plus courue.
Je remarque que le navire est organisé comme le MSC Orchestra sur lequel nous avions navigué l’année précédente avec un pont entier réservé aux nombreuses boutiques vendant souvenirs et produits de luxe et un casino où s’alignent les machines à sous, d’autres ponts où sont regroupés plusieurs bars, des restaurants et une immense cafétéria. On retrouve le puit central appelé ici Atrium, et un grand théâtre tout à l’avant où se déroulent les spectacles quotidiens.
Tous les soirs, nous trouvons dans notre cabine le programme des activité du lendemain, l’Oggi a bordo (aujourd’hui à bord), rédigé dans les langues des passagers présents.
Deux évènements quasi simultanés aujourd’hui : le spectacle des derviches tourneurs donné près de la piscine centrale et l’entrée dans le détroit des Dardanelles.
Ceux que nous appelons les derviches tourneurs sont les membres d’un ordre musulman fondé au 13° siècle à Konya en Turquie. Ce nom provient de leur danse appelée samã dont les mouvements rappelant ceux d’une toupie sont censés représenter la rotation des astres.
Le spectacle des derviches tourneurs, très agréable et coloré, était accompagné de danses folkloriques turques et s’est terminé en grande fiesta où tout le monde dansait.
En fin d’après-midi, nous arrivons en vue des Dardanelles. Un grand drapeau turc flotte au vent au-dessus de la pointe de terre marquant l’entrée du détroit et le trafic maritime a considérablement augmenté.
À l’entrée du détroit des Dardanelles, un gigantesque monument se dresse sur la pointe du cap Heles. Il commémore la victoire des armées turques commandées par Mustapha Kemal, le futur Atatürk, sur les forces franco-britanniques qui tentaient d’établir une tête de pont sur la presqu’île de Gallipoli au cours de la première guerre mondiale. Cette bataille des Dardanelles qui eut lieu de 1915 à 1916 avait pour but de forcer la Turquie à abandonner son alliance avec l’Allemagne et à rétablir une liaison sûre avec la Russie, notre alliée à l'époque. Ce fut un échec cuisant pour les Alliés qui y perdirent 144 000 hommes et un certain nombre de navires.
Le détroit des Dardanelles est un long passage de 61 kilomètres de long et large de seulement 1,2 à 6 kilomètres qui fait communiquer la mer Égée avec la mer de Marmara. Il est délicat à négocier pour les nombreux navires qui le franchissent en raison de son étroitesse et d’un fort courant de surface.
Comme le Bosphore plus au nord, il sépare l’Europe de l’Asie.
Au point le plus étroit du passage, un magnifique fort en forme de trèfle a été construit par le sultan Mehmed II le Conquérant en 1463 pour contrôler le trafic maritime. C’est le fort de Kilitbahir, situé sur la rive européenne, la ville de Çanakkale se trouvant juste en face, sur la rive asiatique.
Nous passons sous l’immense pont suspendu qui enjambe ce détroit. Avec une portée de 2023 m, il est le plus long pont suspendu du monde.
Pour le spectacle de ce soir, nous avons eu droit à deux acrobates polonais qui ont fait un excellent numéro.
J 3 - Dimanche 8 septembre - Escale à Istanbul
Nous voici à Istanbul, qui fut Byzance au temps des Grecs puis Constantinople sous l’empire romain avant de devenir la capitale de l’empire ottoman. Ville mythique qui symbolise l’Orient, bâtie de part et d’autre du Bosphore qui la traverse, à cheval sur l’Europe et l’Asie.
Le réveil est matinal pour ne pas rater le départ en excursion fixé à 8h.
Le bateau est amarré sous la colline de Galata à une gare maritime ultramoderne où l’on circule en souterrain.
Le temps est gris et froid et la pluie menace.
Embarquement bien réglé dans les bus qui nous emmènent sur la colline où se dressent les trois plus importants monuments d’Istanbul. Mais, faute de temps, nous n’en visiterons que deux, laissant de côté le palais Topkapi.
La basilique Sainte Sophie fut ordonnée par l’empereur Justinien et fut inaugurée en 537 après seulement 5 ans 10 mois et 10 jours de travaux. Elle remplaçait les précédents édifices qui avaient brûlé et se voulait le plus grand monument de la chrétienté, un record qui dura plus de 1000 ans jusqu’à la construction de Saint-Pierre de Rome en 1626. Sa coupole de 32 m de diamètre et 56 m de hauteur s’effondra deux ans plus tard obligeant les architectes à la renforcer avec d’énormes contreforts qui lui donnent cet aspect massif.
Devenue mosquée depuis 2020, on ne peut plus accéder à la partie basse de l’église et on doit se contenter de cheminer sur les galeries à l’époque réservées aux femmes. Bien sûr, pas question d’être en short et les femmes doivent cacher cheveux, jambes et épaules. On n'a pas le temps de s'attarder pour admirer l'intérieur de l'église car il y a un monde fou et on avance pas à pas au milieu d’une foule compacte de touristes.
De grands panneaux portant les noms d’Allah, de Mohamed et des premiers califes cachent les fresques et mosaïques chrétiennes qui, heureusement, n'ont pas été détruites. C’est dommage car la basilique fut construite et décorée en utilisant les plus beaux matériaux disponibles, souvent récupérés sur les monuments antiques.
Malgré tout, dans quelques endroits reculés, des mosaïques anciennes ont été préservées, telle celle où l’on voit la Vierge avec l’enfant Jésus, encadrée des empereurs Constantin et Justinien et celle de l’impératrice Zoé avec son troisième mari de part et d’autre du Christ. On dit qu'à chaque nouveau mari, elle faisait changer le visage et le nom de son ancien époux pour celui du nouvel élu...
On y trouve aussi la pierre tombale d’un certain Henrico Dandolo, considéré comme l’un des plus grands doges de Venise, élu en 1192. Il vint à Constantinople pour y combattre les Bulgares et y mourut à l’âge respectable de 97 ans.
À la sortie de Sainte Sophie, une grosse averse nous surprend mais ne dure pas longtemps.
La mosquée bleue est le plus célèbre monument d’Istanbul. Commandée par le sultan Ahmet 1°, elle fut achevée en 1616 au bout de 6 ans de travaux. On dit que le sultan était tellement pressé de la voir terminée qu’il venait chaque vendredi travailler avec ses ouvriers. On peut y voir les splendides mosaïques des murs et des voûtes qui lui ont valu son surnom. Ce ne sont pas moins de 21 000 carreaux de faïence à fond bleu en provenance d’Iznik qui en font l’un des joyaux de l’art musulman.
L’intérieur parait d’autant plus immense que rien n’arrête le regard à part les 4 énormes piliers de 5 m de diamètre qui soutiennent la coupole centrale. Mais il y a toujours autant de monde, une véritable cohue qui avance lentement, pieds nus sur les tapis rouges.
En sortant de la mosquée, nous avançons sur l’ancien hippodrome dont il ne reste pas grand-chose, les Croisés ayant tout pillé lors de leur passage en 1147. Seuls deux obélisques et la colonne serpentine subsistent de sa splendeur passée. Cet hippodrome fut commandé par l’empereur romain Septime Sévère en 203 et fut entièrement remanié en 324 sur ordre de l’empereur Constantin qui lui donna ses dimensions actuelles, 370 m de long, 120 de large et une capacité de 35 000 personnes.
Tout le groupe écoute attentivement les explications de notre guide Deniz qui parle un excellent français.
L’obélisque de Théodose 1° est vieux de 3500 ans et fut commandé par le pharaon Thoutmosis III pour célébrer sa victoire en Mésopotamie. Ce monolithe de 300 T en granit rouge mesurait à l’origine 32 m mais il n’en reste plus que 20. Il est appelé ainsi car c’est l’empereur romain Théodose 1° qui le fit venir d’Alexandrie en l’an 390.
Le socle de marbre sur lequel il repose est gravé de scènes liées à la victoire du pharaon.
Au fond de l’hippodrome, l’obélisque muré de 33 m de haut n’a pas belle allure, ayant perdu les plaques de bronze qui le recouvraient au 10° siècle, arrachées par les Croisés en 1204.
À l’autre extrémité de l’hippodrome, on passe près de la fontaine dite "des Allemands" car elle fut offerte par l’empereur germanique Guillaume II lors de sa visite à Istanbul en 1898. Une jolie fontaine avec ses 8 colonnes de marbre noir et son dôme dont l'intérieur est recouvert de mosaïques dorées.
En attendant d’entrer dans la citerne saturée de visiteurs, on regarde passer les tramways et on achète des châtaignes grillées à un pittoresque marchand ambulant.
L’immense citerne byzantine, appelée le palais englouti par les Turcs, est longue de 140 m, large de 70, haute de 8, et a une capacité de 78 000 m3 d’eau. Elle fut construite par l’empereur Justinien en 542 pour alimenter en eau le grand palais. Elle se trouvait sous une basilique d’où son nom de citerne basilique.
Après la conquête de Constantinople par les Ottomans, elle fut carrément oubliée et ce n’est qu’en 1545 qu’elle fut à nouveau mise à jour et fut utilisée pour alimenter le palais Topkapi.
La citerne ne compte pas moins de 336 colonnes réparties en 12 rangées de 28, récupérées sur différents temples et donc de styles disparates, baignant dans l’eau et éclairées par une lumière orangée qui donne à l’ensemble une atmosphère étrange.
Tout au fond, deux colonnes se distinguent des autres par leurs socles représentant des têtes de méduse sculptées, l’une sur le côté, l’autre à l’envers. Ces deux têtes proviennent du site de Didymes. On sait que dans l’antiquité, les sculptures de tête de méduse étaient censées détourner les influences maléfiques.
Un endroit original et fascinant.
Faute de pouvoir visiter le grand Bazar fermé le dimanche, nous entrons dans le marché aux épices aussi appelé bazar égyptien bien qu’il n’y ait jamais eu d’Égyptiens à cet endroit. Il date de 1660 et c’est le symbole même de l’Orient avec ses odeurs et ses couleurs. Épices, herbes de cuisine, confitures de rose, pistaches, fruits séchés, loukoums de toutes sortes et autres délices assaillent les sens.
Nous revenons sur la grande place qui s’étend devant la mosquée neuve au bord de la Corne d’Or, ce bras de mer qui sépare Cağaloğlu de Galata.
Nous embarquons pour une promenade en bateau sur le Bosphore, ce détroit qui relie la mer de Marmara à la mer Noire et partage Istanbul en deux parties, l’européenne et l’asiatique. Long de 32 kilomètres, sa largeur varie de 700 à 3000 m. Le trafic maritime sur ce passage stratégique a donné lieu à différents traités.
Après la chute de Constantinople en 1453, il fallait obtenir l’autorisation du sultan pour passer et seuls les Vénitiens avaient pu négocier ce droit. La convention internationale des détroits signée en 1841 par la Sublime Porte et les puissances occidentales interdisait aux navires de guerre de franchir le détroit en temps de paix mais l’autorisait en temps de guerre. Aujourd’hui, le traité de Montreux de 1936 octroie à la Turquie le contrôle des détroits considérés comme des eaux internationales pour les navires de commerce. Libre en temps de paix, il peut être restreint en temps de guerre, ce qui fut fait en 2022 au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine, la Turquie interdisant le passage à la marine russe.
Le trafic maritime est l’un des plus importants au monde avec 39 000 navires en 2023, auxquels il faut ajouter les innombrables ferries et vapors qui font traverser le Bosphore chaque jour à plus d’un million de personnes.
Nous remontons la rive européenne en direction du nord, nous permettant d’admirer le quartier et la tour de Galata, les belles mosquées de Nusretiye et Dolmabahçe, et de magnifiques palais d’été dont celui de Dolmabahçe.
Partout, les drapeaux turcs flottent au vent dont certains, immenses, au sommet des collines.
Nous croisons de nombreux navires de commerce qui avancent lentement se frayant prudemment un passage au milieu des ferries, bateaux de promenade et navettes qui traversent le Bosphore.
Nous passons devant le château de Rumeli, énorme fort bâti en 1452 à flanc de colline au point le plus étroit pour contrôler le trafic sur le détroit qui disposait d’un canon permettant de couvrir toute la largeur.
C’est là que nous faisons demi-tour, juste avant le pont Fatih qui permet à une autoroute de franchir le Bosphore et redescendons vers Istanbul en longeant la rive asiatique, plus calme et plus modeste. Un seul palais sur cette rive, celui de Beylerbeyi, une seule mosquée, celle de Mihrimah mais une myriade de jolies maisons en bois traditionnelles datant du siècle dernier.
De retour en ville, le bateau accoste près du grand débarcadère aménagé pour accueillir les bateaux de croisière. Nous remontons cette belle promenade au bord de l’eau pour rejoindre le Costa "Fortuna", et nous y croisons quelques jeunes turques habillées à l’européenne, alors que jusque-là, nous n’avions vu que des femmes voilées et même souvent vêtues d’un hijab noir voire d’un niqab cachant le visage.
Nous montons à bord. Depuis les ponts supérieurs, nous pouvons admirer la mosquée Kiliç Ali Paça au pied du bateau et la rive européenne éclairée par le soleil couchant tandis qu’un magnifique arc-en-ciel décore le ciel nuageux au nord.
Nous allons à la cafétéria pour un petit goûter car nous n’avons rien mangé depuis le petit-déjeuner.
Nous quittons Istanbul à 18 h. Tout le monde est sur les ponts pour regarder s’éloigner cette belle ville. Joli spectacle.
La vedette vient récupérer le pilote et le Costa "Fortuna" s’éloigne tout seul vers la mer de Marmara.
Après le repas toujours aussi délicieux, nous allons au salon voir le concours de karaoké auquel Christian participe. Quelques belles prestations, notamment celle d’une hollandaise très décontractée et sûre d’elle.
Puis, dans le grand théâtre, nous avons droit à un spectacle original sur le thème de l’eau.
Une excellente journée dans cette ville extraordinaire qui mérite que l'on y consacre beaucoup plus de temps.J 4 - Lundi 9 septembre - Escale à Mykonos
Navigation toute la matinée pour atteindre l’île de Mykonos.
Mykonos doit son nom à Mycon, fils du roi de Délos, lui-même fils d’Apollon et de la nymphe Rios fille de Dionysos. L’île fut occupée par les Phéniciens, les Crétois et les Vénitiens puis, en 1307, fut ravagée par Barberousse et passa sous domination ottomane. C’est Aristote Onassis qui, dès la fin des années 50, mit l'île à la mode, faisant de Mykonos le symbole d’une liberté de vivre toujours en vigueur aujourd’hui.
Nous passons au large de l’une des nombreuses îles qui parsèment la mer Egée.
Nous avons raté la visite du bateau qui était prévue ce matin. Dommage, cela aurait été intéressant de voir les entrailles et le fonctionnement de cet énorme navire.
Nous arrivons à destination. Le navire a fortement ralenti et s’approche lentement de la côte.
L’ile de Mykonos est pelée et sèche et toutes les maisons sont blanches.
Un magnifique 4 mâts est amarré dans la baie.
Nous débarquons directement sur le quai ce qui est plus simple qu’en utilisant les chaloupes comme cela avait été annoncé mais le débarcadère est loin du centre.
Un bus nous emmène jusqu’à l’entrée de la petite ville. Il ne nous reste plus qu’à nous promener dans ces magnifiques ruelles où les boutiques de souvenirs alternent avec celles d’articles de luxe, Vuitton, Chopard et autres.
Par ci par là, de petites chapelles se reconnaissent à leurs coupoles bleues ou rouges.
Sur une placette, c’est l’église Saint Georges avec son clocher-mur et son cyprès.
Certaines ruelles sont vraiment très étroites.
Lorsque nous retrouvons le bord de mer à l’autre bout du village, c’est pour découvrir les maisons de pêcheurs directement les pieds dans l’eau.
La véritable attraction du lieu, ce sont les cinq moulins à vent alignés sur une colline à la sortie du village. Figures emblématiques de l’île, ils sont magnifiques avec leur murs blancs et leurs ailes déployées même si elles sont dépourvues de voiles.
Les inévitables photos souvenirs sont prises.
Le site offre aussi un joli panorama sur la baie. Tout au fond, la silhouette blanche du "Fortuna" se détache sur le bleu profond de la mer et les collines pelées.
Nous allons jusqu’à la pointe voir l’église principale du village construite tout à côté des ruines d’un ancien château.
Et nous revenons par le port de pêche où une énième chapelle a été construite au bord du quai.
Les barques de pêche ne sont pas très nombreuses car elles ont été depuis longtemps remplacées par des bateaux de plaisance.
Encore une chapelle sur le quai à deux ou trois cents mètres à peine de la précédente, au-dessus de laquelle un grand drapeau grec flotte au vent.
L’intérieur regorge d’icônes et de diverses décorations et un grand lustre éclaire la petite pièce.
Combien y-a-t-il d’églises et de chapelles dans ce village ? On en trouve à chaque coin de rue.
Sur le chemin du retour, nous longeons une petite plage. Sans hésitation, nous prenons le temps d’un plongeon dans une eau claire et délicieusement tiède.
La nuit commence à tomber quand nous rentrons au bateau tout illuminé.
Nous passons un moment au salon où un orchestre joue des musiques de notre âge. Nous dansons un peu mais il n’y a pas une grande animation. Tout se passe au 9° pont autour de la piscine. La fête de la mer bat son plein. Musique rythmée, danseuses, lasers et jeux de lumière. La fiesta.
Une très belle journée avec la découverte de cette île célèbre et magnifique.
J 5 - Mardi 10 septembre - Escale à Rhodes
De bon matin, avant que la foule n’envahisse les lieux, Hélène et Edith vont passer un moment dans le bain à remous pendant que je mets à jour le présent récit sur une table du 9° pont, face à la mer.
Le "Fortuna" remonte le long des côtes ouest de l’île de Rhodes avant d’arriver au port qui se trouve à la pointe nord. Entrée en rade et accostage traînent en longueur, ce qui nous laisse le temps d’admirer les fortifications de la ville et, dans le lointain, la côte de Turquie.
Il est 10 h 30 lorsque nous descendons sur le quai en compagnie d’Edith et Sylvie et partons le long des remparts qui bordent la mer.
Nous allons visiter la vieille ville marquée par le long séjour des chevaliers de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem.
Cet ordre est né autour de l’an 1000 en Terre Sainte, constitué de moines hospitaliers qui aidaient et protégeaient les pèlerins. Les Croisades accrurent considérablement leur puissance et leur richesse, le rôle militaire de l’Ordre prit une importance prépondérante et il devint le défenseur reconnu par le pape de la Chrétienté face à l’Islam.
En 1307, les Hospitaliers furent chassés de Palestine et vinrent s’établir à Rhodes qu’ils conquirent après trois ans de combat contre les Ottomans. L’Occident ne s’opposa pas à ce coup de force et le pape Clément V confirma aux Hospitaliers la possession de l’île.
Au fil des années, les chevaliers fortifièrent la ville, établirent un hôpital, luttèrent contre la piraterie dans la région, accrurent leur puissance et repoussèrent plusieurs attaques des Ottomans notamment en 1440 par le sultan d’Égypte et en 1480 par le pacha Misach.
Mais en 1522, le sultan Soliman le Magnifique avec 20 000 hommes réussit à prendre la ville après 5 mois de siège grâce à une trahison mais laissa partir les chevaliers survivants, impressionné par la résistance héroïque du grand maître Philippe de Villiers de l’Isle-Adam. Ils quittèrent l’île en emportant leur trésor, leurs archives et leurs reliques pour plusieurs années d’errance avant que l’empereur Charles Quint ne leur octroie l’île de Malte.
Nous entrons dans la vieille ville par la porte Panagias et allons voir les ruines de l’église Notre Dame de Burgh datant du début du 14° siècle sur une petite place juste derrière.
Dès le début de la rue Sokratos, nous remarquons cette maison envahie de bougainvilliers.
La rue est bordée d’une multitude de magasins de souvenirs, passe devant l’ancienne mairie et arrive à la mosquée Suleyman Pacha et son minaret effilé bien caractéristique.
Puis la rue Paneitou nous mène tout droit à l’entrée du palais des grands maîtres en passant au pied de la tour de l’horloge, ancienne tour de garde byzantine datant du 7° siècle.
Après le porche, on accède à une grande cour rectangulaire.
Nous entrons visiter le palais. Les grands maîtres logeaient à l’étage que l’on atteint par un long et monumental escalier.
On parcourt de grandes salles de réception et des appartements en enfilade quasiment vides dont l’immense salle du Conseil.
Ce palais était le centre du pouvoir de la cité croisée. Il fut construit au début du 14° siècle sur le point le plus haut pour dominer la ville et le port et faisait partie intégrante des fortifications impressionnantes de la ville.
Malheureusement, les Ottomans en firent un dépôt de munitions qui explosa accidentellement en 1856 détruisant presqu’entièrement le palais et endommageant une bonne partie de la ville alentour.
Il fut restauré par les Italiens sans trop respecter la fidélité historique, ce qui transparait dans de nombreux détails, tels la cheminée ornée des armoiries du roi Victor Emmanuel II, ou cette louve romaine.
Le principal intérêt du palais se trouve au sol avec de belles mosaïques d’origine grecque et romaine installées par les Italiens, notamment la mosaïque à la méduse et celle de la nymphe chevauchant un animal fantastique.
Seul élément dans le ton, les armes des différentes "langues" exposées sur un mur.
Tous les chevaliers ne parlaient pas le latin, ce qui gênait la communication entre ces hommes provenant de régions très différentes. En 1301, le grand maître Guillaume de Villaret organisa l’ordre en 7 groupes baptisés "langues" correspondant à des zones géographiques. Il y avait la langue de Provence, d’Auvergne, de France (du nord), d’Italie, d’Aragon (regroupant Espagnols et Portugais), d’Angleterre et d’Allemagne, ces derniers incluant les Polonais et autres slaves.
Chaque langue disposait d’une auberge, un bâtiment que les frères de même langue partageaient pour leur hébergement, leurs repas en commun et les réunions.
Nous sortons de la vieille ville par la porte St Antoine qui débouche sur une belle allée ombragée par de grands platanes.
Cette sortie nous permet de voir les complexes fortifications qui s’imbriquent les unes dans les autres pour protéger la ville.
De là, nous rejoignons la ville moderne où nous échappons à la foule des touristes.
Nous déjeunons dans un petit bar tout à fait anodin d’un très bon sandwich bien nourrissant.
De retour dans la vieille ville, nous descendons la rue des chevaliers où se regroupent toutes les auberges des langues.
Une très belle rue à l’aspect classique et un peu austère. Le consulat de France y est installé fort opportunément dans l’ancienne auberge de la langue de France.
Par la porte Eleftherias, nous ressortons de la ville et longeons le vieux port puis nous empruntons la digue qui mène à la tour et au phare St Nicolas. Tout le long, de superbes yachts battant pavillon des Bermudes sont amarrés, tous plus luxueux les uns que les autres, surplombés par plusieurs moulins à vent.
L’extrémité de la jetée qui marque l’entrée du port antique est marquée par deux colonnes supportant pour l’une la statue d’une biche, pour l’autre, celle d’un cerf.
C’est à cet endroit que, selon la légende, se situait le colosse de Rhodes, considéré dans l’Antiquité comme l’une des sept merveilles du monde. Chaque pied de la gigantesque statue reposait sur l’extrémité des jetées et les navires devaient passer dessous pour entrer et sortir du port.
En revenant vers le début de la digue, je remarque cet abri pour les chats (mais peut-être pas qu’eux) aménagé dans un renforcement du mur. Bien à l’abri du vent, ils y disposent d’eau et de croquettes ainsi que de couvertures. De nombreux chats rôdent dans la ville, plus ou moins laissés à eux-mêmes.
Nous revenons tranquillement vers le bateau qui, vu sa taille, est amarré à l’extérieur du port de commerce. Ce faisant, nous longeons une petite plage où quelques personnes se baignent. L’eau est claire et calme comme celle d’un lac. Nous nous baignons et nageons un moment avant de rentrer au bateau.
Sylvie et Édith nous invitent dans leur cabine. Surprise. Pour se faire pardonner le retard dans la préparation de leur cabine le premier jour, la direction leur a offert une bouteille de mousseux italien et quelques macarons. Sympathique attention et joli geste commercial. Nous trinquons à notre santé et à celle de l’équipage du bateau.
Le soir, nous assistons à un récital Abba mania dans l’Atrium où un DJ enchaîne les principaux succès du célèbre groupe suédois tandis qu’une foule de fans danse en reprenant en chœur les refrains.
Ensuite, c’est un excellent spectacle qui se joue au théâtre. Baptisé Sapori d’Italia, danseuses et chanteuses présentent une chorégraphie très enjouée qui reprend tous les clichés typiques de l’Italie avec le cinéma, le foot, les Vespas et la Fiat 500.
Encore une belle journée où nous avons pu découvrir cette île où les chevaliers de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem ont vécu pendant deux siècles avant de rejoindre Malte.
J 6 - Mercredi 11 septembre - Escale à Héraklion
Lorsque nous nous réveillons vers 7 h, le navire est déjà à quai.
Nous quittons le bord vers 9 h pour aller nous promener à Héraklion, grande ville de 150 000 habitants, capitale de l’île que nous avions déjà visitée en avril 2017 lors de notre séjour en Crète.
La navette nous dépose en plein centre-ville à côté de l’office de tourisme. Nous partons à pied dans les rues animées en recherchant l’ombre car il fait quand même assez chaud. La rue Dedalou nous conduit à la place Venizelou et sa jolie fontaine aux tritons. Le marché est tout près et nous parcourons la rue 1866 où les étals de fruits et légumes disputent la place aux magasins de souvenirs.
La rue file tout droit jusqu’à la curieuse fontaine Brembo d’où l’eau ne coule plus depuis longtemps. Elle fut construite en 1588 par les Vénitiens et la statue sans tête date de l’époque romaine. De chaque côté des colonnes, les armoiries de la famille Brembo. À côté, le kiosque est une ancienne fontaine d’origine turque qui devait servir pour les ablutions d'une mosquée voisine aujourd’hui disparue.
Dans l’un des magasins visités par mes compagnes, nous faisons connaissance d’une Française qui tient le magasin et vit sur l’île depuis 20 ans. Discussions.
Pause boissons à la terrasse ombragée d’un café. Je bois un nescafé frappé, rafraichissante spécialité grecque, tandis que les filles veulent découvrir le jus de grenade qui s’avère délicieux.
La basilique Agios Minas s’élève sur la place du même nom, précédée des statues de quelques évêques de l’île. À l’intérieur, les murs sont couverts de peintures jusqu’en haut des voûtes et du dôme, sans compter les diverses icônes et le magnifique lustre.
Nous passons devant la mairie puis devant l’église Agios Titos. Cette petite église apparemment insignifiante a commencé sa vie en l’an 961, fut détruite par un tremblement de terre en 1446 puis par un incendie en 1554, fut transformée en mosquée sous l’occupation ottomane, détruite à nouveau par un séisme en 1856, avant de redevenir une église orthodoxe en 1925. Une histoire édifiante qui résume bien l'histoire de la Crête toute entière.
Nous continuons à descendre la rue jusqu’au port. La mer emplit l’horizon de son bleu profond. Nous longeons les quais et leurs barques de pêche pour aller jusqu’à la forteresse vénitienne qui gardait autrefois l’entrée du port.
Ce fort fut construit sur l’emplacement d’une première forteresse arabe datant de 825 à laquelle succéda une fortification byzantine en 962. Ce n’est qu’en 1462 que les Vénitiens, nouveaux maîtres de l’île, entreprirent la construction de la forteresse actuelle qui tomba à nouveau aux mains des Ottomans en 1669 après un siège de 21 ans.
Au-dessus des entrées, des inserts de marbre représentent les armes de Venise qui furent probablement dégradés par les Ottomans lors de la prise de la ville.
Nous entrons visiter la forteresse dans laquelle sont exposés divers objets récupérés au fond de l’eau, tel ce canon datant de l’époque vénitienne ou ces amphores grecques.
De la terrasse, la vue sur la ville et toute la côte à l’ouest est magnifique.
Nous rejoignons le restaurant indiqué par la française, l’Erasitexnes Psarades où nous nous installons sur la terrasse ombragée, rafraichis par une agréable petite brise en bénéficiant d’une belle vue sur le port et la mer. Un restaurant typique où nous apprécions salade grecque, calmars frits et poulpes.
Il ne reste plus qu’à remonter vers le centre-ville pour aller voir le très intéressant musée archéologique où est présenté tout ce qui a été trouvé sur les différents sites de l’île.
On admire à nouveau le disque de Phaistos datant du 17° siècle avant JC que personne n’a encore réussi à déchiffrer, le trio de statues représentant Perséphone, Hadès et Cerbère, le chien à trois têtes gardien des enfers, ce qui nous remet en mémoire la statue de l’enlèvement de Perséphone vue à Poznan en Pologne fin juillet. Perséphone, fille de Zeus et de Demeter, fut enlevée et amenée dans les Enfers par le dieu Hadès. Déesse du monde souterrain, elle est également associée au retour de la végétation au printemps, étant donné qu’elle passe les quatre mois de l’hiver, quand la végétation est absente, aux Enfers avec Hadès, avant de revenir sur Terre passer les huit mois de la belle saison.
Nous avons aussi aimé la statuette de la déesse aux serpents et la coupe à libation en forme de tête de taureau, ainsi que la fresque représentant l’un des jeux très prisés à cette époque, le saut de taureau, un sport particulièrement dangereux.
Lorsque nous ressortons de ce magnifique musée, il est temps de retourner au bateau en utilisant à nouveau la navette car le Costa "Fortuna" est amarré un peu trop loin du centre pour faire le trajet à pied.
Le soir, nouveau spectacle sur le thème Pop and Rock Kings and Queens, une rétrospective en musique et danse des grands chanteurs de cette époque, Queens et Michael Jackson entre autres.
Nous sommes contents d’avoir revu cette ville agréable et tout particulièrement le très riche musée archéologique.
J 7 - Jeudi 12 septembre - Escale à Santorin
A 7 h, le bateau est déjà arrivé et est à l’ancre dans l’immense caldeira.
Vers 1630 avant JC, Santorin, île circulaire parmi toutes les îles de la mer Égée, fut le théâtre de l’un des plus grands cataclysmes de l’histoire de l’humanité. Une gigantesque éruption volcanique cracha des milliards de tonnes de roches, de magma et de cendres qui obscurcirent le ciel sur la Terre entière et provoqua un énorme tsunami qui balaya les côtes de la Méditerranée orientale, cause probable de la disparition de la civilisation minoenne en Crête. Certains voient même dans ce tsunami l’explication de la traversée de la Mer Rouge à pied sec par Moïse et le peuple juif suivi de l’engloutissement des troupes égyptiennes lancées à leur poursuite.
L’île de Santorin s’effondra sur elle-même créant cette immense caldeira entourée par les trois îles de Thira, Thirassia et Aspronissi. D’autres éruptions suivirent en 179 avant JC, en 46, en 1570, 1707, 1870, 1939 et 1950 tandis qu’un terrible séisme secouait l’île en 1956. Le volcan n’est donc pas complètement endormi et pourrait bien s’éveiller à nouveau...
Un deuxième bateau de croisière est ancré à quelque distance du nôtre.
Une mer un peu houleuse gène les opérations d’accostage et c’est avec 1h30 de retard que la navette de l’île vient nous chercher et nous amène au débarcadère.
Pour monter jusqu’au village de Fira, on peut utiliser la télécabine ou le chemin pavé montant en lacets, soit à pied soit à dos d’âne ou de mulet.
Devant l’énorme queue qui s’allonge pour prendre la télécabine, nous décidons de monter à pied. Il n’y a jamais que 300 m de dénivelée. Une heure et quart plus tard, nous arrivons dans le village après avoir gravi les 588 marches sous un chaud soleil.
Le village est très joli avec toutes les maisons peintes en blanc contrastant avec le bleu du ciel et de la mer, l’extraordinaire panorama sur la caldeira mais le spectacle est un peu gâché par l’affluence de touristes et par le fait que les rues ne sont qu’une suite ininterrompue de magasins de souvenirs, d’articles de mode ou de luxe et de restaurants et vendeurs de glaces.
Nous marchons jusqu’aux deux églises, la catholique et l’orthodoxe, qui font jaillir clochers et dômes au-dessus des toits.
C’est de l’esplanade devant l’église orthodoxe que l’on a le plus beau panorama sur Fira et la caldeira. Au loin, les maisons blanches de Oia resplendissent sous le soleil. Quant à notre énorme bateau, il est maintenant accompagné de deux autres mastodontes qui ont eux aussi déversé leur cargaison de touristes sur cette île minuscule...
La halte repas est la bienvenue car il fait chaud malgré le vent agréable qui souffle dans l’enfilade des rues. Menu local avec feuilles de vigne farcies, poulpes marinés et tomates et poivrons farcis.
Après avoir longuement léché les vitrines (c’est l’inconvénient d’être accompagné par trois femmes), nous reprenons le chemin qui descend au vieux port où l'on croise quelques touristes attardés montant à dos de mulet vers le village.
Il faut encore faire la queue pour embarquer à bord d’une navette qui nous ramène au bateau. Pendant le trajet, nous contemplons encore ce beau paysage avant de remonter à bord.
Vers 18 h, le navire appareille pour se positionner un peu plus loin et nous laisser admirer le somptueux coucher de soleil qui fait la réputation de Santorin. Tous les passagers sont sur les ponts extérieurs à attendre le grand moment. Nous ne sommes pas déçus, c’est un beau coucher de soleil dans un ciel absolument pur.
Il ne reste plus qu’à rejoindre la salle à manger Michelangelo au 4° pont pour un dernier dîner tout aussi excellent que ceux qui l’ont précédé.
La croisière se termine. Demain matin nous nous réveillerons dans le port du Pirée.
J 8 - Vendredi 13 septembre - Retour à Athènes
Au réveil, le navire est déjà à quai. Le débarquement et la récupération des bagages sont rapides et bien organisés.
Le bus nous amène au même hôtel qu’à l’aller, bien situé au centre d’Athènes à courte distance des endroits intéressants.
Nous déposons nos bagages et partons déjeuner dans le quartier de Plaka. En plus de Sylvie et Édith, Françoise la brune et Françoise la blonde se sont jointes à nous. Nous trouvons un petit restaurant dans une rue ombragée. Mes compagnes prennent une salade grecque ou une moussaka tandis que je reste fidèle au poulpe mariné.
Puis nous allons directement au Parlement assister à la relève de la garde.
Nous arrivons au bon moment. Spectacle étrange que cette façon très spéciale de marcher.
En coupant à travers les pittoresques rues du quartier de Plaka, nous passons près de la tour des vents d’où nous dominons l’Agora et allons directement à l’Acropole où j’ai réservé sur Internet un créneau de passage à 16 h.
La tour des vents appelée aussi horloge d’Andronicos était une horloge hydraulique antique décorée sur ses huit faces de magnifiques figures en haut-relief représentant les divinités des vents. Elle fut construite au 1° siècle avant JC par l’ingénieur dont elle porte le nom et était réputée pour être un lieu de rencontre avec les prostituées.
Il fait chaud et nous recherchons les coins à l’ombre, mais sur l’Acropole, il y en a peu.
Après les guichets, nous passons au-dessus de l’Odéon d'Hérode Atticus, bâti au pied du rocher. Il date de 161 après JC et porte le nom de celui qui le fit construire, un riche mécène originaire de Marathon. Il est dans un excellent état de conservation et sert encore aujourd’hui pour diverses manifestations culturelles.
Nous montons au sommet du rocher et nous faisons photographier à l’entrée du site, au pied des Propylées.
L’Acropole est actuellement l'un des sites touristiques les plus visités du monde. Site naturellement fortifié, il fut habité dès le néolithique et c’est à l’époque de Périclès, entre 470 et 430 avant JC, que les monuments actuels furent construits. Ils subirent bien des vicissitudes au cours des siècles mais restent, malgré tout, les joyaux de cette ville.
Principal monument du site, le temple du Parthénon s’élève majestueusement au centre de l’Acropole. Achevé en 432 avant JC, il comporte quelques astuces lui donnant cet aspect grandiose : les surfaces horizontales sont convexes, les colonnes s’amincissent vers le haut et les colonnes d’angle ont un diamètre légèrement supérieur aux autres, tout cela pour corriger les déformations naturelles de l’œil. Ce sublime temple fut malheureusement pillé et la plupart des frises qui ornaient ses façades sont maintenant dispersées dans différents musées dont le Louvre et le British Museum.
Il souffre beaucoup de la pollution ambiante et il est perpétuellement en travaux, les échafaudages gâchant quelque peu la vue.
Autre must du lieu, l’Erechthéion est le temple le plus sacré de toute la ville. Chef-d’œuvre de l’art ionique, il fut construit au 5° siècle avant JC à l’endroit où Athéna et Poséidon se seraient, selon la légende, disputés pour la possession de la ville. On y adorait Athéna, Polias, Poséidon et Erechthée dont le temple tire son nom.
Il doit son élégance à ses quatre portiques dont le plus connu est celui des Cariatides dont les colonnes doriques sont remplacées par de gracieuses figures féminines.
On bénéficie aussi d’un extraordinaire panorama sur toute la ville qui s’étend jusqu’au pied des collines qui l’enserrent. On peut voir le stade olympique, les ruines du temple de Zeus et l’arc de triomphe d’Hadrien que nous n’avons pas eu le temps d’aller voir.
En contrebas, le théâtre de Dionysos étale ses gradins sur les pentes au pied du rocher. Le théâtre actuel date du 5° siècle et les grands auteurs comme Sophocle, Aristophane ou Euripide y ont joué. Il accueillit plus tard les jeux des Romains et même des combats de gladiateurs et pouvait contenir 14 000 à 17 000 spectateurs.
Nous quittons le site pour aller sur la colline de Filopappos, juste en face, admirer le magnifique panorama sur l’Acropole.
Nous redescendons et revenons vers le centre en contournant l’Acropole par la gauche. Nous faisons un très agréable et très attendu arrêt boisson à la terrasse ventée d’un bar en lisière du parc entourant l’Agora. Après avoir passé toute l’après-midi au soleil, on apprécie l’ombre et les boissons fraîches.
Il est quasiment 19 h quand nous sommes de retour à l’hôtel où nous récupérons notre chambre.
Le temps d’une douche bien rafraîchissante et nous ressortons pour dîner dans le quartier voisin de Psiri. C’est une zone très touristique avec beaucoup de monde et des myriades de restaurants. Finalement, nous choisissons la terrasse d’un restaurant pas mieux ni pire qu’un autre. Nous sommes au frais et au calme ce qui n’est pas le cas partout…Quant aux plats servis, le bilan est mitigé. Pour certains, c’était bien, pour d’autres non.
J 9 - Samedi 14 septembre - Retour à Montpellier
Avant de quitter Athènes, nous allons visiter l’Agora en compagnie d’Yves, l’un des membres de notre groupe, féru de philosophie et de mythologie grecque.
Nous parcourons différents sites de cet immense espace où est née la démocratie grecque.
Nous voyons la voie sacrée qui menait jusqu’à l’Acropole, la stoa, grande colonnade restaurée, le tribunal, mais il ne reste pas grand-chose des nombreux bâtiments qui avaient été construits sur ce grand espace en contrebas de l’Acropole.
Le seul monument intéressant est le temple d’Héphaïstos, dans un remarquable état de conservation. Les frises au-dessus des colonnes représentaient les douze travaux d’Hercule et rendaient aussi hommage à Thésée.
Une statue récente représentant la rencontre imaginaire entre Socrate et Confucius attire l’attention. Rencontre imaginaire mais qui aurait pu avoir lieu, les deux philosophes ayant vécu au 5° siècle et ayant des idées similaires sur de nombreux sujets.
Nous avons remarqué aussi des tortues qui déambulaient tranquillement au milieu des pierres et de la végétation éparse, indifférentes aux divagations des touristes.
Le parallèle développé par Yves entre la situation de l’époque et celle de notre monde moderne nous a fait réfléchir. Il y effectivement beaucoup de points communs. L'histoire est un éternel recommencement.
Le voyage retour commence par un trajet en bus de l’hôtel à l’aéroport puis continue par un vol Aegean pour rejoindre Marseille.
Malgré l’heure de retard, nous attrapons le bus Flixbus qui nous ramène à Montpellier en moins de 2 heures.Et c’est la fin d’un beau voyage.
Ce fut une excellente croisière bien que ma perception des choses ait été faussée par la tendance inévitable à comparer avec notre première expérience. J’ai en tout cas relevé une grande similitude entre les deux bateaux appartenant pourtant à des compagnies différentes. Même agencement, même organisation remarquable, même souci du détail et même incitations permanentes à dépenser son argent. Des deux côtés, tout est fait pour pousser les croisiéristes à dépenser, à commencer par le système de la carte personnelle qui, en plus de nous identifier et d’ouvrir la cabine, permet de tout payer sans jamais sortir d’argent et donc, sans y prêter attention.
J’ai noté qu’il y avait beaucoup plus de jeunes que l’année dernière, et même de jeunes parents avec des enfants en bas-âge et une forte prédominance d’Italiens et d’Espagnols, au demeurant très sympathiques.
La présence de quelques amis et amies, en particulier Edith et Sylvie, fidèles compagnes rencontrées l’année précédente, a forcément contribué au bon déroulement de cette croisière.
Bien qu’assez ancien car construit en 2003, le navire est très confortable, joliment décoré, disposant de nombreux bars aux confortables fauteuils où nous pouvions écouter des musiques variées, danser et même chanter grâce aux concours de karaoké organisés.
L’immensité du navire n’est pas une gêne car, grâce à une signalisation bien faite, on trouve rapidement son chemin dans les longues coursives, les nombreux escaliers et ascenseurs et la présence de plus de 3000 autres passagers passe assez facilement inaperçue, tant les espaces sont vastes et bien agencés.
Malgré l’absence d’un balcon, nous avons passé un bon séjour dans notre grande et agréable cabine.
Les repas étaient excellents, notamment les dîners pris au restaurant Michelangelo, particulièrement soignés, abondants et bien présentés. Ne buvant pas de vin et rarement de l’alcool, nous n’avons pas vraiment profité du forfait "mydrinks" qui permettait d’user et abuser des vins servis aux restaurants et des alléchants cocktails proposés dans les différents bars.
Quant au personnel, il était partout et toujours d’une efficacité, d’une discrétion et d’une gentillesse parfaite.
Nous sommes revenus enchantés par cette croisière dont les escales, bien qu’un peu trop brèves, nous ont permis de découvrir l’éternelle Istanbul, l’historique Rhodes et les magnifiques îles si réputées de Mykonos et Santorin. Quant à Héraklion que nous avions déjà visité, il a été agréable de revoir cette jolie ville et son incontournable musée.
Le beau temps quasi permanent a grandement facilité nos déplacements et a contribué à la réussite du voyage tout comme la présence d’un sympathique groupe d’amies et amis.
Il reste à remercier Chantal et Christian, les instigateurs de cette croisière, qui ont beaucoup œuvré pour qu’elle soit réussie.
Et à préparer un futur voyage de quelques jours à Istanbul pour pleinement apprécier cette ville mythique.
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Commentaires
Quelle belle croisière en mer Egée et si bien racontée et illustrée entre les soldats en tenue d'Athènes, certificat de baptême pour les Juifs, pages d'histoire ancienne et d'actualité. Le pont suspendu le plus long du monde. La mosquée bleue d'Istambul, les marchés colorés où l'on sent presque les odeurs. Votre navigation sur le Bosphore. Là aussi, les guerres ont laissé des traces et cicatrices. Mykonos, les moulins, les mosaïques de Rhodes, les abris pour chats. L'histoire avec l'enlèvement de Persépolis, votre belle performance des 588 marches et toute l'ambiance toujours aussi sympa à bord du Costa, comme MSC. Bravo Max pour tes talents de conteur, tes photos superbes et nous donner ainsi l'impression de vous avoir vraiment accompagné tout au long de ces 9 jours de croisière. Un vrai bonheur.
Brigitte et J-Louis